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  • Affaire Maître Eolas : ça devient difficile de faire de l'humour en France...

    Pour être très direct, je n'ai jamais aimé Maître Eolas que j'ai toujours jugé arrogant et prétentieux. Cela ne l'empêchait pas pour autant de rendre des avis plutôt éclairés quoiqu'orientés. Une chose est l'individu, une autre est de l'empêcher de s'exprimer. Condamné parce qu'il a jugé bidon le compteur de l'IPJ et parce qu'il a affirmé ne pas vouloir se torcher avec de peur de salir ses excréments, c'est sûr que ce n'est pas aimable, de là à ce que ça soit un délit, il ne faut pas pousser non plus.

    Quand j'y pense, j'ai écrit dix fois pire sur mon blog...

    Ça sent de plus en plus le sapin pour la liberté d'expression. Je vois qu'un autre avocat, Sous la Robe, a dû cesser de s'exprimer sur twitter parce que ses commentaires drôles et ironiques gênaient son conseil de l'ordre local, je trouve que ça commence à aller loin.

    On ne va pas dans le bon sens. Sans verser dans l'injure, on doit pouvoir continuer de se moquer, esprit bien français, dans la tradition de notre sens de l'humour.

    On risque d'aboutir à ce qu'il ne soit plus possible de critiquer ou de commenter quelque forme d'action publique que ce soit.

  • L'art d'avoir toujours raison

    L'art d'avoir toujours raison, c'est à l'origine le titre d'un ouvrage de Schopenauer : il y énumère et explicite toutes les techniques rhétoriques qui permettent, dans un débat, de l'emporter sur un adversaire. Mais ce pourrait être aussi le titre d'un des derniers billets de Maître Eolas.

    Nous avons eu quelques échanges aigre-doux à ce sujet sur twitter. Son billet avait pour objet de dénoncer une officine dont je me méfie aussi au demeurant, l'IPJ, mais également de remettre en cause le témoignage d'un père qui a perdu son fils et juge notre système judiciaire déficient.

    Pour être succinct et lapidaire le noeud de la contradiction, c'est de déterminer combien d'individus sont à l'origine de la mort du fils de la victime.

    Pour Maître Eolas, seul l'un d'entre eux saurait être retenu comme coupable, car les autres se sont contentés de frapper à coups de pied dans le corps la victime.

    D'un point de vue juridique, l'expert est Maître Eolas, donc, je ne doute pas de la qualification juridique qu'il donne à ce crime, mais pour le reste, bien évidemment, je vois bien qu'iil y a un écart idéologique conséquent entre sa perception et la mienne. 

    Revenons sur notre affaire ; c'est simple à considérer, même si on aime chez Maître Eolas que la justice soit chose complexe : il s'agit ni plus ni moins d'un lynchage. J'aime bien la technicité rhétorique qui consiste à ne juger les faits qu'en les séparant les uns des autres.

    Le raisonnement est celui-là : un coup de pied occasionne au plus une ITT de 8 jours. Donc les coups portés par les agresseurs ne peuvent pas être jugés au-delà de cette limite. 

    Sauf qu'à dissocier les faits les uns des autres, on finit par oublier le lien qui les unit les uns aux autres. Et là, moi, derrière ces faits prétendûment isolés, je vois bien apparaître le lynchage. 

    Quoi ? Ces individus ignoreraient que la somme de leurs coups de pieds peut avoir des conséquences mortelles ? Ils ignoreraient aussi que des coups de pied portés sur un homme qui a déjà reçu des coups de couteau mortels c'est une augmentation significative des probabilités de voir sa fin proche ?

    Le raisonnement de Maître Eolas et de nombre d'avocats, au demeurant, me fait penser aux paradoxes des anciens grecs, et notamment à celui de l'archer et de sa cible de Zénon d'Élée : comme la flèche parcourt toujours la moitié de la distance qui sépare l'archer de sa cible, en principe, elle ne touche jamais sa cible. 

    Comme on divise toujours plus les actions de coupables ou complices, ou du moins, témoins complaisants d'un homicide, on finit toujours par les exonérer car le fil qui conduit à leur culpabilité n'est jamais entièrement parcouru...