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MoDem : Article Agriculture

Rien de mieux, pour illustrer une idée, que de passer à la pratique. J'ai donc choisi de traiter l'item agriculture. J'ai comparé attentivement le programme de Bayrou de 2007, ce qui a été dit lors de la convention thématique Europe et le discours de clôture de Bayrou . Je suis allé aussi jeter un oeil sur les propositions de la commission thématique europe sur l'agriculture. Enfin, dernier lieu d'enquête, j'ai visité le blog de Corinne Lepage, tags agro-carburants et agriculture biologique. J'ai parcouru brièvement le forum des commissions démocrates catégorie agriculture pour voir ce qu'il s'y disait. Cet article ne prétend pas à l'exhaustivité et il manque encore beaucoup de sources, mais il a le mérite de faire un point.

Situation de l'Agriculture

Chute du revenu, chute du nombre des exploitations, chute de l’image des agriculteurs dans l’opinion, chute de l’image de l’agriculture auprès des agriculteurs eux-mêmes.

Les agriculteurs se vivaient comme des indépendants, des entrepreneurs, et comme les meilleurs et les plus proches amis de la nature. Ils ont subi, en quelques années, une double dévalorisation : passer du statut d’indépendants au statut de dépendants, en raison de l’obligation dans laquelle ils ont été mis de dépendre des aides publiques ; [...]. Pendant des siècles, c’était les agriculteurs qui, aux yeux de leur entourage, de leurs concitoyens, étaient censés le mieux connaître et le mieux défendre la nature. Aujourd'hui, les agriculteurs ont le sentiment, pas seulement le sentiment d’ailleurs, ils savent qu'ils sont souvent mis en accusation, comme étant ceux qui ne connaîtraient pas et qui ne défendraient pas la nature. Passer du statut de défenseurs de la nature, de l'ordre naturel, au statut d'accusés d’être ceux qui ne respectent pas l'ordre naturel, c'est extrêmement douloureux pour le monde agricole.

Subventions à l'agriculture

Les "subventions" sont en réalité des compensations, destinées à offrir artificiellement aux consommateurs les prix de plus en plus bas pour les produits agricoles. D’autre part, les règles de l’agriculture raisonnée ont fait baisser considérablement, par exemple, l’utilisation d’engrais azotés et de produits phytosanitaires.

Production et producteurs agricoles

lorsque l'on parle de politique agricole, on ne doit pas se contenter de parler de production agricole. Une politique agricole, c'est une politique qui pose la question de la production et des producteurs. Nous avons à poser la question des productions agricoles et celle des paysans.

Le but que nous nous fixons, c'est celui d'arrêter de voir le tissu agricole se défaire, se déliter et se dissoudre, pour défendre en effet un nombre de paysans et d'exploitations familiales suffisantes pour que la culture agricole de la France subsiste. Car si on laisse disparaître le nombre suffisant d'exploitations agricoles, alors on va avoir une conséquence, celle de créer de l'irréversible.

On ne peut plus revenir en arrière lorsque les exploitations ont disparu, parce qu’en même temps que les exploitations disparaissent, ce qui disparaît aussi c’est un savoir-faire, une culture, une présence, des habitudes, des gestes, des savoir-faire, dans la société, la commune dans laquelle on vit
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Régulation et tissu agricole

Nous avons à défendre les exploitants et les exploitations autant que les productions. C'est la raison pour laquelle l’enjeu mondial est un enjeu de tissu agricole. Alors, nous nous prononçons clairement pour une orientation, la seule défendable :  l'organisation des marchés et non pas l'abandon aux marchés.

La voie d'avenir, c'est de défendre un grand marché d'agriculteurs avec des prix garantis aux paysans. Pour cela, il faut organiser les marchés en trouvant des débouchés, par exemple pour les céréales.

