Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Et si Natacha Kampusch avait raison ?

On connaît l'histoire tragique de cette jeune fille, séquestrée dans des conditions éprouvantes pendant 8 années : la sinistre affaire Josef Fritzl qui secoue actuellement l'Autriche a bouleversé Natacha Kampusch.

Elle avait évoqué, peu après sa libération, l'intuition qu'il existait d'autres personnes enfermées dans des caves en Autriche. Elle ne s'était pas trompée.

Ce matin sur France Info, elle a émis une hypothèse audacieuse, mais qui recoupe un sentiment que j'ai à propos de l'Autriche depuis fort longtemps. Elle note que l'absence de dénazification au lendemain de la seconde guerre mondiale fait que les nazis autrichiens ont pu se dissimuler et échapper aux justes peines qui les attendaient. Or, fait remarquer Natacha, elle imagine mal que ces individus soient devenus par la suite de "bons parents". Pour elle, il y a certainement un lien entre les crimes les pires et l'histoire politique de certains individus.

C'est aussi mon avis, et de longue date, tout particulièrement concernant l'extrême-droite. J'ai souvent noté que chez ces individus, mais aussi chez les intégristes de tout poil, on est moins choqué par le viol ou par des crimes atroces que dans les autres formations politiques, sauf quand ces crimes ont un caractère ethniques et touchent des Européens (ou d'autres nations s'il s'agit d'extrémistes et d'intégristes d'autres pays). 

Ensuite, il y a un problème avec les Autrichiens. Il y a dix années, je me suis rendu, en vacances, pour une dizaine de jours à Saint-Wolfgang sans savoir que c'était alors une des rares mairies ouvertement néo-nazies d'Autriche.

J'ai toujours eu la sensation, là-bas, que les yeux inquisiteurs étaient à l'affût de quelque chose à dénoncer. Il y a là-bas une culture de la délation et en même temps du secret. Attiré incidemment dans une fête locale, j'ai vui de mes yeux des "braves gars locaux, genre SA sans crânes rasés mais authentiquement fachos" beugler des "heil" à qui mieux qui peut en levant le bras, la chope de bière et en collant la main au c... des gretchens blondes locales.

J'ai voulu visiter Mauthausen, et, tenez-vous, quand on est à moins d'un kilomètre de Mathausen, aucun autrichien ne sait où se trouve cet endroit, ni même le le connaît... et puis subitement, ils ne savent plus parler anglais et ne comprennent plus l'allemand que vous parlez : étrange, non ? 

Enfin, l'Autriche est un peuple qui a élu en connaissance de cause au suffrage universel direct un ancien SS à sa tête. Et les Autrichiens trouvaient encore moyen de défendre leur vote après coup (jai eu l'occasion d'en parler après coup avec quelques un d'entre eux qui se disaient socialistes - nationaux ? - ). 

Alors oui, ce que dit Natacha ne m'étonne pas, et il va bien falloir un jour que l'Autriche, à défaut de rendre justice, se demande ce que sont devenus ses psychopathes, et également quels descendants ils ont généré... 

Commentaires

  • Je suis d'accord, le nazisme non refoulé a sûrement des séquelles et les sinistres histoires récentes en sont sans doute une.

    Maintenant, je connais également très bien l'Autriche pour y avoir fait des stages à Vienne, des séjours linguistiques dans le Tirol, et maintenant des voyages professionnels à Graz. J'ai l'image d'un beau pays, un peu nonchalant et latin, et jamais je n'ai cotoyé des individus tels que décrits ci dessus. Ceux-ci existent - puisque l'Hérétique les a cotoyés - mais il ne faut sans doute pas généraliser à toute la population qui est àmajoritairement fort sympathique.

  • Bonjour Jihache

    Certes, j'ai forcé le trait, mais l'élection de Kurt Waldheim dans ce pays est tout de même un phénomène choquant. Les Autrichiens savaient qui il était. J'ai oublié d'ailleurs un élément : en visitant le musée de l'armée, à Salzbourg, j'ai vu un "magnifique" casque allemand avec un sigle ss trônant au centre de la pièce du dernier étage. Et cela ne semblait gêner personne...

