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  • Finalement, le livre par le début...

    Quelques blogueurs et commentateurs ont réagi au thème que je proposais, le 18 décembre dernier. Ferocias, entre autres, qui juge que sur le fond, le livre est programmé pour une lecture linéaire, ou encore Traqueur Stellaire qui ne se mouille pas dans la polémique. Dans les commentaires, Didier Goux a réagi, à vrai dire sans surprise, en jugeant que ce choix de lecture n'est faisable qu'avec un livre déjà lu. Il est suivi par Chistian (Romain) qui expose une argumentation convaincante à base de Virgile et de peinture flamande. J'ai été victime aussi du syndrome d'Icare en contemplant le tableau de Bruegel. Christian énonce clairement comme objectif de lecture l'identification des intentions de l'auteur. Réponse en conséquence, donc...

    Prenons d'abord l'analogie avec la syntaxe latine. Il est vrai qu'elle est beaucoup moins contraignante que la nôtre. C'est dire que, d'une certaine façon, elle offre plus de libertés. Mais pour autant, il ne faut pas oublier que l'ordre choisi par le locuteur ou l'écrivain est un ordre voulu, destiné à produire un effet (réussi ou pas, c'est une autre question). Toute énonciation littéraire suppose une intention.

    Prenons par exemple la citation de Virgile : "O fortunatos nimium, sua si bona norint, agricolas". Le "agricolas" arrive en dernier, comme la révélation de la petite énigme que constitue le début de la phrase. Il appuie l'intention et marque la phrase en la concluant. L'ordre n'est pas innocent. Idem avec, par exemple, la formule "Ne, sutor, supra crepidam". Si on place "Sutor" en premier, on a une simple interpellation. Mais en le plaçant juste après le "Ne", on a à la fois une interpellation et une explicitation. L'équivalent français serait dans le premier cas "Cordonnier, ne t'autorise pas à..." et dans le second "Ne t'autorise pas, toi qui n'es que cordonnier, à..." La différence, tant littéraire que sémantique, n'est pas mince ; et pourtant elle ne tient qu'à l'ordre des mots.

    Il me semble qu'un livre (enfin, disons un roman écrit par un véritable auteur) suit la même logique. Sa construction obéit à une intention, tout comme le choix des phrases et celui des mots dans la phrase. C'est ce qu'on appelle le style. Je me souviens d'une nouvelle de science-fiction des années 60 (peut-être bien de Pierre Boulle) où un programmeur faisait écrire par un ordinateur le monologue d'Hamlet en lui impulsant l'équivalent électronique d'émotions et d'états d'âme. Le résultat était fidèle à l'original, à un mot près : l'ordinateur produisait "a heap of troubles" là où Shakespeare a écrit "a sea of troubles". Et l'auteur de disserter sur ce qui fait le style : un choix particulier et parfois arbitraire de mot.

    Tout ça pour dire qu'en faisant fi de l'ordre narratif voulu par l'auteur (exception faite des "acrobaties" comme celle de Cortazar), on risque de passer à côté de l'intention de l'auteur. Et donc en somme de lire un autre livre que celui qu'il aura écrit.

    Ce ne serait du reste pas bien grave. Malraux affirmait que "au delà de trois cents exemplaires vendus, tout livre est un malentendu" ; c'est-à-dire qu'au fond chacun se fait son propre livre à la lecture d'un livre, comme peut-être d'ailleurs son propre film ou sa propre pièce de théâtre.

    Pour ma part, je considère que lire, au vrai sens du terme, consiste à reconstruire dans son propre esprit ce qui a présidé à la genèse de l'œuvre. Pas volontairement, en analysant et en disséquant, mais par un mécanisme intellectuel et psychologique que je serais bien en peine d'expliquer mais que j'ai expérimenté à de nombreuses reprises.

    Pour essayer de me faire comprendre, je vais prendre un exemple dans un autre domaine : la peinture.

    Il existe un tableau de Bruegel l'Ancien intitulé "Paysage avec chute d'Icare". Le tableau représente au premier plan un paysan labourant son champ. Derrière lui, la mer, un bateau et, tout à côté du bateau, dépassant d'une gerbe d'écume, le bras ou le pied d'Icare qui vient de s'abîmer dans les flots.

