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A propos de la méchante finance

Mille mercis à Olivier dont le commentaire trouvé sur le blog d'Hervé en réponse à l'article l'illusion d'une illusion m'épargne l'effort d'écrire un billet en substance similaire.

Je fais donc un simple copier-coller :

Ah, ça me fait bien rire, toutes ces élucubrations sur la méchante finance. Elle démontre surtout l'ignorance crasse des gens. Il est clair qu'UNE PARTIE de la finance est sérieusement vérolée, et appelera des mesures sérieuses de régulation, mais jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est faire preuve d'une méconnaissance impressionnante...

Alors, quelques petits rappels (ou informations) en vrac:
- Non, la finance n'est pas déconnectée de l'économie réelle, en fait mis-à-part la fantastique connerie du mark-to-market (l'enregistrement comptable à la "valeur de marché"), la finance ne créé par de richesse à partir de rien (à une exception près, qui est la création par les banques centrales, qui prêtent aux banques de l'argent -qui n'existe pas, donc qu'elle créé- qu'elles réinjectent dans l'économie, mais rappelons que ces prêts ne se font pas n'importe comment, sinon, on aurait une inflation délirante de la masse monétaire mondiale). Une banque utilise les dépôts des clients, les financements interbancaires, sa dette de marché et les fonds propres amenés par les actionnaires, pour prêter de l'argent. Cet argent ne vient pas de nulle part, il vient de l'économie réelle et repart dans l'économie réelle. Une partie de cet argent est placé (notamment sur les marchés financiers) pour le compte de tiers (dont l'argent vient de quelque part... L'économie réelle) ou pour compte propre. Et même dans ce cas, sur un marché financier, il y a toujours échange, ce qui veut dire qu'il y a d'un côté un actif qui existe, de l'autre de l'argent qui vient de quelque part.
- Qui sont les coupables dans cette crise? Les prêteurs subprime (souvent des petites banques spécialisées), certaines équipes de titrisation et les agences de notation (il y a assez de littérature sur le sujet depuis un an pour que vous connaissiez ces métiers...). Les premiers ont fait faillite, ce qui d'ailleurs est mérité (mais soit dit en passant, ça montre aussi qu'ils avaient gardé une partie du risque, contrairement à une croyance répandue). Les seconds sont virés (vous allez me dire, ils gagnaient des bonus mirobolants... En fait, non, ils gagnaient bien leur vie, certes, comme des cadres supérieurs, mais on est très loin des bonus des traders...). Les troisièmes se portent bien alors qu'ils portent la plus grosse responsabilité, ça c'est scandaleux en revanche! Maintenant il faut bien comprendre deux choses: (i) la titrisation en soi n'est pas absurde (à partir du moment où on vend les actifs au juste prix), c'est même un astucieux moyen de rencontre entre ceux qui ont besoin d'argent (ou ceux qui veulent libérer des fonds propres pour continuer à exercer leur activité, quitte à abandonner une partie de leurs profits -c'est le cas des banques et des compagnies d'assurances) et ceux qui en ont et veulent diversifier leurs classes d'actifs (d'ailleurs, beaucoup de banques, d'assureurs et de fonds, sont beaucoup plus victimes que coupables dans cette histoire: elles avaient besoin d'avoir des actifs peu risqués, on leur vend des actifs AAA, elles croient en toute bonne foi que ce sont des actifs de qualité, assez sûrs, qui équilibrera bien leur portefeuille en complément d'actifs plus risqués comme des actions ou des options, et hop, parce que des incompétentes -ou malhonnêtes- agences de notation se sont complètement plantées pour faire plaisir à leurs clients -les équipes de titrisation, ou plutôt je le répète CERTAINES équipes-, elles se retrouvent avec des bousins radioactifs qui font des gros trous dans leur belle comptabilité IFRS / US GAAP gorgée de valeur de marché virtuelle).
- Le plan Paulson, 700 milliards aux frais des contribuables? Bien sûr que non, déjà il y a des garanties, et de plus ces actifs n'ont pas non plus une valeur nulle et sont déjà vendus à la casse. D'ailleurs, un de mes collègues pense (et ce n'est pas le seul) qu'en fonction des prix de rachat de ces actifs (suivant la méthode de valorisation), il se pourrait que le contribuable américain s'en mette plein les poches! En effet, il y a une telle psychose sur tout ce qui s'appelle RMBS, CDO, etc... (des produits de titrisation, pas tous nécessairement pourris d'ailleurs), que leurs prix de marché sont parfois bien en-dessous de leur réelle valeur économique, ce qui est d'ailleurs le cas de la quasi-totalité des actifs financiers actuellement (soit dit en passant, c'est l'avis également d'un certain nombre de hedge funds, qui achèteraient massivement ces actifs bradés, s'ils n'avaient pas peur d'être bloqués par un problème d'illiquidité de ces marchés, i.e. personne ne voudrait en racheter au moment où ils voudraient -ou devraient, pour cause de retrait de fonds- vendre! Parce que même pour un actif pourri vendu 100 mais valant réellement 50, si vous l'achetez à 30, vous faites quand même une bonne affaire).

