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friendfeed, nouvelle bouse des prairies sociales ?

Depuis leur création, je ne peux m'empêcher d'éprouver un profond scepticisme devant les nouveaux outils des réseaux sociaux. Il y a , j'en ai l'impression, une course au contenant. Avec friendfeed (Rubin va s'étouffer s'il lit cette note) il est question d'agréger des myriades de flux de toutes sortes, mais quid du contenu ? Comprenez-moi bien : si friendfeed agrège facebook qui agrège twitter qui agrège je ne sais quel flux rss, lui-même un agrégat de flux individuels en provenance de diverses sources (dont certaines pourraient bien être des flux issus de friendfeed !) j'ai tout de même l'impression que primo, une distance s'établit nettement avec l'origine de la source et que secondo le serpent risque de finir par se mordre la queue.

J'ai lu la passionnante et remarquable analyse de Fabrice Epelboin sur ReadWriteWeb. Pour ceux qui dénoncent la suprématie d'une aristocratie auto-proclamée dans la blogosphère, je leur recommande la lecture de cet excellent billet. Friendfeed, c'est mal. En effet, comme l'observe Fabrice Epelboin, ce système conduit à ce que les faiseurs de buzz, les providers de l'information renforcent leur influence. Une info n'émergera qu'en passant par eux parce qu'ils ont beaucoup de followers. Finalement, ce seront eux qui décideront ce qui est pertinent ou non et il s'ensuivra un système d'échange de flatteries, voire de services, pour  voir son information arriver à la surface du marécage électronique.

C'est, me semble-t-il, à juste titre que l'auteur compare ce système aux relations qui unissent les majors des maisons de disques et les artistes.

J'aime beaucoup l'image utilisée par l'auteur de l'article et j'en publie ici un extrait :

Importée massivement (NDLR : en Australie) , la vache produisait du lait et des veaux, et pendant pas mal de temps, les colons se sont réjouis de leur intelligence à trouver une solution radicale à une problème critique, jusqu’au jour où les bouses on recouvert les prairies et que l’herbe s’est arrêtée de pousser (il manquait dans l’écosystème Australien les bousiers, ces scarabés qui gèrent le problème sur les autres continents). S’en est suivit une longue série de catastrophes écologiques, initiées au XIXe siècle et que les Australiens n’ont toujours pas résolu à ce jour.

Friendfeed, c’est la même chose. Non seulement c’est une réappropriation de la valeur créée par les producteurs de contenus (les ‘forçat de l’info’ ou les forçats du blog) par les infocapitalistes qui ne produisent rien mais savent trouver la valeur et en tirer profit (en terme d’auto valorisation sociale), mais c’est, en cas de succès de ce système (ce dont je doute), une catastrophe pour l’écosystème des contenus, quelque chose qui le modifiera de façon radicale, au profit des distributeurs.

Il y a un point que je ne concède pas à l'auteur toutefois : l'infocapitaliste dont il dresse un portrait quelque peu excessif apporte une valeur ajoutée même s'il ne produit pas à proprement parler. Il joue le rôle de l'entrepreneur,et, en logique praxéologique (école économique des Autrichiens) on pourrait même dire que c'est lui qui déniche les opportunités. En ce sens, ce n'est pas inintéressant qu'un marché se mette en place. On assiste même à une belle genèse catallactique. Ce que je trouve inquiétant, en revanche, c'est qu'il risque de se verrouiller très vite (concurrence faussée et pas libre), et que la distance s'accroît entre le producteur et le valorisateur sauf à ce que le premier soit également le second. On risque donc de déboucher sur un marché de contenants dans lequel le contenu devient rare, non qu'il n'existe pas, mais plutôt qu'il se dissémine trop lentement en raison des goulots d'étranglements : en fait des oligopoles purs et simples, c'est à dire ce qu'il y a de pire en terre capitaliste.

Commentaires

  • Je n'aime pas Friendfeed...

  • Friendfeed présente l'insigne avantage, par rapport à Twitter et Facebook, d'agréger des flux RSS pour en faire un nouveau flux. C'est particulièrement pratique lorsque l'on veut suivre le fil des articles d'un grand nombre de sites. Netvibes est nettement surclassé.

