J'ai lu avec attention la note de LOmIG (Expression Libre) dans laquelle il reproche à Laurent Wauquiez sa réaction quand ce dernier a appris la suppression de 550 postes par Total. Il estime que le propos de Laurent Wauquiez est totalement démagogique et que cela ne le regarde pas. Évidemment, en tant que libéral, je n'aime pas trop les empiètements du pouvoir politique sur les firmes, par principe, parce que les entreprises n'ont pas vocation à être subordonnées aux pouvoirs politiques, mais mon point d'accord avec lui s'arrête là.
Bien sûr, in fine, les entreprises font ce qu’elles veulent, mais dégraisser 550 emplois avec des milliards d’euros de bénéfices, ça fait un peu tâche par les temps qui courent.
L’image que je me fais d’une entreprise, à titre personnel, ne se limite pas au seul aspect économique et comptable : sa valeur humaine au sens humaniste de la chose compte.
Pour ma part, je ne m’arrête plus actuellement dans les stations Total. c’est ma manière de faire valoir mon mécontentement de consommateur.
Les entreprises ont une responsabilité citoyenne au même titre que les individus dans un pays. Autant je ne demande pas à une entreprise lourdement déficitaire ou aux perspectives très sombres de se suicider, autant, en temps de crise tout au moins, une entreprise florissante peut-elle faire quelques efforts.
Il s’agit là d’une question éthique : ceci ne change rien à tout le bien que je pense de l’économie de marché. L'éthique n'est pas le privilège dde l'individu citoyen. L'entreprise aussi a une responsabilité sociale. Libre à elle de l'exercer bien sûr, et je dénoncerais toute forme de pression politique qui viserait à ce qu'elle agisse ainsi, mais il ne me paraît pas inutile de leur rappeler l'existence de cette responsabilité. Ce qu'a dit Laurent Wauquiez, très précisément, c'est ceci :
«Qu’un groupe comme Total, qui fait plusieurs milliards de bénéfices, ne soit pas capable dans cette période d’avoir un comportement exemplaire en termes d’emploi me reste en travers de la gorge”, a lancé Laurent Wauquiez. Pour le secrétaire d’État à l’emploi, “Total ferait mieux pour son image d’essayer d’avoir un comportement exemplaire en disant : En cette période de crise, on garde tout le monde, on ne fait pas de suppressions d’emplois. Ils feraient mieux de corriger leur comportement rapidement.»
Cela dit, il ne tient qu'à la majorité politique de Laurent Wauquiez de promouvoir une autre politique énergétique favorisant d'autres énergies, moins polluantes et aux sources stratégiquement plus sûres. Corine Lepage trace régulièrement les grands principes d'une relance verte. C'est ce que proposent aussi François Bayrou et le MoDem...
Commentaires
Dans le même ordre d'idée, voir l'article de Franck Riboud, le PDG de Danone : http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/03/02/la-crise-impose-de-repenser-le-role-de-l-entreprise-par-franck-riboud_1162147_0.html
"Une entreprise doit créer de la valeur pour ses actionnaires car sans leur investissement il n'y a pas d'économie. Mais au même titre qu'elle doit créer, à travers ses propres investissements, de la valeur et de la richesse pour ses autres parties prenantes. Car c'est aussi du développement et du bien-être de son environnement que dépend sa pérennité. Et c'est de cette manière qu'elle acquiert son utilité sociale."
@ Oaz
Je l'avais lu. Son point de vue est intéressant.
Je pense que c'est à l'état "Français" ou "Européen" de changer des règles du jeu pour qu'une partie des bénéfices des entreprises
(faits en particulier dans des secteurs où les circonstances sont favorables) soient investis dans des secteurs "rentables" et si possible "enthousiasmant" à moyen et long terme.
Bien sûr, comme tout citoyen et comme tout responsable politique, Laurent Wauquiez est en droit de donner son avis, mais, en l'occurrence, à quoi sert-il, sinon à brosser l'électorat dans le sens du poil ?
Raisonnement fort intéressant. J'aime bien votre "entreprise citoyenne".
Si les entreprises du cac40 étaient citoyennes, il est probable que beacoup d'entre nous, les sales gauchisses, serions moins enclins à réclamer à cors et à cris l'interventionnisme de l'Etat par des nationalmisations partielles.