Bon, il y aurait probablement des dizaines d'autres idées reçues à dézinguer, mais bon, mon commentaire deviendrait interminable...

Commentaires

  • Merci pour cet honneur, cher Hérétique! Je lis régulièrement ton blog (certainement un des meilleurs de la blogosphère MoDem), ça fait plaisir d'y être repris! Je vais d'ailleurs aimer encore plus ton blog maintenant que j'ai les honneurs de ce blog pour la deuxième fois (cherche bien la première ;-) ).

    Et à bientôt peut-être dans les commissions ou ailleurs au MoDem (tu peux utiliser mon mail).

    Cdt,
    Olivier

  • @ Olivier
    Les coupables dans cette affaire ?

    Quelques petits rappels supplémentaires :

    Le libéralisme a une fois de plus bon dos, car il n'existe pas de marché plus perverti par les interventions de l'État fédéral que celui du crédit hypothécaire aux États-Unis.

    Les deux institutions joliment surnommées Fannie Mae (FNMA) et Freddie Mac (FHLMC) portent une lourde responsabilité dans les dérives financières du système bancaire américain. La première d'entre elles fut tout d'abord une agence gouvernementale, créée en 1938 par l'Administration Roosevelt, pour émettre des obligations à bas taux du fait de leur garantie fédérale, lesquelles alimentaient de liquidités un marché de prêts immobiliers à taux réduits accessibles aux familles les moins aisées.

    En 1968, l'Administration Johnson, s'avisant que les engagements de Fannie Mae garantis par l'État prenaient de l'ampleur et obéraient la capacité d'emprunt d'un Trésor empêtré dans le financement de la guerre du Vietnam, organisa sa privatisation, puis le gouvernement Nixon créa en 1970 Freddie Mac, afin d'organiser un semblant de concurrence sur ce marché du refinancement du crédit hypothécaire.

    Cette histoire a donné à Fannie Mae et Freddie Mac un statut hybride de Governement Sponsored Enterprise (GSE), privées, mais légalement tenues de s'occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l'État fédéral, en contrepartie d'avantages fiscaux. Pis même, bien qu'étant officiellement privés, les deux établissements ont toujours été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social, comme bénéficiant d'une garantie implicite du Trésor américain !

    Bénéfices privatisés, pertes collectivisées : Un tel cocktail risquait de pousser les dirigeants des GSE à prendre des risques excessifs, si la tutelle de l'État se montrait défaillante. C'est exactement ce qui allait se passer dans les années 1990. Voilà qui rappelle un célèbre scandale bancaire hexagonal…

    La tutelle de ces deux entreprises fut transférée au Département américain du logement (HUD) en 1992, car celui-ci voulait agir sur les prêts financés par les GSE pour satisfaire un objectif majeur de tout politicien qui se respecte outre-Atlantique : l'augmentation du taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités.

    Aussi le HUD a-t-il obligé Fannie Mae et Freddie Mac à augmenter tant le volume que la proportion de crédits subprime (jusqu'à 56 %, en 2004) refinancés. Pire, un des patrons du HUD, craignant que l'affichage des risques pris par les deux GSE pour se conformer à ces règles conduise les marchés à leur retirer leur confiance, résolut le problème en les exemptant en toute légalité de dévoiler trop en détail leurs expositions.

