C'est incroyable comment le landernau politico-médiatique tend à fonctionner mondialement comme il fonctionne dans un seul pays. Et à chaque fois, les mêmes causes produisent les mêmes effets. J'ai la forte présomption de penser que McCain est bien parti pour remporter l'élection présidentielle. Non en raison des derniers sondages, mais simplement, parce que les Américains, comme tous les peuples, au demeurant, détestent qu'on leur explique ce qu'ils doivent voter, surtout quand les conseillers représentent le landernau politico-médiatique mondial dégoûlinant de bonne conscience.
Personnellement, il est vrai que je préfère Obama à MacCain pour des raisons d'ordre programmatique. Mais je finis par trouver ridicules tous ces petits drapeaux "i support Obama", "join Obama causes" que l'on trouve çà et là sur divers support de la toile internationale. Si j'étais Américain, un Américain moyen, du moins, ça finirait par m'énerver.
Cela m'énerverait aussi de voir le star-system qui ignore tout de mes difficultés quotidiennes venir me faire des leçons de morale et se presser derrière Obama. Cela m'agacerait de voir les classes politiques étrangères venir me donner des leçons de démocratie. Comme cela avait énervé les Français, en 2005, qu'on leur exliquât ce qu'il fallait voter pour l'Europe (à titre perso, j'ai voté OUI, mais en dehors de Bayrou, la plupart des partisans du OUI m'exaspéraient avec leur bien-pensance).
La campagne d'Obama s'est emballée bien trop tôt, tout comme celle de Ségolène Royal en son temps, d'ailleurs. Et McCain a réalisé un coup de maître avec Sarah Palin. Non que cette femme me soit sympathique, bien au contraire, mais elle a un parler simple et cru, s'avère une excellente oratrice, experte pour appuyer là où cela fait mal.
J'ai eu l'occasion, au mois d'août d'évoquer la fonction tribunicienne, en la circonstance, pour définir un type de centrisme assez particulier, celui de François Bayrou. J'avais alors montré que la fonction tribunicienne pouvait s'exercer en dehors ou dans le champ citoyen. Bayrou a choisi de l'exprimer dans le champ citoyen, alors que je l'avais montré, un homme comme Le pen l'exerçait en dehors de ce champ. En dehors ou en dedans, il n'en reste pas moins que parvenir à remplir cette fonction élargit considérablement le spectre politique. Or, c'est, jusqu'ici, précisément ce qui manquait à Obama et McCain. Avec Sarah Pallin, McCain a trouvé la personnalité qui pouvait incarner cette fonction. Et tant pis si c'est une démagogue de la pire espèce...
Un signe qui ne trompe pas : le nombre de poupées à l'effigie de Sarah Palin a littéralement explosé les ventes comparables à la ressemblance de McCain et Obama. 7 millions en quelques jours...
L'impact de la bien-pensance dégoûlinante est désastreuse dans une élection. Il ne faut pas chercher à faire campagne avec les stars, les medias, les journalistes bien-pensant et montrer que l'opinion mondiale vous aime. Autre cas fameux : Immense était la popularité de Gorbatchev en dehors de Russie. Mais là-bas...
Bref, il ne reste plus qu'à prier pour que McCain n'applique pas son programme. On le disait centriste, lorsqu'il s'est lancé dans la campagne. Cela m'a l'air d'un centrisme à la sauce milloniste, ce centrisme-là...(NDLR : Charles Millon s'était fait élire aux élections régionales de 1998, en Rhône-Alpes, avec les voix du FN. Il fut alors exclu de l'UDF, parti de centre-droit français de l'époque).