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Charia

  • Charia Hebdo ? Insipide.

    J'ai acheté le dernier numéro de Charlie Hebdo ce matin, par solidarité et parce que j'estime que ce ne sont pas les islamistes ni aucune autorité religieuse musulmane qui doivent nous dicter quels doivent être nos organes de presse et ce qu'ils doivent écrire.

    Mais j'ai franchement été déçu. Je m'attendais à un numéro humoristique (le titre était prometteur), et au moins à quelques bonnes blagues potaches et au lieu de cela, j'ai eu droit à un numéro ennuyeux à mourir avec des blagues répétitives et lourdes sur la lapidation et la burka.

    Les auteurs du numéro me semblent avoir surtout montré une profonde méconnaissance de l'Islam et de son histoire et une absence de finesse et de qualité dans l'humour.

    Désolé de devoir le dire dans de telles circonstances, mais mon billet est à la mesure de ma déception...

  • Qu'est-ce que la Charia dans l'Islam ?

    Je renvoie très rarement directement à un billet écrit sur un autre blog, sans autre forme de commentaires, mais là, je crois vraiment que cela vaut le coup. Je reviens du blog de Laura Asma, une musulmane traditionnaliste dont les écrits éclairent souvent d'un jour nouveau et humaniste la nature de l'Islam. Des blogs de ce type sont extrêmement rares dans la blogosphère, et donc précieux. En plus, Laura est une sympathisante sinon du MoDem, au moins de Bayrou. Dommage que ce ne soit pas elle qui soit docteur en théologie à Al-azar, au Caire ou à Qom...

    Là, elle vient d'écrire un EXCELLENT billet sur la Charia. Il faut le lire. Je vous donne juste l'introduction :

    « Un musulman peut il se soumettre à un autre droit que le droit coranique ?

    Le débat entre les deux cultures tient semble-t-il à une conception différente du droit : Dans les pays islamiques, ce droit dérive du Coran et de la sunna (tradition du prophète) et prend en compte les prescriptions juridiques contenue dans celui-ci,  qui sont considérés comme imprescriptibles.

    Dans l’opinion éclairée de l’occident , on commence à percevoir l’existence de la charia, ce droit d’origine coranique...(à suivre) »

    Une précision toutefois : la source du texte se trouve en grande partie dans "Peut-on vivre avec l'Islam" un ouvrage de Tarik Ramadan, un intellectuel sulfureux que je n'aime guère. Mais j'apprécie beaucoup la manière dont Laura l'interprète librement.

  • Charia et droit des démocraties

    L'avantage d'avoir des lecteurs de qualité sur son blog, c'est que l'on peut souvent s'épargner du travail, simplement en reprenant leurs commentaires sous forme de billets. C'est le cas, après Bertrand, de l'excellente réponse de Samir à mon billet "Rififi à Canterbury".

    J'avais évoquél'opportunité ou non d'introduire certains aspects du droit islamique dans le droit britannique et plus généraement européen, à la suite de la saillie de l'archevêque de Canterbury, Rowan Williams, sur le sujet. Voilà ce que Samir a répondu à mon billet :

    « Je crois que le problème est mal posé. Qu'il y ait dans la charia de bonnes choses, cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
    Il y a cependant trois points essentiels à tenir présents à l'esprit:

    1. Je n'accueille pas la charia en tant que charia, pas plus que le droit canon en tant que tel. Mais j'accueille dans la constitution tout élément valable, indépendamment de sa provenance. Et si j'accueillais quelque chose PARCE QUE cela est une loi religieuse, j'ouvre la porte à beaucoup de dérives.

    2. Par ailleurs, exclure CERTAINS points de la charia parce qu'INHUMAINS, comme l'a affirmé l'Archevêque, est très offensant pour qui considère que la charia vient en derniers recours de Dieu lui-même.

    3. Introduire deux principes juridiques dans une même communauté nationale conduit à des situations impossibles et injustes. Il suffit de suivre ce qui se passe au plan juridique dans un pays comme la Malaisie pour s’en rendre compte. Nous avons affaire à des décisions juridiques contradictoires et de graves injustices vis-à-vis des personnes, notamment des femmes.

    4. Enfin, j’ajouterai un 4° point. Il n’est pas sans intérêt de signaler que nos plus grands juristes musulmans, quand ils ont établi les constitutions des Etats arabo-musulmans dans la première moitié du 20° siècle, ont délibérément écarté la charia comme fondement de la législation et s’en sont inspirés assez modérément. Ils la considéraient comme anachronique sur bien des points. Il est étrange qu’après plus d’un demi-siècle des OCCIDENTAUX (a fortiori des religieux chrétiens) proposent un retour en arrière. Pour nous, Arabes, qui cherchons à nous émanciper et à intégrer les acquis culturels et juridiques de la modernité, la législation britannique et les législations européennes en général sont, à tout prendre et malgré leurs lacunes, plus respectueuses des valeurs humaines que la charia. De grâce, ne nous ramenez pas en arrière … précisément en Occident. »

  • Rififi à Canterbury autour de la Charia

    Rowan Williams, l'Archevêque de Canterbury n'imaginait pas déchaîner les ppolémiques, le jour où il s'est publiquement interrogé sur l'opportunité d'intégrer certains aspects de la loi islamique de la Charia dans le droit britannique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela fuse dans tous les sens...

    La célébrissime université Al-Azhar l'a publiquement félicité, qualifiant ses propos de réalistes. Notons toutefois que le dit Archevêque avait bien précisé qu'il n'y aurait pas de place pour les châtiments corporels et pour les discriminations envers les femmes dans le droit anglais. 

    Pour ma part, j'invite à la circonspection. La notion de "Charia'" en Occident, porte une lourde charge négative parce qu'on la relie souvent aux mains coupées et au voile. Or, la Charia ne se réduit pas à ces recommandations extrêmes. L'idée d'intégrer du droit musulman traditionnel dans du droit national n'est pas forcément idiote. Après tout, c'est ce que nous autres Européens avons longuement fait avec le droit canon, et qu'importent les influences, dès lors qu'elles vont dans le sens de la démocratie ?

    Dans ces conditions, je juge que cela vaudrait certainement le coup d'étudier de près ce que contient la Charia et le droit coranique afin de déterminer ce qui est compatible avec notre droit européen. Je suis à peu près convaincu qu'un certain nombre de rapprochements sont possibles, et qu'ils sont possibles sans altération de notre identité.

    Donc, ce que j'en dis, c'est que c'est à méditer, et qu'il ne faut pas écarter tout de suite l'idée avec des hurlements horrifiés avant d'y avoir réfléchi.