Je repasserai.
Raisonnement fort intéressant. J'aime bien votre "entreprise citoyenne".
Si les entreprises du cac40 étaient citoyennes, il est probable que beacoup d'entre nous, les sales gauchisses, serions moins enclins à réclamer à cors et à cris l'interventionnisme de l'Etat par des nationalmisations partielles.
Je repasserai.
Désolé pour le doublon. J'ajouterai que la notion d'entreprise citoyenne devrait d'autant plus s'appliquer à Total que cette dernière entreprise a été créée à l'initiative du Président Poincarré (autrement dit par une volonté politique publique), et que sa composante ELF a également été très liée à la République.
salut,
mouais. Tes arguments ne me convainquent pas ; mais je t'ai déjà répondu chez moi.
Je ne suis pas sûr que citer Corinne Lepage apporte beaucoup de choses sur des questions d'ordre écologiques. C'est une idéologue toxique, prête à mentir assez ouvertement pour faire passer ses idées. On vient d'en avoir la preuve avec le rapport de l'Afssa sur les OGM.
Vous devriez vous désolidariser un peu de ce genre de "politiciens" convaincus de leur cause, à la limite de l'intelligence.
La vraie question éthique, puisque tu en appelles aux grands mots, consiste à préciser ce qui est juste et légitime et ce qui ne l'est pas.
L'entreprise Total appartient à ses actionnaires. Ils sont donc légitimes pour désigner quelqu'un qui sera responsable de la politique industrielle et de la stratégie de l'entreprise. Cela est éthique, car cela repose sur des accords libres entre des personnes responsables.
De même pour les contrats de travail des salariés, d'ailleurs. Le reste (l'engagement citoyen et tout le tralalala) c'est du vernis politiquement correct visant comme le souligne Criticus...
à bientôt
Bonjour LOmiG
Je vais aller aussi répondre sur ton blog. En ce qui concerne les OGM, la toxicité est une chose et la contamination en est une autre. Mais bon, je ne vais pas développer ici, ce n'est pas le sujet.
Pour le reste, je comprends bien ce que tu dis en termes contractuels, mais il se trouve qu'une entreprise n'évolue pas en milieu clos. Tu ne peux donc pas évacuer son environnement citoyen d'un coup de plume (de clavier, en la circonstance). L'entreprise n'est pas seulement l'acteur (indispensable) d'un marché, c'est aussi un acteur de la société, et cet acteur ne peut pas ignorer le milieu dans lequel il évolue.
Voilà ce que je dis.
@ elme
Je n'ai pas parlé d'entreprise citoyenne mais de responsabilité citoyenne pour les entreprises. Ce n'est pas identique.
Enchanté de voir que les "gauchisses" fréquentent le blog du sale droitier réactionnaire et libéral que je suis.
L'adjectif citoyen ne veut pas dire grand chose : ça veut dire quoi "environnement citoyen" ????
Je suis d’accord sur le fait qu’une entreprise a une responsabilité sociale même si ce n’est pas nécessairement sa responsabilité première mais je ne crois pas que l’on puisse accabler particulièrement TOTAL sur ce point.
Il semble qu’ils aient une politique de ressources humaines bien plus « sociale » que celle de beaucoup d’autres grosses sociétés.
Un comportement éthique de la part de TOTAL aurait signifié quoi ?
Dans le cas qui fait scandale, TOTAL ne va pas licencier, les titulaires des postes supprimés seront mutés ou partiront à la retraite…et tout cela se fera sur plusieurs années !
Il s’agit d’une réorganisation au sein du Groupe que TOTAL justifie par le fait qu’ils produisent trop d’essence et pas assez de diesel.
Sans même entrer dans le débat sur la légitimité que nous avons ou que le gouvernement a à critiquer une telle décision, il me semble qu’il est difficile de leur contester le droit de gérer eux même leur activité !
C’est vrai que cela va peut-être se traduire par une délocalisation mais en quoi TOTAL serait tenue de sauvegarder l’emploi plus en France qu’ailleurs ?
Rappelons quand même que les 2/3 des actions de TOTAL sont détenues par des étrangers, que seuls 39% de leurs employés sont en France et que l’essentiel de leur CA est fait hors de France ! ...en quoi peut-on encore parler d’entreprise française si ce n’est parce que TOTAL paye l’essentiel de ses impôts en France ? ...ce dont nous devrions plutôt le remercier !
