Les résultats viennent de tomber et le MoDem de disparaître politiquement. Hélas, ce score était prévisible. Pas de campagne nationale et plus rien à dire depuis le mois de janvier dernier. Et quand nous avions quelque chose à dire, nous étions de toutes façons inaudibles.
Notre issue, après le premier tour de la présidentielle se situait au centre-droit. Elle supposait au moins le silence pour le second tour ou une formule suffisamment sybilline pour ne pas prendre parti trop clairement.
Bayrou a fait un autre choix d'une part parce qu'il pensait sincèrement que Sarkozy conduirait la France dans le mur s'il était maintenu au pouvoir et d'autre part, parce qu'il y a été fortement poussé par une large partie de l'état-major du MoDem qui ne rêvait que de figurer dans une alliance élargie avec la gauche.
A la suite de la présidentielle, cela a été le sauve-qui-peut général, chacun tentant de sauver sa peau avec de surcroît une ligne totalement inconsistante dont la substance était de faire valoir l'intérêt d'une "opposition constructive".
De ceux venus d'ailleurs qui avaient soutenu Bayrou, il ne reste que Philippe Folliot dans le Tarn (à24.62% il est seul face à la gauche). Au MoDem, seuls Bayrou, Lassalle et Rodolphe Thomas (environ 26%) surnagent en Métropole et sinon Dindar et Robert en Outre-Mer. (EDIT : j'ai oublié Gilles Artigues qui est à 25% dans sa circonscription seul contre un candidat PS)
Confronté à une triangulaire, sans réserve de voix et second, Bayrou n'a cette fois que peu de chances de passer le deuxième tour. Je jure que s'il passe, je recommence à croire en Dieu.
La question que je me pose est la suivante : est-ce qu'il n'est pas inévitable de devoir choisir son camp, à gauche ou à droite, au moins dans la configuration politique actuelle ?
Pour ma part, je ne veux pas de la gauche. Je ne veux pas non plus de la droite de Copé. Je suis mal barré...
Même s'il est probable que Bayrou perde, je pense qu'il ne disparaîtra pas pour autant de la sphère politique. Sa voix continuera à se faire entendre, élu ou pas.
Les législatives, il va falloir tirer un trait dessus. Je crois pour ma part qu'il faut préparer les futures échéances : les municipales, bien sûr, mais surtout les européennes.
Posons sincèrement la question : est-ce que l'on continue le MoDem ? Le positionnement de ce parti est devenu intenable :
discours, état-major et militants à gauche, élus et électorat à droite. Le grand écart est par trop intenable. Soit nous revenons à l'UDF, soit nous inventons autre chose, mais, dans tous les cas de figure, il est grand temps d'avancer de manière cohérente.
Je ne crois pas trop à un changement au PS. Je trouve de toutes façons ce parti tellement hypocrite, particulièrement ses cadres qui font systématiquement dans leur vie privée l'inverse ce qu'ils disent et prônent en public que je ne puis me résoudre à le rejoindre d'une quelconque manière. L'UMP actuel ne m'attire guère : il faudrait de profonds changements là-bas pour je puisse envisager une coalition centre et droite.
En tout cas, il y a une chose dont je suis très intimement convaincu : je crois vraiment que Bayrou a vu juste en portant haut le flambeau des relocalisations et des productions locales. Il a même compris que ce pouvait être une idée à défendre aussi au G20.
Il est inexplicable qu'il se soit embourbé dans les histoires de moralisation publique et dans une forme d'anti-sarkozysme maladif dans la seconde partie de sa campagne au lieu d'avoir tenu ferme sur une thématique aussi évidente et porteuse.
Cette idée s'imposera, j'en suis certain. Et elle ne viendra pas de la gauche car Hollande a montré en nommant Montebourg qu'il ne s'en servait que pour mettre en difficulté un adversaire politique.
Cette idée, au centre, nous pouvons encore en creuser le sillon aux élections municipales et européennes car nous n'en avons qu'ébauché l'esquisse.
Cette idée n'est ni protectionniste, ni socialiste, ni libérale : elle convient donc à merveille à la démocratie-chrétienne et à sa tradition de terroir.
Cette idée n'est pas hostile, ne divise pas mais respecte chacun dans son intégrité et son identité.
Cette idée, enfin est la voie pour redresser les finances de notre pays (et sans doute d'autres nations) et l'emploi des travailleurs tout en réduisant nos émissions de gaz et en réhabilitant le lien social.
