Une prouesse française dans le domaine de l'économie verte, ça se faisait rare, eh bien voilà une, et de taille ! Ça se passe à Dijon. Le cabinet d'Architectes Arte charpentier a réalisé pour la société d'ingénierie Elithis, une tour unique en son genre : elle produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme. Un exemple à méditer pour Bertrand Delanoë et ses ruineuses tours de grande hauteur. La Tour Elithis rejettera six fois moins de gaz carbonique qu’un immeuble classique. Bâtiment à énergie positive, il produira plus d’énergie qu’il en consommera. Pour une économie annuelle d’un montant non négligeable de 115 000 à 150 000€ par an.
Si le chauffage, émis par une chaudière fonctionnant aux granulés de bois, ne sera activé que pendant la nuit, la chaleur émise par les occupants et les machines servira à réchauffer l’atmosphère en journée. L’atout majeur de ce type de construction réside aussi dans l’absence de climatisation. A priori, fabriquer du froid nécessite trois fois plus d’énergie que pour du chauffage. Pour atténuer l’effet des rayons du soleil, de 80 % lorsqu’il sera au zénith, la partie la plus exposée du bâtiment a été recouverte d’un bouclier thermique transparent en résille. Et l’effort a été mis sur les panneaux isolants de 12 cm d’épaisseur à base de ouate de cellulose. L’énergie sera produite par les panneaux photovoltaïques placés sur le toit qui permettront de générer 75 000 kWh/an. L’eau de pluie sera récoltée pour ensuite servir dans les sanitaires.
Un petit bijou qui consommera moins de 20 kwh/m2. Pas mal. Maintenant, l'inconvénient, c'est que je trouve la tour d'une laideur remarquable. C'est un peu le problème des constructions écolo en général. L'esthétique est le dernier de leur souci, et le résultat final donne à tous les coups un aspect de bâtisse de bidonville au produit fini. Le concept technologique me plaît bien, en revanche, et cocorico, la France est la première à produire une construction de ce genre.
Apparemment, Elithis a organisé un concours d'art mural pour décorer les parties communes intérieures de sa tour (en fait essentiellement les cages d'escalier). Alors déjà, c'est moche à l'extérieur, mais à l'intérieur, quand je vois les réalisations post-modernes, no future ou abstracto-déprimantes des lauréats, c'est du pousse au suicide du haut de la cage d'escalier (ricanements gras de blogueur bien droitier qui n'a rien compris à l'art conceptuel, je sais...) .
En somme, cette histoire-là, c'est technologiquement génial, esthétiquement cauchemardeux. J'observe, de toutes façons, que les écolos ont souvent des goûts de chiotte, dans le domaine architectural.
Je ne sais pas moi, la peinture classique regorge d'oeuvres exceptionnelles : pourquoi ne pas payer un bon copiste, plutôt pour égayer ces fameuses cages avec un sympathique patchwork de ce que l'art a pu générer de plus remarquable, au lieu de gaspiller de la peinture Zolpan à déprimer les futurs habitants (ils sont partenaires du concours).
Enfin, Rebmasen peut être content : avec une réalisation pareille, Dijon va rentrer dans le panthéon de l'écologie. Tiens, faudrait demander au MoDem qui fait partie de la majorité municipale là-bas ce qu'ils en pensent...
Mais en image, ça l'est beaucoup moins. J'ai compris que le projet avait une vocation économique, mais, comme on n'en sait pas plus pour l'instant, difficile de donner son aval à un tel projet sans en connaître les tenants et aboutissants. C'est d'ailleurs ce qui m'agace le plus : on trouve partout sur la Toile une présentation du projet architectural, mais nulle part une présentation sérieuse et complète du projet économique. Et encore, je suis bien bon de donner mon imprimatur au projet architectural : il y a 200 mètres de base au sol, et je suis convaincu que le rendu des films avec cette sorte de luminosité surréelle n'a rien à voir avec ce que cela donnera en réalité. En fait, le plus prudent, ce serait de comparer avec des réalisations comparables dans d'autres coins du monde, et notamment d'étudier de près les "avant" et les "après"...