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L'alliance MoDem-UDI est logique

Je suis un peu agacé par les réactions de certains militants ou anciens militants du MoDem qui jurent que la troisième voie, c'est fini. 

Primo, on ne gouverne pas seul dans sa tour d'ivoire et encore heureux, d'ailleurs. Ce n'est que parce que l'on doit faire des concessions que l'on peut parvenir à un projet acceptable pour une majorité. C'est l'esprit du centrisme que d'avoir en ligne de mire cette perspective.

Secundo, pour ceux qui louchent sur leur gauche, le PS a-t-il jamais proposé quoi que ce soit au MoDem en dehors de quelques alliances locales ? Jamais. En fait, la seule proposition qui a existé s'adressait à l'UDF, c'était celle de Ségolène Royal en 2007 et s'est faite sous l'effet de l'urgence.

La série de rebuffades suivies aurait du faire comprendre à l'aile gauche du MoDem que ce n'est pas le PS mais le centre-droit qui nous est évidemment le plus proche. Faut-il rappeler le piège de Delanoë en 2008 ? Ou encore la manière dont le MoDem a été traité par la mépris à Marseille quand il a voulu participer à des primaires ? Ou, dans la même veine, ce qu'il advient des amendements de Thierry Robert, député MoDem qui a voulu s'associer aux radicaux de gauche ? Il le dit lui-même : leur destination finale est la poubelle.

Ni Rocard ni Delors n'ont jamais adressé le moindre signe de soutien à Bayrou alors que le PS dont ils rêvaient avait l'opportunité de l'alliance et de la majorité qui auraient été nécessaires à Delors en 1995.

Il y a bien sûr quelques individus au PS avec lesquels on peut discuter, mais, tant que le PS ne sera pas électoralement à terre, comme je le disais hier, le pouvoir et les fonctions demeureront le ciment le plus puissant et personne ne partira.

Il faut que ces militants (enfin, ceux qui restent avec nous) se rendent à la raison. Nombre de militants, de cadres, de députés de l'UDI ont été proches de Bayrou pendant très longtemps, y compris quand l'UMP était une machine à broyer l'UDF. Certains d'entre eux ont encore soutenu Bayrou en 2012.

En réalité, la frange gauche du MoDem est à équidistance de l'aile droite du PS et du centre. Avec un petit effort, elle peut se déporter un peu sur sa droite et elle trouve alors sur son chemin le centre-droit, sans doute plus libéral qu'elle.

Il y a évidemment la question de l'UMP. Je reconnais que c'est un problème. Si Juppé fait l'unanimité au MoDem, que Fillon a longtemps été bien vu, d'autres leaders, parfois locaux, ne sont pas la tasse de thé des centristes.

Nous n'avons pas d'obligation de nous associer à l'UMP quand des représentants de ce parti ne nous plaisent pas. Rien ne nous empêche de tenter notre chance au premier tour avec l'UDI quitte à se retirer à l'issue de ce dernier si l'alliance de second tour ne nous convient pas, l'UDI faisant de son côté ce qu'elle juge bon.

De toutes façons, l'UMP doit être jugée au cas par cas. Le rejet en bloc de ce parti est au moins aussi sectaire que l'adhésion en bloc à l'alliance aux seules forces de gauche ou écologistes.

Autre point : le PS n'hésite pas à proposer des alliances au Front de gauche et regarde avec attendrissement le NPA, alors que l'UDI récuse tout rapprochement avec les souverainistes ou avec l'extrême-droite.

Enfin, si l'on considère les idées et les solutions apportées par nos deux partis, une synthèse harmonieuse paraît possible.

Commentaires

  • Cet article du Sud Ouest me semble intéressant. Le journaliste fait une bonne analyse de la situation réelle.
    « D’ailleurs, ils ne se sont jamais détestés, même si Bernard Tapie, dont Borloo fut l’avocat et Bayrou l’infatigable procureur, a enfoncé un coin entre eux. Jean-Louis Borloo a même dirigé la première campagne présidentielle de Bayrou en 2002, avant de rejoindre Chirac et l’UMP. »
    http://www.sudouest.fr/2013/09/29/alliance-au-centre-pour-2014-1183589-880.php

    A mes yeux, plus que jamais, les élections locales me semblent être une question de personnalités. Celles qui cherchent à rassembler les sincères (de n'importe quel bord) et qui sont capables de dénoncer les abus de pouvoir seront toujours crédibles.