    Aussi Fannie Mae et Freddie Mac ont refinancé, à l'aide de produits obligataires de plus en plus complexes, plus de 5 000 milliards de dollars de crédits, soit 40 % des prêts immobiliers américains, dont plus de la moitié de crédits subprime, alors qu'elles ne disposaient pas de fonds propres permettant de s'engager sur de tels montants. Résultat, les banques émettrices de ces crédits ont pu ne pas se montrer trop regardantes sur les prêts qu'elles consentaient, puisqu'il y avait deux refinanceurs à la bourse grande ouverte derrière. La banque Countrywide, dont la politique de prêts aux familles modestes est aujourd'hui vilipendée, était encore il y a trois ans encensée par les dirigeants de Fannie Mae, pour son audace en matière d'octroi de crédits subprime.

    Mais le retournement de conjoncture économique a multiplié les défaillances d'emprunteurs, les deux GSE sont donc menacées de ne plus pouvoir servir les intérêts de leurs obligations, ce qui, par contagion, pourrait affecter tous les investisseurs institutionnels. Du coup, l'État organise dans l'urgence leur sauvetage, lequel devrait coûter plusieurs centaines de milliards de dollars aux contribuables.

    Une seconde intervention publique a amplifié les excès bancaires dans l'octroi de crédits à des familles insolvables. Dans les années 1990, des études révélèrent que les refus de prêts aux membres des communautés noires et hispaniques étaient un peu plus nombreux que vis-à-vis des Blancs ou des Asiatiques, quand bien même ces refus ne concernaient qu'une demande de prêt sur quatre. Certains lobbies y virent non le reflet logique de la moindre richesse de ces communautés, mais la preuve d'un prétendu racisme du monde financier.

    Une loi antidiscriminatoire de 1977, le Community Reinvestment Act (CRA), fut donc renforcée en 1995 pour rendre plus ardu le refus de crédit aux minorités par les banques, sous peine de sanctions renforcées. Celles-ci durent donc abandonner partiellement le rôle prudentiel qu'elles jouent habituellement lorsqu'elles refusent un prêt à une personne objectivement peu solvable. Pas si grave : Fannie Mae et Freddie Mac étaient là pour refinancer ces prêts délicats !

    Aujourd'hui, nombre d'experts estiment que sans le CRA, sans les GSE, l'accès à la propriété des minorités se serait tout de même développé, moins rapidement mais plus sainement. En voulant accélérer artificiellement ce que l'économie libre accomplissait à son rythme, c'est l'État, tantôt régulateur, tantôt législateur, qui a poussé à l'irresponsabilité les acteurs de la chaîne du crédit, provoqué une crise financière grave, et acculé à la faillite nombre de familles qu'il prétendait aider.

  • Par pure fainéantise, nous faisons un simple copier-coller, nous aussi de notre commentaire sur le blog de hervé!


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    @ L'hérétique d'abord, quant à son premier commentaire :

    Que sont donc les banques sinon des services? Et ce depuis l'antiquité (qui nous est chère)? Elles ne produisent rien et ne le revendiquent d'ailleurs pas!

    @ Cdt Olivier ensuite :

    Cela serait mieux de ne pas "survoler" Rubini... Son texte que nous prenions en référence, ne se borne pas à dire que "la finance est méchante", il tape en effet sur le plan Paulson parce qu'il manque selon lui plusieurs autres leviers au plan en question pour être efficace. Leviers qui ont tous été utilisés dans les anales des solutions de crises financières. Il, voit dans cette tentative, une escroquerie parce qu'à ses yeux se contenter de racheter les actifs pourris c'est donner seulement aux actionnaires privilégiés et aux chirographaires (souvent ceux que fustige l'hérétique et vous : agences de notation et créateurs de titres suffisamment sophistiqués pour que personne ne puisse savoir qu'ils renferment une part d'obligations irrécupérables).

    Au delà, il nous a paru utile d'éclairer les augustes lecteurs des blogs de L'hérétique, de Hervé et de Christophe de son analyse et de ses solutions alternatives car il en propose!

