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Gendarmes dans une maternelle, la clef du mystère

Bon, j'ai eu raison de demeurer prudent : j'ai relayé une information selon laquelle des gendarmes seraient venus enquêter dans une école maternelle du Gers à propos d'un jeune enfant.

Je dois être honnête : j'avais tellement été échaudé par les derniers incidents entre forces de l'ordre et enfants, et aussi par les déclarations du candidat Sarkozy pendant la campagne présidentielle, que je suis parti au départ sur les chapeaux de roue, d'où la consonance de l'url de mon billet précédent, jusqu'à ce que je prenne le temps de la réflexion avant de publier et que je ne modifie mon texte. Je dois aussi avouer que ce qui m'a poussé à me méfier c'est le parcours du blog d'origine ( par exemple, quand on salue le chef du LKP comme un grand héros et que l'on fait un déni de réalité sur l'authenticité des propos racistes qu'il a tenu envers les békés, évidemment, cela engage à se méfier sur tout le reste de l'information). Le second élément, c'est qu'après une saine relecture de la lettre, il ne m'a pas semblé que la gendarmerie traitait en délinquant cet enfant mais me semblait plutôt, au contraire, chercher à se renseigner sur son état psychique et ses conditions de vie.

Et j'ai eu la chance qu'un gradé de la gendarmerie, Chris, vienne commenter mon premier billet et me donne des précisions. Les voilà :

En tant que gradé de gendarmerie, je souhaiterai formuler un début de réponse ... je dis bien 'début' car aucun de nous ne connaît la finalité du dossier traité.

La gendarmerie, et la police, ont également en charge des demandes d'enquêtes sociales. Vous pouvez toujours dire que ce n'est pas notre travail, que d'autres personnes seraient plus
à même de s'en charger, les faits sont là.

L'enquête sociale qui nous est demandée fait suite généralement à un dossier judiciaire. Il ne s'agit pas d'enquête sociale pure, mais plutôt de constatations à effectuer sur le cadre de vie et le comportement des individus.

Les enquêtes sociales qui ne font pas suite à un dossier judiciaire ne nous sont pas adressées, bien heureusement car ce n'est pas notre mission.

Dans le cas présent, tout en restant prudent au vu du courrier mentionné, je pencherais vers un enfant victime (quelque soit l'infraction dont il fait l'objet) ou vers des parents auteurs de faits (drogue, secte, ...) et dont l'enfant pourrait en subir les conséquences.

Les gendarmes vont donc se renseigner auprès de la directrice de l'école sur les conditions de scolarité de l'enfant. Elle peut s'ennorgueillir de sa position sociale, mais un directeur d'école n'a pas à connaître le fond d'un dossier judiciaire. Les gendarmes se présentent, posent des questions, remercient leur interlocuteur et prennent congé. Ils auraient aussi pu la convoquer à la brigade pour lui poser des questions, où dans le pire des cas lui téléphoner (pas vraiment la bonne solution).

En d'autres temps, personne ne se serait
plaint de voir passer des gendarmes ou des policiers. Aujourd'hui, tout le monde devient suspicieux et un parallèle est fait entre notre travail et les volontés gouvernementales, ce qui n'est pas forcément le cas.

Pour ma part, c'estl'explication que j'attendais, et elle me semble plus que convaincante. Je compte écrire bientôt un billet sur le traitement de l'information, car mon expérience de blogueur m'amène progressivement à le considérer comme une chose difficile et à constater, au fil du temps, que la manipulation de l'information est au moins aussi facile sur la Toile que dans les médias traditionnels. On s'emballe, on réplique une même source, et voilà une erreur voire un mensonge dupliqué pas à l'infini mais pas loin...

Ceci est aussi une leçon pour moi, même si j'essaie tout de même de faire attention : il est risqué de publier une information polémique tant que l'on ne dispose pas au moins d'un point de vue contradictoire. Je m'en vais réciter dix Pater Noster après cette confession et promets (mais pas solennellement, au cas où moi aussi j'essaierai de manipuler l'information :-D ) de ne pas recommencer.

