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Il va falloir défendre chèrement la peau de l'Europe

Le dernier sondage de l'IFOP est sans appel : il donne 24% au FN, 2% à Dupont-Aignan, 2% au NPA et 10 à Mélenchon et à son Front de Gauche. On n'est pas loin de 40% d'intentions de vote franchement hostiles à l'Europe, avec toutefois des nuances : Mélenchon ne remet pas en cause le principe général du projet européen contrairement à Marine Le pen et son FN qui rêvent de faire éclater l'Union Européenne en morceaux.

Qu'est-ce que concrétisent ces intentions de vote ? Les conséquences des mensonges incessants sur la construction européenne de la classe politique française depuis 20 ans. 

Je les dénonce avec insistance sur ce blogue depuis fort longtemps et me réjouis de voir Sylvie Goulard, eurodéputée MoDem taper également du point sur la table.

Les partis de gouvernement ont pris l'habitude de se défausser sur l'Europe de lois et de directives qu'ils votent et négocient eux-mêmes en catimini. Et, depuis 20 ans, ils n'assument pas leurs votes, n'en débattent d'ailleurs même pas. En agissant ainsi, ils ont laissé prise à l'euro-scepticisme et ont déroulé un tapis rouge au Front National.

Le mal étant fait, il faut se préparer à défendre la peau de notre Europe contre d'autres mensonges : ceux du FN, en particulier, qui essaient de faire croire que nous pouvons interdire à nos partenaires ce que nous tolérerons pour nous-mêmes (des barrières douanières) et qui usent de la Commission comme d'un bouc-émissaire pratique pour en faire la cause universelle de tous nos maux.

En réalité, François Bayrou l'a  brillamment et justement démontré, il n'y a pas de crise. L'Europe n'est comptable d'aucune de nos peines. Tout ce qui se produit en France vient de la France. Nous sommes à l'origine de tout ce qui nous frappe. C'est bien pour cela qu'un programme de redressement national était nécessaire et qu'il l'a proposé en 2012.

Il faudra d'une part promouvoir nos propositions à commencer par la nécessaire transparence qui devrait animer la construction européenne. Mais il faudra aussi rendre coup pour coup aux nationalistes car ce sont des menteurs aussi malhonnêtes que ceux qui n'ont pas assumé leurs décisions.

Il suffit de lire le programme du FN pour constater les énormités des affirmations de ce parti : selon le Front National, les résultats de la construction européenne seraient les suivants : ouverture des frontières induisant délocalisations, chômage, dictature des marchés, destruction des services publics, précarité, pauvreté, immigration massive

Mensonges éhontés ! l'immigration massive est le fruit de décisions locales (par exemple le regroupement familial décrété par Giscard en 1974) et n'a rien à voir avec l'Europe. 60% de notre commerce extérieur se fait avec l'Europe et 34% avec l'Amérique, c'est à dire avec des pays qui ont les mêmes standards sociaux que nous. L'ouverture des frontières avec eux ne crée donc aucune délocalisation. Encore un mensonge ! dictature des marchés ? Ridicule ! ils n'ont pas besoin de l'Europe et au contraire, l'Union européenne essaie de les réguler. Elle est un obstacle. Encore un mensonge ! La précarité et la pauvreté sont liées à notre incapacité à créer des emplois. L'Europe qui absorbe 60% de notre commerce extérieur est au contraire l'entité politique à laquelle nous devons le plus de créations d'emplois. Encore un mensonge ! J'aimerais savoir comment les services publics pourraient avoir été détruits par l'Europe alors qu'ils n'ont jamais absorbé une part aussi importante de nos richesses nationales qu'aujourd'hui !!! Mensonge supplémentaire. Le problème, au Front National, c'est que l'on n'en est pas à une approximation près et encore, je suis bien bon de parler d'approximation quand il s'agit d'une réécriture pure et simple de l'histoire (marque du totalitarisme, au demeurant...). La campagne sera longue, mais il faudra croiser le fer avec ce parti. J'espère que la sphère médiatique ne fera surtout pas la bêtise de prendre parti dans ces duels mais qu'elle fera en sorte, au contraire, de faciliter les espaces de confrontation afin que les Français puissent se faire un avis définitif en toute connaissance de cause.

Commentaires

  • Tous ces mensonges prennent racines car nos politiques n'ont pas su lever une inquiétude fondamentale: quid avec l'Europe de la souveraineté des pays membres ?

  • Salut Corto
    C'est un débat, mais je maintiens que ce sont leurs mensonges parce qu'ils n'ont pas eu le courage de soumettre aux suffrages et aux débats ce qu'ils négociaient ou non.

  • J'espère de tout cœur que les débats vont avoir lieu et qu'ils seront davantage écoutés par les Français (et tous les Européens en général) que pour les précédentes élections. Il faut espérer que nous autres centristes et démocrates allons arriver à convaincre davantage, et à bien montrer à la fois que la voie prônée par l'extrême-droite est plus que mauvaise pour l'Europe, et qu'il faut changer de logiciel (les propositions du Modem et de ses partenaires sont connues). J'espère qu'il n'est pas trop tard en effet pour convaincre, après les mensonges et en tout cas les discours fallacieux et faciles qu'utilisent certains pour reporter sur l'Europe les conséquences de leur politique nationale, etc.