Une organisation de la production agricole mondiale et la régulation de l’offre sans chute de prix paraissent désormais possibles : grâce aux biocarburants, à l’utilisation de la biomasse, à l’agrochimie. Bientôt, on pourra produire de l’ énergie, renouvelable et peu polluante, à partir des productions végétales. Dans le même temps, à moyen terme, les besoins alimentaires de la population mondiale seront comblés.

Les idées que l'on propose très brièvement sont : de promouvoir, à l’image de ce qui avait été constitué dans les années 70 pour la finance avec le système monétaire international, une sorte de fluctuation des prix agricoles que l'on tolère au sein d'un seuil plancher et plafond, défini par consensus international et par grandes zones homogènes.

Dès que les prix dépassent ces seuils planchers ou plafonds, il y a possibilité de mettre en place des mécanismes de régulation sur les marchés physiques par des opérations de stockage, déstockage, mais également des opérations sur les marchés à terme par justement des actions gouvernementales ou des actions privées et après, mettre en place également un conseil de sécurité alimentaire mondial chargé d'évaluer la nécessité et le moment opportun pour réguler au mieux les marchés agricoles internationaux .

Bio-carburants

On peut, on doit  organiser un système mettant en « symétrie » le pollueur-payeur et le protecteur-indemnisé, renforcer la politique de soutien à la production de biocarburants, et fortement impulser les politiques de recherche française et européenne dans le domaine des biomatériaux, des biotechnologies, du génome. »

Tous les biocarburants ne sont pas à considérer de la même manière. La biomasse d'origine forestière, qui peut être utilisée directement ou transformée en carburant liquide ne présente  pas les inconvénients des agro-carburants qui génèrent de la déforestation et au contraire permet de valoriser les sous-produits d’une gestion durable des forêts. Les biocarburants dits de la deuxième génération qui utilisent la partie non alimentaire de la plante et permettent une double utilisation, alimentaire et énergétique, de la plante sont également intéressants. Dans une moindre mesure, les huiles végétales brutes utilisées directement par leurs producteurs pour des usages agricoles peuvent présenter un intérêt.

Il est indispensable de trouver de nouveaux modes de rémunération pour les services qui sont rendus par la nature, en particulier en matière de lutte contre le changement climatique. Cela signifie non seulement rémunérer les services rendus par les forêts qu'il s'agisse d'éviter la déforestation ou de reforester, mais également de rémunérer les agriculteurs dont les pratiques permettront de stocker le carbone ou de réduire les émissions de gaz à effet de serre y compris en réduisant l'usage des phytosanitaires. Alors, les produits issus de l'agriculture ou de la forêt et utilisés comme des carburants pourront vraiment avoir le titre de biocarburants

PAC

Nous proposons de conditionner les aides PAC en fonction de critères sociaux et environnementaux : la création d’emploi et la soutenabilité de l’agriculture pratiquée.
Les propositions d’éco-conditionnalité sont les suivantes :
- Conditionner les aides PAC en fonction du nombre d’actifs sur l’exploitation : plus il y a d’actifs (salariés ou gérants), plus il y a d’aides. Et réciproquement. Selon un rapport entre le nombre d'actifs sur l'exploitation et la taille de l'exploitation, afin de ne pas pénaliser les petites exploitations.
- Conditionner les aides PAC à l’effort de diversité de production (de manière à éviter la monoculture des céréaliers annoncée par la réforme Barnier : vu la réduction des aides, la tendance sera de ne produire que la céréale la plus rentable à l’échelle du commerce international, le blé) : plus il y a de rotation de cultures et des productions diversifiées, plus il y a d’aides. L’objectif est d’une part l’autonomie alimentaire, mais aussi la protection des sols, qui sont parfois abîmés par les monocultures intensives, pour un retour « forcé » vers une agriculture agronomique.
- Conditionner les aides à la moindre utilisation d’intrants : préservation de la santé publique, des sols et des eaux en privilégiant l’utilisation de méthodes agronomiques adaptées. On peut ici aussi appliquer une TVA diversifiée, en fonction du lieu de départ des intrants, de leur nocivité ou non
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Il y a à l'évidence moyen de faire mieux que cette synthèse. Certains points sont sans doute trop précis, d'autres pas assez. Je n'ai pas encore lu le livre de Corinne Lepage, Vivre autrement, pour en intégrer certains aspects à l'article. Mais, il faut bien songer que cet article a vocation à être un article de wiki, donc susceptible d'être modifié et amélioré. Je l'ai écrit juste pour donner une idée de la méthode que j'envisageais. Je n'ai pas encore pioché dans les travaux des sénateurs non plus, mais je compte bien m'y référer par la suite.