    Enfin, sur le fond de votre texte, Cdt, il nous apparait délicat d'affirmer certains points sans modérations :

    - Vous écrivez "Non, la finance n'est pas déconnectée de l'économie réelle, en fait mis-à-part la fantastique connerie du mark-to-market (l'enregistrement comptable à la "valeur de marché"), la finance ne créé par de richesse à partir de rien (à une exception près, qui est la création par les banques centrales, qui prêtent aux banques de l'argent -qui n'existe pas, donc qu'elle créé- qu'elles réinjectent dans l'économie, mais rappelons que ces prêts ne se font pas n'importe comment, sinon, on aurait une inflation délirante de la masse monétaire mondiale). " ET LES WARRANTS, LES ASSET SWAPS ET LES TRACKERS?? ça part de quelque chose de réel! NON!

    C'est bien sur ce postulat qu'il faut s'arréter pour comprendre qu'en effet la finance actuelle est MAJORITAIREMENT FICTIVE! Nous retrouverons très bientôt les ratios entre le PIB mondial et le total des valeurs crées en une année sur le seul marché américain pour illustrer combien le décalage au fil des décennies en faveur du second est devenu une illusion. Lorsqu'il n'y a plus aucune corrélation entre la Valeur produite par tous les secteurs marchands et étatiques et la somme des titres créés pendant la même période, la bulle est inévitablement appelée à éclater à l'approche de la moindre aiguille.

    Un exemple pour finir sur ce point : Savez-vous qu'une grande banque française a même lancé (commercialisé) auprès de ses clients un tracher "Royal" et un tracker "Sarkozy" début 2007? C'est à dire un titre fondé sur la potentialité de progression ou de chute d'un panier de valeurs qu'ils attribuaient à l'un des deux candidats. C'est de la réalité économique ça? Non, c'est du jeu! du pur jonglage! Et il y a bien pire! Les responsables des organismes de contrôle (modérateurs COB, euronext etc..) avouent facilement en privé qu'ils étaient dépassés par la masse des projets de mise en circulation de produits financiers nouveaux et leur complexité croissante.

    - Si la titrisation se bornait à ce que vous énoncez, la vie financière serait merveilleuse! Mais vous feignez d'ignorer ici ce que regroupe en pratique ce vocable : Il s'agit dans 80% des cas d'amalgamer dans un seul titre négociable une foultitude de valeurs (actions, obligations, options diverses, et sous-titres même). Si bien que même ceux qui créent ces instruments ne savent pas en réalité avec précision ce qu'ils représentent!

    Enfin, nous vous concédons que certains actifs achetés dans le cadre du plan Paulson n'ont pas une valeur nulle! Et que d'aucuns s'en frottent déjà les mains! Explication : Certes l'Etat, donc les contribuables (en théorie) seront alors en possession d'actifs actuellement sous-évalués par la panurgie boursière et la panique des épargnants. Mais qui profitera le plus de la remontée des cours, sinon certains Hedge Funds déjà positionnés sur ces valeurs et quelques fonds souverains?

    Il y aurait en effet beaucoup à rajouter sur le sujet!

    Non la finance n'est pas LA MECHANTE FINANCE mais l'inflation de nouvaux instruments financiers intangibles l'a transformée depuis dix ans en une machine infernale, un Mr Hyde qu'aucun Dr Jekill ne pouvait arréter.

    Il faudrait un blog entier, nuit et jour pour comparer nos analyses. Merci donc à ceux qui ont lancé ce débat: Hervé, Christophe et l'Hérétique. Pour notre part, vous aurez peut-être pu voir que nous préférons sur le notre traiter de sujets plus... légers en ce moments!

    Amitiés démocrates

  • En parcourant le blog de C. Ginisty, nous découvrons que vous abondez ensuite, Cdt Olivier, dans notre sens :

    "il existe une multitude de produits (rien que pour la titrisation, on titrise des prêts hypothécaires de bonne ou moins bonne qualité, des prêts auto, des prêts à la consommation, des créances clients -cédées par des entreprises, un genre d'affacturage-, des primes d'assurance -y compris l'assurance sur la santé de joueurs de foot ou de risques de catastrophes naturelles, les fameux "cat bonds"-, de la dette sur des projets d'infrastructure, d'énergie ou même cinématographiques, ...). Du coup, une immense variété de produits, une complexité parfois énorme (par exemple les "CDO squares", où on prend divers titres issus de titrisations -des CDO-) on les met dans un véhicule, et on re-titrise la dette du véhicule. "

    Formidable!

