J'ai entendu plusieurs fois Marielle de Sarnez prévoir de ramener les institutionnels sur le marché de la propriété à Paris. Pour un non-initié, cette mesure pour le logement peut paraître étrange. Un gaucho de base pourrait même penser qu'il ne s'agit là que de rameuter le ban et l'arrière ban du capitalisme étrangleur du petit peuple.
Il n'en est rien. En fait, il faut avoir cherché à se loger à Paris pour comprendre ce que Marielle de Sarnez a derrière la tête. En fait, on n'imagine pas à quel point un rapace sommeille en chacun de nous. Il n'y a de pire bailleur que le particulier. Le particulier propose des baux prohibitifs, n'entretient pas son bien et rechigne aux travaux qu'il est pourtant légalement dans l'obligation de réaliser. Et que l'on ne s'y trompe pas : les opinions politiques n'ont pas cours dans la pensée du bailleur particulier. Pas de pitié pour les canards boiteux. Tout bailleur est persuadé de proposer un palace à la location. On médit des marchands de sommeil, mais qu'on se dise bien que le Parisien bailleur en est un en puissance. Consolation corollaire, le locataire vaut bien son bailleur : il dégrade, exige, reste sans régler son loyer, pinaille pour tout et n'assure pas plus que le bailleur l'entretien dont il devrait se charger.
Et les institutionnels, là-dedans, alors ? C'est quoi au fait ? Eh bien, les assurances, les banques, les grands groupes, et cetera. Un institutionnel n'a en fait pas du tout les mêmes préoccupations qu'un particulier : il ne cherche pas à pressuriser jusqu'à ce que mort s'ensuive son locataire mais à s'assurer un revenu régulier. La plupart du temps, plutôt que de chercher un profit maximal à court-terme, il préfère louer à des tarifs très raisonnables voir bas ses biens immobiliers avec comme effet de pouvoir compter sur le revenu escompté. En outre, comme l'institutionnel privilégie la durée, le locataire na pas à craindre une reprise du domicile au terme d'un bail.
D'une certaine manière, les institutionnels permettent aux classes moyennes aisées parisiennes de trouver un logement. Il est également plus facile d'acquérir un bien auprès de l'institutionnel et, à un prix inférieur à celui de commercialisation.
Bien sûr, le retour de ces propriétaires-là ne saurait être la panacée ni s'avérer l'unique levier pour relancer le logement à Paris, mais, parmi les petits engrenages vertueux que l'on peut essayer d'enclencher c'est très certainement un rouage majeur.
Cette mesure du programme de Marielle de Sarnez est donc loin d'être anodine et elle entre assez bien dans l'idée d'une municipalité facilitatrice pour les Parisiens. Vivement 2014, caramba qu'on confronte les programmes municipaux. Bref, mieux vaut une idée futée que 150 idées bidon (la dernière en date, d'Hidalgo, modifier le Plan Local d'Unrbanisme pour surélever les immeubles)...
Commentaires
Non mais je rêve ! Vous venez de lire les oeuvres complètes de Bakounine, ou quoi ? Votre portrait du bailleur particulier est du dernier caricatural. Quant au locataire, je n'en parle même pas.
Par contre, si vous aviez une petite expérience de la gestion par des institutionnels qui font construire à moindre coût par des entreprises qui sous-traitent à d'autres qui sous-traitent elles-mêmes, vous seriez peut-être moins enthousiaste.
Il reste à savoir comment on fait, concrètement, pour ramener les institutionnels sur le marché locatif...
Les institutionnels sont beaucoup plus nombreux en Allemagne mais les locataires y sont moins protégés qu'en France.
@Christian
Mes recherches de logement recoupent celles de plusieurs personnes à Paris et on y retrouve toujours le même cocktail : dans l'ensemble, particuliers rapaces et institutionnels corrects.
@Pierre
Oui, c'est le point qu'elle ne précise pas. Il faudrait que je lui pose la question.
@Pierre,
Si si les institutionnels s'en préoccupent, ils proposent ces placements diversifiés depuis quelques temps déjà. ;)
Oups, ai oublié des liens:
http://www.verisfinance.com/scpi/
http://www.pierrepapier.fr/tout-sur-les-scpi/
Puisque les humanistes et solidaires aiment ca alors effectivement une carte à jouer, vu l'essoufflement du marché commercial et entreprises.