  • Euh la dénazification a eu lieu sur l'ensemble du territoire du Troisième Reich, occupé par les Alliés à la fin de la guerre. C'est donc le cas pour l'Autriche (voir notamment le livre d'Eric Dussault à ce sujet).

    C'est vrai qu'on se demande comment ce monstre nazi qu'était cet enfant de 10 ans a pu échapper à la justice en 1945 et on ne peut s'étonner qu'il soit devenu un tel bourreau...

    Je suis volontairement cynique parce que je trouve le raisonnement de Kampusch totalement délirant.

  • Certes, mais nous, nous avons eu Le Pen au second tour avec 17% des voix ! C'est pas mal quand même dans le genre !

    Ceci dit, même si le président actuel est socialiste, il y a 15% des députés qui sont dans la mouvance extrême droite (proportionnelle ?), et l'état de Carinthie a quand même élu Jorg Haider.
    L'origine de l'ex-parti de Jorg Haider (Parti de la Liberté) a de plus été créé après guerre par les nazis convaincus qui ne parvenaient pas à se reconnaitre dans les partis traditionnels.
    Donc on peut se dire que leur extrême droite est en filiation directe avec le nazisme.

  • @ Martin

    Faux. L'Autriche n'a pas été dénazifiée (informez-vous, svp) parce qu'elle a fait l'objet d'intenses tractations entre les USA et l'URSS
    A l'origine, elle devait être dans la zone d'influence russe, mais finalement, les Russes ont admis que le pays soit neutre.
    USA et URSS n'ont pas touché, ou fort peu, aux structures de ce pays qui a réussi à se faire passer pour un pays victime et occupé alors que les pires nazis en sont directement sortis.

  • @ Martin

    Le système d'éducation nazi a pu influencer le jeune garçon de 10 ans, voire le frustrer et le conduire à évoluer tel qu'il l'a fait. C'est classique.
    Mais bon, en fait, on n'en sait rien...

  • @ Jihache
    La France a réussi aussi à apparaître dans le camp des vainqueurs, grâce à De Gaulle, alors que son rôle a été très trouble. L'épuration n'y a pas été vraiment suffisante, en raison du conflit Est-Ouest naissant.
    Il y a des similitudes, mais je crois qu'en Autriche, où il y avait eu très peu de résistance, c'est pire que tout.

  • @ L'Hérétique

    L'important est que quand on fait des c...ies, on se le dise tout haut et qu'on s'en souvienne pour ne pas recommencer.
    C'est ce qu'a fait la France et n'a pas fait l'Autriche vraisemblablement.

  • @ Jihache

    C'est exactement cela, sauf qu'en Autriche, on n'en a pas même parlé à voix basse...

  • Je maintiens : l'Autriche a subi la dénazification, en nettement moins poussée qu'en Allemagne, certes, inachevée, certes, mais il y a eu dénazification tout de même. Une nouvelle fois, voir par exemple le livre d'Eric Dussault sur l'action française en Autriche entre 1945 et 1955, qui ne cache pas les limites de cette action.


    Mais oui, c'est classique Jihache, c'est bien connu, de toutes manières, tous les Allemands et Autrichiens de plus de 65 ans sont bien évidemment des nazis qui refusent de l'avouer...

    Je trouve facile et choquant de toujours tout ramener, à chaque fois que quelque chose ne tourne pas rond en Allemagne ou en Autriche, au traumatisme du nazisme.
    Oui ces deux pays ont été traumatisés par cette page de leur histoire, surtout les Allemands, mais vouloir expliquer le cas Fritzl par le nazisme est une aberration.

  • @ Martin

    Merci pour la référence historique. J'espère pouvoir me procurer l'ouvrage en bibliothèque. Pour ma part, j'ai toujours lu que la dénazification en Autriche (contrairement à l'Allemagne, votre comparaison est erronée) était demeurée fort sommaire.
    Le nazisme a plusieurs dimensions : il a une dimension politique, mais aussi psychologique. Je pense que c'est cet aspect-là auquel songe Natacha Kampusch, à mon avis à raison.