    Et nous apprécions particulièrement votre conclusion :

    " Et juste en précision: je ne défend pas la finance, mais j'espère avoir contribué à faire comprendre que la finance, comme l'économie en général, a des bons et des mauvais côtés, des mécanismes vertueux et d'autres pervers, et que rien en finance n'est apparu sans raison, sans un besoin économique (la bourse pour faciliter les levées de fonds des entreprises, les dérivés pour des besoins trop nombreux pour être énumérés, comme par exemple se protéger contre une hausse ou une baisse des taux de change ou d'intérêts, etc...). "

    Convenez, Cher Cdt Olivier, que votre qualité d'acteur de la place aurait pu être précisée a priori... Quant à se protéger pour les dérivés, vous savez que cela va bien au delà depuis des années!

    Nous espérons, pour notre part avoir avoir contribué à faire comprendre que la finance, comme l'économie en général, a des bons et des mauvais côtés, des mécanismes vertueux et d'autres pervers, et que tout en technique boursière et financière n'est pas apparu sans calculs. Tout dépend de la définition qu'on donne à "se protéger"...

    Cordialement.

  • N.B. : pour les trakers droite et gauche ref : http://www.daily-bourse.fr/forum-Trackers-Elections-2007-L-arnaque-Societe-Generale-vtptc-3950.php

  • @ tous

    chouette, chouette, plein de billets pour moi.

  • @buildfreedom

    Analyse très intéressante, qui souligne notamment un point à mon sens pas assez commenté: la crise des subprime est aussi liée à une "perversion" du rêve américain, les politiques ayant encouragé l'accession à la propriété pour tous, à tout prix...

    @Alcibiade

    Déjà, une petite précision: "Cdt" est l'abréviation de "cordialement" ;-)

    Pour ma "qualité d'acteur de la place", je ne vois pas où est le problème. Est-ce que ça entache automatiquement mon propos d'une partialité scandaleuse? Je m'exprime d'abord comme militant politique (les trois blogs sur lesquels je suis intervenu sont des blogs MoDem) sur un sujet que je connais pour être un praticien. J'ajoute au passage que mon métier consiste à structurer des financements pour les entreprises et le secteur public, je ne suis ni trader ni titriseur...

    Pour revenir rapidement sur la réalité du sous-jacent des produits dérivés, je rappelerai entre autres que les warrants sont des dérivés sur un sous-jacent comme des actions (donc liés à la valeur de l'action, il y a donc d'un côté une action réelle, de l'autre un acteur avec de la liquidité -réelle- qui veut avoir l'option d'acheter ou de vendre à terme à un prix donné et entre les deux une banque qui parie sur la différence et supporte le gain ou la perte -réelle-, là encore ni création ni destruction de valeur réelle. Quant aux trakers, il s'agit ni plus ni moins que de réplication d'indices; en pratique, c'est très simple, avec l'argent des investisseurs, la banque achète un panier d'actions au prorata de leur poids dans l'indice. Encore une fois on est fortement lié au réel... Enfin, comparer un volume d'instruments financiers à un PIB (qui est une création de richesses, mesurant la valeur ajoutée créée par une économie) est une absurdité sans nom que je vois pourtant très souvent. Ca revient à peu près à comparer la taille de bilan d'une société à son résultat net. Enfin, pour les trakers droite et gauche (qui sont plus une curiosité qu'autre chose), c'est effectivement un peu risible, c'est l'équivalent d'un betfair (site de paris en ligne), et même si ça n'a aucun sens économique, ça ne créé pas et ne détruit pas de valeur virtuelle; c'est juste un gadget un peu magouilleux pour particuliers, le vrai monde de la finance (et notamment les fonds qui gèrent vos économies) ne s'y intéresse pas.

