Dans la catégorie des lieux communs insupportables, il y a l'idée reçue que l'anglais doit être enseigné dès la maternelle. Mon Dieu : mais quelle idée conne, mais conne, putain, c'est pas possible ! Ce qui m'exaspère, c'est de considérer le choeur de bêlements qui prélude à cette propositions d'autant plus idiote qu'elle prend les atours de l'évidence. Et voilà le Crapaud, qui s'y met en coassant de travers. Mieux, ce visionnaire nous propose l'étude du mandarin dès l'école primaire. Ça sert à rien. A rien du tout. Contrairement à ce qu'il écrit, la meilleure manière d'apprendre l'anglais, ce n'est pas d'écouter les conneries en anglais, et de faire de "l'oral" (idée débile et commune s'il en est), mais tout au contraire, d'étudier Shakespeare et de s'imprégner de l'essence de la culture anglaise. Ce qui compte, quand on veut apprendre une langue, ce n'est pas d'aller faire le guignol à l'étranger, mais d'abord d'en connaître le vocabulaire, la structure grammaticale, et la culture. Toutes choses que l'on peut apprendre à l'école, mais que les professeurs d'anglais se gardent bien d'enseigner à leurs élèves (souvent par manque de culture, au demeurant). Non, c'est mieux de leur faire écouter des cassettes à la noix, bien sûr : on appelle ce morceau indigeste un labo de langue. En réalité, même si une absorption d'une langue par imprégnation demeure possible (mais elle n'a rien d'automatique contrairement à ce que s'imaginent nos psycho-linguistes en herbe), apprendre massivement du vocabulaire et des expressions en anglais, par coeur, si nécessaire, est le plus sûr moyen de pouvoir profiter pleinement d'un séjour à l'étranger. Seulement, apprendre des listes et des listes de vocabulaire, puis lire des livres ou écouter des émissions, c'est fatigant ; et puis les cours doivent être ludiques...
Pour apprendre une langue, il faut être capable de produire des équivalences correctes avec sa propre langue et de maîtriser les catégories logiques de la langue de toutes les langues, la grammaire. Donc, l'anglais en primaire, ça ne marche pas, ça n'apporte rien du tout, c'est du flan, et ça va encore bouffer du temps sur l'enseignement de notre langue maternelle, déjà si mal maîtrisée.
Le nec plus ultra, c'est le mandarin : il m'a fait rigoler, le Crapaud. En dehors de la sphère d'influence chinoise, où le mandarin est-il parlé ? le chinois est-il une langue internationale ? Bref, c'est intéressant d'étudier le mandarin, mais pas pour les raisons utilitaristes qu'évoque le Crapaud, qui se plante dans les grandes profondeurs ; pour le compte, les Chinois auront appris à parler en anglais bien avant qu'il ait seulement fait le tour des idéogrammes chinois...
De toutes façons, comme les petits crapouillots n'auront pas étudié la géographie, il essaieront sans doute de parler mandarin aux Inuits, et donc, cela ne leur servira de rien d'avoir étudié cette langue.
En fait, une bonne raison d'étudier le Mandarin, c'est de nous confronter à une culture qui nous est fondamentalement exogène. Or, la culture, c'est exactement ce que le crapouillot écarte pour rationaliser les coûts et son effort. On est là bien dans la doxa ambiante, l'antienne mille fois répétées de cette gauche réformiste et de cette droite moderniste que je rêve de botter des centres de décision qui touchent culture et éducation à grands coups de pied dans le c.. Pas de chance, ils ont pignon sur rue...
Hélas, les quatre autres propositions du Crapaud ne vont pas dans le sens du vent : la gauche libertaire convertie au marché et dont la droite moderniste est l'alliée objective ne laissera jamais ne serait-ce que prononcer la vilain mot sélection tout en plaçant sa progéniture au bon endroit, par ailleurs.