Commentaires

  • les niveau des subventions aux agriculteurs américains, français et japonais représente 200 milliards de dollar alors que selon la FAO il faudrait trouver 80 milliards de dollar pour résoudre la faim dans le monde.

    Le problème des agriculteurs c'est qu'après la guerre il a fallu nourrir l'UE et les états ont décidé de soutenir les agriculteurs qui ont dû pour produire en masse "polluer" sans compter. A cette époque personne n'a pensé que cela aurait des conséquences au long terme. Cela a fait que les agriculteurs doivent revoir( et ils ont commencer à le faire) leur process .

    Il est logique que l'UE et d'autres soient dans une logique d'indépendance alimentaire mais cela fausse la concurrence au niveau mondial à cause des aides...Les agriculteurs préféreraient ne pas avoir d'aides mais actuellement pour survivre ce serait impossible.

    perso je ne suis pas un fan des bio ou agro carburant car je pense qu'a terme il aura des problèmes et en particulier avec les pays du sud dont la population va croître, qui seront les premiers touchés par le réchauffement climatique, et qui ont déjà des problème lié à la monoculture et à la salinisation des sols.

    la moitié de la planète ne survit que grâce au riz, or vu ce qui s'est passé il y a deux ans avec une diminution de la production pour raison climatique il est nécessaire de réfléchir car la majorité des pays producteurs sont en auto-suffisance et ne pourront produire plus car ils ont un problème d'espace lié à la gestion de l'eau.

  • Biocarburant.. passons !

    L'agroalimentaire est un secteur important. Le développement des économies locales en dépend largement. Mais adoption lente de technologies, accent mis sur la sécurité des aliments plutôt que sur l'inovation.. il faudrait les deux.

  • Attention aux pensées généralistes !
    Et les agriculteurs ils font comment dans tout cela?
    En supposant à l'extrême que tous soient monocultures: doivent-ils cultiver du blé ou de la pomme de terre cette année?
    Il y a quelques années les agriculteurs avaient pour objectif de nourrir la population environnante et ils savaient comment faire.
    Aujourd'hui on leur demande de nourrir la population mondiale. Existe-t-il réellement un structure pour répondre à ce besoin ?
    La répartition des aides provenant de l'Union Européenne manque de visibilité, il est pratiquement impossible se savoir qui bénéficie d'une aide. Corrigeons ce simple fait avant d'imaginer d'autres actions !

  • berboral a écrit
    "La répartition des aides provenant de l'Union Européenne manque de visibilité, il est pratiquement impossible se savoir qui bénéficie d'une aide. Corrigeons ce simple fait avant d'imaginer d'autres actions !"

    désolé mais c'est faux.... depuis cette année pour des raisons de transparence les subventions venant de l'UE sont rendues publiques et on sait exactement ce que touche chaque agriculteur. Mais il n'y pas que les agriculteurs qui sont subventionnés par la PAC, l'industrie agro-alimentaire "touche" pas mal....

  • L'idée de fixer des prix minima pour que les producteurs puissent vivre semble la bonne. D'autant plus qu'il semble que très souvent cela serait très supportable pour les acheteurs. Oui mais comment "mettre en place" ?
    Il faudrait donc une autorité incontestable (bien délimitée mais stricte) dans telle ou telle structure pour ces prix imposés. Et c'est cela qui a l'air difficile à mettre en place.

