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Jean Lassalle et le silence des agneaux

Lassalle.jpgJ'ai trouvé cette excellente intervention de Jean Lassalle, député MoDem, à l'assemblée nationale, qui m'a bien plu. Voilà quelqu'un qui ne fait pas de la langue de bois. Il a une manière de rentrer dans le lard de l'écologiquement correct qui me fait bien rigoler...Cela se passait le 09 octobre dernier à l'Assemblée Nationale...

Étant non inscrit, c’est la première fois que je prends la parole et je vous suis très reconnaissant, monsieur le président, d’avoir accepté de me la donner.

Je commencerai par une citation – de moi :

« Pendant que tu dissertes du monde des spéculateurs, tes campagnes meurent dans le silence des agneaux. » (Sourires.)

Je salue l’exercice difficile auquel se sont livré Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour avoir essayé moi-même à plusieurs reprises de concilier, certes dans un cadre beaucoup plus restreint des intérêts divergents et contradictoires, je ne peux que saluer ce qu’ils ont réussi à faire avec ce texte de loi. Mais je ne partage pas votre bonheur. Je suis malheureux.

Patrick Ollier parlait tout à l’heure du rôle que le général de Gaulle avait redonné à l’État. Or, depuis trente ans, ce rôle s’est affaibli jusqu’à disparaître, condamnant l’égalité des chances ainsi qu’une certaine idée de notre pays et de ses campagnes.

Aujourd’hui, l’État n’intervient plus dans nos campagnes que pour émettre des directives, des textes, toujours plus contraignants. Ces campagnes, qui représentent 70 % de notre territoire, n’ont pourtant pas démérité, pour la plupart ; la nature y est restée exceptionnellement belle ! Mais de plus en plus souvent, hélas !, nos communes perdent leurs agriculteurs, leurs artisans – elles n’ont plus d’avenir.

Je crains que ce texte sur le Grenelle ne soit qu’une couche de feuilles supplémentaires qui s’abatte sur nous, et nous empêche plus encore de respirer, de faire le moindre projet.

Je serai bref, et ne prendrai que deux exemples : le Grenelle de l’environnement a supprimé le projet de liaison autoroutière entre Pau et Oloron – elle était pourtant prête, et devait se substituer à la tragique RN134 qui voit, chaque dimanche matin, agoniser des jeunes de vingt ans qui rentraient seulement chez eux. Dans le même temps, on supprime la maternité : les femmes qui auront encore le courage de vivre dans ces régions devront faire deux heures de route pour aller accoucher à Pau. C’est dur à vivre.

Je suis aussi abasourdi par l’évolution du vocabulaire ; j’ai fait le pari que, pendant ces huit jours, nous allions employer au moins un million de fois les mots « développement durable » – ils sont très à la mode, mais concrètement, que nous apportent-ils ? J’aimerais le savoir.

J’aurais aimé une démarche ambitieuse pour nos territoires, pour nos campagnes, pour nos villages. Nous parlerons, certainement, des villes et des banlieues ; nous débattrons de grands principes qui ne se traduiront jamais dans les faits ; comme on ne pourra pas tout réaliser, j’ai bien peur qu’on ne se rabatte une fois de plus sur la contrainte, et que celle-ci ne pénalise une fois de plus nos campagnes.

Je vous en dirai un peu plus à propos d’un autre article ; pour le moment, je propose simplement d’élever Nicolas Hulot au rang de père de la Nation, et même, profitant des bonnes relations qu’entretient le Président de la République avec le pape, de le canoniser. (Sourires.) Il serait en effet prudent de le mettre à l’abri de la justice.

Commentaires

  • Mon pays, cette route si douloureuse, et cet établissement si bien connu...

  • Bon discours en effet. Mais Nicolas Hulot qu'a-t-il fait?

  • @ Champomy

    Vous venez de cette région ?

    @ Pastel
    Ben il participe tout de même à des émissions financées par des pétroliers...

  • Oui, et alors? Non olet. Faut pas déconnner, JL est-ce la vierge immaculée?

  • Jean Lasalle me déçoit en ne comprenant pas que l'épanouissement des hommes et des territoire passent par un autre modèle de société que celui de la croissance à l'ancienne, même saupoudrée de développement durable . Le risque climatique demeure énorme ainsi que tous ceux(risques) qui pèsent sur notre environnement, la pollution des eaux et de l'air les atteintes à la bio-diversité par exemple .
    Ce sont des bombes à retardement qui hypothèquent notre avenir et qui tuent dèjà tous les jours sous forme de cancers toujours plus nombreux et autres maladies de civilisations.
    Nous serions bien mal inspiré, à la faveur
    de la crise économique, d'oublier ces impératifs vitaux.
    En fait, il n'y a pas de contradiction dans la prise en compte de ces deux crises .
    Les activité économiques les plus prometteuses et les plus pérennes se trouvent dans le greenbisness et dans l'optimisation des dépenses énergétiques et des matières premières . Elles sont aussi celles qui créent le plus d'emplois .
    Enfin si nos jeunes se tuent sur les routes, la construction de nouvelles autoroutes n'est pas la meilleure solution . Developpons plutot les transports en commun qui consomment moins d'espace, moins d'energie et sont aussi beaucoup plus sure, d'autres actions sont aussi à envisager bien sur.
    ( gros débat sur Marseille ..
    http://www.rue89.com/marseille/2008/11/10/marseille-baffe-bisbilles-et-litiges-en-serie-au-modem )