Mais puisque le Crapaud veut une élite (ce en quoi il a raison) qu'il sache qu'il n'y a pas d'élite sans excellence et d'excellence sans culture. La culture est même la marque de l'excellence et le signe d'une société capable de s'élever vers le sublime. Tiens, il me rappelle le Beckford du Chatterton d'Alfred de Vigny, tentant de convaincre le jeune poète de renoncer à la poésie et d'accepter un emploi de valet :
- Ah ! c'est vous qui êtes Thomas Chatterton ? Vous vous amusez à faire des vers, mon petit ami ; c'est bon pour une fois, mais il ne faut pas continuer. [...]
- je ne donnais aux Muses que le temps perdu. Je savais bien ce qu'en dit Ben Johnson : que la plus belle Muse au monde ne peut suffire à nourrir son homme, et qu'il faut avoir ces demoiselles-là pour maîtresses, mais jamais pour femmes.
Commentaires
J'adore ce billet. :)
me too :)
@Antoine,
So do I, better. ;)
Merci pour le lien.
Sur le fond, je ne te suis que partiellement. Le travail sur la culture et la civilisation est primordial pour apprendre une langue, c'est évident, mais cela n'empêche pas d'y mettre un peu d'aspect ludique de temps en temps. L'enseignement ne doit pas être qu'une souffrance pour l'élève, et heureusement.
Le mandarin à l'école primaire !!! En effet c'est fumeux. Le mandarin au lycée ou dans le sup. notamment dans le cadre d'études commerciales oui, mais dans le primaire...
Je propose que le français soit mis au programme de l'école primaire ;-)
À l'école primaire, on pourrait essayer de leur apprendre le français, ce serait déjà un beau progrès.
@Mathieu,
" Happy, happy, shall I be
When I know, my ABC" ;)
Pour ma part, je note que la seule et unique méthode (Frêche Recommanded) pour apprendre une langue consiste à fourrer la sienne dans la bouche d'une étrangère.
Accept no substitute.
Mon cher César, pardonnez-moi de ne pas partager votre avis sur le fonctionnement d'apprentissage des langues étrangères.
Tout ce que vous écrivez là, va à l'encontre de ma propre expérience en tant que non francophone émigré en Bretagne, ainsi que parent d'enfants bilangues "de naissance", si je peux le dire ainsi.
Vous pensez peut-être que j'étais un locuteurs avant d'arriver par ici. Je vous rassure, trois ans à la fac m'ont permis l'exploit de ne pas comprendre grand chose à ce qui était dit autour de moi.
Je n'ai jamais pris de cours de français en France. Et je ne m'estime pas être extrêmement doué.
Mes enfants, dont aucun n'a l'âge du primaire, se fichent éperdument des "équivalences" linguistiques : ils s'expriment, et ils savent s'exprimer parfaitement dans les deux langues. Mais je suis à plus près certain qu'ils méconnaissent le mot "traduction". Heureusement, car on ne peut pas véritablement "traduire" une langue dans une autre. J'en ai fait l'expérience directe quand je voulais tenir un site plurilangue : passer du français à l'italien a toujours nécessité une réécriture complète.
Certes, pour une compréhension "a minima", la traduction ça ira ....
La seule chose avec la quelle je suis pleinement d'accord c'est le commentaire de Didier Goux : j'ai travaillé mon français (toujours imparfait au demeurant) car j'aime bien m'exprimer, car j'en connais l'importance, le goût et le plaisir. Tout ça, je l'ai appris en bien apprenant à parler "ma" langue, l'italien. Alors, si on pouvait mieux apprendre le français aux francophones, cela ne serait pas de trop, en effet.
Claudio,
Plus complexe qu'il n'y parait ;)
Voui, maitriser une structure de langue aide à maitriser les autres, là réside toute la difficulté dans le combat contre l'illétrisme de certaines populations chez nous, passé un certain age.
@+
Ne pas oublier les cours de Chinois en maternelle, pourquoi n'y en aurait-il qu'à l'Ecole Alsacienne !(si je me souviens bien)
Bon, je suis aussi pour favoriser un apprentissage précoce des langues.
Mes enfants n'avaient pas de cours de langue au niveau maternelle-primaire. Souffrant professionnellement d'un manque d'aisance à l'oral, alors que j'avais suivi un cursus classique avec de bons résultats scolaires en Anglais, j'ai inscrit mes enfants à des "mini-schools", juste pour se familiariser avec la langue orale. Ce qui leur permet aujourd'hui de se gausser de mon accent (et ils ont un bon niveau).