Je crois vraiment que si nous travaillons dur pour trouver comment nous installer dans le paysage politique avec ces axes que personne ne nous dispute sérieusement, nous pouvons encore avoir un avenir. Mais nous avons un très gros travail programmatique à faire : celui-là même qui n'a pas été réalisé pour les présidentielles et encore moins pour les législatives.
Nous disposons d'un répit d'ici 2014 et le rendez-vous de municipales. La même année tomberont les européennes. Nous devons être fin prêts pour cette échéance. Encore faut-il le vouloir, sans avoir cédé aux sirènes de la gauche si jamais elles devaient retentir d'ici là.
Pour l'instant, nous sommes minuscules, misérables, écrasés par la fatalité, anéantis par notre vacuité mais nous ne sommes pas morts. Nous existons encore. Ce que nous sommes devenus, notre sort funeste, nous ne le devons qu'à nous-mêmes. Ce n'est ni la faute du PS, ni celle de l'UMP et pas davantage celle des médias.
Je crois à la force des idées : elles émergent naturellement quand leur heure est venue parce qu'elles ont pris de la consistance.
C'est la voie qu'il nous faut désormais empreinter, et j'espère que nous serons nombreux à nous y retrouver.
Commentaires
"Ce que nous sommes devenus, notre sort funeste, nous ne le devons qu'à nous-mêmes. Ce n'est ni la faute du PS, ni celle de l'UMP et pas davantage celle des médias."
Voilà une belle autocritique. Ça nous change un peu des habituels discours du MoDem sur les traîtres, les opportunistes, les médias aux ordres et les sondeurs vendus... On aurait aimé entendre ce genre de propos dès le lendemain des premières branlées, en 2008 ou 2009. Ça aurait peut-être évité un beau gâchis.
Bonjour Christian
Ici, il n'y a jamais eu de mise en cause du PS, de l'UMP ou des médias...
Je précise même que ce refrain m'a toujours particulièrement insupporté...
Cher Hérétique, vous avez grand tort à stigmatiser les libéraux. Ce sont eux qui en ce moment sont en train de fédérer l'innovation et les questions stratégiques sur l'avenir de notre pays. Assimiler les libéraux aux ultralibéraux est une bêtise. N'importe quel juriste sérieux vous démontreront que les libertés ont besoin de règles pour en garantir l'effectivité en faveur du plus grand nombre et l'ultralibéralisme, c'est en fait du néolibéralisme qui mène au corporatisme et à la stagnation. Signé : André Roulleaux Dugage Pdt d'IDDEO.
@ L'Héré
Je vous en donne volontiers quitus. ;-)
@ André RD
A mon sens, le libéralisme est une bonne chose à condition d'être soigneusement encadré par des lois qui en limitent les effets pervers (par exemple, les lois anti-trust ou, dans un autre ordre d'idée, la loi sur le prix unique du livre) et à condition de définir précisément le rôle, la finalité et les conditions de fonctionnement de certains services publics exercés par l'Etat de façon monopolistique. Je suis profondément convaincu que certaines des dérives psycho-sociologiques auxquelles nous assistons aujourd'hui (culte du moi, jeunisation à outrance, infantilisation générale, explosion de l'obésité, sans parle rdes problèmes environnementaux) sont les résultats d'une logique libérale poussée à outrance. Mais pour être juste, je dois ajouter que l'élévation générale du niveau de vie et du confort au quotidien sont aussi des conséquences de cette même logique libérale. D'où la question : comment avoir le fruit et éviter le noyau ? Manifestement, nous n'avons pas encore trouvé la réponse...
Bon, vous l'avez lu, le livre que vous disiez vous être procuré ?
Quoi que...
Même s'il est en mauvaise posture, je reste persuadé qu'il a encore quelques chances pour ces législatives. Et absolument toutes ses chances pour les échéances futures.
Ah oui et aussi, il faudrait qu'il s'attaque à l'obsolescence programmée. Dans le cadre du produire en France, le réseau autant de la réparation que de la pièce détachée dégage de belles marges et fait travailler du monde tout en raccourcissant le circuit.
Parce-que l'on ne produit plus grand-chose mais en plus, on ne répare que très rarement, souvent parce-que cen'est pas réparable. D'accord, ça fait bosser les "poubelliers" mais bon, pas sûr que ce soit une solution à long terme.
"Cette idée, au centre, nous pouvons encore en creuser le sillon aux élections municipales et européennes car nous n'en avons qu'ébauché l'esquisse.