  • J'ai un compte Friendfeed depuis la création du service, et j'y passe beaucoup de temps depuis une dizaine de jours. Je n'ai pas spécialement l'impression d'être devenu l'otage de quelques influenceurs.

    Au contraire, j'ai découvert de nouvelles personnalités, souvent riches et intéressantes, que je n'avais rencontré ni sur la blogosphère politique, ni sur Twitter.

    De plus, sur Friendfeed je rencontre beaucoup plus facilement de nouvelles personnes (et donc de nouveaux horizons, de nouveaux intérêts) que par les blogs ou Twitter, puisque dès qu'un de mes amis "aime" ou commente un message provenant d'un tiers, ce message apparaît dans mon fil. Sur Friendfeed, les amis de mes amis deviennent très vite mes amis.

    La seule règle du jeu, c'est celle de la participation. Pas d'oligopoles ni de noyautage de l'information par un système de "majors" et d'influence ; il suffit de participer aux conversations que l'on voit passer devant ses yeux pour se faire une place, et des amis sur le service.

    Fabrice a écrit l'article que tu cites avant de s'immerger sérieusement dans Friendfeed. Il l'a fait depuis (pour répondre aux commentaires), et je doute qu'il réécrive le même texte aujourd'hui : il est devenu l'un des Français les plus actifs sur le service !

  • Euh, Rubin, je ne veux pas dire, mais l'article, il l'a écrit il y a deux jours. Je ne dis pas que ce n'est pas pratique friendfeed, je dis que les contenants finissent par étouffer les contenus, au bout d'un moment.
    Et je pense en effet qu'au fil du temps, des sortes de majors vont se constituer.

  • Si on suit ton raisonnement, en quoi le top 10 du Wikio n'est-il pas une liste de "majors" ?

  • @ Rubin

    Certainement, mais des trucs genre friendfeed vont aggraver le phénomène, je pense.
    et puis la source de l'information devient trop distante.

  • @ Rubin et Criticus

    En fait, ce n'est pas friendfeed que je critique, mais la mode du contenant qui déferle sur la Toile et étouffe les contenus...

  • Justement, j'ai plutôt l'impression que FF fait la part belle aux contenus. Bien plus que le blog, basé en priorité sur la personnalité du blogueur, ou Twitter, qui relève souvent du jeu d'influence.

  • Salut Rubin

    Friendfeed est juste emblématique, mais on va bien voir avec le temps la mutation de la chose. Je vais finir par ouvrir un compte, tiens :-)
    Déjà que je trouve que twitter ne sert à rien...

  • Tu es donc un réfractaire global... Tout s'éclaire ;-)

  • @ L'Hérétique

    Pour trouver une utilité à Twitter, tu peux déjà y inviter tout ton carnet d'adresses, synchroniser ton flux RSS avec ton Twitter via Twitterfeed, puis synchroniser ton Twitter avec ton statut Facebook grâce à l'application... Je t'assure qu'ainsi, tu verras une utilité certaine à Twitter ! ;-)

  • @ Rubin
    Voilà :-D
    @ Criticus
    Ben justement, je ne vois pas l'intérêt de cet agrégat d'agrégats. En fait, j'ai du mal avec Facebook que je perçois comme chronophage pour un résultat à peu près nul en terme d'audience et d'influence.

  • Mais justement, en synchronisant ton flux RSS avec ton Twitter et Facebook, non seulement ça ne te prend aucun temps, mais, sous réserve que tu aies un nombre suffisant de contacts sur Twitter et Facebook, ça peut te rapporter des visites. Je n'ai plus les chiffres, mais un nombre respectable de mes visites viennent de Twitter et de Facebook.

  • je peux de temps à autre avoir quelques visites en provenance de twitter ou de facebook, mais au total, je crois qu'ils ne représentent même pas 0.1% de mes visites, et ils ne viennent jamais par mes profils.
    Je n'ai pas beaucoup de contacts sur ces deux réseaux. Sur twitter, je dois avoir 57 followers et sur facebook 70 amis. Mais même ainsi, personne ne vient par facebook. C'est une tartufferie, ce truc : on en parle, mais son impact est quasiment nul. Il fait juste parler de lui beaucoup, c'est tout. C'est juste sympa pour des contacts de proximité et cela s'arrête là.

