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Grèce, la tragédie vire au cauchemar.

La France est focalisée sur son élection présidentielle, mais ailleurs, plus au sud, il se noue les ficelles d'un drame terrible.

La Grèce vient d'élire ses représentants, à l'issue d'élections législatives anticipées.

Un parti néonazi, Aube Dorée, vient de réaliser près de 7% des voix et obtient une représentation de 21 députés au Parlement.

Je ne parle pas ici d'un parti populiste ou xénophobe comme le FN en France. Son correspondant grec, c'est le LAOS. Non, je parle d'un VRAI parti néonazi. Le drapeau de ce parti est une croix gammée remodelée. Jugez plutôt de vos propres yeux : 

220px-Meandros_flag.svg.png

Il dispose de ses milices para-militaires et ces dernières font le salut nazi. Leur chef recommande la lecture de Mein Kampf et se fait parfois appeler furhër par ses ouailles (enfin, tout du moins, la presse grecque le nomme ainsi).

Les partis démocratiques sont désormais minoritaires en Grèce* : la gauche radicale, les communistes, les nationalistes et les nazis disposent d'une majorité absolue.

Leur modèle de développement ? Leurs réseaux de distribution. Exactement comme les Islamistes dans les pays musulmans. Ils s'emparent du caritatif, promettent des protections contre les délinquants qu'ils assurent et distribuent des soupes aux chômeurs.

Il y a trois ans les néonazis étaient à 0.29% aux européennes. Le LAOS n'est plus qu'à 3% maintenant après avoir flirté avec les 15%. Cela ne vous rappelle pas quelque chose, vous ?

Moi si.

L'Allemagne des années 20-30.

C'est beau comme nom, n'est-ce pas, Aube Dorée. Mais les nazis écrivaient bien au-dessus de leurs camps de concentration "le travail rend libre".

Et vous savez ce qui fout la trouille ? C'est que la Grèce, c'est peut-être notre avenir. Les mêmes causes là-bas peuvent produire exactement les mêmes effets ici.

Et nous, démocraties européennes, nous sommes engluées dans nos égoïsmes nationaux. Au point de laisser des néonazis procéder à des distributions de soupe ! B...M... 

Mais cela devrait être une priorité de politique étrangère que de barrer la route des nazis ! Et puis on devrait rendre publique une lecture de Mein Kampf dans les écoles grecques au chapitre qui concerne la Grèce et ce que Hitler réservait aux Grecs ! (il les considérait comme un peuple dégénéré).

L'Argolide a toujours été une terre de tragédies. C'est là que les Atrides se sont déchirés. C'est là que les armées argiennes sont revenues décimées, de Thèbes, vaincues par les forces d'Étéocle.

Je m'y suis rendu. Il y a près 10 ans, j'ai passé 15 jours près de Nauplie. Je suis allé me recueillir auprès du Théâtre d'Argos, bien moins connu que celui d'Épidaure mais ô combien plus splendide !

J'ai fait le tour des murailles de Mycènes et de ce qu'il restait de celle de Tyrhinte. J'ai foulé la piste de course du stade de Némée. J'ai aimé cette terre au charme parfois désuet mais aussi amer puisqu'on y voit tant de vestiges de la grande époque du tourisme.

Hélas, c'est là-bas que les néonazis réalisent leur meilleur score : plus de 10% des voix !

J'ai eu le bonheur d'étudier en solo un petit peu la langue grecque : pas seulement l'ancienne, mais aussi la moderne. Cela m'a permis de nouer des contacts étroits avec les Grecs que j'ai rencontrés au fil de mes déplacements là-bas.

Je me souviens d'un couple avec lequel nous avions sympathisé, ma compagne et moi : nous voyagions alors avec notre premier fils, âgé de deux ans seulement, et, il avait sympathisé dans un square avec leur petit, du même âge. Ce couple nous avait alors invité à dîner de la manière la plus charmante et la plus simple qui soit.

