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Total a-t-il vraiment le choix ?

Je ne puis que recommander l'excellent article de l'Expansion qui permet d'y voir clair dans les tenants et les aboutissants de l'affaire de la raffinerie de Dunkerque. Contrairement à ce qu'on a pu entendre çà et là, il n'est pas dans les intentions de Total de délocaliser son activité, mais il se voit contraint de réduire ses capacités tout simplement parce que la demande mondiale de pétrole est fortement déprimée. La consommation a baissé partout dans le monde, particulièrement pour l'essence, qui compte pour une grande proportion dans la production des raffineries françaises. Si Total fait globalement des bénéfices, la branche raffinage fait de lourdes pertes. Et il n'y a aucun espoir sans reprise de la demande mondiale, or, les experts estiment qu'elle ne reviendra pas à ses niveaux d'avant-crise avant longtemps.

On pourrait penser que Total aurait du anticiper la surproduction d'essence : c'est oublier que l'année dernière, le gouvernement était déjà intervenu pour empêcher une restructuration de ses activités : il est difficile d'expliquer à l'opinion qu'une restructuration est nécessaire alors que le bilan global est très positif. Le problème, c'est qu'un bilan très positif peut masquer une branche en très mauvais état...

Tenter de maintenir de force la raffinerie en l'état est donc totalement idiot, et les politiques qui le proposent sont des démagogues. Ce qu'il convient d'étudier au plus près, c'est la possibilité d'une reconversion vers d'autres sources d'énergie. Évidemment, ce qui semble le plus pertinent, dans l'immédiat, c'est le diesel, mais avec des risques à court-terme.

En réalité, la raffinerie des Flandres de Dunkerque ne fait qu'ouvrir un cycle de fermetures définitives en France, avec plus d'une centaine de raffineries amenées à se reconvertir ou à disparaître.

Nous avions au MoDem, une euro-députée spécialiste de l'énergie, chimiste et ingénieur de formation : Anne Laperrouze. Manque de chance, elle n'a pas été reconduite par ses électeurs. Dommage, car la région pour laquelle elle se présentait comporte aussi des raffineries. J'ai vu avec plaisir qu'elle écrivait à nouveau sur son blogue. Je crois que cela vaudrait vraiment le coup de lui demander ce que l'on peut espérer à court-terme pour les raffineries.

J'ai cru comprendre qu'Olivier Henno entendait mettre Total au piquet, mais, pour être crédible à long terme, il va falloir être plus pragmatique et trouver des solutions, sachant que l'on ne peut pas demander à une entreprise de maintenir une activité déficitaire : c'est un non-sens économique et entrepreneurial. Total perd 150 millions d'euros par mois en raison de la sur-capacité des raffineries, une somme énorme, même avec une activité globale très excédentaire.

Le gouvernement est dans la nasse, parce que toute taxation du carburant réduira mécaniquement la consommation et, par suite, entraînera des fermetures supplémentaires de raffineries. On a là un bel exemple de dilemme cornélien entre politique et l'emploi et impératif environnemental.

Je crois qu'il faut avoir le courage de dire que l'État ne peut pas se substituer à une entreprise ; bien sûr, on peut espérer la venue de champions européens de l'industrie automobile comme l'espère Jean-Luc Benhamias, mais c'est pour l'instant une vue de l'esprit en raison des divergences entre États européens sur la question.

L'inconvénient, je crois, c'est que dans le domaine des énergies fossiles, personne ne sait clairement où l'on va. Cette incertitude qui pèse en permanence sur ce secteur empêche les entreprises pétrolières d'anticiper d'éventuelles reconversions. L'écologie a percé dans les mots, mais pas dans les faits, tout du moins, pas en Europe et certainement pas en France, et, de surcroît, elle est victime d'un conflit entre décroissants et pragmatiques, les premiers tenant le haut du pavé de bloquant toute réflexion industrielle dans le domaine de l'écologie.

Il existe pourtant des pistes intéressantes que des esprits inventifs ouvrent pour l'économie et l'industrie humaines. A témoin cette remarquable trouvaille d'ingénieurs américains qui ont mis au point un substitut de kérosène à partir de la dégradation du sucre des plantes.

J'ai parfois le sentiment que les solutions techniques existent, que des issues économiques viables sont mêmes possibles, mais que notre monde peine à changer de logiciel, pour plagier une formule chère à Corinne Lepage (Vivre Autrement).

J'avoue que je n'ai pas d'idées ; je suis à cent lieues d'être un expert de l'énergie, et n'ai pas la compétence économique pour me montrer génial. Mais je ne désespère pas de tomber sur quelqu'un qui aurait ces traits indispensables dans ces temps difficiles. J'espère, en tout cas, que sur cette question, le MoDem va se démarquer du concert bien-pensant ambiant, essayer de placer les partenaires autour de la table, en tout cas, au moins le proposer, et réfléchir à des solutions pratiques.

Commentaires

  • Bah, Total a des ingénieurs compétents et peut parfaitement oeuvrer pour le bien collectif, pas seulement dans la recherche d'énergies annexes mais aussi dans la dépollution des sites,cela devrait etre encouragé, une source d'avenir de tous les possibles.
    De plus cela pourrait préserver un bassin d'emploi en faisant jouer la reconversion et la recherche...
    A long terme mieux pour la préservation des ressources,mieux qu'une taxe carbone: heing Corinne?!!!
    Grenelle? Avez-vous dit Grenelle???

  • Oups, retour rapide, mieux que les "boycott" citoyens émanant du domaine publicitaire très/trop souvent... :o)))

  • C'est ce non-respect des principes de bases de l'économie qui m'a fait (avec l'influence de la prose de H16) rendre ma carte il y a très peu de temps. Honnêtement le MODEM prend l'eau de toute part, rien de concret n'émerges et il tombe dans la démagogie. Ce qui semblait une alternative sérieuse n'a fait que rejoindre la tradition politique française. Une entreprise qui ferme s'est mal ? Quand elle gagne de l'argent pareil. On fait quoi alors ? Sans parler des idioties de se baser sur ces résultats précédents tout en ne tenant pas compte de l'évolution du monde. Il propose quoi Olivier Henno ? De rouvrir les mines du Nord pas de Calais, l'arrachage des panneaux solaires et autres ? Je ne suis pas sur que les habitants de là bas soient très tentés par cela.

  • @Démocrate
    c'est sûr que quand le MoDem réagit ainsi, il m'énerve. Mais bon, dites vous bien que les autres sont dix fois pires...

  • C'est tout le problème du concept de la responsabilité sociale des entreprises qu'on touche ici du doigt. Par ailleurs Total est coincé parce que même s'il investit dans d'autres activités plus vertes, plus techniques pour compenser la fermeture de certains site, il y aura forcément des licenciements puisque les qualifications ne correspondront plus...

  • @ Democrate et l'Hérétique

    Avant de condamner définitivement O. Henno, il ne faudrait pas non plus déformer sa pensée. Je n'ai en effet jamais entendu dire qu'O. Henno souhaitait le maintien coûte que coûte de la Raffinerie des Flandres...
    En revanche qu'un projet de substitution soit trouvé, ça c'est une autre chose. Mais rien chez Total n'avait été anticipé de la sorte.

  • @JF,
    Travaillez avec Daniel et Didier.
    Les normes ISO peuvent etre un bon point de départ pour instaurer un dialogue ensuite laisser du temps aussi et accompagner.
    Enfin, je crois
    @+

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