Le problème, pour moi, est que l'apprentissage des langues en France est trop scolaire, et trop sous forme écrite (les professeurs n'ont pas le temps de faire parler les élèves, ce qu'ils regrettent). Beaucoup de Français n'osent pas se lancer à s'exprimer dans une langue qu'ils ont apprise, de peur de faire des fautes. Nous sommes heurtés par des fautes de Français, mais un américain ne sera pas troublé par des fautes d'anglais, et cherchera rarement à corriger.
Alors, "se faire l'oreille" au plus jeune âge me semble une bonne idée. Cela ne doit pas limiter la maîtrise de la langue française, bien sûr.
Le problème est que l'oreille doit être exposée très tôt aux sons d'une langue étrangère, le français a une "bande hertzienne" très réduite :
http://tomatis-toulouse.com/int.htm
Dès la maternelle, c'est trop tard.
En fait,(et non pas pour apprendre la langue) mais pour pouvoir l'entendre convenablement plus tard afin de la parler lorsqu'on l'aura apprise (bien plus tard, en cela je te rejoins tout à fait), une imprégnation orale est nécessaire dès les premiers instants de la vie. C'est une question de formation d'oreille, on m'avait parlé de micro-perforations de membrane, et qu'il était bon aussi de laisser écouter à un bébé des chansons asiatiques en raison des aigus qui donnaient de très nombreuses micro-perforations, ce qui permettrait d'apprendre facilement une langue par la suite, et bon aussi pour avoir "l'oreille musicale" par la suite.
Aujourd'hui, je sais à peu près lire l'anglais et le néerlandais, mais j'ai du mal, souvent, à comprendre un néerlandophone qui s'exprime, par contre un francophone qui s'exprime en néerlandais est tout à fait compréhensible pour moi. Et quand je parle le néerlandais, les néérlandophones ont souvent du mal à me comprendre. On peut donc dire que ça coince à l'oral.
@Mia,
Ca c'est sur, ils en font beaucoup eux-meme. :))
D'ailleurs, à Miami mieux de savoir parler espagnol pour survivre...
Oups,
J'ai dit espagnol, mais bon il faut savoir s'adapter...
En anglais, tout pareil que ce soit aux US, en GB, en Australie en fonction des régions, l'accent, le chant varie énormément:
Exemple: "today" entendu en GB et US à peu près ( je dis bien à peu près) généralement percu: "aujourd'hui"
En australie auditivement percu: "to die" à savoir "mourir".
Donc, baser l'enseignement sur plus d'auditif...
Entre 5 et 10 ans, c'est l'"âge d'or des acquisitions". Sensibiliser un enfant à l'anglais comme à n'importe quelle autre langue étrangère ne peut lui être que bénéfique. Il en va de même de la musique, les arts...
Dans notre système scolaire, l'apprentissage des langues étrangères arrivent bien trop tard, au collège, voir en fin de primaire dans le meilleur des cas. Un âge où l'on a d'autres centres l'intérêt et plus trop l'envie d'apprendre.
@OrangeS,
Vous laisse à la nostalgie de vos paradis perdus.
Grande performance dans ce domaine, j'ai cru comprendre.
Bonne soirée :)
evit deskiñ komz brezhoneg er c'hlasoù mamm !
@Christine,
Euh...les langues régionales? Ah la la... ;)
Un établissement numéro deux j'ai cru lire quelque part. :)
comme quoi...
@Christine
ça ressemble fort à du breton, ça :-)
N'est-ce pas...
---
J'essaie de traduire la bretonne :
"Au sujet de la pratique orale du Breton dans les écoles maternelles" ?
Moi je suis pour.
Et je rajoute : "Plouz... Foenn... war an hent ! Hentenn vrezhoneg evit an deraouidi..." Boudiou d'boudiou !!
Sinon, je peux dire une connerie, l'Hérétique ?
te fais pas de bile, Émile... tes petits enfants auront quand même 2 langues à étudier en maternelle : Arabe et Français 2è langue... eh eh...