    Je n'ai pas le temps de faire une réponse plus étoffée maintenant (il faut que j'aille travailler), mais je rappelle effectivement que ma conclusion vise à souligner avant tout qu'il faut éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain et de critiquer à tout va, et d'un bloc, le monde de la finance (pour autant, je ne nie pas un certain nombre de dérives réelles). Ca revient à peu près au même que de vilipender les entreprises sur la base de l'exploitation de gamins asiatiques par Nike ou la gauche pour les dérives du communisme... La politique ne sortira pas grandie de déclarations à l'emporte-pièces...

    Cdt,
    Olivier

  • @ Olivier et Alcibiade

    Merci pour votre passionnant débat. Je lereproduis au fur et à mesure sous forme de notes.

  • Merci infiniment, Olivier, buildfreedom et Alcibiade pour vos éclaircissements. Il est bon d'avoir l'avis de spécialistes sur la question. Ca fait des années que je suis à la recherche d'une livre genre "l'économie pour les nuls", réédition d'une fameux livre de J.K. Gailbraith que j'avais lu il y a bien longtemps et qui était parmi les rares économistes qui étaient en mesure d'expliquer des réalités complexes de façon très simple et compréhensible.

    Sans comprendre véritablement ce qu'implique l'infaltion de produits dérivés tels que Warrants, trackers, etc. (raison pour laquelle je n'ai jamais cédé aux offres insistantes de ma banque de faire des placements à long-terme préférant volontairement garder un profil de vieux con optant pour un compte d'épargne à taux relativement risible - pour info ma banque et la 1ère banque européenne à avoir été nationalisée suite à cette crise financière: la Fortis :-)))) ), je retiens dans mon humble esprit deux choses de vos échanges:

    1.) L'Etat a contribué massivement à pervertir le système financier en intervenant massivement dans le marché des crédits hypothécaires, comme l'explique buildfreedom (c'était aussi la teneur de l'article du prof de Harvard que j'avais cité sur le premier fil).

    2.) On peut, dans ces conditions, avoir des doutes sur la logique sous-jacente du Plan Paulson dans la mesure où il consiste à racheter les actifs pourris, comme l'explique Alcibiade.

    Gare donc au populisme antilibéral que cette crise risque de décupler, bien à tort, puisque c'est l'administration américaine, et non pas les acteurs économiques en premier lieu, qui a, en intervenant massivement, engendré cette crise.

  • @ Buildfreedom

    Je vais suivre cela de près, mais j'imagine que les banques en état de le faire achèteront bien avant les particuliers les titres valables ?

  • @ olivier : je ne suis pas capable de revendiquer une connaissance identique à la tienne du monde de la finance. Mes reflexions seront donc basiques, parce que 99% de nos concitoyens fonctionnent de façon basique.

    Alors que la vie devient plus difficile (nourriture, énergie, logement, éducation des enfants, soins de moins en moins remboursés...) comment se fait-il que l'on trouve des milliards d'euro pour sauver des banques?
    Même si le système financier s'écroule, j'aurais du mal à être plus pauvre!
    J'ai l'impression que tout cet argent injecté (qui va m'endetter ainsi que mes enfants) n'a pour but que de sauver un système et les personnes qui vivent de ce système.
    Encore une fois, caricaturalement, pourquoi trouvent-on des milliards d'euro pour sauver des banques alors que l'on est incapables d'en trouver la moitié pour sauver l'Afrique de la famine et de la maladie?
    Quand tu commentes, je te vois défendre un système. Pourquoi ne mets-tu pas la même energie à défendre les individus qui vivent dans ce système?!
    Reconnais-le, tout ceci est allé trop loin!
    Même les créateurs de l'économie de marché ne pourraient pas croire dans la finance telle qu'elle existe aujourd'hui!

    Ce système qui me malmène, je n'en veux plus! Je préfère qu'il s'écroule pour reconstruire ensuite, pourquoi pas avec le MoDem, quelque chose qui me ressemble!!

  • @ Guicrou

    On trouve ces milliards, parce que, si le système bancaire s'effondre, ce n'est pas seulement l'Afrique qui va avoir faim, mais le monde entier. Beaucoup ne se représentent pas ce que c'est qu'une crise mondiale. 1929 aurait pourtant du servir de leçon pour l'humanité toute entière.

