Le mercato a commencé dans le monde du football et les transferts aux montants faramineux défraient la chronique. La véritable injustice, à mes yeux, ce n'est pas la concurrence, mais plutôt que les mêmes règles de saine gestion ne soient pas appliquées sur tout le continent européen. En mai 2008, Chelsea et Manchester United cumulaient à eux deux 1.9 milliards d'euros de dettes. Le Real Madrid pour réaliser ses acquisitions cette année va voir sa dette plonger à 600 millions d'euros. Certes, ce club fait des bénéfices, mais il dépense plus qu'il ne gagne en transferts et seul le service de sa dette est considéré dans son bilan comptable pour juger de la qualité de son rapport. Liverpool doit plus de 750 millions de dollars à ses créanciers. Tous ces clubs qui gagnent des coupes d'Europe le font à crédit et tuent la compétition en se permettant des écarts comptables que seuls les États s'autorisent à ma connaissance. El Païs titrait il y a trois semaines sur le fait que le football espagnol totalisait une dette de 3.44 milliards d'euros ! Côté anglais, la dette totale s'élève à 3.6 milliards d'euros uniquement pour la Premier League. La dette de l'Inter de Milan avoisine les 420 millions d'euros. La plupart des gros clubs européens ont une dette supérieure à une année de budget. Même notre hyper-endetté État français n'en est pas à ce point.
En France, la DNCG interdit tout transfert aux clubs en difficultés financières. Je ne dis pas qu'il faut interdire radicalement aux clubs de s'endetter, quand, par exemple, ils 'agit de dépenses de structures et d'investissement (centres de formation, stades) mais il faudrait tout de même légiférer un minimum. On aboutit à des disparités qui ne reposent pas sur la seule valeur sportive ni même sur la richesse des clubs mais simplement sur leur propension à s'endetter plus que leurs semblables. Un club comme Valence a une dette de 500 millions d'euros. A côté, l'Olympique Lyonnais a un budget de 120 millions d'euros, et c'est l'un des trois clubs les plus riches de France.
Le Real Madrid, il y a àpeu près 10 ans s'est vu effacer (par le roi d'Espagne) une dette de 1 milliard de Francs(150 000 millions d'Euros). Deux à trois années après, la ville de Madrid a racheté ses terrains d'entrainement contre une somme identique. La même ville "loue" le centre d'entrainement au club pour un montant négligeable.
Zut alors, les européennes sont finies, mais on aurait du aussi évoquer la question pendant la campagne. Il faut une DNCG européenne (une DECG, en somme). Le MoDem avait pourtant une position sur ces questions spécifiques. Je l'ai trouvée en parcourant les synthèses de ses groupes de travail. La voici :
Il est indispensable que les Etats membres reconnaissent la spécificité du sport, comme il y a une spécificité de la culture, permettant ainsi à l’Union européenne de se doter d’une politique européenne sportive ambitieuse. Dès lors, il faut revoir le mode de gouvernance et instaurer une véritable solidarité, à travers une redistribution des moyens financiers, entre grands et petits clubs. Seules les fédérations sportives peuvent assurer cette solidarité, contrairement au modèle américain de ligues professionnelles fermées et très puissantes. L’Union européenne doit aussi se doter d’une direction européenne de contrôle de la gestion des clubs professionnels. C’est seulement au niveau européenne que l’on pourra contrôler efficacement les opérations de transferts et la provenance des fonds, en totale indépendance avec les autorités locales et les clubs professionnels. Egalement, l’Union européenne, à travers une directive, doit mieux encadrer la profession d’agent de sportifs. Et bien entendu, la gouvernance européenne du sport professionnel nécessite une régulation des paris sportifs et une véritable politique anti-dopage dans tous les sports.
Paf, z'avez vu et lu ? J'ajoute qu'une partie des dettes des clubs est également fortement liée aux montants de salaires. Bref, il y a là toute une réflexion à mener et des décisions à prendre. Hop, je passe la balle à mon pote blogueur Falcon Hill, lui qui s'intéresse au football a certainement un avis là-dessus.