En conclusion, les propos de Wauquiez me semblent un peu précipités et je pense qu’il a plus été énervé par l’énorme erreur de communication de la part de TOTAL que choqué par la décision elle même. Mais il n’avait pas le choix, en balançant comme cela cette information quelques semaines après avoir publié des bénéfices colossaux, TOTAL l’a obligé à réagir pour devancer la réaction scandalisée des français !
@ Nicolas007
Je viens de prendre connaissance, en effet, de ces faits nouveaux, ce qui atténue fortement la pertinence du débat.
Cela dit, le débat de fond persiste avec LOmiG :
le caractère social d’une entreprise ne se limite pas, à mes yeux, aux conséquences sociales de son activité économique. Or, c’est ce qu'il défend, et cela me pose un problème, bien que je sois libéral et attaché à la propriété privée.
@ LOmiG
eh bien que l'environnement d'une entreprise n'est pas réductible au seul marché : il y a des gens autour, des maisons, de la terre, et cetera...
@elmone
Je suis parfaitement d'accord avec vous.
Avec Total, l'on a un cas d'école qui montre que le Libéralisme à la Bush atteint un record de cynisme et de ridicule.
Il faut donc en modifier les règles et veiller surtout à ce qu'elle soient suivies
plutôt que de donner de fausses raisons idéologiques pour continuer ainsi.
Faut-il rappeler que pendant ce temps la France est championne du monde des emprunts.
Notre président est le vrai président du MEDEF et le faux président des citoyens.
@ Chui Kalm
Mais moi, en revanche, je ne suis pas du tout d'accord avec elmone et je me méfie au possible d'une entreprise citoyenne.
C'est quoi une entreprise citoyenne ? une entreprise aux mains des "travailleurs" ? du "peuple" ? bref, une entreprise expropriée ?
> L'entreprise aussi a une responsabilité sociale
J'ai un peu de mal à entendre ça de la part de quelqu'un qui se prétend libéral. La seule responsabilité « sociale » qu'à une entreprise est de survivre et de faire des profits (qu'elle réinvestira par la suite).
Si une entreprise renonce à des licenciements pour des raisons purement éthiques, alors son avenir s'annonce mal. Pendant qu'elle aura choisi de ne pas se restructurer, ses concurrents ne se gêneront pas pour le faire ; l'entreprise sera alors dans une position désavantagée qui pourrait conduire à plus de licenciements qu'une restructuration.
>Faut-il rappeler que pendant ce temps la France est championne du monde des emprunts.
Hein ? Chez qui ? les particuliers ? les entreprises ?
@L'Hérétique
C'est le manque d'évolution qui crée par boomerang les situations extrêmes dans l'autre sens.
Agiter en drapeau rouge les dangers d'une méthode contraire et ne rien faire ou si peu pour faire évoluer une méthode qui ne marche pas est la pire des solutions.
Les seuls pouvoirs qui peuvent permettre une évolution ce sont l'état français et l'état Européen car ils sont censés être
impartiaux par rapport aux entreprises.
S'il n'y a pas de "plan" (relatif) à moyen et long terme, hé bien l'avenir est imprévisible.
Quel est notre plan en France ?
J'aimerais bien le savoir, on emprunte à qui mieux mieux (en en parlant le moins possible) et l'Etat copine joyeusement avec les entreprises qui évidemment font avant tout selon leurs intérêts qui ne concordent pas forcément avec celui des Citoyens.
En réalité nous avons un Président Fainéant,
(qui veut faire croire que le travail c'est de se lever de temps en temps à 5 h du matin),
tout occupé à faire du théatre
à droite et à gauche et incapable de gérer,
qui comme le dernier mérovingien laisse cela à ses copains,
Malheureusement Bouygues n'est pas Charle Martel.
"Avec Total, l'on a un cas d'école qui montre que le Libéralisme à la Bush atteint un record de cynisme et de ridicule."
quel charabia ! en quoi Total a un rapport avec Bush ? En quoi le libéralisme est-il concerné ici, et quel rapport avec le cynisme ou le ridicule ???
"Les seuls pouvoirs qui peuvent permettre une évolution ce sont l'état français et l'état Européen car ils sont censés être
impartiaux par rapport aux entreprises."