    Par contre au niveau national ou européen, il faut faire des alliances. C'est du bon sens, de la logique. Avec le fonctionnement actuel des élections, le calcul est nécessairement mathématique. De toute façon il est de plus en plus évident que le Parti Socialiste n'existe plus depuis longtemps. Tous ces dirigeants qui se targuent de faire du social alors qu'ils ont eux-mêmes de confortables revenus apparaissent enfin pour ce qu'ils sont véritablement : de beaux hypocrites ! La plupart des français ne veulent plus de cette classe politique malsaine.

    Comme toi, L'Hérétique, je trouve que les accusations de certains sont un peu exagérées mais ils ont parfois de bonnes raisons avec des exemples précis. Je pense entre autre à Isabelle...
    Cependant, plutôt que de virer le capitaine parce que certains de son entourage lui ont mis des visières supplémentaires, moi je propose de l'aider à mieux choisir ses matelots et ses voiles. De lui donner aussi pourquoi pas de nouvelles cartes de navigation ?!

  • Bonjour Françoise
    Je ne crois pas que quiconque ait aveuglé Bayrou.
    La donne politique a simplement évolué et il n'a pas réussi le travail de Titan qu'il s'était assigné : faire exploser le PS. Je pense qu'il a mal mesuré l'ampleur de la tache.

  • ce qui est sur c'est qu'a gauche aussi ils se posent des questions :
    http://2ccr.unblog.fr/2013/08/31/municipales-de-2014-avec-ou-sans-le-ps/

  • Je souhaite apporter quelques élément à votre article.

    http://philippegibault.wordpress.com/2013/09/29/une-alliance-modem-udi-peut-elle-tenir/

    Cordialement.

  • @ L'Héré

    Globalement, nous sommes d'accord.

    En premier lieu, l'échec du MoDem démontre une réalité dont, pour ma part, j'avais admis l'existence voilà déjà trois ans, au lendemain du naufrage des Régionales : sous la Veme, la bipolarisation est incontournable. Ceux qui croient voir en la victoire de Giscard, en 1974, la preuve du contraire, oublie simplement que A) Giscard était bel et bien un candidat de droite et B) que la campagne de 1974 a été une campagne-surprise non préparée, du fait du décès soudain de Pompidou bien avant l'échéance normale qui devait se jouer deux ans plus tard.

    En second lieu, le PS n'explosera pas, à moins d'un gigantesque cataclysme. On oublie trop volontiers que, sil 'ADN de l'UMP (ex-RPR) est le caporalisme, celle du PS est la gestion de conflit interne. Le PS est né, au congrès d'Epinay, par la fusion d'entités aussi diverses et même contradictoires que le CERES, le PSU et la SFIO. D'emblée, il a appris à gérer ses déchirements internes ; parfois par le consensus, parfois par la fraude, mais toujours en préservant les apparences, un peu comme ces couples qui "restent ensemble pour les enfants". Rappelons-nous qu'au moment du TCE il y a eu, emmenée par Fabius, une véritable amorce de sécession, et que le PS y a survécu. S'il y a un truc que le PS sait faire, à part arroser les fonctionnaires et en créer sans cesse de nouveaux, c'est bien dépasser ses conflits internes.

    En troisième lieu, la culture PS n'est pas centriste. Il ne l'est pas idéologiquement, car les vieux fantasmes de "Grand soir" l'emportent dans sa culture sur le réformisme centriste. Et il ne l'est pas politiquement, car les hiérarques actuels du PS, de Hollande à Désir en passant par Cambadélis ou Royal, sont des "bébés Mitterrand" nourris à la doctrine Mitterrand, dans laquelle figure en bonne place la formule "Le centre n'est ni de gauche, ni de gauche". Donc, pas grand chose à espérer du PS en direction du centre.

    Tout ça mis bout à bout montre bien que la logique des choses était la reconstitution de la vieille UDF, ce à quoi nous sommes précisément en train d'assister - et que je prophétise depuis un petit moment déjà...

    Reste à savoir ce qui va en sortir. Là-dessus, j'ai déjà posté un commentaire sur un autre fil. A mon avis, l'UDI ne pourra exister qu'avec le soutien de l'UMP. Il y aura donc des accords et des coups de pouce aux Municipales (l'UMP peut tout à fait tolérer que quelques MoDem/UDI aillent guignoler dans des municipalités de gauche comme Dijon ou Lille : ça ne le gêne pas et ça achève de déconsidérer le MoDem aux yeux des électeurs, ce qui est son intérêt objectif), et sans doute aux Européennes. Par contre, pour les Présidentielles, le candidat UDI n'aura vocation qu'à jouer les supplétifs, ramassant des voix au premier tour pour les apporter au second au candidat UMP. Le candidat centriste de 2017 sera donc un candidat jugé inoffensif par l'UMP. Ce sera Bayrou si Bayrou est devenu inoffensif dans l'intervalle (ce qui paraît déjà bien engagé), et si Bayrou n'est pas jugé inoffensif, le candidat centriste de 2017 ne sera pas Bayrou.