Zut, j'ai encore vexé tes visiteurs du parti anti-capitaliste...
Je suis vraiment mauvaise langue...
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Mais non, le français ce sera interdit à l'école, comme le breton et le kabyle...
En revanche, cracher par terre sera autorisé...
Ya, ChristineB ha kalz plijadur 'zo gant ar vugale o deskiñ brezhoneg e skol vamm !!
(Siwaz, brezhoneg din 'zo fall ...)
le fait d'apprendre en maternelle ou ailleurs, je ne sais pas si c'est bête... je serais plus modérée que toi ...car même si les gamins apprennent quelques mots, cela peut être une incitation à la découverte ... sur ce je crois savoir que les médecins sont partagés là-dessus à propos des structures mentales. Quant au choix de la langue, nous forcer depuis maintenant des décennies avec l'anglais relève du terrorisme intellectuel, j'ai fini par détester cette langue à cause de ça.
attention à ta forme d'apprentissage qui risquerait de faire parler un anglais tellement littéraire qu'il ferait rire les anglais eux-mêmes ... ( ça m'est arrivé !)
Pour l'écriture et la connaissance d'une
langue, deux petits conseils :
- "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (Rabelais).
- "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" (Descartes).
CQFD : Savoir écrire, savoir parler. La suite n'est qu'une question de choix :
- Traduction ?
- Traductologie ?
- Sémiotique ?
- lexicologie ?
On peut préférer l'Anglais des affaires comme aimer la langue de Shakespeare. Il n'y a pas de miracle pour apprendre une langue : travailler ! Le reste me paraît quelque peu accessoire. Mais les parents auront beaucoup compris lorsqu'ils verront que tous ne peuvent pas devenir président de la République. Mais que l'on cesse enfin avec ce fantasme du bilinguisme (mot creux, sans acception précise au fond). L'Homme en tant qu'individu ne sera jamais une encyclopedia universalis ambulante.
Pour apprendre une langue (autre que sa langue maternelle) il faut être motivé ! Peu importe l'âge où vous commencez, tout est affaire de motivation ! J'ai appris des rudiments de chinois oral lorsque mon fils (à mon grand désespor)l'a choisie comme deuxième langue obligatoire en 4e, tout ça pour pouvoir suivre un peu. Par contre l'écriture des idéogrammes est très dure !
Pour mon plaisir et à un âge non scolaire, j'ai pris des cours de portugais, que je le parle et comprends lors de mes séjours prolongés dans ce beau pays !
Je le redis : tout est affaire de motivation !
Ne me dites pas que les élèves de maternelle sont motivés par l'apprentissage de l'anglais, ni même ceux de 6e !
Mais si le professeur de langues envisage un voyage en Angleterre (ou autre pays)durant l'année scolaire, je doute qu'un seul élève rechigne à apprendre un peu d'histoire de la perfide Albion, un peu de culture anglo-saxone ainsi qu'un minimum de mots de vocabulaire et de grammaire, ne serait-ce que pour se faire comprendre des autochtones, lorsqu'il sera seul dans une famille (la fameuse immersion ;-))
@Verso, yep! :)
L'immersion...Mais une semaine par ci par là, cela titille la curiosité mais pas de réelle valeur ajoutée.
Ceci dit, tout l'intéret de préserver les langues régionales tient dans le fait d'habituer l'oreille mais aussi à une certaine "gymnastique cérébrale" pour pouvoir faciliter ensuite, l'accès à toutes les autres.
D'habitude j'aime bien tes textes, "l'Hérétique", mais là, tu parles, de très haut, de choses que tu ignores... le bilinguisme ou le trilinguisme.
Ce que tu décris est la marque bien française, plutôt Education nationale parisienne... comme "la meilleure manière d'apprendre l'anglais, ce n'est pas d'écouter les conneries en anglais, et de faire de "l'oral" (idée débile et commune s'il en est), mais tout au contraire, d'étudier Shakespeare et de s'imprégner de l'essence de la culture anglaise."