    Le spectateur qui regarde ce tableau n'aperçoit pas d'abord Icare. Il voit le personnage principal, le décor ; mais averti par le titre il cherche Icare, finit par le trouver et se rapproche alors pour le regarder de plus près. Ce faisant, et sans en avoir conscience, le spectateur reconstitue la trajectoire d'Icare : il "survole" le décor puis identifie un point particulier et "plonge" vers ce point, se confondant ainsi avec le héros de la scène. En fait, Bruegel ne nous fait pas voir Icare, mais vivre la chute d'Icare.

    Et, à mon sens, on n'a pas vraiment "vu" le tableau tant que l'on a pas , non seulement revécu la chute d'Icare, mais pris conscience de ce que Bruegel nous a fait revivre cette chute.

    Pour moi, lire "vraiment" un roman, c'est un peu la même chose. En le lisant, on se prête au jeu voulu et pensé par l'auteur (comme devant le tableau on survole puis on plonge), et en même temps on prend conscience à la fois de ce mécanisme, de l'intention qui y a présidé et de l'état d'esprit (voire, de l'état de conscience) qui l'a généré.

    Ce qui suppose évidemment de "jouer le jeu" en suivant le balisage voulu par l'auteur. Donc, de commencer plutôt par le début.

  • Commencer un livre par le milieu ?

    Souvent, quand j'envisage l'achat d'un livre, ou simplement sa lecture, je jette d'abord un oeil au début, puis, très rapidement, je vais chercher une page quelque part au milieu du livre et je lis un extrait.

    Le problème, c'est quand le passage m'accroche : je ne puis m'empêcher de poursuivre sur ma lancée...

    Cela m'est arrivé récemment avec la Duchesse de Langeais d'Honoré de Balzac, et cela m'a réservé une surprise. J'ai commencé la lecture de l'ouvrage un peu avant que Montriveau décide d'ignorer la duchesse à la fois par dépit et par amour. Balzac boucle son récit en accéléré, relatant comment Montriveau recrute un équipage pour tenter de revoir la duchesse, réfugiée dans un couvent carmélite quasiment inaccessible en Espagne. Je n'aime pas ces fins d'histoire qui tombent comme un cheveu sur la bonne soupe d'une trame bien filée et bien menée. Seulement voilà, j'ai fait ce que je ne fais pas toujours : j'ai repris le livre depuis le début et ai découvert que la fin figure au début, mais relatée d'un autre point de vue. Et elle occupe tout un chapitre, avant d'introduire, dans le chapitre suivant, non l'histoire, mais toute une réflexion sur l'aristocratie et son déclin, en ce premier tiers de XIXème siècle.

    On y voit d'ailleurs Balzac déplorer la dégénérescence d'une aristocratie incapable d'être ce que son nom même signifie, c'est à dire le pouvoir des meilleurs. Parce que les aristocrates ne sont plus les meilleurs, conclut Balzac, ils ne sont plus capables de tenir entre leurs mains les rênes du pouvoir.

    En choisissant cette approche (assez risquée avec Balzac, en raison de la diversité de ses personnages et de la complexité et des intrigues et des relations qu'ils entretiennent entre eux), j'ai finalement eu une perspective très différente du livre, de son histoire et de son dénouement.

    Parfois, je fais pire : je commence un livre par la fin. Je suis sûr qu'il existe des ouvrages où la fin du récit se déroule en plein milieu du livre. Que le déroulement des faits coïncident ou non avec celui du livre, finalement, le choix de débuter par la première page ou non est quelque chose de très arbitraire.

    Livrons-nous à une petite comparaison : en latin, l'ordre des mots n'est pas le même qu'en français. Cela ne gêne pas plus que cela les Romains de placer un complément d'objet direct en tête de phrase, de le faire suivre du sujet, puis de placer quelques circonstances et d'ajouter le verbe. En poésie latine, ils font même pire en séparant par exemple un nom et son adjectif épithète et en intercalant au beau milieu un groupe de mots, qui peut être le COD, le verbe, le sujet de la phrase, bref, tout ce que l'on voudra.

    Et pourtant, les phrases des Romains ont bien un sens, et surtout, les idées et les notions leur viennent à l'esprit dans l'ordre dans lesquels ils énoncent chaque mot. L'apparent galimatias que forme l'ensemble pour qui tente de traduire la pensée du Romain antique faisait pourtant bien sens pour lui. 