  • @Ch. Romain,

    Vous avez raison, le projet du Modem ne pouvait pas exister sous la cinquième république, sauf concours de circonstances très favorable, un peu comme en 2007.

    En 2017, le centre droit sera allié à l’UMP (voire au FN).

    Pour ceux qui continuent de croire au centre, la seule issue est de changer la république, via le vote de valeur.
    http://www.votedevaleur.org

  • Merci l'hérétique, je signe.
    ce rapprochement, qui vient malheureusement un peu tard, prouve tout de meme que bayrou n'est pas totalement nul en stratégie politique.
    moi en tout cas ça me rassure et me réconcilie un peu avec bayrou

  • @jm
    Je suis favorable au vote de valeur, mais pour qu'il prenne effet, il y a une telle révolution dans les esprits que cela ne sera pas demain la veille...
    @centriste
    c'est toujours ça de gagné.
    @Christian
    Je vous suis à peu près, mais qu'entendez-vous par vieille UDF ? la Nouvelle UDF ou celle de Giscard ?

  • @ l'hérétique
    oui, en effet.
    Franchement, au regard de cette alliance à venir, le vote hollande de bayrou en 2012 parait totalement absurde, alors qu'un vote blanc aurait relevé d'une vraie logique et n'aurait pas fait perdre 18 mois de plus au centre.

  • @centriste
    ça se discute
    Sarkozy avait passé les bornes à plus d'un égard, et je crains 2017 s'il revient...

  • ok concernant sarko mais le vote hollande conduisait à lui donner un blanc seing que 18 mois de présidence ont rendu nul !

  • @l'hérétique,

    Aujourd'hui, avec Internet et les réseaux sociaux, tout s’accélère.

    Avec le système actuel, ce sont les extrêmes qui font la loi.

    Avec le vote de valeur, tous les candidats seraient encouragés à rechercher l'intérêt général, et à inclure le plus de monde possible dans leur projet (plutôt qu’ à chercher à monter les uns contre les autres).

    Seul le vote de valeur est à mesure de susciter une cohésion, et à éviter à la France l’autodestruction.

    Si les gens comprennent ça, alors la révolution peut aller très vite.

    Le rapprochement entre le Modem et l’UDI, c’est juste un retour en arrière de 7 ans, et la reconnaissance du fait que le projet du Modem de 2007 ne pouvait pas fonctionner dans le système bipolaire de la cinquième république.

    Cela permettra à certains centristes d’être élus, mais en 2017, tout le monde se retrouvera de nouveau sous la coupe de l’extrême droite.

  • @jm
    Bah, ils traiteront cela comme une curiosité.
    Pour l'extrême-droite, cela dépendra de la situation de l'économie et des réformes qui auront été engagées ou non.

  • @ L'Héré

    C'est vrai que l'expression "vieille UDF" était ambiguë. Je parlais de l'UDF d'après 1981, celle qui s'est constituée dans l'opposition et qui est devenue ensuite le rémora du RPR.

  • @Christian
    Ben, c'est la vieille UDF, celle-là.
    La nouvelle UDF c'est celle de 2002

  • merci l'Héré — c'est à cette UDF là que j'avais adhéré (fin 2002).

    Bien sûr que le projet de François Bayrou en 2007 pouvait fonctionner, dans le système de la Vème République et grâce à celui-ci — il "suffisait" d'arriver dans les deux premiers du premier tour de la présidentielle. Cela n'a pas été le cas.

    Lancer du MoDem après ce résultat à la présidentielle était à mon avis un choix contraint : des dizaines de milliers de militants s'étaient engagés et voulaient poursuivre, ne serait-ce qu'au niveau local, dans cette voie, malgré le succès de la droite au niveau national. Les historiens analyseront en quoi ce mouvement militant a été piloté efficacement ou moins efficacement. Les succès ont en tout cas été plus rares que les vestes.

    François Bayrou et son équipe en tirent la conséquence, l'obligation de se rapprocher du parti dont les idées sont les plus proches des nôtres. Un parti qui, ça tombe bien, n'est pas aujourd'hui dans une alliance de gouvernement, ce qui nous laisse toute notre liberté d'appréciation.

    Tout ça n'est pas folichon, au sens où nous aurions préféré la victoire en 2007, ou en 2012. Mais le sens des réalités est une bonne chose en politique.

  • je partage l'analyse de FredericLN. Le but est de créer, sur un dénominateur commun, une famille unie sur quelques valeurs commune et qui pourra etre majoritaire.

    Après, tout n'est pas gagné d'avance, loin de la.

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