Lui, il était militaire, et elle, couturière, je crois. Nous avions alors passé une soirée très agréable, devisant de tout et de rien. Nous avons échangé des adresses électroniques, et après, revenu en France, j'ai bêtement tardé à leur répondre jusqu'au jour où mon ordinateur a planté et, de ce fait, j'ai perdu le contact.

Que sont-ils devenus avec la crise qui frappe la Grèce ? Et s'ils votaient pour les néonazis, désormais ? 

L'évènement de cette soirée, pour moi, ce n'est pas l'élection française, c'est l'élection grecque.

* Il y a 300 sièges au Parlement grec. A ces élections, Néa Démocratia (droite) obtient 112 sièges, Syriza (gauche radicale) 49, PASOK (Socialistes) 42, Indépendants (de l'extrême-droite ?) 32, KKE (communistes : on trouve encore des portraits de Staline dans leurs bureaux) 26, Aristera (gauche social-démocrate) 18.

Commentaires

  • Et ce qui est important dans ces élections ce n'est pas les 6% des néo-nazis, c'est que la gauche (la vraie, celle qui est pour le peuple) a triplé ses voix, tandis que les partis responsables de ce hold-up qui dévalise les grecs et brise leurs vies (et vend la Grèce au grand capital) se soont effondrés, le PASOK trois fois moins de voix.C'est ça qu'il faut retenir.
    De monter en épingle les fascistes c'est encore ce même genre d'artifice qu'on nous a fait en France pour diaboliser la résistance aux banques, aux délocalisations, à la dictature des oligarques auto-proclamés de l'UE, et de l'OTAN, il ne faut pas tomber dans ces pièges et ces artifices. souvenez-vous de l'instrumentalisation spécieuse du FN en France, on recommence à nous faire le tour avec la Grèce, pour OCCULTER LES VRAIS ENJEUX

  • En l'occurence, l'Allemagne du début des années 30 était marquée par une montée des deux extrêmes: communiste et nazi.
    C'est ce qui se passe aujourd'hui avec la montée des partis comme Syriza ou KKE (légèrement) et à droite avec les grecs indépendents et surtout le parti néozai Chris Avgi.

    Très bel article qui mériterait d'être diffusé auprès du grand public.

  • Arretez de regarder la paille sans voir la poutre ! 15 % des neo nazis français ont voté pour Hollande

    Inutile de se cacher derrière votre petit doigt !

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=166447176816067&set=a.166447166816068.34181.100003523569688&type=1&theater

  • Après avoir prononcé 3 fois le terme néonazi, 2 fois celui de nazi puis croix gammée, mein kampf et furhër, vient enfin la question qui tue:
    "Cela ne vous rappelle pas quelque chose, vous ?
    Moi si.
    L'Allemagne des années 20-30".

    Sincèrement, seule votre perspicacité aurait pu venir à bout d'une telle énigme. Félicitations!

  • Effectivement, je crois que vous avez raison de voir dans l'élection grecque un événement plus important que l'alternance à la présidence de la république. Quoiqu'on en dise, et même si je ne nie pas les différences, François Hollande conduira peu ou prou la même politique que Nicolas Sarkozy, sans doute avec plus de laxisme et de démagogie (mais d'un autre côté, F Hollande semble enfin plus ferme sur l'Europe).

    Dans votre article, je trouve que vous exagerez: oui, il y a eu une soupe aux cochons, qui visaient de manière à peine voilée à la discrimination contre les musulmans. Maintenant c'était il y a quelques années déjà, cela a duré en tout et pour tout dans les deux semaines, cela n'a impliqué qu'une dizaine de cinglés à tout casser et cela a été interdit, dans l'approbation générale, très rapidement. Rien de commun avec la France, il faut un peu se calmer.

    Je crois que les événements en Grèce valident ce que Nicolas Dupont-Aignan, avec d'autres, se tue à dire depuis maintenant plus de deux ans: il n'y a pas d'autres solutions viables pour la Grèce qu'en dehors de l'euro. A vouloir nier l'évidence, on a sacrifié le peuple grec qui, comme tout peuple qui souffre, se met à faire n'importe quoi.

