Je suis triste. J'ai vu un magnifique bourdon des jardins. De belle taille. Seulement, il était mort, gisant au milieu du trottoir parmi des pétales de fleurs éparses et un long filet d'eau. J'ai levé la tête, et j'ai vu au second étage quelques pots suspendus. On y devinait, par la couleur, l'origine des pétales au sol. Nom de D... ! Quand vous arrosez vos plantes, m... alors, vérifiez au moins ce qu'il y a dessus !
Je me suis consolé en retournant à mon allée favorite. A 17h00, c'est pas gagné, d'autant que le soleil jouait à cache-cache avec les nuages. Cette fois, je n'étais pas avec mon aîné, mais avec le cadet et deux de ses amis, un frère et une soeur. J'ai cru d'abord qu'on ne verrait rien, puis j'ai poussé un soupir de soulagement en repérant un bourdon des champs. Hélas, la remontée de l'allée n'a guère amené de bonnes surprises : deux bourdons des champs supplémentaires, et c'est tout. Les abeilles, elles-mêmes, n'étaient pas au rendez-vous. Les papillons, n'en parlons même pas : néant. Mais contrairement aux habitudes prises précédemment, j'ai ouvert l'oeil au retour. Et j'ai eu raison. Parce que j'ai retrouvé une vieille connaissance : mon Bombinus lapidarius qui bombinait et butinait paisiblement, toujours aussi gras et bien nourri. Peut-être plus pour très longtemps. Les fleurs s'effritent, et à chaque abombinage sur le fleur, c'est autant de pétales qui sont tombées à terre. Le Bourdon des pierres est actif d'avril à octobre. On sent bien que d'ici peu, on ne le verra plus par ici.
Deux bourdons des jardins, de beaux specimens, ont croisé à leur tour notre chemin. Les petits étaient contents. Moi aussi. Ce sont peut-être les derniers que nous aurons vu si le temps venait à se gâter.