    Pourquoi cette comparaison ? Eh bien parce que je tends à penser qu'il en va à peu près autant des livres. Toute lecture est une interprétation (tiens, je fais mon constructiviste, moi, pour une fois) et on arrive aussi bien à comprendre un livre en traduisant sa pensée qu'en la suivant (comme la traduction d'un texte latin, en somme). Rien n'empêche donc de le commencer par son milieu, sa fin, ou n'importe quel autre choix.

    Oulah, j'ai les neurones qui ont tourné, et du coup, les oreilles qui fument, moi. Voilà un sujet qui mérite bien chaîne et tag. On ne va tout de même pas donner du caviar à des cochons : il faut au moins des blogues littéraires pour répondre à un défi de cette nature. Hé hé, j'en connais tout de même quelques uns :-)

    On m'a dit que Gaël est écrivain. Il doit certainement avoir un avis sur le sujet, dans ces conditions. Ferocias qui suit l'actualité des peuples du soleil, y compris l'actualité littéraire, doit bien pouvoir donner aussi un avis (enfin...quand il aura fini de déchiffrer les Codex aztèques, ce qui devrait bien lui prendre un soleil supplémentaire au moins...).

    Thierry qui fait oeuvre d'écrivain depuis quelque temps est très certainement qualifié pour exprimer le sien aussi. AsTeR, de Sulfure et contre-sulfure (y'a culture dans le titre de son blog) qui réduit la religion à une histoire de théière ou non, pourra bien également considérer ma question.

    Reste enfin l'inénarrable Didier Goux qui vient faire de temps à autre un tour par ici, nourrit les chardonnerets, mais envisage de s'en faire un parka et conchie Fellini plus que tout ou presque...Celui-là, qui croule sous les livres pas finis, va bien avoir une petite idée aussi sur la question...

    Goddam, en fait, j'ai fait le tour des blogues littéraires que je connaissais*. Honteux, non, pour quelqu'un qui se pique de temps à autre de littérature... Si, je connais Stalker aussi, mais c'est généralement de trop haut niveau pour moi : il cite et analyse chez lui toute une série d'auteurs aux noms  barbares (ou civilisés, qui sait !) que je ne connais ni d'Éve ni d'Adam, à quelques rares exceptions près.

    Ah, j'oubliais la question : alors, commencer un livre par le milieu, hérésie ou non ? :-)

    * je connais tout de même la République des livres, d'Assouline, même s'il m'assomme deux fois sur trois quand j'en lis un billet...

  • Kindle (ou autres) contre livre papier, livre papier gagnant...

    Relativement gros lecteurs, je demeure réticent avec la plupart des e-books. Il y a des usages que le kindle ou autres ne risquent pas de combler de sitôt. Le livre ne se réduit pas à la seule fonction de lecture. C'est aussi un objet social. Invité chez quelqu'un, jeter un oeil sur sa bibliothèque informe sur les goûts de l'hôte, peut-être aussi sur sa psychologie. Placer soi-même ses titres favoris dans son salon a une signification. Certains usent même des livres anciens pour leur valeur décorative. Le titre qui dépasse devient facilement l'objet d'une conversation, voire d'une controverse ou encore une disputatio...

    Je peux assez facilement acheter un livre dans une librairie parce que j'ai traîné dans les rayons et feuilleté deux-trois titres ou simplement regardé une couverture qui me plaît. Il faudrait que les futures librairies numérisées mettent en place des volumes factices avec le résumé et des pages visualisables à volonté. En somme, s'équipent d'autant d'e-books que de titre, sans parler des différents formats. De monstrueux investissements qui ne permettraient même pas d'égaler le titre papier...

    Amazon affirmait fin juillet avoir vendu plus de livres électronique que de livres papier : Ah ? Ses ventes papiers ont donc baissé à ce point ? La concurrence regagne des parts ? les lecteurs se lassent et retournent dans les librairies ?

    Dans ma famille (étendue), nous sommes gros consommateurs de livres ; une chose est sûre : lire des livres sur internet nous gonfle prodigieusement, et nous ne le ferons jamais. Je ne rejette pas a priori l'e-book, mais je ne l'envisagerai que le jour où il sera capable de charger tous les titres susceptibles de m'intéresser.