Etudier Shakespeare n'a jamais fait parler quelqu'un correctement anglais, c'est l'Ecole française qui produit des gens incapables de communiquer, c'est-à-dire d'être compris et de comprendre. Terrible ce que l'on voit partout dans le monde à ce niveau. La tête pleine, mais incapables de s'exprimer sur des sujets simples.
Le bilinguisme facilite l'apprentissage d'autres langues étrangères, non pas ânonnées avec un terrible accent français que les locuteurs des autres pays ont des difficultés à comprendre - comme le décrit si bien luciolebrune - mais comme parlent les personnes nées dans ces pays. Et une langue régionale parlée à côté du français, c'est aussi du bilinguisme.
Parler une langue, c'est tout simplement communiquer librement, et non pas "
être capable de produire des équivalences correctes avec sa propre langue et de maîtriser les catégories logiques de la langue de toutes les langues, la grammaire"
ça c'est le moyen le plus sûr de faire des "gallicismes", car il n'y a pas toujours d'équivalence dans la langue "étrangère", cela ne fonctionne pas comme avec un "calque"...
Je suis plutôt d'accord avec ce qu'écrit Claudio.
Pour parler moi-même quatre langues couramment (français, allemand, anglais et depuis peu polonais) avoir appris et enseigné l'hébreu et découvert l'arabe et le chinois, avoir enseigné le français à l'étranger pendant plusieurs années, je peux te dire que tu as presque tout faux dans ce que tu écris... malheureusement.
Les enfants en bas-âges apprennent les sons des différentes langues et leur maniement sans aucun problème. Comme l'écrit luciolebrune:
"Le problème est que l'oreille doit être exposée très tôt aux sons d'une langue étrangère, le français a une "bande hertzienne" très réduite :
http://tomatis-toulouse.com/int.htm
Plus ils apprennent une langue tôt, mieux ils la parlent plus tard, avec facilité et sans accent. Ma petite-fille écoute depuis sa naissance le polonais que lui parle sa maman, le français que lui parle son papa et l'allemand que tout le monde parle autour d'elle. Les sons de ces trois langues sont très différents et l'oreille s'est déjà habituée. Elle comprend ces trois langues bien qu'elle ne parle pas encore vu son âge... Son père lui fait aussi écouter du chinois pour que son oreille s'habitue à ces sons, car le chinois mandarin, contrairement à ce que tu écris, est une langue hyper-intéressante dans sa structure, et vu le nombre de personnes qui la parlent dans le monde, elle sera toujours utile. Elle ouvre en outre la porte aux langues asiatiques, si différentes de notre culture, dans leur façon d'appréhender le monde.
Plus les enfants apprendront tôt les langues d'autres pays à côté de leur propre langue plus ils seront ouverts sur le monde. Apprendre le français correctement ne signifie pas qu'il soit impossible d'apprendre une ou deux autres langues à côté - si on les sépare bien et si on a un locuteur clairement défini dans chaque langue.
Mon gamin me parlait français dès que j'allais le chercher chez sa nounou qui lui parlait allemand. Elle était toujours stupéfaite de voir ce gamin de 2 ans parler français dès que je passais sa porte... Aujourd'hui il parle couramment français, allemand, anglais, polonais et suit des cours de russe pour apprendre correctement la grammaire, car il le comprend déjà grâce au polonais. Cela permet une ouverture d'esprit et une communication avec les gens de ces pays.
J'avais un prof que j'ai beaucoup admiré, il parlait 12 langues couramment. Ses cours à la fac étaient du pur bonheur. C'était mon prof d'hébreu. Quand nous avions un texte en hébreu, il nous disait parfois "Ce mot n'a pas d'équivalent en français, prenez plutôt le mot latin, ou allemand, etc..." Il était génial. Je n'ai plus jamais rencontré quelqu'un de semblable. Un vieux juif russe mathématicien et philosophe qui avait appris l'anglais en se procurant le livre d'un mathématicien anglais, en écoutant la BBC et avec la traduction en anglais d'Anna Karénine de Tolstoï... Il donnait des conférences en Angleterre, en anglais, sur Spinoza. Il parlait un excellent français avec un léger accent russe.