Cette idée n'est ni protectionniste, ni socialiste, ni libérale : elle convient donc à merveille à la démocratie-chrétienne et à sa tradition de terroir.
Cette idée n'est pas hostile, ne divise pas mais respecte chacun dans son intégrité et son identité."
Exactement ! C'est ça le rôle du centre. Il est là pour rassembler les gens en montrant l'exemple sur des réalisations concrètes. Finalement les changements doivent arriver essentiellement de la base et non pas distribués du sommet.
Cette idée de moralisation de la politique était pourtant géniale. Simplement, les réseaux financiers sont si puissants qu'ils ont réussi à éliminer un homme craint de tous côtés pour sa lucidité. C'est le fameux effet du principe de Peter dont j'ai parlé il n'y a pas longtemps sur ton blog.
La politique ne sera efficace qu'en partant de la vraie vie et pas seulement d'idéologie. Ce sont les actes qui comptent avant tout.
Il n'empêche que François Bayrou reste le seul homme politique à avoir une aussi belle vision de la situation.
"Cette idée, au centre, nous pouvons encore en creuser le sillon aux élections municipales et européennes car nous n'en avons qu'ébauché l'esquisse.
Cette idée n'est ni protectionniste, ni socialiste, ni libérale : elle convient donc à merveille à la démocratie-chrétienne et à sa tradition de terroir.
Cette idée n'est pas hostile, ne divise pas mais respecte chacun dans son intégrité et son identité."
Exactement ! C'est ça le rôle du centre. Il est là pour rassembler les gens en montrant l'exemple sur des réalisations concrètes. Finalement les changements doivent arriver essentiellement de la base et non pas distribués du sommet.
Cette idée de moralisation de la politique était pourtant géniale. Simplement, les réseaux financiers sont si puissants qu'ils ont réussi à éliminer un homme craint de tous côtés pour sa lucidité. C'est le fameux effet du principe de Peter dont j'ai parlé il n'y a pas longtemps sur ton blog.
La politique ne sera efficace qu'en partant de la vraie vie et pas seulement d'idéologie. Ce sont les actes qui comptent avant tout.
Il n'empêche que François Bayrou reste le seul homme politique à avoir une aussi belle vision de la situation.
"Cette idée, au centre, nous pouvons encore en creuser le sillon aux élections municipales et européennes car nous n'en avons qu'ébauché l'esquisse.
Cette idée n'est ni protectionniste, ni socialiste, ni libérale : elle convient donc à merveille à la démocratie-chrétienne et à sa tradition de terroir.
Cette idée n'est pas hostile, ne divise pas mais respecte chacun dans son intégrité et son identité."
Exactement ! C'est ça le rôle du centre. Il est là pour rassembler les gens en montrant l'exemple sur des réalisations concrètes. Finalement les changements doivent arriver essentiellement de la base et non pas distribués du sommet.
Cette idée de moralisation de la politique était pourtant géniale. Simplement, les réseaux financiers sont si puissants qu'ils ont réussi à éliminer un homme craint de tous côtés pour sa lucidité. C'est le fameux effet du principe de Peter dont j'ai parlé il n'y a pas longtemps sur ton blog.
La politique ne sera efficace qu'en partant de la vraie vie et pas seulement d'idéologie. Ce sont les actes qui comptent avant tout.
Il n'empêche que François Bayrou reste le seul homme politique à avoir une aussi belle vision de la situation.
Sinon, "ébaucher l'esquisse d'un sillon à creuser", c'est encore une de ces métaphores à double passerelle dont il faudrait se méfier... Un peu comme vos têtes de pont qui font courroie de l'autre jour. ;-)
Je me demande comment nos idées et nos valeurs vont pouvoir s'exprimer. Nous n'avons plus de porte voix :(
Le MoDem devrait (ou aurait dû) expliquer son positionnement vis-à-vis du programme de Hollande : quelles mesures seront soutenues, quelles mesures seront combattues ? Il est très difficile de voter pour un député dont on ne connait pas le positionnement et même parfois le programme. Il faut revenir aux idées, dont on ne parle presque plus depuis janvier comme vous le soulignez. On vient d'assister à l'échec des postures.
@Roulleaux
Où avez-vous lu que j'assimilais libéralisme et ultra-libéralisme ? S'il y a bien quelqu'un qui s'est toujours fait le défenseur d'un libéralisme modéré et pragmatique, ici, je pense que c'est bien moi.