    Quand je vois le mal que j'ai eu à trouver, il y a trois ans, Capitalisme, Socialisme et Démocratie d'Aloïs Schumpeter, je me dis que ce n'est pas pour demain. J'ai du farfouiller sur un site qui donnait la liste des librairies spécialisées en livres anciens. J'ai finalement alpagué un libraire qui possédait le titre, rue des écoles, à Paris, mais la recherche n'a pas été de tout repos...Alors l'e-book...

  • Moi aussi, je lis...

    Tiens, tiens, une chaîne qui ne se refuse pas : Nemo a tagué Vincent qui m'a tagué aussi. Claudio aussi, apparemment, par le même biais.

    1 - Plutôt corné ou marque page ?

    Marque-page, malheureux ! respect pour les livres, voyons !

    2 - As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?

    On ne m'a longtemps offert que cela à mon anniversaire. Le tout dernier que j'ai reçu en cadeau, c'est Marielle (de Sarnez) qui me l'a envoyé, dédicacé :-) (il s'agit de son petit dictionnaire pour aimer l'Europe).

    3 – Lis-tu dans ton bain ?

    Je ne prends que des douches.

    4 – As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

    Trop long. Un blog suffit bien... J'ai failli écrire une BD, en revanche, avec un ancien copain, qui depuis, a fait carrière chez un éditeur de BD très connu.

    5 – Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?

    Why not ? Il y a beaucoup de séries d'excellente qualité. La Comtesse de Ségur avait bien publié les Malheurs de Sophie, les Petites filles modèles puis les Vacances. Comme quoi, l'idée ne date pas d'hier, et si on veut vraiment remonter dans le temps, les Grecs écrivaient toujours leurs tragédies par trilogies.

    6 – As-tu un livre culte ?

    Oulah ! Beaucoup, pas qu'un. l'Iliade d'Homère est l'un de ceux-là. Les Fleurs du Mal figurent en très bonne place dans mon hit-parade, de même que les Poèmes saturniens de Verlaine. Je devrais citer également Macbeth, ma pièce de Shakespeare préférée.

    7 – Rencontrer ou non l’auteur du livre ?

    Bof.

    8 – Aimes-tu parler de tes lectures ?

    Oui, j'adore : ça ne se voit pas ici ?

    9 – Comment choisis-tu tes livres ?

    En commençant par farfouiller dans ma bibliothèque pour trouver ceux que je n'ai pas encore lus. Sinon, au petit bonheur de mes visites dans les librairies ou chez autrui.

    10 – Aimes-tu relire ?

    Il y a des ouvrages que j'ai bien du lire 100 fois au moins. L'Iliade et les contes philosophiques de Voltaire font partie de ces ouvrages-là.

    11 – Une lecture inavouable ?

    Des livres érotiques, évidemment.

    12 – Des endroits préférés pour lire ?

    Dans un lit ou un canapé.

    13 – Un livre idéal serait pour toi ?

    Pas de livre idéal.

    14- Lire et manger ?

    Mmmh ? chomp, miam, bâffre, empifre, gloutonne, quoi ? attendez, je perds ma page !

    15 – Lecture en silence, en musique, peu importe ?

    Je ne sais pas faire deux choses en même temps.

    16 – le Livre te tombe des mains, tu vas quand même jusqu’au bout ?

    J'ai eu beaucoup de mal à lire la Métaphysique d'Aristote. Elle est loin d'être inintéressante, mais je n'y comprenais rien. Je peux lâcher un livre, parfois, mais y revenir après coup ou des années plus tard.

    17 – As-tu un livre culte ?

    Déjà dit.

    18 – L’auteur que tu regrettes de ne pas avoir lu ?

    Plein. Mais je n'en ai pas en tête comme ça. Il y a assez peu d'auteurs classiques que je n'aie pas lus. En revanche, ces lectures sont souvent parcellaires.

    19 – Ton livre de chevet tout de suite ?

    J'en ai toujours entre deux et quatre en même temps...Actuellement, les Paysans de Balzac, Zadig de Voltaire (relecture), je finis (dernières pages) Vivre autrement de Corinne Lepage et je viens d'achever le premier tome du Cycle de Tschaï de Jack Vance.

    Bon, comme je n'étais pas inspiré pour les cartes postales, je refile le témoin à Barrejadis qui m'avait tagué à ce sujet, et puis tant qu'à faire à Unhuman et au Faucon. Sur un thème comme celui-là, ce serait dommage de ne pas taguer le Privilégié et SOS éducation... Et puis Françoise, pour finir...(honneur aux femmes, tout de même !).