Et puisqu'il paraît qu'il ouvre un blog collectif sur le football avec quelques autres blogueurs politiques, je leur propose déjà ce premier sujet.
Commentaires
Par exemple, le budget du FC Porto est à peu près équivalent à celui de Auxerre en France, c'est-à-dire deux fois inférieur à celui de l'OL.
Ca n'empêche pas ce club de briller, d'être à la 10ème place du classement UEFA 2009.
Leur stratégie est très bonne, et ils arrivent à faire mieux que Lyon (qui est mon club préféré).
Ils sont peu être aussi endettés que les états, mais si les clubs font faillite, on s'en fout non (contrairement aux états) ?
Il y aura toujours d'autres clubs pour prendre la relève, et les joueurs resteront.
Enfin je dit ça en tant que candide qui ne connaît rien à l'économie ni au foot
@ L'hérétique: L'absence d'une réelle DNCG Européenne n'est pas le seul problème. Michel Platini est farouchement opposé aux conséquence de l'arrêt Bosman. Il voudrait limiter à deux le nombre d'extra-nationaux par club...le problème étant que cela contrevient directement aux dispositions communautaires et particulièrement à la libre-circulation des travailleurs.
@ Chitah: Merci de citer le club que je supporte! C'est effectivement un bon exemple...bien que le FC Porto est un peu ce que l'OL a été jusqu'à aujourd'hui. Le champion incontesté du Portugal depuis plusieurs années...ce qui tue légèrement la compétition.
Selon mes infos, l'harmonisation des règles de gestion au niveau européen ne peut mis en place que par UEFA. Manifestement Michel Platini est un vervant défenseur de cette solution, par contre les fédérations anglaise, espagnole, italienne et allemande s'y oppose fermement!
oui, il serait logique qu'il y ait une DNCG européenne ou une harmonisation fiscale, mais la il ne faut pas rêver.Quant à la loi Bosman, je la trouve logique car elle profite à tout le monde( he oui, il n'y a pas que des champions aux salaires mirobolants) et elle profite à d'autres sports.
A ma connaissance le Real appartient aux "socios". Pourquoi le roi éponge-t-il la dette?
Le foot est une religion dans certains pays, si c'était la même chose en france il n'y aurait sans doute pas eu de DNCG.
La DNCG joue un rôle dans le foot amateur et elle existe dans d'autres sports. Quand on voit les déficits de certains club amateur, qui sont automatiquement relégués( déficit oblige) malgré mais des aides publiques( la moitié de budget avoisinant plusieurs centaine de milliers d'euros) il est normal d'être sévère!!!!!!
au début des années 2000 elle tranchait encore dans le vif (mon père était président de la commission d'appel de la dncg et actuellement consultant juridique à l'uefa) mais les pressions financières sont allées croissant...
Jean Luc Bennahmias a produit un excellent rapport sur l'avenir du football professionnel
http://www.jeanlucbennahmias.eu/upload/qwdljgdsrc.pdf
Salut gars,
On a déjà sur UNe Deux évoqué le sujet. J'ai une vision très conne là dessus : je trouve incroyable que l'on dépense plus que ce que l'on a, et l'endettement, même si c'est pour "investir", me déplait fortement.
On entend dire que le Réal investi sur des joueurs à forte valeur ajoutée. Je trouve quand même ça choquant et détestable. Rien d'anormal que tous les clubs n'aient pas les mêmes moyens. Mais choquant que certains ne respectent pas les règles du jeu.
Et dans ce sens là, une DNCG européenne est nécessaire.
Enfin, il y a problème de décence. Nous sommes en crise, et ce déferlement de billets de banque m'est profondément malsain et nauséabond.
Pour finir, les clubs qui ont été en finale de la dernière coupe d'Europe sont certes riches et pétris de talent, mais surtout ils ont un respect de leurs traditions. Le Réal pourrait faire une équipe madriliste, avec les enfants de Michel et Butragueno, ou les petits cousins de Salgado ou Raul. Ils préfèrent la jouer Chelsea à acheter des vedettes ci et là.
Je leurs prédit qu'ils ne dépasseront pas les quarts de finale...
Bonne journée