Je viens de prendre connaissance des propositions de François Hollande dans la Tribune du 08 septembre 2008 à propos de la fiscalité (notamment des entreprises) et de l'ISF.
J'avoue qu'elles me laissent perplexe pour ne pas dire sceptique. L'un des objectifs de François Hollande est certes louable puisqu'il veut rendre plus compétitives nos entreprises. Je note, d'ailleurs, avec satisfaction, venant d'un socialiste, que dans ce même article, François Hollande a pris conscience que le problème de la France n'est pas un problème de demande (donc pas un problème de pouvoir d'achat) mais un problème d'offre.
«À la différence des Allemands ou des Espagnols, nous n'avons pas les moyens d'une politique de relance. Et quand bien même nous en déciderions, nous aurions du mal à relancer la demande avec un effet sérieux sur la croissance et sur la production industrielle, faute de compétitivité suffisante de nos entreprises.»
«La gauche ne peut pas se contenter de dire : augmentons les salaires et les prestations et nous retrouverons immédiatement la prospérité. Il faut insuffler du pouvoir d'achat national, en liaison avec les progrès de productivité et améliorer la situation des travailleurs pauvres. Le RSA n'y suffira pas. Mais, nous devons conjuguer une politique de la demande avec une politique de l'offre, laquelle permet d'avoir une base productive performante, une industrie qui ait un haut niveau d'investissement, des services qui font le pari des nouvelles technologies, un progrès technique qui puisse s'incorporer dans le processus productif. L'offre est la condition pour que la demande puisse trouver sa traduction. Si je puis dire, c'est le retour de la loi des débouchés ; il faut une offre si l'on veut que la demande soit satisfaite.»
Ouf, il faut le lire pour le croire chez un socialiste. Pas trop tôt...Je m'étonne, dans ces conditions qu'il s'en prenne à Jean Peyrelevade, conseiller économique du MoDem et de Bayrou, en déclarant qu'il veut faire payer les ménages pour les entreprises. En réalité, dès lors que l'on admet que le problème n°1, c'est l'offre, on ne peut plus éluder la question de savoir qui va payer pour redresser la compétitivité des entreprises. Or, vu son niveau d'endettement, et la conjoncture, l'Etat ne peut plus le faire. Peyrelevade observe d'ailleurs qu'il n'est pas même possible de baisser les charges des entreprises tant que l'Etat n'aura pas sérieusement apuré sa dette...
Non, sur cet aspect, il y a certes une évolution encourageante mais pas encore suffisante.
En revanche, ce genre de déclaration m'inquiète plus :
« La bonne proposition n'est donc pas de baisser une nouvelle fois les contributions des entreprises - comme le demande le Medef-, mais de moduler l'impôt sur les sociétés selon que le bénéfice est réinvesti ou redistribué aux actionnaires. Dans le premier cas, l'impôt doit être substantiellement abaissé, dans l'autre, alourdi.»
Je ne vois pas comment on peut décorréler l'investissement et le retour sur investissement. Que les actionnaires récupèrent des dividendes, cela me semble bien le moins s'ils ont investi. Si je m'accorde avec Hollande pour penser qu'il faut favoriser l'investissement, je m'interroge sur l'opportunité d'en taxer les fruits. Ensuite, avec un tel raisonnement, quid des petits porteurs et des petits épargnants ? Ils vont être les premiers à faire les frais d'une telle décision. En outre, si les placements cessent d'être attractifs, les fonds susceptibles d'investir fuiront. Le raisonnement pourrait se tenir si la fiscalité variait selon le degré de "technologie" et d'innovation de l'entreprise et selon le temps pendant lequel l'argent est placé, afin de le dissocier des fonds spéculatifs.
Par exemple, on pourrait imaginer 0% d'imposition sur des dividendes de porteurs qui se seraient engagés à laisser leurs fonds au moins cinq années dans une jeune entreprise, ou une entreprise qui investit beaucoup en RD ou encore une start-up qui évolue sur le créneau de la haute-technologie (énergies renouvelables, recyclage, industries innovantes, et cetera).
Bref, on retrouve comme une antienne, chez les socialistes, Hollande y compris, l'indécrottable et idéologique opposition entre capital et travail. Les Socialistes ne parviendront jamais à admettre que le capital puisse être une forme retardée du travail. Ils continuent à penser le capital exclusivement et nécessairement comme une forme d'exploitation du travail (et donc des travailleurs).
Commentaires
Entièrement d'accord: la durée ! la durée ! Il n' y a que ca de vrai. Dans les domaines de politique publique (et surtout économique), on n'envisage pas assez le temps. L'impatience nous tue.
Sinon, Hollande a le mérite de proposer une politique fondée sur une distinction de situations (sur le fond effectivement incompréhensible) mais je trouve intéressant d'entendre un socialiste complexifier un peu les problèmes pour arriver à des solutions plus fines.
Entièrement d'accord: la durée ! la durée ! Il n' y a que ca de vrai. Dans les domaines de politique publique (et surtout économique), on n'envisage pas assez le temps. L'impatience nous tue.
Sinon, Hollande a le mérite de proposer une politique fondée sur une distinction de situations (sur le fond effectivement incompréhensible) mais je trouve intéressant d'entendre un socialiste complexifier un peu les problèmes pour arriver à des solutions plus fines.
J'avoue que je suis plutôt d'accord avec
F. Hollande sur la modulation des impôts sur les bénéfices distribué aux actionnaires.
De toute façon l'influence du cours de l'action est bien plus forte pour l'actionnaire que ces dividendes distribuées en pluies fines selon le bon vouloir de l'entreprise.
Ce qui me frappe c'est que F. Hollande tient ce genre de discours économique (ou il y a effectivement à discuter) 2 ans aprés F. Bayrou et même disons des mois aprés Ségoléne.
(que ceux qui dégomment systématiquement
Ségolène s'intéressent précisément à sa
démarche économique depuis un an.
Ils verront que c'est plus précis que
"Je suis trés libéral et aussi trés socialiste").
D'autre part je trouve que l'on sous-estime
grandement la part de confiance, presque
d'enthousiasme, de consensus (pourquoi ce mot bien que latin est-il si laid ?)
dans l'économie.
Hors justement, Ceux qui n'ont pas protesté (ou si peu ou proposé des solutions aussi démagogiques) contre la politique économique depuis Mai 2007 seront indignes de confiance (et sauf s'il reste trés trés modestes ce sera dur de reconstruire avec eux)!!
@Bzhita
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