  • @Hérétique

    Mais non, nous n'aurons pas faim !!

    Nous aurons les camions de l'Unicef,
    La Croix Rouge, Les pièces jaunes de Bernadette, les friandises de Carla,
    le riz de Koutchner, et Martin Hirsh
    hein .. il est quand même moins borné
    que l'abbé Pierre ... et

    on voudrait que ça recommence
    you kai di aï di aï da !!

  • @ L'hérétique : je suis d'accord avec toi : "1929 aurait pourtant du servir de leçon à l'humanité toute entière".
    Et l'humanité toute entière se retrouve à subir les errances d'un marché qui ne sait pas se réguler tout seul! Encore une fois!!

    Je suis favorable au profit que font les entreprises avec notre travail à condition que ce profit soit bien utilisé.
    Il est clair avec cette énième crise que le profit est mal utilisé!

    D'autre part, l'existence est déjà très difficile pour moi (je n'ai jamais réussi à faire la moindre économie!) et peu m'importe de sauver à coup de milliard d'euro un système qui se mord la queue!
    Mes amis sont maçons, artisans, employés, paysans, secrétaires, artiste, enseignants etc... et en cas de coup dur, c'est sur eux que je compte, pas sur ma banque!
    Encore une fois, peu m'importe de sauver un système qui me malmène!

    Je sais que je parle au nom de beaucoup de mes concitoyens, souvent faiblement instruits mais remplis de bon sens, qui ne comprennent plus où experts et responsables politiques veulent nous mener.

  • @GuiGrou,
    Nous n'avons aucun moyen d'influer sur les décisions qui seront prises, ou l'ont été déjà...Donc pour moi, tout ce blabla est stérile, vous vous laissez tous etre aveuglés, quand il conviendrait d'observer mieux.
    Cessez donc tous de jouer avec le feu! Mon cri de mère de famille...

  • @ champomy : Il y a deux façons de se comporter devant cette crise :

    la première : C'est terrible, le système banquaire s'écroule, nous allons tous mourir de faim, il faut sauver le système banquaire!

    la deuxième : Le monde change, et il faut accepter certains ré-équilibrages (d'ailleurs prévus par le système capitaliste) pour que de nouvelles règles voient le jour!

    Pour répondre favorablement à la première façon de voir la crise, il faut accepter d'avoir peur.
    Pour répondre favorablement à la deuxième façon de voir la crise, il faut avoir confiance dans les ressources de nos concitoyens à s'adapter à de nouvelles règles.

    Moi, j'ai confiance en mes concitoyens.
    Je n'ai plus confiance dans le système banquaire (toute les banques sont comme moi puisqu'elles refusent de se prêter entre elles!)

  • @Guigrou,
    Je souhaiterai vous rappeler que les Francais ont peur fut le thème d'un livre d'un proche du pouvoir actuel qui fut très médiatisé avant les troubles qui ont introduit le célèbre Karsher!
    Voir ce thème revenir (Toulon) sur fond de crise économique,à un an des élections Européennes sonne étrangement à mes oreilles...
    Ensuite, ainsi que vous l'exprimez si bien il y a un problème de confiance, jouons donc plutot sur ce thème.

  • 100% d'accord avec toi!

  • Pour ceux qui s'interrogent sur ma position, les dés me semblaient déjà jetés (j'ai mes infos) et j'ai grand souci de ne semer aucune révolution dans le sens propre du terme.

  • Je suis d'accord. Pour la crise c'est de la
    mécanique. N'empêche parallèlement la France est mal gérée (par 5 ou 6 personnes pas très scrupuleuses) et crise ou pas on perd du terrain economiquement et "démocratiquement".
    Médiatiquement et politiquement en sous main le pouvoir continue d'avancer ses pions efficacement et je vois vraiment pas des raisons d'être optimiste pour un mec dans mon genre(qui pense qu'il n' y a pas au pouvoir le minimum d'honnêteté et
    d'organisation requise pour un avenir intéressant et encourageant).
    Est-ce que vous en pensez quelque chose ?

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