Je suis avec curiosité et intérêt le parcours d'Alain Dolium. J'ai lu ce qu'en dit le Blog du Démocrate, et je partage jusqu'à un certain point son analyse. Il présente à mes yeux des avantages, mais aussi des points qui fâchent. Les avantages, c'est que je le vois pragmatique (ça nous change des idéologues de la démocratie), c'est un chef d'entreprise, et c'est un bon communicant. J'observe qu'il sait être présent sur la Toile sans s'imposer, et qu'il répond si on l'interpelle. J'ai un un peu de mal à récapituler ses prises de position étant donné qu'elles ne figurent pas toutes sur le site de campagne du MoDem en île de France. J'apprécie son réalisme sur l'emploi : Valérie Pécresse parle de créer un million d'emplois en île de France. C'est ridicule, c'est évident que c'est impossible en l'état. Alain Dolium qui a chiffré et calculé son programme parle de 150 à 160 000. Cela me paraît bien plus réaliste. Son idée des deux emplois sans charge à l'échelle régionale (assurance recrutement) n'est pas mauvaise : reste à savoir ce que cela donnerait dans la pratique s'il pouvait être élu. Si l'île de France pouvait mettre en oeuvre cette idée, ce serait un excellent laboratoire en prévision du programme des présidentielles.
Il y a néanmoins comme je l'ai dit des points qui fâchent : l'un d'entre eux, c'est la caractère socialo-compatible de Dolium, avec une touche même jospino-compatible. Comme s'il paraissait acquis que le MoDem allait s'allier aux Socialistes au second tour. Autant voter directement pour les Socialistes, alors ? Je n'entends pas la moindre critique d'Alain Dolium sur la gestion de la région par Huchon, et pourtant, il me semble qu'il y a des choses à dire.
J'ai lu la réaction d'Alain Dolium sur la mixité sociale, les quotas et les concours aux grandes écoles. J'ai retenu ces remarques :
Le concours d’entrée aux grandes écoles est aujourd’hui le dernier ilot de méritocratie perdu dans un océan de connivences et de non-dits.
Nous sommes confrontés aux résultats d’une massification de l’éducation et nous avons laissé croire au mirage d’un élitisme accessible à tous. La massification des filières générales n’a que déplacé le problème en créant de nouvelles poches de reproductions sociales.
Jusque là, ça va ; c'est après que cela se gâte. Je me méfie toujours, quand on présente le système éducatif actuel comme un espace exclusif de reproduction sociale. Cela fleure le bourdieusisme bon teint. Alain Dolium évoque les classes studieuses, les plafonds de verre divers pour les classes populaires. Le pire serait justement qu'elles disparaissent, ces classes studieuses. Oui, il y a une sélection par les langues rares ou anciennes, et tant mieux : encore heureux que dans le délire égalitariste qui a frappé tous les gouvernements depuis la réforme Haby de 1976 il soit resté le fil ténu, devenu en effet un fil d'Ariane dans un labyrinthe, pour constituer l'ultime d'espoir pour ceux qui chercheraient à échapper au marasme. Il ne s'agit pas de supprimer les codes, mais de permettre qu'ils soient accessibles partout dans tous les collèges de France. A chacun, ensuite, de saisir l'opportunité ou non, selon l'avenir qu'il envisage. L'excellence partout, comme le disait Bayrou pendant la campagne présidentielle, ou encore ces villages où on pouvait étudier le grec et le latin comme le regrette Jean Lassalle dans sa Parole donnée. Le discours d'Alain Dolium ne m'apparaît donc pas in fine convaincant sur le sujet. C'est l'inconvénient d'être un mélange de bayrouisme (Biennnnn !) et de socialo-jospinisme) (Pas biennnn....!).
Sur les transports, j'attends plus de précisions sur son projet : il a raison d'observer que les bus sont en effet bien moins chers que les réseaux ferrés. Le problème, c'est que les routes sont aussi saturées, et que je ne vois pas dans don programme ce qu'il prévoit pour contourner cet écueil. J'apprécie néanmoins le caractère réaliste de sa proposition, car elle a le mérite de pouvoir être mise en place dans des délais très rapides, contrairement aux projets pharaoniques des Socialistes et de l'UMP.