  • @Rubin

    Si, si, je persiste et signe, même après une exploration en profondeur, FF est un très bel outil, mais c'est un outil de réintermédiation de l'audience des blogs, et il introduit de nouveaux acteurs, des intermédiaires, qui 'spécultent' (notes les guillemets) sur l'info/travail des autres. Ok, c'est un chouia Marxiste comme analyse (on se refait pas), mais même si je trouve FF très cool, il n'en est pas moins dangeureux pour l'ecosystème de l'information (et c'est valable tant pour les blogs que pour les média en général).

    Pour reprendre une métaphore de mon billet, une Porshe, c'est très cool (j'en ai eu), mais d'un point de vu écologique, c'est dégeulasse. FF, c'est pareil.

    Sinon, oui, les intermédiaires peuvent apporter de la valeur ajoutée, c'est certain, mais d'autres systèmes permettent de le faire de façon plus vertueuse, comme Twitter (je copie-colle mon billet, because il est tard et que j'ai la flemme) :
    "Avec Twitter, on a même un cercle vertueux : le créateur de contenu est linké puis Twitté par un ‘veilleur’, qui valorise ainsi auprès de son public (followers) sa capacité à faire de la veille, tout en créant du trafic pour le créateur de contenu, puis le veilleur est éventuellement re-twitté, ce qui valorise le veilleur et le créateur de contenu, tout le monde y gagne, tout le monde est content."

  • @ Fabrice Epelboin

    J'avais lu cette démonstration dans votre billet, mais la problématique de twitter est à mes yeux autres : comme facebook, il est très chronophage et le rapport veille/récupération d'infos est très mauvais.
    Finalement, rien de mieux que l'affichage de ces bons vieux flux rss sur son blog ou leur récupération par un logiciel de messagerie (ou par le navigateur).

  • C'est super chronophage (comme Friendfeed), mais à la différence de FF, Twitter n'est pas un produit fini, avec leur API, on peut construire plein de choses, il faut voir Twitter comme les premiers temps du téléphone, à l'époque où Bell lui même était persuadé que son invention servirait à diffuser de la musique... Il y a plein de chose à venir autour de Twitter (autour, j'insiste), alors que FF est un produit fini, qui vient tout juste de s'ouvrir avec une véritable API (sous la menace imminente de Wave de Google, d'ailleurs).

  • @ Fabrice

    Vous n'auriez pas des exemples ? Vous pensez à twitterterrific, par exemple ?

  • J'aimerais avoir des exemples, tout cela n'est que potentiel, mais il y a tellement d'argent a gagner dans le traitement du signal issu de Twitter, et leur API permet tellement de chose, que cela va débarquer tôt ou tard... Pour l'instant, Tweetdeck ou Seesmic sont encore loin d'être satisfaisants...

  • Ce truc, est un apercu mais son usage est très orienté : http://www.socialmediatoday.com/SMC/111325

  • @ Fabrice
    Pourquoi de l'argent ?
    Sinon, je suis allé sur le blog dont vous m'avez donné l'adresse, mais je ne vois pas ce qu'il a de particulier.

  • Par ce que l'argent stimule/finance l'innovation (il n'y a aucun jugement de valeur, mais c'est ainsi, que voulez vous...). Comme l'innovation web pousse sur un terreau Shumpeterien, je suis sûr que vous pouvez voir cela d'un oeil positif ;-)))

    Sinon, non, ce truc pour monitorer une marque sur Twitter ne casse pas trois pattes à un canard, mais c'est déja bien plus sophistiqué que Tweetdeck ou Seesmic...

  • @ L'Hérétique : tiens, j'y pense, pour te convaincre de l'utilité de Friendfeed, crée donc un Friendfeed pour L'Échiquier. Une fonction permet de s'abonner par courriel aux nouvelles publications : ainsi, les abonnés du Friendfeed de L'Échiquier pourraient recevoir automatiquement tous les billets provenant de L'Échiquier : pense-y !

  • Salut Criticus

    Je vais étudier de près le sujet vers la fin août. Mais si ce n'est que ça, thunderbird en fait autant et d'ailleurs, je me suis abonné au flux rss.

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