  • @Mairon
    Cela va être dur.

  • En France, le regroupement familial n'a pas été institué en 1981 par Mitterrand, mais en 1976 par Giscrad (loi Stoléru, sous le gouvernement de Jacques Chirac).

    "L'Europe n'est comptable d'aucune de nos peines". Je n'en crois rien. La Commission européenne aoeuvré dans le sens d'un libre échange généralisé et d'un élargissement frénétique de l'UE à des pays aux situations économiques bien trop hétérogènes, ce qui a pour effet un dumping social généralisé et donc des délocalisations d'activité qui se traduisent par des pertes d'emplois en France. On pourrait aussi chercherà tirer un vrai et sincère bilan du passage à l'Euro qui, par exemple, a lui aussi facilité ces échanges généralisés et donc ce dumping. Vous confondez "échanges commerciaux" et "délocalisations" : le fait que nouscommercions avec l'Allemagne ou l'Italie (mêmes standards que nous à peu de choses près) n'empêche absolument qu'il y ait des délocalisations vers la Roumanie, la Croatie où autres pays à standards nettement moins exigeants que les nôtres.

    Nous pourrion aussi parler des fraudes, des magouilles et des tripatouillages avérés dont se rend coupable la Commission européenne au détriment de la sécurité alimentaire du consommateur européen.

    Quant à la destruction des services publics, le constat est simple : est-ce oui ou non sur injonction de l'UE que nous avons privatisé certains services publics comme France Telecom ; et que nous envisageons d'en privatiser d'autres comme La Poste ou la SNCF ?

    Votre défense de l'Europe sera d'autant plusefficace qu'elle sera précise et qu'elle évitera le dogmatisme. Je n'ai pas le sentiment que ce soit le cas de votre billet. ;-)

  • Pardon , pas Stoléru, Durafour.

  • A chaque fois que je vois Mélenchon ou Marine se plaindre de l'Europe, c'est plus fort que moi je me marre.

    Dire qu'il suffirait qu'ils commencent à faire leur boulot pour que tout aille de mieux en mieux. On est pas passé loin du bonheur là n'empêche, heureusement que la bonne soussoupe gratuite est encore meilleure quand on la vole.

  • "L'Europe n'est comptable d'aucune de nos peines. Tout ce qui se produit en France vient de la France. Nous sommes à l'origine de tout ce qui nous frappe."

    Oui, mais l'autre question, c'est "Que nous apporte l'Europe ?". Et de plus en plus de gens vont répondre "rien, que des problèmes"

  • @Christian
    Cela ne tient pas votre réponse, Christian. Vous pouvez me citer la proportion d'emplois délocalisés en Europe ? C'est très minoritaire. Et l'Europe n'y est pour rien, vous voyez bien que là où des emplois ont été délocalisés, c'est souvent hors UE. L'UE a essayé de réguler le libre-échange à l'intérieur de sa zone, contrairement aux autres zones de libre-échange qui existent.
    Je ne vois pas en quoi faciliter les échanges avec une monnaie commune va dans le sens du dumping : bien au contraire car il n'est plus possible de dévaluer les monnaies ou de les faire varier à volonté comme le fait la Chine, par exemple.
    C'est gonflé d'attaquer la Commission (en dépit de ses nombreux travers) sur les normes alimentaires. Elle n'est que le reflet de ce que les gouvernements et les chefs d'État négocient, ou, le cas échéant, les parlementaires votent.
    Sur les services publics, il y a en effet des injonctions au niveau de l'Europe : la faute aux responsables politiques qui ont accepté de signer des traités qui le permettaient.
    Si je ne suis pas convaincu des effets du libre-échange pour les transports ferroviaires, en revanche, pour la téléphon ie cela a été franchement un progrès. Il faut éviter de finir par appeler n'importe quoi service public.
    A propos du commerce extérieur, je l'ai cité simplement pour montrer que nous n'avions pas intérêt à ériger des barrières douanières. Quand on compte le commerce extérieur de la France, on ne prend pas en compte ce qui n'est pas produit dans le pays.
    @MaxF
    C'est une question qui mérite d'être réfléchie, mais, dans l'ensemble, une certaine stabilité économique c'est évident. Considérez les soubresauts de nombre pays hors UE.

  • Je ne suis d'accord et déjà convaincu, mais si on me demande de défendre l'Europe, je pense être rapidement à court d'arguments, face aux contre-arguments. Personne aujourd'hui ne défend l'Europe, ni les politiques, ni les grands médias, personne. Heureusement qu'il y a quelques blogs comme le votre. Que répondre à quelqu'un qui critique la menace financière grecque, ou les pillages à répétition par des clans de l’Est, ou encore l'euro trop cher, ou la discorde franco-allemande ?

