Alors là, je trouve que c'est trop fort ! regardez-moi ces éditorialistes qui ont ciré les pompes du président Ben Ali pendant des années et des années (ou du moins, qui se sont largement tus, avalisant les calculs et hypothèques en cours), qui se montraient encore si prudents en début de semaine : les voilà à stigmatiser l'attitude de la France qui aurait raté le coche. Position morale facile quand on arrive après la bataille. La presse française dans toute son ampleur...Donneuse de leçons une fois le risque passé. La palme revient à Laurent Joffrin de Libération (bientôt du Nouvel Obs) :
Ce régime était en toc, et tous ceux qui l'ont tenu à bout de bras au nom d'une realpolitik des imbéciles doivent maintenant expliquer pourquoi celui qu'ils tenaient pour un rempart solide contre les islamistes est tombé comme un château de cartes.
Quel abruti vaniteux, arrogant, prétentieux et donneur de leçons. La gauche morale dans toute son ampleur.
J'observe toutefois, et heureusement, la mesure du Figaro (en tout cas, de Pierre Rousselin). Bien sûr, on peut se réjouir de la chute du dictateur, mais, l'avenir de la Tunisie reste obscur, aucune force politique n'ayant émergé dans cette histoire, et pour cause : la révolte du peuple n'est à la base pas politique, et je soupçonne fort que l'opposition, islamistes compris, ait été prise de court par la promptitude de leur peuple...
La seule chose à faire, me semble-t-il, c'est de laisser les Tunisiens s'organiser : je pense qu'ils ont pris leur destin en main. On peut supposer que les autorités transitoires n'auront d'autres choix que d'organiser des élections législatives à court-terme. Ce n'est qu'à l'issue de ces dernières que la France pourra avoir une idée plus claire des forces en présence, car c'est bien là toute la question : quid de la Tunisie dans un avenir proche. Les Tunisiens qui ont pris connaissance de leur force, on peut le supposer, ne se laisseront désormais plus diriger contre leur gré par un homme fort qui leur imposerait des mesures dont ils ne veulent pas.
Pour ma part, moi qui m'étais montré très hésitant sur la situation politique de la Tunisie, je donne quitus à Yann Werhling du MoDem d'avoir senti immédiatement l'aspiration populaire qui devait venir à bout de Ben Ali et d'avoir appelé la France à exprimer clairement son soutien au renversement du despote. Néanmoins, quand une situation est instable, il est légitime de se montrer prudent.
Comme le dit Marielle de Sarnez, maintenant, il faut regarder l’avenir avec espoir en souhaitant que la démocratie s’installera et résistera aux dangers intégristes. La première étape à laquelle tous les pays doivent désormais contribuer, c’est éviter le chaos pour que la transition démocratique s’impose.
Commentaires
"Les Tunisiens qui ont pris connaissance de leur force, on peut le supposer, ne se laisseront désormais plus diriger contre leur gré par un homme fort qui leur imposerait des mesures dont ils ne veulent pas."
Je crains pour ma part que la Tunisie ne bascule dans un régime semi-théocratique à faire regretter Ben Ali (du point de vue occidental s'entend). La démocratie n'est ni dans la tradition maghrébine, ni dans l'air du temps.
je suis plus optimiste que vous, je ne pense pas que le peuple tunisien acceptera autre chose qu'une démocratie. Il faudrait peut être arrêter de les sous-estimer ...
Marielle a raison de souligner que la période transitoire vers une démocratie risque d'etre délicate à gérer.
Yann, trop super tip top. :)
Bien d'accord avec mirabelle, il ne faut pas sous-estimer les tunisiens.
Leurs intellectels qui s'expriment aspirent à une vraie démocratie.
Le peuple également, si j'ai bien compris l'armée a refusé l'aide à la police tunisienne. Ils n'ont pas tiré sur la foule.
Après quelque flou dans ses déclaration,
je suis ravie, que le gouvernement de la France, se soit abstenu d'accueillir Ben Ali.
J'espère que nous laisserons les tunisiens être seuls décideurs de leur avenir.
Par contre Ben Ali a quitté la Tunisie mais il n'est pas pour autant démissionnaire !
Bien d'accord avec mirabelle, il ne faut pas sous-estimer les tunisiens.
Leurs intellectels qui s'expriment aspirent à une vraie démocratie.
Le peuple également, si j'ai bien compris l'armée a refusé l'aide à la police tunisienne. Ils n'ont pas tiré sur la foule.
Après quelque flou dans ses déclaration,
je suis ravie, que le gouvernement de la France, se soit abstenu d'accueillir Ben Ali.
J'espère que nous laisserons les tunisiens être seuls décideurs de leur avenir.
Par contre Ben Ali a quitté la Tunisie mais il n'est pas pour autant démissionnaire !
@ Martine : Marielle enfonce là une porte ouverte, les périodes de transition sont toujours délicates à gérer !
Il y a un qui a raté le coche, c'est François Bayrou.
@La taverne des poetes,
Faudrait savoir, tantot "on" lui reproche de ne pas suffisamment déléguer et de se mettre trop en avant, tantot l'inverse. ;)
@Mira,
Voui, mais il est bon de le rappeler, on ne s'en souvient jamais assez.
Christian soulève une possibilité, elle n'est pas à sous-estimer non plus.
@Taverne
Je ne vois absolument pas en quoi il aurait raté le coche.
@Ch.Romain
Pas dit : le taux d'éducation est très élevé, la tradition laïque forte. Contrairement à vous, je suis assez confiant, d'autant qu'on ne les a pas entendus les islamistes, sur ce coup. Les Tunisiens se révoltent parce qu'ils veulent vivre décemment et pouvoir commercer. Cela me semble bon signe.