Comme quoi, tout est une question d'ouverture d'esprit :-) et il ne faudrait surtout pas empêcher les petits français d'apprendre l'anglais ou le chinois, cela leur ouvrira l'esprit et leur permettra de communiquer avec d'autres cultures, loin de tout "académisme"... Les langues n'ont pas été "inventées" pour les puristes, mais pour communiquer...
Sur un point, je suis d'accord avec toi. La grammaire.
Elle est comme le squelette d'une langue, le vocabulaire et les idiomes étant les muscles, la chair et la peau... De même qu'une jambe ne peut s'accrocher à la tête, la grammaire donne la structure à une langue. Elle est pratiquement universelle et se retrouve dans toutes les langues. Quand on a compris comment elle fonctionne, on peut apprendre pratiquement toutes les langues.
Mais aucun être humain n'a appris la grammaire avant d'apprendre à parler...
Il est à noter toutefois que, mon fils souffrant d'un syndrome autistique, nous avons dû déménager en partie francophone car le bilinguisme aggravait son syndrome et son repli sur soi.
Nous avons donc dû ne parler qu'une seule langue, à la maison comme à l'école, et les postes de TV, etc.
Il n'aura donc pas eu la chance de tous les autres enfants des couples binationaux que nous connaissions : 1 conjoint Flamand, l'autre Français, et les petits bouts de chou qui parlaient couramment les 2 langues, s'adressant alternativement dans la langue maternelle ou paternelle au parent correspondant.
Mais il y a des choses bien plus graves dans la vie, ceci n'est pas un drame, bien sûr !
Bonne soirée à tous.
Dans les pays nordiques, l'anglais commence à être enseigné à partir de la maternelle et c'est plutôt efficace puisqu'ils sont presques tous bilingues.
Voui: "presque".
Faisant florès et chorus avec l'Hérétique sur ce billet, je persiste à croire que le bilinguisme demeure et demeurera l'apanage d'une minorité. La question qui me paraît plus pertinente et de savoir si cette minorité sera une minorité voyante. A quel échelon nous situons nous ? à l'échelon de la famille, de l'entreprise, de la relation contractuelle, de la scène internationale ? ... autant de variétés de cas. Les Français de l'étranger demeurent sans doute l'exception qui confirme la règle; ils leur arrive (je dis bien il leur arrive) d'être pleins aux as et ils font peu ou prou partie d'une establishment locale avec un réseau de sociabilité souvent cossu; "Les étrangers de la France" me paraissent un cas beaucoup plus intéressant, comme en témoigne Claudio Pirrone; quand vous n'avez pas un kopeck en poche et que le capital culturel et familial si cher à Pierre Bourdieu n'est pas très lourd, il faut savoir se débrouiller seul, la nuit, en travaillant : c'est ce que nos compatriotes d'origine portugaise, italienne, nord africaine (...) ont pratiqué depuis des générations. Pas facile de suivre des causeries mondaines en Yiddish lorsque l'on est issu des hautes
plaines du Cheliff ...Pour clore le débat, je suis favorable à une mondialisation modeste du creuset français; une langue s'apprendra à la base toujours par plaisir dans une petite cellule, dans un petit groupe ou un petit clavier d'ordinateur.
@Jourdan : mes grands-parents Italiens sont arrivés jeunes sur les sol Français, ils n'ont jamais perdu leur accent italien mais on perdu la pratique de l'Italien, quand leur famille venait les visiter, ils devaient chercher leurs mots, d'après ce que ma famille m'a raconté, vu que je n'ai jamais connu mon grand-père et que j'étais très jeune quand je n'ai plus connu ma grand-mère.
Le compte en banque bien garni n'entraîne pas automatiquement le don des langues, ou alors j'ai loupé un épisode de la tour de Babel.
