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Ça alors, Balzac est fashionable !

S'il y a bien une recommandation littéraire que je puis  donner, par les temps qui courent, c'est  la lecture de la grande comédie humaine de Balzac. On se dit vraiment que la France n'a pas changé (ou si peu) en 200 ans. La comédie humaine, c'est vraiment la France des réseaux dans toute son ampleur. 

En la circonstance, j'achève quasiment la lecture du Cabinet des Antiques. Passionnant et impitoyable pour cette aristocratie raffinée mais déliquescente qui achève son déclin, alors même que la bourgeoisie, en plaine expansion, aspire à prendre sa place.

Mais pour le compte, c'est un mot surprenant qui a attiré mon attention : Balzac qualifie Michu, le juge suppléant de Blondet de fashionable ! Incroyable ! Moi qui pensais que c'était un mot exclusivement anglais utilisé dans les magazines tendance pour faire genre on est fashionable... Imaginez ma surprise : j'ai cru l'espace de quelques instants que c'était une faute de frappe, une coquille ou un truc dans le genre. Pas du tout. De toutes façons, le copyright de mon livre de poche (un folio) date de 1999, une époque à laquelle on n'utilisait pas encore le vocable dans le milieu de la mode et des people, à ma connaissance.

Comme Balzac écrit que Michu était indispensable à toutes les parties de campagne, gambadait avec les jeunes personnes, courtisait les mères, dansait au bal et jouait comme un financier et qu'enfin, il s'acquittait à merveille de son rôle de magistrat fashionable, il n'y pas de doute sur le sens à donner à l'adjectif. Un individu fashionable est bien un individu élégant, qui se pique de suivre la mode. Fashionable Balzac ? Trop fort !, Chut faut pas le dire à Didier Goux, il va le virer de sa blogroll.

Commentaires

  • Eh oui, les grands auteurs nous font parfois faire des révisions déchirantes. Par exemple, j'ai longtemps cru que le verbe "supporter " au sens de "soutenir moralement" était une faute de langue, un affreux anglicisme (de l'anglais "to support") arrivé à nous via le vocabulaire sportif. et puis un jour, j'ai relu "George Dandin" de Molière et dans les premières scènes, j'ai découvert que "supporter" voulait bien dire "soutenir, appuyer" dans le français du XVIIIe siècle.

  • @ L'Hérétique
    Bon billet comme j'aime en lire chez toi ;-)
    Tiens par curiosité, je suis allé consulter mon "Dictionnaire historique de la langue française" (sous la dir. d'Alain Rey).
    Effectivement ce mot est attesté dans notre langue dès 1793 pour désigner une personne élégante. Puis l'emploi de l'adjectif s'est répandu à partir de 1820. Donc notre Balzac n'a fait qu'utiliser un mot "à la mode".
    Plus intéressante est l'origine de "fashion" qui a pris le sens de mode ; selon le dico de Rey, c'est un mot emprunté à l'anglais (1698) lui-même dérivé du français "façon".
    On retrouve encore le sens de mode dans l'expression, désormais peu usitée, du "travail à façon".

  • Pardon : du XVIIe !

  • Yep, l' hérétique,
    L'anglais a beaucoup plus de base latine que l'on ne pense. ;)

  • " Chut faut pas le dire à Didier Goux, il va le virer de sa blogroll."
    Bah, il l'a déjà fait, donc "on" s'en fout^^^de ce qu'il raconte, de toutes facons je ne goutte guère ceux qui se donnent des airs "importants" quand la réalité peut etre très différente, j'ai toujours beaucoup aimé Esope et LaFontaine...

  • @Ch.Romain
    ON va vraiment de surprise en surprise. Moi qui pensais également que nous avions francisé le "supporter" anglais. Notez, les Anglais nous l'avait bien pris...
    @Thierry
    Surprenant et amusant, ce phénomène : en gros, à 200 ans d'intervalle, la société française a fait deux fois le coup. Je suis sûr que fashionable est revenu dans le vocabulaire français en toute ignorance de son origine première...
    @Martine
    Moi aussi je les aime bien.