  • @Patrice,
    je ne savais pas que tu lisais aussi notre Hérétique...
    je suis assez d'accord avec toi sur le fond, mais les zones montagnardes ont une problématique un peu particulière et tu ne connais peut-être pas la fameuse RN 134 et cette vallée. La ligne sncf y est arrêtée depuis des années, les 38t passent sur une simple deux voies en traversant des villages encore habités, il faut en effet 2 heures pour faire 100 km et aller à Pau. La voie autoroutière n'est peut-être pas la meilleure solution mais sur cette portion dont parle Jean, elle éviterait bien des accidents; le maintien de l'hôpital permettrait à bien des personnes âgées (si nombreuses en montagne) de se soigner plus près etc... Je suis par exemple pour la réouverture de la ligne SNCF transfrontalière dans cette vallée et une partie pau-oloron l'est déjà, mais il y a peu de ter et il faut encore 1h pour 50km et elle ne permet pas de favoriser le tourisme vert en haute vallée.
    bref, c'est assez complexe. Jean fait surtout un travail admirable, même si je dois avouer que certaines de ses méthodes, comme la grève de la faim, me choquent un peu ;-)
    quant au lien: quand même, est ce que tu crois que cà avait un rapport avec ton commentaire? tu as bien le droit de faire un renvoi, mais ici çà me semble hors-sujet
    je t'embrasse

  • @ Tous,

    Il est évident qu'il n'y a aucun autre commentaire à attendre de ma part sur ce billet. :-)

  • Mouais, je suis pas plus emballé que cela par ce discours, que je pense sincère, mais qui est aussi très démago. Nos belles campagnes, c'est aussi souvent le règne de l'égoïsme local. Dans mon coin, nous connaissons de graves problèmes de qualité de l'eau potable. La seule solution existante est que les communes partagent leurs captages d'eaux souterraines pour abaisser les taux de nitrates et pesticides. Mais elles ne le font pas. Parce que les habitants d'un village de 200 hab refusent de voir augmenter le prix du m3 d'eau de 50 cents pour financer le raccordement au réseau des 200 hab du village voisin distant de 10km... Nos 25 000 communes rurales, c'est très joli, mais ce n'est pas le système le plus exemplaire en matière de solidarité.
    Maintenant, sur les voies de communication, je suis d'accord avec Lassalle. C'est injuste que certaines régions soient condamnée à un isolement définitif par le blocage des projets routiers et autoroutiers, alors qu'elles ne pourront jamais bénéficier de transports en commun digne de ce nom.

  • @ Patrice,

    Euh oui, le lien me semble quelque peu hors-sujet. Pour le reste, l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Il faudrait creuser un tunnel très coûteux et écologiquement plus que douteux pour créer le chemin de fer nécessaire.

    @ Bob
    Ok, mais ne mélange pas les problèmes : les pesticides dans les eaux valent pour le productions agricoles intenses. Là-bas, ce sont des bergers, et il n'a pas ce genre de problèmes.

  • Les propos de Jean Lassalle n'ont pas pour vocation de s'arreter aux seules pyrénnées, meme si la réalité locale permet bien sur d'illustrer le propos( et aussi ses spécificités ) . C'est également vrai pour mon commentaire . Merci pour votre indulgence pour le lien ; mes propos par contre sont bien dans le sujet ...

  • @Patrice,

    Quels propos, quels sujets? Car vous ne me semblez les connaitre que partiellement.

  • Citation tronquée! Voici ce qui a été dit à la tribune et permet de comprendre cette conculsion :
    "... Il serait en effet prudent de le mettre à l'abri de la justice, qui risque de lui demander un jour des comptes : car c'est bien l'argent des grands spéculateurs les plus pollueurs qu'il blanchit, ou verdit, dans sa fondation."

    Lorsque vous faites des citations qu'elles permettent de saisir la totalité de la pensée de son auteur svp. Je le précise car cela répond notamment à @pastel.

    Ca m'amuse d'autant plus que je suis socialiste encarté, à gauche de ce parti et que je trouve ces propos de monsieur Lassalle intéressants sur différents points, et au moins sur celui de mettre sur la table une schyzophrénie de plus en plus difficile à canaliser.

    http://clavaboudchuc.over-blog.com

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