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  • La Shoah de Sarkozy entre mythe et histoire

    Je viens de lire le billet de Versac du 15 février dernier dans lequel il dénonce l'atterrant rapport de Nicolas Sarkozy à l'histoire.

    J'ai apprécié particulièrement sa conclusion, que je livre à mes lecteurs ici :

    Non, ce n'est pas à un homme, fût-il président de la République, que d'imposer à ma fille cette culpabilité et cette émotion. Tout en voulant, dans le même mouvement, virer des enfants sans papiers de nos écoles, d'ailleurs.

    Fine observation à laquelle je souscris tout à fait.  J'irais un peu plus loin : Nicolas Sarkozy n'est pas dans l'histoire, il est dans la mythologie, et une mythologie qui frise la mythomanie, c'est à dire, au sens étymologique du mot, la manie de fabriquer des mythes. μανία en grec, signifie la folie. Donc, en son sens premier, c'est une folie.

    Mais c'est surtout une régression : historiquement, ἱστορία l'histoire, apparaît après le mythe.  Thucydide, le père de l'histoire moderne, plus encore qu'Hérodote, annonce en introduction de sa Guerre du Péloponèse, qu'il n'imitera pas ces logographes (sortes d'écrivains de discours tout faits pour flatter des êtres et des faits) ; c'est qu'il recherche, lui des faits avérés pour écrire l'histoire.

    Le souci de Nicolas Sarkozy, c'est de transformer l'histoire en une espèce de mythologie officielle à son service.Le mythe a une fonction, mais une fonction qui n'est pas celle de stimuler l'émotion, mais au contraire la réflexion.

    C'est, je pense, sur le fond, l'abîme sémantique qui sépare la mythologie des histoires racontées par le mythomane. 

    Les enfants de CM2 et la Shoah méritent à mon sens, un peu mieux que cela. 

  • Shoah, 11 ans c'est trop jeune !

    Je ne sais pas quelle était l'intention exacte de Nicolas Sarkozy avec son annonce, mais pour ma part, cela me met mal à l'aise. Ce sont les adultes qui doivent assumer la mémoire de nos crimes, pas des petits. A partir de l'adolescence, on peut commencer à évoquer ces sujets graves et douleureux avec des élèves, mais encore si petits, cela me paraît malsain.

    On risque de faire peser une culpabilité qui est mal venue sur ces enfants et d'obtenir, au final, peut-être l'inverse de ce que l'on souhaitait.

    Par ailleurs, il s'agit d'une mesure prise, comme d'habitude, sans aucune concertation  avec les enseignants. On a bien compris qu'il conviendrait de présenter un meilleur visage que celui du people qui gouverne notre pays depuis 8 mois, mais cela ne justifie pas de se servir des enfants pour régler son problème d'image aux yeux des Français.

    On va me dire que je suis tordu, mais j'avoue que j'ai beaucoup de mal à croire Nicolas Sarkozy sincère dans cette démarche. Si c'est le cas, elle est en tout cas, extrêmement maladroite et mal pensée. 

    Que l'on honore, à la limite, un enfant dans chaque école, par un photo dans la classe, admettons, mais pas quelque chose d'invidualisé.

    Je trouve par ailleurs, que Dominique Villepin a tapé juste à deux reprises, en s'inquiétant d'une part de la manie de légiférer sur le devoir de mémoire, et d'autre part de la charge que peut représenter sur un enfant celle d'un autre enfant mort. Le SNUIP-FSU, un syndicat d'instituteurs, ne s'y est pas davantage trompé, en dénonçant les mêmes risques.