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Dette : on aurait mieux fait d'écouter Bayrou en 2007. Et en 2012 ?

Je l'ai mauvaise quand je vois l'état de notre dette publique. Je considère également la Grèce, et je suis partagé. D'un côté, je ne souhaite en aucun cas l'effondrement d'un pays qui est cher à mon coeur. De l'autre, je songe à ce qu'Aristote, le plus illustre des philosophes grecs, appelle la catharsis. Littéralement, il faudrait traduire le mot par "purification". Quand les Athéniens regardaient et écoutaient le sort terrible de des grands héros grecs dans les tragédies antiques, la contemplation de ce spectacle, en les terrifiant, les purifiait de l'envie de les imiter. C'est ainsi qu'Aristote voyait dans les chefs d'oeuvre de Sophocle, d'Eschyle ou encore d'Euripide les fondements d'une oeuvre de salubrité publique...

J'en reviens donc à la Grèce : Bayrou compare ce matin la sortie de l'euro de la part de la Grèce à une catastrophe nucléaire. Toutefois, si elle se produit, poursuit-il, elle permettra de mettre en lumière les conséquences des théories délirantes des euro-sceptiques. Et il rappelle ce qu'il est advenu de l'Argentine qui s'est un jour retrouvée en défaut de paiement : du jour au lendemain, 50% de la population en-dessous du seuil de pauvreté, dette multipliée par deux ou trois en raison des taux d'intérêts à la progression devenue exponentielle.

Le référendum doit avoir lieu en janvier. La campagne présidentielle débutera. La Grèce s'effondrera alors immédiatement, et on verra ce qu'il advient des thèses frontistes dans un tel cas de figure. En effet, seul ce parti prône un retour au franc (même Mélenchon, s'il est hostile à divers traités européens, se garde bien de proposer de sortir de l'euro). 

Damoclès, un Grec, est à la mode. Bayrou aurait pourtant le droit à un copyright sur le nom du personnage associé à la dette. Là, elle est en train de tomber l'épée de Damoclès, et pour ce qui est des Grecs, elle leur a d'ores et déjà tranché le cou.

Il y en a eu des devins, chez les Grecs, qui ont mis en garde en vain de grands rois : Calchas avait averti Agamemnon qu'il devait rendre Chryséis à son père, Tirésias Oedipe qu'il avait tout intérêt à cesser d'enquêter sur ses origines, ou encore Cassandre que Troie ne devait pas faire rentrer le cheval laissé par les Grecs dans la ville.

J'aimerais bien que Bayrou soit autre chose qu'une Cassandre pour les Grecs à l'avenir. D'avoir eu raison est une consolation, certes, mais elle est bien mince au regard du malheur de tout un peuple.

Bayrou avait un temps d'avance en 2007. Je pense qu'il l'a toujours en 2012. Évidemment, tous les candidats sont désormais obligés de se positionner sur la dette, et même le PS doit désormais reconnaître que le mot "rigueur" n'est plus un gros mot. Mais aujoud'hui, l'heure n'est plus aux mises en garde, mais aux propositions. Le PS ne songe qu'à accroître les taxes, l'UMP cherche des économies qu'elle ne parvient pas à trouver.

Nous avons à mon avis deux défis qui découlent d'une même source : comme nous ne pouvons indéfiniment augmenter les impôts, il faut réduire nos dépenses, mais aussi accroître nos richesses.

Sur le second point, Bayrou est clairement en avance, et son État d'urgence pose les premiers jalons. La production en France, la réindustrialisation de nos régions seront les premiers nerfs de la guerre qui nous attend.

Le premier est un défi non moins conséquent : je crois que nous ne savons pas en France, comment nous y prendre pour réduire nos dépenses publiques. Toutes nos tentatives ont été des échecs : décentralisation, intercommunalité, LOLF, RGPP, rien ne marche. Cela me fait penser à nos centrales nucléaires que nous savons construire, mais pas démanteler. Parce que la difficulté, et je crois que Bayrou la voit bien aussi, c'est de parvenir à faire des économies sans pour autant rendre l'État impuissant. Il n'y a pas que l'État : il y a aussi toutes les collectivités publiques (la suppression d'un échelon ne serait pas du luxe : le département, par exemple...).

Les gisements d'économie dans la dépense publique, cela contient potentiellement des ressources supérieures à un gros tas de puits de pétrole. Le problème, c'est que pour le pétrole, on sait propsecter, mais pour la dépense publique, on ne sait pas faire...Le Nobel à celui qui trouve une solution viable ! Et mieux vaut se méfier dans ce domaine : les solutions simplistes ou idéologiques aboutissent systématiquement à des surcoûts. La bonne volonté et les bonnes intentions ne suffisent pas non plus : c'est toute une culture de la parcimonie qui est à revoir...

Commentaires

  • J'aime bien ce genre d'article qui parle de fond dans un style "légende et mythologie". Merci l'Hérétique de l'avoir écrit !

  • Bonjour Maxime
    Ben là, c'était d'actualité :-)

  • L'état des lieux est bon...

    On ne pourra pas pour l'instant cogner trop dur trop rapidement sur les dépenses car la rue rejetterait çà. En ces temps assez tendus, c'est très risqué. Il faudra faire les choses progressivement et avec pédagogie pour faire passer la pillule à des français habitués depuis trop longtemps à ce que l'Etat s'échine à régler tous les problèmes.