Une chose est claire, toutefois : quand l'information ne provient pas d'une source idéologiquement marquée ou avec une intention idéologique, elle me paraît plus fiable. Par exemple, dans l'article "Nicolas Sarkozy, cessez de bafouer nos libertés", si je ne mets pas en doute le témoignage de Laura Asma, parce qu'elle n'a aucun marqueur idéologique, j'aurais en revanche aimé disposer de plus d'informations à propos de l'enquête sur le blog d'un lycéen : je ne peux me fier qu'à un seul témoignage qui vient de quelqu'un qui joue un rôle majeur dans une coordination étudiante contre un projet gouvernemental. Une intoxication est possible. En ce qui concerne les enseignants et les collégiens, il m'a effleuré l'esprit qu'il y avait peut-être eu une provocation, mais, deux éléments m'ont amené à considérer le témoignage comme correct comme exemple : primo, même si c'est le cas, cela ne justifie pas de flanquer des coups de matraque à des collégiens et secondo, le Canard enchaîné avait rapporté la chose en précisant que ces collégiens rentraient paisiblement chez eux. Or, le Canard donne généralement des infos fiables, même si elles peuvent parfois être tronquées. Et puis il y a tout de même des faits objectifs sur un certain nombre d'abus, sans oublier les 500 000 gardes à vue de l'année écoulée.

Tout ça pour dire que ce n'est pas facile pour de pauvres commentateurs de l'actualité comme nous, pauvres petits blogueurs que nous sommes, de présenter des commentaires et de l'actualité fiable et objective. Amen et mea culpa.

 

Commentaires

  • Eh oui, il vaut toujours mieux connaître les tenants et aboutissants avant de se mettre à beugler ;-) Mais vu que tu as fait ton mea culpa, tout va bien.

  • @ Rose Noire

    Note que je n'avais pas beuglé trop fort par prudence, justement, dans mon premier billet :-)
    Tu te remets à bloguer quand, au fait ?
    Je ne sais pas moi, tu pourrais intégrer Femmes engagées, par exemple, ça diversifierait l'offre politique de ce widget.

  • J'adore les gens qui savent dire "tiens, j'ai dit une connerie". Ca fait plaisir à voir.
    Chouette billet. Chouette blog...

  • Parfois l'hérétique...
    Oui cet axe me parait plus juste.
    J'essaierai de me renseigner pour le lycéen.
    Les infos fiables du 'Canard'...Euh no comment autre que parfois oui, parfois non.

  • "je ne mets pas en doute le témoignage de Laura Asma, parce qu'elle n'a aucun marqueur idéologique"
    Ah, bon ?

  • @ Christine
    Oui, je veux dire, dans cette circonstance, elle n'a aucun marqueur idéologique qui pourrait la pousser à modifier dans un sens ou un autre les faits.

  • @ Falconhill
    Merci pour l'appréciation. J'aime bien faire des tours sur le vôtre aussi.

  • 500.000 gardes à vue ...

    Elles ne sont pas abusives, sinon les officiers de police judiciaire qui en sont responsables auraient été sanctionnés par les magistrats, mais il est vrai qu'il y en a trop.

    Qu'attendent les magistrats pour demander un retour au calme dans ce domaine ?

  • @ chris

    Il me semble qu'il y a tout de même des excès pour les gardes à vue.

  • Je constate que vous prenez pour argent comptant ce que votre gendarme précise pourtant n'être qu'une hypothèse.

  • Bonjour Olivier

    Merci, tout d'abord, de venir jusqu'ici réagir. Je ne prends pas pour argent comptant, mais je compare avec la lettre de la directrice et j'établis des convergences (non de points de vue, mais de faits). Je n'ai bien sûr pas le fin mot de l'histoire, mais laisser supposer qu'il s'agit d'enquêter sur un délinquant comme on peut le déduire de la lettre, ce n'est pas très honnête. Au moins en l'absence d'éléments tangibles. Cela ressemble tout de même bien plus à une enquête pour maltraitances, non ?
    Ensuite, s'il y a un dossier judiciaire, on comprend évidemment que les gendarmes soient demeurés très discrets...

