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Europe de la culture, culture de l'Europe

581821186.2.jpgJ'ai poursuivi ma lecture du Petit dictionnaire pour aimer l'Europe de Marielle de Sarnez, euro-députée MoDem, mais, je suis resté à la lettre C : eh oui, parce qu'à la lettre C, il y a le mot culture, et cela fait un moment que j'attends de connaître l'idée exacte de Marielle sur la question. Marielle évacue d'emblée deux opinions relativement communes dès les premiers mots de l'article :

- le première qu'il n'y aurait pas une culture de l'Europe mais une Europe des cultures, toutes différentes et pas avec le même substrat.

- la seconde que l'Europe serait un processus dynamique absorbant les cultures par européanisation, c'est à dire, en somme, apportant ses attributs propres à d'autres cultures  clairement différentes.

Il y a pour elle bien un patrimoine commun, une mémoire collective qui fondent tous deux le sentiment d'appartenance à l'Europe. Aux confluents de la civilisation européenne, elle énumère en tout premier lieu l'héritage gréco-romain, puis juif, puis chrétien, puis leur enfant rebelle, l'humanisme et enfin la présence arabo-musulmane de plus en plus forte.

Il ne s'agit pas pour autant d'unifier ni d'harmoniser la culture européenne, comme le ferait un état centralisateur, au demeurant, mais de favoriser la circulation des idées, des oeuvres, des artistes, car le dynamisme culturel de l'Europe a toujours reposé sur cette diversité et ce mouvement.

Marielle réaffirme son attachement à deux convictions fortes sur la culture : la première, que la culture est un bien supérieur qui ne saurait relever d'un seule logique mercantile, la seconde , que l'exception culturelle conserve plus que jamais toute sa force. Marielle salue d'ailleurs son intégration dans le droit européen et l'adoption de sa charte par l'UNESCO.

En ce qui concerne l'exception culturelle française, je rappellerai simplement la position trouble de Michel Barnier, candidat, comme Marielle de Sarnez, en île de France, au temps où il était commissaire européen...

Marielle établit un lien clair entre culture européenne et identité européenne. De la même manière, elle affirme sans ambiguité la cohésion de cette culture, nourrie de la diversité européenne, diversité, rappelons-le, pour être clair, qui prend sa source dans les confluents de la culture européenne. Il y a donc bien une source commune dans laquelle l'Europe puise à la fois sa culture et son identité.

Il y a une seule chose qui m'étonne, dans l'article de Marielle, c'est qu'après de tels constats, elle n'en tire pas des conclusions qui me semblent, à moi, évidentes. Il me semble que l'Europe devrait promouvoir via une politique commune tout ce qui rappelle ces sources communes et cohésives, justement. Je ne suis pas pour une unification radicale, mais j'estime que les systèmes éducatifs européens devaient tous comporter des éléments d'une culture européenne commune :

- histoire des religions (christianisme et judaïsme principalement) et textes fondateurs

- éléments de langue grecs et latins (étymologie par exemple, notamment dans les vocabulaires scientifiques et juridiques)

- étude historique et mise en perspective de l'humanisme européen

Commentaires

  • "...- histoire des religions (christianisme et judaïsme principalement) et textes fondateurs..."

    Occulté le rôle des travaux scientifique de l'empire musulman en europe à partir du IXème et Xème siècle, sacré fumisterie.

    "....L'apport de l'Islam à la culture universelle
    «Notre dette à l'égard [de l'Islam] est énorme... [...]

    Si l'on élargit l'éventail des fleurons culturels à l'ensemble du monde arabe (et persan, puisque les deux sphères se sont enrichies mutuellement), la liste des penseurs, philosophes, poètes, juristes, physiciens ou mathématiciens est impressionnante mais nous les connaissons peu : Saadi, Omar Khayyam, al-Ghazali, al-Khansa, Madjnoun Layla (le fou de Laïla), Djamil, Hafiz, ibn Sina (Avicenne), ibn Rushd (Averroès), Maïmonide (un médecin juif), al-Farabi, ibn Khaldoun (le premier sociologue, longtemps avant Auguste Comte ou Durkheim), etc. Arrêtons ici mais ajoutons par contre, et c'est une remarque capitale, que nombre de poètes étaient également juristes, mathématiciens et philosophes de premier ordre, témoignant par là de l'unicité du savoir et surtout du caractère poétique de ce savoir, c'est-à-dire créateur. On ne peut s'empêcher ici de se remémorer, quelques siècles et cultures plus tard, la formule géniale du psychologue suisse Jean Piaget : "comprendre c'est inventer".

    La science était belle, inspirée et utile. On n'est pas bien loin de l'atmosphère de la Grèce antique et on peut même affirmer que sans l'école de traduction de Bagdad et la pléthore de commentateurs qui ont récupéré Platon, Aristote, Plotin et tout le néo-platonisme subséquent pour le transmettre ultérieurement à la Scolastique médiévale, l'Occident aurait oublié ses racines helléniques. Rappelons également que si Aristote était considéré comme le Magister primus, le Magister secundus était le très grand philosophe al-Farabi (v. 870-950), auteur par ailleurs de traités scientifiques et musicaux réputés. Et puisque nous évoquons la dette de l'Occident à l'égard de l'Orient, qui prouve bien que nous avons un solide fonds commun, n'oublions pas que Dante plaçait Saladin aux côtés d'Hector, d'Énée et de Jules César dans le panthéon des païens vertueux de sa Divine Comédie; n'oublions pas non plus que Frédéric II, empereur germanique du XIIIe siècle, apprit l'art de gouverner auprès des politiciens arabes et que Machiavel, trois siècles plus tard, était en contact avec les stratèges persans par l'entremise de Venise.....JEAN-PHILIPPE TROTTIER.."

    "...- étude historique et mise en perspective de l'humanisme européen..."

    Surtout pendant la période coloniale

  • @ Farid
    Ahem...du copier-coller, mais je suis évidemment d'accord sur l'intérêt de l'étude de ces immenses philosophes. Particulièrement Averroès, Khâyyam et Avicenne (mais les autres aussi). On ne devrait pas aborder l'étude d'Aristote sans étudier l'interprétation qu'en donne Averroès et sa querelle avec Thomas d'Aquin à ce sujet.

    Quant à Khâyyam, c'est le prince des poètes à mes yeux, aux côtés de Baudelaire ou Verlaine. Et encore, je trouve Khâyyam humainement bien plus sympathique. Voilà un homme qui détestait les intégrismes de toutes sortes, n'est-ce pas, Farid ?...

  • @ Farid
    Cela dit, dans un programme éducatif européen, il faut distinguer des étapes successives. Il faut bien commencer par le substrat principal avant d'examiner les apports qui l'ont ensuite irrigué.

  • http://www.bienpublic.com/actu/infodujour/20090426.BPA0633.html

    Une interview assez intéressante de FB au Bien Public à propos des européennes, notamment de l'UMPS au Parlement, de la non-présentation de listes par le Nouveau Centre qui "n'existe pas" etc.

    A lire ;)

  • "....Ahem...du copier-coller..."

    j'aurais pu le reformuler, mais c'était pour souligner que ces faits sont de notoriété public, à quelques clics de tout un chacun.

    "..Il faut bien commencer par le substrat principal..." Justement, ce substrat pour passer à la renaissance a eu besoin des apports, sinon il serait resté dans ses ténèbres.

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