  • @l' hérétique,
    Francois Bayrou avait parlé dans le programme d'agrocarburants et non pas de biocarburants, la différence est de taille.
    :)
    L'aménagement des sols fait défaut, la taille des exploitations par exemple.

  • Et puis, "Manon des sources" que je suis est consternée de la méconnaissance du petit geste citoyen lors de promenade dans la nature, consistant à débarasser la sortie des sources des mousses environnantes, sachant qu'à défaut cette eau va s'enterrer !

  • @ Europium
    Je vais parfois trop vite! votre remarque est vrai et vérifiable par contre je m'interroge sur les subventions de la PAC concernant les organismes suivants :
    91 200 000 accordés au crédit agricole en 2007 et 0 en 2008
    13 695 000 accordés au "Restaurant du Cœur" en 2008 et 0 en 2007
    à la lecture de ces valeurs disponibles à : https://www1.telepac.agriculture.gouv.fr/telepac/tbp/feader/afficherResultats.action
    ma remarque précédente reste valide : "La répartition des aides provenant de l'Union Européenne manque de visibilité". Comment les deux organismes précédemment cités peuvent toucher de telles aides de la PAC me sidère.
    J'ajouterai que d'après mes renseignements les valeurs indiquées ne reflète pas la réalité. il existe au moins une personne(mes renseignements ne vont pas plus loin et cette information me suffit) dont les subventions indiquées ne corresponde à rien
    En 2007 il a touché une subvention qui n'est pas renseignée dans ce fichier
    En 2008 il a touché une subvention qui est indiquée mais dont la valeur n'est pas celle en sa possession.
    la somme ou la soustraction des deux subventions ne reflètent pas la réalité pour ces deux années
    Il donc impossible de faire une liaison entre le fichier et la réalité

  • @Berboral
    Comme vous le soulignez-vous même à propos de mes dires : "votre remarque est vrai et vérifiable" . pour ce qui se passait avant, vu le peu de transparence j'en sais rien....

  • Excellent résumé de ce qui pourrait être la position du Modem sur le dossier agricole.

    Honnêtement, c'est un des dossiers sur lequel la position du Mouvement me paraît la plus affinnée au fil du temps, sans doute une de ceux pour lequel les adhérents de tous bords peuvent assez facilement s'y retrouver, mais surtout un de ceux où le Modem a une position avec une vraie valeur ajoutée. Il faut bien dire aussi que la connaissance sans faille du dossier par le Boss lui même aide bien dans ce sens.

    Donc désormais il faudrait faire la même chose pour de nombreux autres dossiers. Bravo pour ce travail en tous cas.

  • @ Mesina

    Merci ! Il y a des choses à améliorer, bien sûr, mais c'est un début. Je vais essayer de voir du côté de l'emploi, maintenant...

  • @ europium
    Ce dont je parle n'est pas ce qui se passait avant mais ce qui se passe aujourd'hui les sommes et les sociétés évoquées sont celle de la "transparence"
    Je ne vis pas dans la métropole. mon environnement c'est la campagne .., mes voisins sont des paysans, ce que j'essaie de traduire c'est leur sentiment; je m'y prend peut-être mal mais c'est leur vérité !.Pour l'année 2009 ils sont incapables de savoir si leur demande sera prise en considération de la même manière qu' en 2008.
    Alors et là je m'adresse à l'hérétique, mettre en avant certaines évolutions c'est en soit très louable et celles décrites dans ce billet sont très bien mais à quoi cela peut-il servir si de base les dés sont pipés ou pour le moins les règles, déjà connues, incomprises et non appliquées?
    Quand ils obtiennent un acquis(le plus souvent justifié), systématiquement de grandes sociétés ou organismes avec leur armada de juristes cherchent la faille pour en profiter en toute légalité. Leur objectif c'est de récupérer cet argent et leur moralité s'arrête à ce qui est autorisé. Il est possible que l'argent récolté serve une cause sociale, il n'empêche que si cette cause doit être financée passer par la PAC n'est pas la bonne filière.

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