  • Ne me remerciez pas, cher Hérétique, c'est tout naturel.
    En conclusion de cet échange, et nous en serons je pense d'accord, attendons le fin mot de l'histoire. J'essaie d'en savoir plus du côté d'Armelle Huitric mais elle est en ce moment débordée. Je vous tiendrai au courant.
    Bien à vous

  • @ Olivier B

    Oui, attendons : au bout d'un moment, on finit par savoir généralement. Ce sera intéressant d'en savoir plus de la part de l'institutrice. Idéalement, il faudrait pouvoir contacter la gendarmerie de la ville de l'école, mais je suppose qu'ils respecteront un silence radio si jamais il y a une instruction judiciaire derrière...

  • Bonjour, je suis le blogueur qui a, effectivement, relayé l'information. Je n'ai pas plus que vous "beuglé" à ce sujet, j'ai simplement transmis le courrier de cette directrice d'école sans y ajouter le moindre commentaire. J'aurais aimé, d'ailleurs, avoir l'occasion de recevoir une explication de la gendarmerie (chose que j'ai cherchée en vain) et puisque vous avez eu une première esquisse de réponse d'un gendarme,j'aimerais, avec votre permission, la publier en guise de "droit de réponse".

    Par ailleurs, je ne suis pas "idéologiquement marqué" j'ai certes un point de vue éditorial (pour ainsi dire) mais il n'a rien d'idéologique. Jamais vous me verrez camoufler ou modifier la vérité pour servir une cause ou un objectif. Au contraire, le blog www.espoir.fr.cr a pour ambition (en toute humilité) de servir la vérité pour construire un espoir social. Ca n'a rien d'idéologique.

    Pour Domota, je maintiens ce que je dis dans l'article, et je le fais justement parce que ce n'est pas idéologique. Je ne suis pas guadeloupéen, ni antillais, mais j'ai pu parler (avant cette histoire) avec plusieurs antillais qui m'ont bien expliqué que lorsqu'ils parlaient des békés dans un contexte économique, ce n'était jamais "les blancs" mais c'était pour nommer les quelques familles (moins de 10) qui contrôlent totalement l'économie antillaise. Pour cette raison, je continue de croire que les paroles de Domota ne sont pas racistes, tout au plus maladroites.

  • Bonjour T.

    Tout d'abord, merci de venir vous exprimer ici.
    Concernant le marquage idéologique, ce n'est à votre blog que je faisais allusion mais à l'institutrice.
    Concernant Domota, en revanche, il ne peut ignorer la charge sémantique du mot "béké". Je ne vous suis donc absolument pas dans votre argumentation.
    Vous pouvez sans problèmes reprendre l'explication du gendarme, si possible en indiquant la source. Elle ne m'appartient pas, bien sur, mais comme il a choisi de s'exprimer ici, mieux avoir l'origine de la réponse plutôt qu'elle ne se perde ensuite si jamais c'est repris.

    Et en ce qui concerne votre blog, désolé si je vous vexe, mais il n'est clairement pas sur la même ligne politique que la mienne. Mais bon, je ne pense pas que je vous vexe en disant cela :-)
    Cela n'empêche pas de discuter, bien sûr...

  • Vous ne me vexez pas du tout, et je suis convaincu que ne pas être d'accord politiquement n'empêche pas de discuter en bonne intelligence. Internet n'est pas un espace sauvage où chacun doit se livrer une guerre sans merci, mais plutôt - c'est en tout cas comme ça que je le vois - un vaste lieu qui doit permettre le dialogue et la compréhension de chacun dans le respect des différences.

    Bonne continuation.

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