Ce n'est pas la source du pouvoir, mais sa limitation qui l'empêche d'être arbitraire. Hayek.
@l' hérétique,
J'aime pas Total, mais je suis certaine que vous pardonnerez ma réserve :) Pollueur aussi à ses heures si mes souvenirs sont exacts etc....Lourd passif!!!
Bon Danone sa situation n'est pas brillante et cherche à s'attacher l'image d'une "éthique" toute commerciale issue des agences de com de grands groupes publicitaires. What's new?
@Lomig
Il n' y a AUCUN CHARABIA dans ce que j'ai mis dans mon commentaire précédent.
Total a vu ses bénéfices augmenter énormément de manière mécanique, ces bénéfices ont été mal réinvestis parce qu'il n' y a en l'occurence aucune règle de régulation sinon celle-ci : On en profite comme on veut.
Le cynisme vient du fait que Total très prospère débauche.
C'est bien du libéralisme à la Bush, à savoir celui où l'on méprise les règles de régulation (celles qui existent et celles qu'il faudrait instaurer) et même (pas dans ce cas il est vrai) où la dépénalisation financière et le copinage sont à l'honneur.
Le Charabia on le verrait plutôt du côté du Pouvoir, où par exemple il n' y a pas si longtemps les très gros salaires était justifiés par le "mérite" sans tenir compte de la difficultés des circonstances et de la concurrence.
Dois-je vous rappeler le on ira "chercher la croissance de 3% avec nos dents".
Le charabia c'est Lagarde notre ministre qui il y a peu isolait un chiffre pour claironner une amélioration qui évidemment était fausse.
Le charabia par défaut, si on peut dire,
c'est pour un président de la république, censé parler abondamment des problèmes économiques en passant sur 3 chaines en même temps pendant 1 h et demi,
ne dire qu'une seule chose qui se résume en 10 S : On supprime la TVA.
Cette attitude du pouvoir,
qui consiste à se donner des airs d'expertise (sans s'atteler à résoudre les problèmes) par des procédés publicitaires, en brouillant les pistes en taisant de plus en plus les vrais chiffres de notre économie,
et à juger que toute critique est du "charabia" me semble la pire possible.
"ce n'est pas la source du pouvoir, mais sa limitation qui l'empêche d'être arbitraire".
Cette beau paradoxe ne me semble pas un argument décisif contre ceux qui croient comme moi que le Pouvoir prend trés mal ses responsabilités en matière économique,
notamment par le fait que le chef de l'état fait un mélange de ses activités de chef d'état avec un copinage extrêmement poussé avec beaucoup de possédants et décideurs économiques.
@Bob
Dans le cas de Total, les bénéfices qui reste aprés réinvestissement pour développement sont encore très gros.
De toute façon l'argent à rembourser,
ce sera cela de moins que l'on ne pourra investir pour l'avenir.
Si on est effarouché à l'idée de modifier certaine règles, en commençant par réinvestir le mieux possible là où l'argent est le moins nécessaire,
dites moi comment il faut faire si on a à coeur que pour le moyen, long terme que notre pays et notre pays avec l'Europe soit compétitif !!
> C'est bien du libéralisme à la Bush, à savoir celui où l'on méprise les règles de régulation (celles qui existent et celles qu'il faudrait instaurer) et même (pas dans ce cas il est vrai) où la dépénalisation financière et le copinage sont à l'honneur.
Vous devriez vous renseigner sur les-dites règles et sur la cinétique de la crise avant de dire de telles choses.
D'autre part ce n'est pas à W. Bush de respecter de quelconques règles financières, ilé téait président des États-Unis, pas président d'une banque.
@Bob
Je vous accorde de remplacer (dépénalisation financière et copinage)"sont à l'honneur" par "sont trop courants".
Pour le reste bien sûr n'étant pas fort en "cinétique", il n'est pas question que mon avis n'ait une quelconque valeur.
Quand au président des états unis il n'a aucune influence sur les banques comme on peut le constater actuellement avec Obama.
Ainsi il faut connaitre les "règles" avant de pouvoir constater et donner un avis sur
les "maladies" économiques,
comme il fallait connaitre le latin du temps de Molière pour juger de sa santé.
Je ne savais pas, excusez moi de vous avoir dérangé.