C'est amusant, mais quand j'ai lu les premiers titres sur le cas de cette dame très âgée expulsée d'une maison de retraite, j'ai senti très vite qu'il y avait anguille sous roche. Une maison de retraite ne vire pas comme ça une personne âgée. Quand j'ai appris ensuite que son fils était en vacances et injoignable, j'ai commencé à sniffer le choeur de pleureuses de gauche à plein nez.
Après, il m'a suffi de lire Hashtable pour avoir confirmation de mes soupçons. Cette histoire démontre que notre presse est toujours plus nulle. A l'affût du coup médiatique, pressée de faire sortir les mouchoirs dans les foyers, imprégnée de bonne conscience dégoûlinante, elle se garde bien de faire ce qui constitue le coeur de son métier en principe : s'informer.
L'autre aspect, c'est l'hypocrisie qui se glisse là-dessous : la famille de la nonagénaire ne règle plus le moindre loyer de la maison de retraite de cette dernière alors qu'elle en a largement les moyens. L'hypocrisie et le cynisme, c'est de tabler sur le fait que la maison de retraite n'osera pas jeter dehors la vieille dame au nom des bons sentiments. La dictature du bon sentiment.
Résider dans une maison de retraite, ce n'est pas un service : c'est contractuel, qu'on se le dise bien. Si l'une des deux parties ne peut honorer le contrat, elle ne peut rester, et ce n'est pas la peine d'avoir d'états d'âme là-dessus.
Pourtant, notre bonne presse bien-pensante va continuer de s'indigner alors que la nonnagénaire concernée vit tout de même dans une maison de retraite médicalisée à 124 euros par jours, soit près de 40 000 euros par an. Il ne s'agit pas d'une SDF.
Plutôt que de conspuer la maison de retraite qui a attendu tout de même près d'un an et en vain que les loyers soient honorés, il eût mieux valu mettre en cause la famille, première comptable de la vieille dame.
Ensuite, h16 a raison de le souligner, ce fait divers met en relief le coût grandissant de la dépendance et du grand âge. Je l'ai évoqué récemment : l'espérance de vie en bonne santé stagne, voire diminue légèrement. L'allongement artificiel de la durée de vie est un leurre coûteux et douleureux s'il ne s'accompagne pas de la qualité qui va avec.
A la vérité, nous ne savons plus quoi faire de nos vieux. La cellule familiale, avec l'urbanisation massive et l'explosion du consumérisme a volé en éclat.
Le grand âge n'aspire plus qu'à la prise en charge, la descendance qu'à oublier le grand âge ou s'en débarasser, comptant sur les services sociaux pour prendre le relais.
Autrefois, dans les campagnes, les ancêtres s'intégraient à peu près harmonieusement à la famille, rendant de menus services jusqu'au dernier souffle.
Aujourd'hui des mouroirs à "projets pédagogiques" et autres "lieux de vie" du même acabit comme on dit en novlangue, ont pris le relais.
Commentaires
La fin de la vie rurale et de l'habitat intergénérationnel a bouleversé les rapports familiaux. On peut avoir la nostalgie de ces temps là, mais je ne suis pas bien certain que c'était mieux que maintenant. Toutes les familles ne sont pas à l'exemple de celle dont on parle aujourd'hui et je veux croire que certains de nos ainés ont des fins de vies tout à fait correctes et dignes dans les maisons de retraite. Le mieux, bien entendu c'est de pourvoir terminer ses jours chez soi entouré des siens, mais quand les familles sont éparpillées aux quatre coins de la France, que faire?
salut RPH
Je n'idéalise pas et sans doute existait-il des situations dramatiques aussi.
Je suis d'accord sur l'éparpillement des familles rend difficile le maintien du tissu familial.
Question éthique très complexe
Qui pointe son nez par derrière dans la cadre du débat sur l'euthanasie. Car la motivation cachée derrière ce débat, porté par des gens en bonne santé, se cache la question politiquement incorrecte de savoir jusqu'à quel point notre société souhaite supporter le coup médical, financier et moral du grand age, notamment du grand age très diminué.
M'est avis que la réponse n'est pas "autant que faire se peut".
Bonjour,
"...la question politiquement incorrecte de savoir jusqu'à quel point notre société souhaite supporter le coup médical, financier et moral du grand age, notamment du grand age très diminué." Certains indices laissent penser que nos technocrates ont déjà tranché ce débat, pas dans un sens humaniste d'ailleurs.
Parfois une personne âgée ne peut plus vivre seule et plus chez ses proches car atteinte de la maladie d'Alzheimer. Quand cette étape a lieu la famille est dans un terrible dilemme. Le choix d'une maison de retraite n'est pas chose facile même lorsque vous avez les moyens d'aider votre parent. Des mouroirs, il en existe malheureusement!
Les maisons de retraite privées sont très chères et pas forcément meilleures.. D'ailleurs les responsables de ces maisons vous rappellent bien qu'ils sont là pour faire du chiffre avant tout car ils ont des comptes à rendre à leurs actionnaires (la plupart des maisons de retraite privées sont côtées en bourse)
Les maisons de retraite publiques ou associatives sont un peu moins chères mais ont aussi des défauts pour quelques unes .
Pour choisir je vous conseille d’ aller sur place , visiter le matin mais aussi et surtout vers 17h30 …
Maintenant pour ce qui est du cas de cette nonagénaire , il est évident que la famille ne s’est pas préoccupé d’elle mais ils sont combien dans ce cas à ne plus aller voir leur père ou leur mère ? Beaucoup ! ...
Dans quelques années il y aura de plus en plus de personnes âgées et parmi elles , certaines ne pourront plus rester seules or, avec le chômage, les petites retraites, les gens auront de plus en plus de difficultés à pouvoir payer une maison de retraite et leurs enfants également .
Que deviendront –elles si rien n’est prévu ?
Non, désolée.
Moi mes parents me battaient comme plâtre quand j'étais petite. J'ai pas du tout envie de les accueillir chez moi. Je veux bien contribuer à payer une maison de retraite si c'est nécessaire (bien que je préfère le maintien à domicile, créateur d'emplois d'aides par ailleurs et moins bien coûteux que l'hébergement), mais pas les prendre chez moi.
Et je rappelle que les expulsions en plein hiver sont interdites en France. Si ça fait un an de retard de loyer, ils avaient donc eu tout le temps de l'expulser avant la trêve hivernale...