Pour conclure, il est acquis pour moi que je voterai pour lui au premier tour. En revanche, je ne sais pas encore ce que je vais faire au second tour si jamais il s'allie avec les Socialistes. Tout dépendra de la composition de la liste UMP que je n'exclue alors pas de soutenir le cas échéant.
Commentaires
Moi, j'aime beaucoup Alain Dolium.
Tiens, je fais (enfin) tourner le blog Modem de Malakoff officiellement, les tests étant terminés (l'hérétique m'ayant posé la question).
honnêtement je vois pas l'intérét de bloquer l'avancée des classes populaires, en utilisant de plus un truc comme le latin...et c'est pourtant un latiniste qui parle. Je ne vois pas en quoi un mec serait meilleur pour gérer une boite ou faire un fonctionnaire dévoué à l'intérèt public parce qu'il conjugue mieux rosa, rosae qu'un autre....encore une fois, l'égalité des chances ce n'est pas sale.
salut
tu noteras qu'a aucun moment il ne demande l'arret de l'elitisme pour tous, au contraire les classes prepa sont defendues avec leur selection. latin pareil. et au vu de son parcours le contraire serait etonnant ...
le probleme c'est que peu savent ce que signifie prendre vraiment l'option latin. c'est cette information qui doit etre partagee.
@+
@ Romain
Il faut relire ou revoir l'interview donnée voici qq semaines par Bernard Stiegler à Siné Hebdo. Qd Stiegler dit "un concept, c'est une arme", cette vérité qu'il énonce n'est pas seulement utile en politique : elle l'est dans tous les compartiments de la société, y compris en économie. On le sait bien, vu le poids de la pub dans l'économie. Or pour apprendre à définir des concepts, il est loin d'être inutile d'en savoir bcp sur les strates de sens que véhicule le langage. Rappelons-nous que Jules Verne a écrit "tout ce qu'un homme a imaginé, un autre homme peut le réaliser". On est bien dans un schéma où le concept précède la réalité. CQFD.
Comme quoi je suis plutôt d'accord avec vos remarques comment après avoir vertement reproché au NC sa trop grande proximité avec l'UMP vouloir uniquement s'associer au PS... Autant fusionner avec les radicaux de gauche.
@Romain Blachier
et voilà où la gauche en est : c'est bien ce que je dis, du bourdieusisme. Le latin n'a à ma connaissance jamais bloqué les classes populaires. Moi aussi je suis un ex-latiniste. En revanche, l'égalitarisme forcené initié par la gauche puis instauré par Giscard qui voulait lui plaire a conduit à leur boucher toutes les voies d'accès.
@NC92
Je ne comprends pas que le NC ne se soit pas lancé dans la bataille tout seul : vous aviez les moyens de faire entre 6 et 11% dans les régions. Vous auriez alors bien plus pesé par la suite aux yeux de Sarko.
@paul
J'ai trouvé qu'il n'était pas extrêmement clair, justement. j'attends donc des clarifications sur ce qu'il attend de l'éducation et ce qu'il appelle reproduction sociale.
La réaction de Romain montre que la gauche (du moins les Socialistes) n' pas changé d'un pouce sur le sujet.
@l'hérétique
Excusez-moi, mais je ne comprends pas ce qui ne vous plaît pas dans le discours de AD.
La question de la reproduction sociale dans l'éducation est une question dont on devrait parler beaucoup plus souvent.
@jm
Ce que je critique, c'est de faire porter le chapeau aux Grandes écoles. Il faut plutôt se demander pourquoi l'école républicaine n'est plus capable de porter des enfants venus du peuple vers les cursus les plus prestigieux. Cela me semble clair : l'égalitarisme a tout écrasé sur son chemin.
@l'hérétique,
Pourriez-vous étayer, sur l'égalitarisme ?