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e-book

  • Kindle (ou autres) contre livre papier, livre papier gagnant...

    Relativement gros lecteurs, je demeure réticent avec la plupart des e-books. Il y a des usages que le kindle ou autres ne risquent pas de combler de sitôt. Le livre ne se réduit pas à la seule fonction de lecture. C'est aussi un objet social. Invité chez quelqu'un, jeter un oeil sur sa bibliothèque informe sur les goûts de l'hôte, peut-être aussi sur sa psychologie. Placer soi-même ses titres favoris dans son salon a une signification. Certains usent même des livres anciens pour leur valeur décorative. Le titre qui dépasse devient facilement l'objet d'une conversation, voire d'une controverse ou encore une disputatio...

    Je peux assez facilement acheter un livre dans une librairie parce que j'ai traîné dans les rayons et feuilleté deux-trois titres ou simplement regardé une couverture qui me plaît. Il faudrait que les futures librairies numérisées mettent en place des volumes factices avec le résumé et des pages visualisables à volonté. En somme, s'équipent d'autant d'e-books que de titre, sans parler des différents formats. De monstrueux investissements qui ne permettraient même pas d'égaler le titre papier...

    Amazon affirmait fin juillet avoir vendu plus de livres électronique que de livres papier : Ah ? Ses ventes papiers ont donc baissé à ce point ? La concurrence regagne des parts ? les lecteurs se lassent et retournent dans les librairies ?

    Dans ma famille (étendue), nous sommes gros consommateurs de livres ; une chose est sûre : lire des livres sur internet nous gonfle prodigieusement, et nous ne le ferons jamais. Je ne rejette pas a priori l'e-book, mais je ne l'envisagerai que le jour où il sera capable de charger tous les titres susceptibles de m'intéresser.

    Quand je vois le mal que j'ai eu à trouver, il y a trois ans, Capitalisme, Socialisme et Démocratie d'Aloïs Schumpeter, je me dis que ce n'est pas pour demain. J'ai du farfouiller sur un site qui donnait la liste des librairies spécialisées en livres anciens. J'ai finalement alpagué un libraire qui possédait le titre, rue des écoles, à Paris, mais la recherche n'a pas été de tout repos...Alors l'e-book...

  • Livres et e-books

    La guerre des e-books se propage petit à petit au net : face aux géants que sont Amazon ou Google, les grandes chaînes de librairies réagissent en mettant au point leur propre format d'e-book. A témoin le Nook de Barnes et Noble, conçu pour affronter le Kindle d'Amazon.

    Ce qui m'inquiète dans toutes ces grandes manoeuvres, c'est le sort futur de nos libraires : que deviendront-ils si les nouvelles publications se vendent au lieu de figurer sur du support papier ? Par ailleurs, étant donné le coût des lecteurs d'ebook à l'heure actuelle, mis à part pour de gros lecteurs, l'achat du lecteur n'est pas rentable par rapport aux éditions papier.

    La Toile n'en a pas fini de bouleverser le modus vivendi économique qui prévalait jusque là dans le domaine du livre, mais, hélas, pas pour le meilleur : ce sont les très grosses maisons d'édition (et on risque d'y voir bientôt des regroupements) qui vont peu à peu ramasser la mise, tandis que les petites s'effondreront les unes après les autres. Nous venons bientôt vers le temps où ce seront Amazon et Google qui décrèteront ce qu'est la bonne ou la mauvaise littérature.

    L'espoir de voir surgir une littérature et un lectorat autonomes et non-inféodés à des intérêts divers est illusoire. En réalité, rien ne résiste au rouleau compresseur des intérêts économiques qui sont en jeu, et les plate-formes participatives n'y résisteront pas l'ombre d'un instant : au contraire, elles vont servir de caution à ces intérêts-là qui pourront ainsi montrer que la liberté de création est préservée. Le mécanisme est rôdé : j'ai écrit récemment un article sur la presse, pour montrer comme l'amateurisme et le gratuit la menaçaient (et pourtant, il existe des compromis intelligents). Il y a à vrai dire quelques précédents antérieurs à l'internet numérique dans le domaine culturel : la politique de la ville de Paris, par exemple, dans le domaine de la musique, sous Clémentine Autain et Christophe Girard s'est voulue favorable aux musiciens amateurs, mais toujours au détriment des professionnels : par exemple, les professeurs de piano payés par la ville, contre un SMIG (a-t-il été appliqué ?) se sont vus interdire de donner des cours librement. Autre exemple : le Québec a massacré la culture classique à tous les niveaux, éducation nationale, édition, et cetera, et promu les amateurs à tout crin. Dans l'amateurisme foisonnant, il a évidemment parfois surgi quelques bonnes pousses, mais in fine, au prix d'une réduction qualitative de la culture sans précédent au Québec. Si l'ère des errements semble désormais se finir, il est trop tard pour réparer les dégâts. Je n'aurais pas de mots supplémentaires assez durs contre l'amateurisme, dès lors qu'il a la prétention de remplacer le professionnalisme sans en avoir pour autant la qualité.

    Il est question d'offrir aux e-books 5.5% de TVA au lieu de 19.6 actuellement : dès lors qu'une innovation ne propulse pas clairement la création culturelle, je ne vois pas pourquoi on devrait lui faire un tel cadeau. Frédéric Miterrand appelle les éditeurs français à se rassembler autour d'une plate-forme unique de distribution des e-books pour faire face aux majors américains.

    Que deviendront alors les libraires ? Je dirais que l'espoir réside dans une option que lève Constance Krebs sur le site la revue des ressources : que les libraires réagissent en mettant en place leur propre plate-forme où ils dispenseront leurs conseils de lecture et leurs choix. Alors, l'achat de murs pour le libraire ne viendra qu'en second. Peut-être, mais il se trouve que pour ma part, je fais partie de ces réfractaires qui préfèrent largement aller fouiner dans une boutique et discuter en face-à-face avec un homme ou une femme rompu(e) aux nouveautés de l'édition. Et je préfère largement cela au commentaire ou à la note écrit en SMS qui figurera en appréciation chez Amazon et compagnie sur tel ou tel ouvrage.

    On invoque la Renaissance comme période de référence pour qualifier ce qu'il se produit aujourd'hui pour la littérature compte-tenu des opportunités nouvelles en matière de diffusion. Il serait bon de se souvenir que la littérature et les idées se diffusent quand les esprits sont prêts à les accueillir ; et la technicité ne changera rien à ce fait incontournable. Souhaitons que nous ne soyons pas à l'orée de Siècles obscurs. L'immédiateté efface tout au nom de la rentabilité et de la nouveauté. Voilà les deux ennemis immédiats des idées et de la littérature.

    Les Grecs de Troie sont entrés dans la légende, mais bien peu savent qu'ils ont vraiment existé. 50 ans après avoir fait chuter Troie, leur civilisation puissante s'était effondrée. Il fallut 3000 ans pour retrouver la trace de leur existence, et encore 60 années supplémentaires pour réaliser qu'ils avaient bien une écriture : les tablettes de linéaire B que déchiffra le génial architecte Ventries. Mais eux, ils avaient encore des tablettes en argile. Nous, les incendies qui menacent nos palais modernes ne laisseront même pas cela...