    D'ailleurs, où sont les Centristes ? Eux, qui sont sont sensés être fermement pro-Européens ? Est-ce que la plupart se considèrent en pré-retraite, après s'être gavé sous l'ère Sarkozy ?

  • @MaxF
    La menace financière grecque n'est pas le fait de l'Europe mais de la Grèce elle-même. On peut comprendre que l'Europe demande des garanties à la Grèce après lui avoir ouvert les crédits à flots pendants des années. Mais si les conditions de l'Europe sont si inintéressantes, pourquoi ne se finance-t-elle pas sur les marchés internationaux ? C'est simple, parce que les Européens sont les seuls à accepter de leur prêter de l'argent. Les nationalistes ne peuvent pas à la fois accuser l'Europe et en même temps être les premiers à dire qu'ils refusent de payer pour la Grèce...
    La discorde franco-allemande, il n'y en a pas vraiment : la classe politique française veut continuer à creuser ses déficits et elle le reproche aux Allemands.
    Pillages à répétition par les clans de l'Est ? C'est à dire ?

  • @ L'Héré

    Je crois que vous n'avez pas corrigé votre affirmation erronée sur l'origine et la date du regroupement familial en France... ;-)

  • excellent post

  • Evidemment que les décisions de l'UE sont celles de dirigeants français qui ont accepté, signé, appelés à voter et votés les traités européens qui sont pourtant rejetés par le peuple lorsqu'il vote en référendum.

    Evidemment, les électeurs vont le liens entre la politique européenne et celle des partis franco-français qui la soutienne et font semblant de se défausser dessus...

    Tant que vous ne remettez pas en cause le néolibéralisme inscrit dans les traités, vous ne réussirez plus à vendre l'Europe à ceux qui s'opposent à ces politiques en votant soit faussement contre (le FN est pour un capitalisme brutal, un néolibéralisme national, mais uniquement franco-français) soit pleinement (le FG).

    Au passage, il existe toujours ce petit projet, approuvé par l'UMP, le PS et le MoDem du Grand Marché Transatlantique. Si les médias se voulaient démocratiques, ils en parleraient et cela ruinerait un peu plus tes espoirs de "sauver l'UE". "Heureusement", les médiacrates sont aux ordres.

  • @ L'Héré

    Il semble que, soit par lassitude personnelle, soit par éviction suite à des manoeuvres d'appareil, Sylvie Goulard ne se représentera pas aux Européennes et sera remplacée comme tête de liste Ouest par Jean Arthuis. Qu'en pensez-vous ?

  • @Christian
    C'est corrigé !
    @Metal King
    Sur le marché transatlantique, Marielle de Sarnez a appelé à ne rien lâcher de ce à quoi nous apportons de l'importance.
    Il n'y a pas de néolibéralisme dans les traités mais en revanche, il faut s'interroger sur l'interprétation que l'on donne à la concurrence libre et non faussée.
    Et puis la mondialisation nous pose un certain nombre de questions, en effet.
    @Parisien
    Merci !

  • Quel excellent billet.

    Sur ton dernier commentaire "Il n'y a pas de néolibéralisme dans les traités mais en revanche, il faut s'interroger sur l'interprétation que l'on donne à la concurrence libre et non faussée." : c'est effectivement un sujet important.

    Le Traité (articles 101 et 102, http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:C:2008:115:0047:0199:FR:PDF ) exige que les entreprises respectent la concurrence existante (il interdit les abus de position dominante ou les ententes qui pourraient défavoriser le consommateur).

    Mais il ne prend pas en compte la naissance naturelle, spontanée, de monopoles et oligopoles, dans l'iconomie (l'économie transformée par les technologies actuelles).

    Pour contrarier cette tendance à la monopolisation, il faudrait non pas une politique de gendarme qui interdit les ententes, mais une politique de forestier qui veille à la diversité, qui pénalise ou "taxe" les monopoles, qui encourage les innovations de rupture (celles qui déstabilisent les monopoles en place).

    Hélas, la politique européenne ne va guère dans ce sens, et la politique de MM. Sarkozy puis Hollande va dans le sens inverse, celui de protéger les positions des "champions nationaux" auto-proclamés, ceux qui peuplent les antichambres des Ministères. Ainsi s'enfonce notre économie.

  • Ben merci Fred
    Très honoré par l'avis d'expert qu'est le tien :-)
    Très difficile le rôle de forestier : protéger un éco-système c'est généralement ne pas intervenir sauf quand il y a un incendiaire ou une espèce invasive qui rapplique. Le risque c'est de devenir très vite un gendarme...

  • Merci pour votre réponse et la défense de l'idée européenne.

  • L'hérétique : assez d'accord avec ta suite de la métaphore du forestier. Si le forestier se mêle de vouloir faire pousser les arbres tout droit et à distance régulière, en sabrant tout ce qui fait désordre, il perd la biodiversité, et à la première grosse tempête, tout tombe par terre.

  • @Fred
    On est bien d'accord : c'est bien la différence entre l'État dirigiste et l'État facilitateur cher à Bayrou et Marielle.

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