Pour répondre à ce billet, une langue s'apprend principalement par la motivation, que l'on ait 6 ans ou 99 ans, après le reste n'est qu'affaire de temps, on est tous différents et donc on apprend pas tous à la même vitesse. Donc apprendre une langue à la maternelle ne n'est pas vraiment pour se faire l'oreille, car on peut très bien se faire l'oreille à 45 ans sur le chinois ( cela prendra juste un peu plus de temps en fait)Non la maternelle permet d'aller plus vite au niveau de l'apprentissage auditif ( tout cela c'est la faute au cerveau, quel con celui là). Ensuite commencer à la maternelle, cela permet d'augmenter le temps d'apprentissage de la langue, car en maternelle apprendre la grammaire et à écrire c'est pas demain la veille que cela se fera ( et oui les gamin sont comme cela, qu'on est mal foutu nous les humains)
De toute façon l'école ne peut que donner des bases quel que soit le temps d'apprentissage donner à une langue, tout repose sur la motivation et la pratique quotidienne d'une langue, ce que font les pays nordiques en écoutant et en lisant les sous-titres en anglais.
Sinon pour le chinois, puisque certains marchés s'ouvrent sur la Chine et que de nombreux chinois et je dirais même qu'une majorité ne savent pas parler anglais, pour pouvoir discuter avec le sous traitant chinois vaut mieux connaitre la langue du sous traitant. Mais j'admets qu'il existe une mode actuelle pour apprendre le chinois pour tout et n'importe quoi, mais bon c'est comme cela, il existe toujours des débiles profonds dans chaque société.
@Luciole,
Voui, cela peut arriver mais rentre rapidement dans l'ordre au bout de quelques jours.
Lié au manque de pratique.
J'ai connu ce problème avec l'espagnol à mon retour des US, je le parlais facon "esperanto" un mélange d'hispanofranglais assez original qui avait un franc succès, que de fou rires... ;D
Ceci dit, pour avoir rencontré certains membres travaillant sur l'union pour la méditerranée, j'ai pu noter que style tour de Babel assez original aussi, certainement du à la nuance et valeur qu'apportent les mots dans telle ou telle langue.
Je dois dire que les Flamands aiment bien mon accent français (provençal surtout) et, vu qu'ils voient que je fais l'effort de parler dans leur langue, ils me répondent tout de suite en français (sans doute plus compréhensible pour eux que mon néerlandais)!
Sauf ceux (rares) qui ne connaissent que très peu, voire pas, de français : alors ils arrivent tout de même à comprendre mon néerlandais, y'a pas trop le choix si on veut se comprendre.
Ceci dit, la bouche des francophones ne peut pas dire correctement les sons "sch" et "vr", même ceux qui la parlent couramment, une question de position de langue, de formation du palais acquise dans la tendre enfance ou jamais.
Le Matin de Bruges :
En 1302, Philippe IV imposa une nouvelle taxe sur la Flandre, et pris même les deux fils du comte de Flandre, Guy de Dampierre, en otage. Cela causa grande agitation en Flandre, et le matin du 18 mai 1302, les citoyens de Bruges massacrèrent tous les Français de la ville, les identifiant à leur prononciation de l’expression flamande schild en vriend (« bouclier et ami »). Tous ceux qui ne purent la prononcer correctement furent tués. Le massacre est connu sous le nom de « Brugse Metten »
Comme quoi, parler une langue étrangère très jeune peut quand même vous sauver la vie :-))
Je n'arrive plus à faire dire à mon fils "huit" et "puis" convenablement : il prononce "houit" et "pouis", comme un Belge francophone. Il perd de plus en plus le peu d'accent provençal que je lui avais légué pour prendre l'accent d'ici, légèrement, j'espère qu'il ne va pas prendre l'accent du borinage, car ce n'est pas très joli à mon avis :-(
Je ne vois qu'une solution Luciole, appeler Bach à la rescousse, il parait que cette musique à des vertus es-péciales/es-spaciales, oups...Ce billet a alterré mon ortografff! :)))
@Luciole,
Triste pour ton fils, te suggère de remplacer le chat rapidement.
Je ne vais pas m'apesentir, peux te paraitre "insensible" mais mes fils ont perdu leur père il n'y a pas si longtemps.Un père est moins facilement remplacable...Dslée de devoir relativiser.
Biz à ton fiston à toi aussi.
Merci Martine, je suis vraiment bien plus désolée pour toi, la douleur de la perte d'un être humain n'est évidemment pas comparable à celle d'un animal.
Merci encore.
Isabelle
Coucou s'il n'y avait pas le verbiage dans certains com, j'aurais pu suivre.