  • Point Godwin dès le billet ! :)

    Ceci étant dit je pense qu'il y a des tordus partout...
    Mais je pense aussi qu'il ne faut pas céder à la dictature du fait divers aussi odieux et ignoble soit il.

  • @ KaG

    Zut, je ne trouve pas mon burin...Quand même, quelque part, je pense qu'il y a du vrai dans ce que je dis...

  • J'ai cru comprendre, même si je connais mieux l'Allemagne, qu'en effet le "travail de mémoire", je ne sais pas comment on peut appeler ça, s'est fait différemment dans les deux pays. En Allemagne, comme le dit Patricia Kaas, l"histoire passée est une injure", et ils sont même limites gonflants à sortir les mouchoirs à chaque fois qu'il est question de réconciliation (en tout cas, à l'Ouest). Pour qqn de ma génération, c'est très bizarre.
    L'Autriche n'a pas eu à supporter le poids de la responsabilité collective. Elle n'a pas été désignée à la vindicte du monde comme le peuple d'où sort toute inhumanité.
    Et pourtant, des traumatismes, il y en a eu. Des gosses élevés à la Hitlerjugend, il y en a eu, des petits de 14 ans envoyés au front, aussi. Des atrocités, ils en en vu, et en plus ils ont été délivrés par les Russes... autre série de barbaries, à la fin de la guerre.
    Sans même parler des nazis "effectifs", juste ceux à qui certains spectacles odieux ont instillé que certains humains pouvaient être traités comme des jouets, ces gens-là ont dû se construire tous seuls, et peut-être certains plus qu'ailleurs (?) sont restés psychopathes.

    Natasha Kampush est stupéfiante, sinon. Je ne crois pas qu'il faille prendre son propos pour celui d'une illuminée. Elle sait très bien se taire quand elle n'a rien à dire, et chacune de ses interventions est très calculée, au contraire. C'est pas pour ça qu'elle a raison, non plus, mais au moins, on ne peut pas balayer son propos d'un simple : "pauvre fille, pauvre victime"

  • @ Jihache: la france a fait son travail de memoire?

  • @litote

    Il me semble qu'en France, personne ne pourrait se revendiquer du nazisme sans provoquer une vague de rejet automatique. Même ceux qui n'ont pas connu cette triste époque participeraient à ce rejet. Les français me semblent avoir aujourd'hui la conscience des erreurs passées et ils me semblent également "programmés" pour identifier les situations à risque et de ne pas reproduire les erreurs passées à l'identique.

    Je m'en contente parce que je pense que le devoir de mémoire ne doit pas être un devoir de revanche, ni d'autoflagellation permanente. Mais c'est là un énorme débat...

  • @Jihache

    "Il me semble qu'en France, personne ne pourrait se revendiquer du nazisme sans provoquer une vague de rejet automatique"

    Tout à fait, et ce n'est pas nécessairement une bonne chose, car à force de crier au loup dès qu'on parle de sujets non politiquement corrects (et le vote d'extrême-droite en est un) on fini par avoir, sans s'en rendre compte, Le Pen en 2002... Il y a en France une dictature du politiquement correct (un héritage de la honte de la collaboration ?), notamment à gauche, qui permet justement aux idées d'extrême-droite de prospérer de manière soutteraine.

  • Désolée pour la faute de frappe : "souterraine" et non soutteraine !

  • Tout à fait d'accord avec vous, nous n'avons pas encore pris tout le recul nécessaire avec cette question et nous nous enlisons dans le conventionnel.
    Le mécanisme de sympathie que vous décrivez ont d'ailleurs été délicieusement illustrés sur ce même blog dans les commentaires sur le billet concernant Le Pen.

    Je vois un autre danger : trop se focaliser sur le nazisme peut faire oublier que le problème de fond qui est la haine que l'homme peut éprouver pour d'autres hommes, et dont le nazisme n'est qu'une manifestation.

  • Juste pour apporter un autre éclairage que le "En France on est formidable on a fait le tri en 45..." (ce qui, au passage, est faux, il n'y a qu'à voir Papon)

    http://rue89.com/jean-yves-camus/a-nice-une-seance-de-dedicaces-danciens-de-la-waffen-ss

Les commentaires sont fermés.