@Christian
Oui, les métaphores doublées, ce n'est pas une bonne idée, au fond, du point de vue du style.
@Didier
Il faut l'espérer.
@Françoise
Cela n'a rien à avoir avec des réseaux occultes. Le programme de Bayrou se montre réaliste et modéré avec la finance et c'est le seul à avoir eu le courage de dire que les banques n'étaient pas en cause dans la crise actuelle.
@Orange Verte
Le porte-voix reste. La députation n'est pas non plus l'objectif ultime.
Le modem n'a jamais été vraiment organisé. C'était désespérant depuis 2007 où tous les militants ont cru à une Troisième voie. Depuis, c'est devenu trop BOBOLAND, trop inspiré par des thèses parisianismes ex Ecolo proche de la Mairie de Paris.
Le Modem ne s'est pas assez ancré dans ce qu'était l'UDF avant.
C'est tout à fait mon avis, Pierre
L'UDF était un parti de terroir, le MoDem en est un de bobos, en effet.
@MaxF
Exactement. Les postures ne paient pas en politique.
Chers heretique,
Il y a des constats à faire après 10 ans de "lead" de Bayrou sur le centre en France:
1/ un parti centriste indépendant ne peut pas faire entendre sa différence dans le système politique français.
2/ le systeme politique français avec son hyper bipolarisation ne changera pas de si tôt (les promesses de dose de proportionnel vont être oublié dès le 17 juin au soir)
3/ la vision de Bayrou, quoi que juste sur le fond, a entraîner une disparition du centre dans notre pays.
4/ A aujourd'hui aucun leader n'a l'envergure pour reprendre le flambeau du centre.
Alors quoi faire?
Bayrou s'est affaibli localement pour faire tomber Sarkozy et, de ce fait, faire triompher le candidat PS à la présidentielle. Le PS profite de cet affaiblissement local (qui lui a déjà profité) pour lui prendre sa circo, en s'appuyant sur l'UMP dans une triangulaire. C'est parfaitement abject. ces gens-là n'auront plus jamais ma voix.
Hervé,
Peut-être, mais décemment, on ne pouvait pas demander au PS de laisser tomber dans cette situation alors que la candidature était prévue de longue date.
Il faut boire le calice jusqu'à la lie.
Occupons-nous, surtout, de créer un parti centriste qui tienne la route pour les prochaines échéances avec des propositions fortes et creusées.
Grâce au (ou à cause du) référendum sur le quinquenat présidentiel en 2000 (30% de votants - 73% de oui), la vie politique française a changé.
Nous sommes de facto dans un régime présidentiel où le premier ministre ne sert (presque) plus à rien et où les élections législatives placées au lendemain de la présidentielle n'ont (presque) aucune vocation à traiter du fond puisque ça a été fait pendant la présidentielle.
Tout parti inaudible paye cash cet état de fait.
2,89% dans ma circonscription Xème Haute-Garonne, no comment!
Il est vrai que nous étions inaudibles et je partage l'opinion de L'Hérétique sur la ligne politique, certes juste mais inconsistante, choisie pour ces législatives (comme pour celles de 2007, d'ailleurs : c'était, à l'époque, la "défense du pluralisme"). Oui mais… ayant essayé, dans ma circonscription, une ligne beaucoup plus rentre-dedans, avec plein d'idées et de propositions (puisqu'en général, c'est ce que je sais faire), j'ai obtenu un des plus mauvais résultats du MoDem à ces législatives. Alors évidemment, c'est la responsabilité du bonhomme plus que de ses idées ou du parti… mais tout de même, je suis réservé sur les vertus électorales prêtées aux programmes. En 10 ? 12 ? campagnes électorales, et au moins des centaines d'heures de tractage, ai-je déjà été interpellé 10 fois sur le projet du parti ? Je ne pense pas. Sur les valeurs, oui, assez souvent, en bien ou en mal. Sur notre opinion au sujet de la gauche ou de la droite (et de leurs candidats locaux), très souvent.
Bref… évidemment, le MoDem est coincé au fond de l'impasse stratégique qu'il a prise en 2007, comme le dénonçait Jean-Louis Bourlanges. Mais quelle autre option réaliste avait-il ? Devait-il se faire complice de la droite ou de la gauche dans la démolition du pays ? Il ne me semble pas que c'était notre but. Parfois il faut accepter de témoigner sans être entendus, de résister aux pouvoirs en place, avec l'espoir de lendemains meilleurs, ce qui est, d'ailleurs, particulièrement facile en temps de paix.