Bon, moi je considère qu'il faut surtout travailler l'oral. Pour moi apprendre le vieil anglais ne sert à rien, l'anglais que plus personne ne parle, c'est bon en fac.
Après mes chéris, vous ne comprenez pas qch : je lance des idées, un peu comme Ségo, mais je suis tout à fait prêt à les abandonner, les atténuer ou réfléchir aux modalités
Bien à toi
Hors-sujet ou presque....Pourquoi "les enfants d'origine arabe" ne sont-ils pas de brillants bilingues?
http://www.confluences-mediterranee.com/spip.php?article2894
@ mathurine:
A votre question, il faudrait répondre de manière multiple.
Pour avoir étudié la langue arabe classique
لغة عربية فصحى
- avec grand plaisir, car c'est une langue magnifique et riche - je serais d'accord avec vous.
Mais la langue n'est pas tout. Les locuteurs véhiculent une culture qu'ils ont "apprise" dès leur plus jeune âge et avec celle-ci la capacité - ou non - de se concentrer sur différents sujets.
Je lisais la semaine dernière un article de personnels envoyés en Irak pour former les volontaires irakiens à certains métiers. Ils écrivaient entre autres "ils ne peuvent pas se concentrer plus de 10 minutes sur un sujet".
Hier, j'étais invitée chez une amie avec d'autres personnes, dont l'une d'entre elle qui a une entreprise avec une filiale en Tunisie. Elle me disait qu'elle avait formé son personnel - qui semblait ouvert au monde - sur différentes technologies. Mais au bout de quelques mois, il avait dû constater qu'il manquait une capacité à la concentration et à la compréhension sur des sujets complexes, tels que ceux auquels sont habitués les ingénieurs dans nos pays. Pourtant, ils étaient ingénieurs tunisiens, sensés avoir fait les mêmes études. Mais ils posaient x fois les mêmes questions qui montraient qu'ils n'avaient pas compris la complexité de ce qui était traité.
Etrange. C'est la première fois que j'entendais parler de ce phénomène après avoir lu les rapports des formateurs en Irak... Ce qui se recoupe...
Je ne juge pas du tout, mais transmets ce que je viens d'entendre et commence à me poser des questions sur les modes de cultures. On parle de "mondialisation" et s'imagine qu'avec l'ouverture des frontières tout devient possible.
En fait, il semble que l'EDUCATION que nous avons eue en Europe depuis le siècle des lumières ait formé un intellect et des modes de réflexions et d'analyse que ne peuvent "imiter" des cultures qui n'ont pas eu cette évolution lente mais certaine.
Une question se pose donc et je vous la soumets...
@LCDM,
Certes,certes mais pour signer des contrats...Ou rédiger des textes...A l'oral aussi?
Ensuite, le mandarin, un peu tardif non? La Chine s'est réveillée au début des années 80, ou était la France à cette époque?
Eh voui, les US eux déjà sur les rangs tant commercialement que par le biais de l'éducation ces années là...
@ Martine:
Avant de "signer un contrat" il y a toute une évolution humaine et technologique, dans l'approche et la négociation, qui ne peut se faire qu'à l'oral...
La Chine, réveillée ou non, est un pays de plus d'un milliard de personnes. Il aurait été intelligent de s'en occuper il y a plusieurs décennies pour être sur les starting blocks à son "réveil".
N'était-ce pas Peyrefitte qui écrivait en 1973 "Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera" ?
Qu'ont fait les "élites" en France depuis cette date à l'égard de ce pays ? Pas grand chose du haut de leur mépris.
Par contre, où que vous alliez en Chine, vous trouverez des Allemands et des Américains parlant chinois couramment...
@Danièle,
Des francais aussi.
@ Martine:
Oui, certes, mais beaucoup moins et moins dans les entreprises... Les Français sont plutôt dans ce qui est appelé "culturel"...
@ l'hérétique : Brillante démonstration, un zeste de mauvaise fois, quelques lapalissades, mais j'aime le ton et la manière. Bravo !
@Cat,
Voui, l'hérétique a un style très personnel.
J'ai adoré ce billet, merci l' hérétique. :)