  • @ L'Hérétique

    Autre joli exemple d'aller-retour linguistique : il existait au XIIIeme siècle une petite bourse qui s'attachait à la ceinture. Comme elle remuait lorsqu'on marche et surtout lorsqu'on chevauche, on l'appelait la "bougette". Avec la guerre de Cent ans, elle est passée en Angleterre où elle est devenue... "budget", avant de prendre le sens comptable que l'on sait et de nous revenir avec ledit sens.

    On pourrait aussi évoquer le flirt, qui vient du français "fleuretter', encore présent chez nous dans l'expression "conter fleurette".

    En fait, ce ne sont pas tant des racines latines (bien qu'il y en ait quelques-unes dans les langues germaniques) que des échanges nés d'une part de la colonisation normande (Hastings - 1066) et d'autre part de la longue occupation anglaise du nord de la France durant la guerre de Cent ans.

  • Ah mais Balzac emploie très souvent "fashionable", et pas seulement dans ce "Cabinet des antiques" que je méditais justement de relire ces temps derniers – en partie parce que se passant à Alençon, ville où j'ai vécu.

    Du reste, à propos, vous devriez lire "La Vieille Fille", qui se passe également à Alençon et où vous retrouverez certains des personnages du, Cabinet.

    Et sinon, pourquoi elle m'allume comme ça, la Dame Tartine ?

  • Cela étant, taulier, vous pourriez vous relire avant de publier : trois "bien" dans une première phrase, ça commence à faire beaucoup…

    (Cette remarque n'est là que pour conforter Dame Tartine dans l'opinion qu'elle s'est forgée de moi.)

  • Pourquoi? Jamais?
    Dame Tartine vous répondra: "Peut-etre parce que le beurre n'est pas bénéfique au coeur, quand au miel il me rappelle mes allergies." ;))
    @+

  • Je vois, oui… Ce serait plus ou moins psychiatrique, donc…

  • @Didier Goux
    j'écris trop vite...

  • Bah, disons que le "Dame Tartine" m'a donné la sensation que l'on essaie de me faire tourner en rond.
    Le temps et l'incommunicabilité. ;o))

  • Merci pour cet article ... oui, nous sommes encore à cette époque ! ...

  • Tu as toujours été mignonne Mira..., Pan dans ta gueule!! Fallait intervenir sur le dernier billet.

  • Merci dame Tartine, mais vois-tu vendredi j'étais en région parisienne pour deux de mes chats, chez un véto qui est en train de les sauver ... alors on ne peut pas être partout !

  • Bah, chacun sa vie , ainsi demain, certains de tes matous feront chou blanc! :o))))

  • @ L'Hérétique,

    Le Cabinet des Antiques, c'est aussi et d'abord le constat implacable que Paris reste l'ascenseur social incontournable des cadets de province. Notre jeune marquis l'a appris à ses dépens, succombant aux grâces d'une jeune et belle parisienne âpre au gain. Le XIXe siècle est le siècle de toutes les convulsions sociales. Malheur à celles et ceux qui ne peuvent pas prendre le train en marche, où des générations entières restent encore façonnées par des codes de valeurs érodés par la marche du monde. L'ascenseur social s'est pour le coup transformé en un véritable hachoir pour le malheureux héros. Les réseaux de clientèle et de solidarités deviennent ainsi l'alcôve privilégié de la bourgeoisie triomphante. Cette association des genres, Balzac l'a bien compris, repose sur un brassage subtile entre les familles orléanistes et légitimistes, puis roturières et bonapartistes. Qu'il est bon, en effet, de relire la pléiade des grands auteurs du XIXe siècle pour comprendre la France, dans ce qu'elle était et dans ce qu'elle devient !

  • @Jourdan
    De ce point de vue, le passage obligé par Paris demeure : rien n'a changé aujourd'hui...

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