    En France, nous n'en sommes évidemment pas là. Mais à l'évidence, la question de l'euro, centrale, doit être posée.

    Cordialement,

    Tythan

  • Ton passage sur LAOS n'est pas clair : cette formation d'extrême-droite a vu son score chuter car elle avait participé au gouvernement de coalition.

    Cela a profité à L'Aube dorée, parti d'extrême-droite qui, contrairement à LAOS , est néo-nazi mais joue sur l'ambiguïté : il est idéologiquement anti-chrétien mais se présente comme un parti de patriotes défenseurs de l'identité nationale, qui se confond bcp avec le christianisme en Grèce.

    Quant à SYRIZA, il ne faut pas le confondre avec le KKE stalinien. C'est plutôt l'héritier des eurocommunistes des années 70-80.

    Oui, il y a une poussée des extrêmes populistes, mais je ne mettrais pas SYRIZA dans le même panier que les autres, même s'il est lui aussi contre la politique d'austérité validée par les ex-partis gouvernementaux.

    Et puis il ne faut pas confondre la Grèce et sa corruption endémique, son économie parrallèle, son manque d'Etat fort et de sens du bien public avec la France où il y a quand même une administration qui fonctionne indépendamment des gouvernements élus, une réelle culture étatique et citoyenne, et des corps intermédiaires, un tissu associatif dense.

    Cela nous oblige à être très vigilants, bien sûr, vu le poids du FdG et du FN en France, car si la situation venait à empirer en France cela profiterait davantage aux extrêmes, mais il faut raison garder.

  • La montée du parti néo-nazi en Grèce est d'autant plus inquiétant qu'il pourrait conduire à une escalade militaire avec les pays frontaliers, du fait qu'Aube Dorée ait des vues expansionnistes :
    - Macédoine
    - Épire du Nord (région sud de l'Albanie)
    - Chypre (sans doute en vue de l'Enosis)

    En France nous avons la chance d'avoir réglé nos conflits frontaliers, mais ce n'est pas le cas d'autres pays comme la Grèce ou tous les pays d'Europe Centrale (ex-Yougoslavie, Hongrie, Slovaquie, Roumanie...) Si la montée des extrêmes se généralisait, toute l'Europe deviendrait un immense brasier...

  • La montée du parti néo-nazi en Grèce est d'autant plus inquiétant qu'il pourrait conduire à une escalade militaire avec les pays frontaliers, du fait qu'Aube Dorée ait des vues expansionnistes :
    - Macédoine
    - Épire du Nord (région sud de l'Albanie)
    - Chypre (sans doute en vue de l'Enosis)

    En France nous avons la chance d'avoir réglé nos conflits frontaliers, mais ce n'est pas le cas d'autres pays comme la Grèce ou tous les pays d'Europe Centrale (ex-Yougoslavie, Hongrie, Slovaquie, Roumanie...) Si la montée des extrêmes se généralisait, toute l'Europe deviendrait un immense brasier...

  • Ton passage sur LAOS n'est pas clair : en fait cette formation d'extrême-droite a vu son score baisser à cause de sa participation au gouvernement précédent.

    Cela a profité à l'Aube Dorée, autre formation d'extrême-droite mais néo-nazie. Celle-ci essaie de cacher le fait qu'elle est anti-chrétienne (une religion pour "faibles") et se présente comme une formation de nationalistes patriotes qui défendent l'identité grecque (dont la religion orthodoxe constitue un pilier).

    SYRIZA, la deuxième formation en nombre de voix, n'est pas à confondre avec le KKE stalinien, ce sont plutôt des héritiers des eurocommunistes des années 70-80.
    Certes ils font partie de la gauche extrême, qui dénonce la politique d'austérité, mais ils ne sont pas à mettre dans le même panier que le KKE autiste ou les partis d'extrême-droite.