    S'agissant de la réindustrialisation, personne n'est contre...(La France ne s'est d'ailleurs pas autant désindustrialisée qu'on veut le croire...), mais concrètement en quoi çà consiste? Quelles seraient les mesures

    çà c'est la vraie question !

  • Salut l'hérétique,

    Il est étrange que le Modem, via R. Rochefort, se soit montré favorable au référendum grec lancé par le premier ministre papandréou (et visiblement en passe d'être abandonné)alors que son discours sur la dette est selon ton article le plus avant-gardiste. Il n'y a que l'UMP qui s'y soit montré opposé, ne serait-ce que pour soutenir l'action du Président Sarkozy mais aussi pour soutenir les solutions imparfaites décidées en Conseil européen. Le Modem est certes un des seuls partis français favorable à la mutualisation des dettes européennes, mais sur ce coup qui mérite le titre de "parti le plus fédéraliste"? Jugeons les actes, et à ce titre l'UMP gagne des points.

    Je n'apprécie pas de voir le Modem (et le PS ou les écolos) suivre la même ligne que les partis eurosceptiques. Sous couvert de démocratie, ces derniers ne rêvent que d'une chose: voir échouer la construction européenne. Après une campagne européenne fort décevante en 2009, le modem n'a visiblement pas su bien se positionner. Tant pis pour lui.

    Et pour information, AREVA, entreprise française fournisseur de technologies, sait construire et démanteler des centrales nucléaires (on parle peu de l'après Fukushima si ce n'est de manière catastrophiste, mais il serait intéressant de voir le savoir faire des français à l'oeuvre).

  • "Il est étrange que le Modem, via R. Rochefort, se soit montré favorable au référendum grec"
    Ou ca ?
    Comprendre ne veut pas dire soutenir, les mots ont un sens...
    L 'UMP gagne des points par rapport à l'Europe^^^Cela m'amuse énormément :o))) car si en 2008 "l' UMP" avait su écouter les positions du MoDem mais aussi des économistes, allemands par exemple, des vrais heing? pas des "avocaconomistes" ni des "sociologoconomistes" , eh being ce serait moins le "B" com dit l'Nicolas!
    Areva sait démanteler certes, et va enfouir ou? Dans les "réserves pour indiens" deci delà???!!!@@@@@

  • oui FB avait raison....le problème est qu'il n'a pas été assez écouté....

    le HIC est qu'il est trop tard, que l'EUROPE va au "carton", car il va être très très difficile de redresser la barre....

    Tout le monde à la trouille!!!! la zone euro explosera si la france perd son AAA dans les 1 à 2 ans vu que que le fond de soutien perdrait de facto son AAA car la garantie de la France serait mise en cause.....

  • Tiens il y a "réveil" à gauche :O)))
    http://juliendray.blogspot.com/2011/11/leurope-lheure-du-directoire.html
    C'est joli à lire, sauf que me demande ben comment que c'est-y con crètement parlant, comment cela peut etre réalisable...
    En parallèle, j'ai lu ca aussi:
    http://www.lepost.fr/article/2011/11/04/2629936_crise-de-la-dette-francois-hollande-propose-un-fonds-de-stabilite-financiere.html
    Alors là, comprends plus rien du tout, un Dexia bis puissance xxx?
    Bon je sors écouter:
    http://www.dailymotion.com/video/xgr1d_henri-salvador-zorro-est-arrive_news
    On se réconforte comme on peut^^^.

  • Il est bien évident que mon com était bien antérieur à celui du Zorro Zéro commentateur sur cet article:
    http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/la-tournee-aux-usa-de-marine-le-pen-marquee-par-une-controverse-avec-israel-04-11-2011-1702134.php
    N'ai aucun respect pour les idées colportées par cette blondasse, ni pour sa facon de les exprimer, aussi; j'aime pas du tout mais alors vraiment pas certains "trucs et astuces"!

  • Ca me fait un peu réagir, même si c'est tout à fait annexe, cette histoire de "on ne sait pas démanteler une centrale nucléaire" : On ne démantèle pas Brennilis parce que les écologistes ont lancé un recours légal contre son démantèlement, et ont trouvé une erreur dans la procédure suivie qui a justifié l'arrêt des travaux en cours. On est typiquement dans la double-contrainte ici, je t'interdis de démanteler et ensuite je te reproche à tout bout de champ de ne pas l'avoir fait.

    Retirer le cœur radioactif, on sait tout à fait faire, c'est déjà fait pour Chinon A1 et A2 et maintenant ils ne posent plus de danger particulier, on a pu les reconvertir pour y installer le musée de l'atome.

    Le "retour à l'herbe", voilà la partie qui coûte réellement très cher vu la taille des structures en question, mais quel intérêt ? Une fois le cœur retiré et le nettoyage terminé, la radioactivité qui reste est faible et la zone n'est pas plus dangereuse que de nombreux anciens sites industriels dont le sol est infesté de polluants, métaux lourds, etc. Il reste sur nos plage des milliers de bunkers allemands pour lesquels aucun retour au sable n'a jamais été organisé.

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