Rouge Jasmin
Le Jasmin c’est désormais le nouveau parfum, de ces jeunes tunisiens qui ont donné leur sang pour mettre fin à la corruption, l’abolition des privilèges…
quel sublime sacrilège !
Qui indique, qu’il n’y a pas, qu’il ne peut y avoir d’autre souverain que le Peuple.
Pas d’autre destin que celui qu’il se choisit : le sien.
La Tunisie vient d’ouvrir les yeux du monde sur ce qui est désormais possible : la Révolution…
Quitte à mourir autant mourir pour les autres…
Un peuple qui se soulève comme un seul homme
Ce n’est plus Rome, mais Carthage !
J’ai la rage, pas vous ?
http://www.tueursnet.com/2011/01/rouge-jasmin/
Cela n'a aucun rapport avec l'article, mais comme il n'existe pas de rubrique "Contact" ...
Bonjour,
Ce petit mail vous présente mon blog michel.scifo.fr. Aucun d'entre-vous ne me connait : j'interviens peu sur vos blogs ou sur vos sites, que je consulte régulièrement, que ce soit avec mon nom Michel Scifo ou avec les pseudo miges, mso ou scimige ou d'autres encore ; contrairement à vous, j'ai toujours beaucoup de mal à réagir à chaud. C'est une des raisons pour lesquelles je vous admire, une autre étant la qualité de vos propos, même si je ne les approuves pas toujours.
Nous avons en commun d'être des libre-penseurs, ce n'est pas nécessairement un label de qualité, mais dans votre cas, ça l'est ! L'objectif de mon bloc-note est de susciter la réflexion, en redéfinissant le sujet & en argumentant ; j'espère que vous jugerez mes écrits dignes des vôtres, même si mes idées diffèrent sensiblement.
Politiquement, la plupart de mes idées peuvent être classées comme étant de gauche, même exprimées de façon adroite, si tant est que ce terme de gauche ait un encore sens. Mais, fondamentalement, je suis un militant épicurien, républicain & laïque, anti-con plus qu'anti-sarkozyste, plus qu'un homme de gauche, de droite ou du centre.
J'ai une double formation d'économiste & d'informaticien, le tout quadruplé d'une culture humaniste & matérialiste. Je travaille comme formateur en réseaux informatiques dans la formation professionnelle des adultes & je fais partie des responsables régionaux & nationaux d'un des syndicats de mon organisme de formation.
~*~
Sur ce blog modéré je présenterai : mes réactions à l'actualité, avec un retard plus ou moins long, en cherchant à apporter des faits éclairants ; quelques fois mes réactions à des lectures ; & d'autres fois, je discuterai de deux éléments fondamentaux structurant ma vie : la bouffe & les jeux de stratégie abstraits !
Il s'agit de mon troisième essai ; les deux premiers ont échoué en raison de la rigidité de mon hébergeur 1and1.fr qui ne me permettait pas d'obtenir l'effet esthétique voulu (je suis un maniaque de la typographie). Ce n'est que depuis que mes sites www.scifo.fr (perso, en cours de reconstruction), www.le-maitre-refleur.fr (site en construction où, je vais présenter l'essai que je viens d'écrire Démocratie & liberté que j'auto-édite, suite aux rejets de grands éditeurs) & mes boîtes de courriels sont hébergés par l'association Lautre.net, que j'ai pu réaliser ce blog à partir du thème Wordpress ovlg-legal, adapté à mes besoins.
Bonnes lectures !
Cordialement
Michel Scifo
PS : J'adresse ce mail à tous ceux cités sur mon blog ! mais ceux ne permettant le contact que par un formulaire font l'objet d'un envoi particulier.
sur le billet :
La difficulté est construire une démocratie (de permettre au peuple d'exercer effectivement un pouvoir) quand les institutions ont été profondément corrompues et que les personnes de pouvoir ont toutes été contraintes de se lier profondément au régime sorti. (Sinon, c'était l'exil, la prison, ou plus simplement l'absence de pouvoir).
Pour le dire autrement : comment faire, fabriquer, de la politique sans partis opposants ?
Que signifient des "législatives anticipées et libres" sans candidats crédibles, solides, organisés ?
Réponse d'un un opposant-en-exil tunisien, dont j'ai oublié le nom, interviewé ce matin (sur BFM TV ?) à l'aéroport où il allait embarquer pour le pays : une Conférence nationale.
Réunir non pas tant les partis, faibles et non représentatifs, mais toutes les "forces vives sans exclusive" : comprendre les représentants sociaux, religieux, économiques, sportifs, culturels… Toutes les personnes qui ont déjà à voir avec l'intérêt national.
Les réunir, faire fermenter, espérer que la pâte prenne et lève. En sortir une Constitution, une loi électorale, et certainement, de plénières en couloirs, des partis nouveaux.
Plusieurs pays, confrontés de la même façon à la chute brutale de dictatures, ont brillamment réussi de cette façon - l'exemple le plus célèbre est le Bénin.
Il y faut une intelligentsia : la Roumanie, qui en avait été privée par le régime Ceaucescu, n'aurait sans doute pas réussi son passage à la démocratie par ce moyen.
Il y faut une Armée plus attachée aux intérêts communs de la nation qu'à un clan particulier : le Congo (Zaïre à l'époque) n'avait pas cette chance. La conférence nationale a été sans portée.
La Tunisie a l'un et l'autre. Une Conférence nationale aurait toutes les raisons de marcher.
(Allez, j'en fait un billet).
Mouais, viens d'entendre des "clowns" à la télé, LAMENTABLE...