    Tu as raison de t'alarmer mais la Grèce n'a rien à voir avec la France question corruption, clientélisme, économie parralèle, absence d'Etat fort, de culture civique, de corps intermédiaires et de tissu associatif.

    Il faut rester vigilants mais raison garder.

  • Ton passage sur LAOS n'est pas clair : en fait cette formation d'extrême-droite a vu son score baisser à cause de sa participation au gouvernement précédent.

    Cela a profité à l'Aube Dorée, autre formation d'extrême-droite mais néo-nazie. Celle-ci essaie de cacher le fait qu'elle est anti-chrétienne (une religion pour "faibles") et se présente comme une formation de nationalistes patriotes qui défendent l'identité grecque (dont la religion orthodoxe constitue un pilier).

    SYRIZA, la deuxième formation en nombre de voix, n'est pas à confondre avec le KKE stalinien, ce sont plutôt des héritiers des eurocommunistes des années 70-80.
    Certes ils font partie de la gauche extrême, qui dénonce la politique d'austérité, mais ils ne sont pas à mettre dans le même panier que le KKE autiste ou les partis d'extrême-droite.

    Tu as raison de t'alarmer mais la Grèce n'a rien à voir avec la France question corruption, clientélisme, économie parralèle, absence d'Etat fort, de culture civique, de corps intermédiaires et de tissu associatif.

    Il faut rester vigilants mais raison garder.

  • Ton passage sur LAOS n'est pas clair : en fait cette formation d'extrême-droite a vu son score baisser à cause de sa participation au gouvernement précédent.

    Cela a profité à l'Aube Dorée, autre formation d'extrême-droite mais néo-nazie. Celle-ci essaie de cacher le fait qu'elle est anti-chrétienne (une religion pour "faibles") et se présente comme une formation de nationalistes patriotes qui défendent l'identité grecque (dont la religion orthodoxe constitue un pilier).

    SYRIZA, la deuxième formation en nombre de voix, n'est pas à confondre avec le KKE stalinien, ce sont plutôt des héritiers des eurocommunistes des années 70-80.
    Certes ils font partie de la gauche extrême, qui dénonce la politique d'austérité, mais ils ne sont pas à mettre dans le même panier que le KKE autiste ou les partis d'extrême-droite.

    Tu as raison de t'alarmer mais la Grèce n'a rien à voir avec la France question corruption, clientélisme, économie parralèle, absence d'Etat fort, de culture civique, de corps intermédiaires et de tissu associatif.

    Il faut rester vigilants mais raison garder.

  • @l'hérétique

    Désolée pour les doublons,

    il y a eu un bug avec ma connection.

    @Max

    Pas besoin d'attendre Aube dorée pour flatter le nationalisme comme exutoire à la crise économique et crise d'identité...

    Antonis Samaras, leader de la Nouvelle démocratie (équivalent de l'UMP), quand il était ministre des affaires étrangères dans les années 90 avait fait une campagne stupide dans sa forme contre la Macédoine (slogans publiés sur les paquets de nouilles, mise en avant de l'héritage d'Alexandre Le Grand alors que ce dernier n'a rien à voir ni avec les Grecs ni avec les slaves actuels...).

    La dérive droitière de Sarkozy montre bien que tout est possible, même le pire, y compris de la part de partis de gouvernement.

  • Il y a 300 sièges au Parlement grec (et non 400)

    http://www.kathimerini.gr/

  • Nous voyons en Grèce où nous aurait mené la politique de réduction des dépenses publiques et des salaires pronée par Bayrou et Sarkozy.

    Alors se lamenter de ce qu'on a soi-même voulu pour la France, cela me semble un peu culotté.

    Nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe, alors réjouissons-nous !

  • Bon article, et c'est bien sur préoccupant qu'un parti dont le moto est "sang et honneur" (sérieusement? en Europe? au 21e siècle?) ait tant de voix à l'assemblée...

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