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La banlieue et le MoDem

On nous annonce régulièrement un grand plan pour les banlieues et en réalité, il ne se passe rien ou presque. Le renouveau des banlieues proviendra de l’essor économique de ces quartiers. Et pour cela, c’est à l’Etat de montrer l’exemple, en réinvestissant massivement pour ceux qu’il a trop longtemps abandonnés. Pas seulement un Etat qui protège, mais également un Etat qui favorise l’emploi, qui éduque et qui soigne. Pour les banlieues, nous proposons :

  • le lancement d’une initiative : 100 000 TPE nouvelles dans les territoires délaissés, en particulier dans les banlieues, un tiers dans l’innovation des systèmes d’information, deux tiers dans les emplois de services. Pour cela, multiplions les offres de micro-crédit ;
  • l’organisation d’un concours aboutissant à 50 grands projets originaux et dérogatoires pour la banlieue permettant des dérogations au droit commun sur la construction, le zonage commercial, les infrastructures de transports ;
  • la priorité à la réimplantation de tous les services publics dans les quartiers les plus désavantagés ;
  • une répartition des fonctionnaires sur le territoire qui inverse les critères actuels. Les plus expérimentés doivent être incités à travailler là où on a le plus besoin d’eux, souvent en banlieue difficile.

Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce plan du MoDem pour la banlieue. Si, un point tout de même : l'insécurité me paraît un frein au développement économique. Il faut régler cet aspect en même temps que l'on favorisera l'essor économique des quartiers. Autre chose ; le mieux peut être l'ami du pire : en développant ces quartiers, il se pourrait aussi que l'on chasse les habitants défavorisés parce que la valeur locative et immobilière d'une part, mais aussi le coût de la vie augmenteront. Cela s'est déjà vu, et c'est ainsi que tout un petit peuple est devenu pré-rural ou péri-urbain. Il ne faut pas raisonner seulement par rapport aux quartiers mais aussi par rapport à ceux qui y vivent. Et ce ne sont pas que des déclassés de l'immigration (qui monopolisent souvent attention et médias pendant que les autres sont invisibles...). Il manque à mon avis une réflexion sur ce thème dans le programme du MoDem (comme dans d'ailleurs celui de tous les programmes politiques des partis).

Commentaires

  • En harmonie avec la teneur de ce billet.
    Les banlieues sont un "melting pot", pas exclusivement issu de l'immigration, je confirme.
    Il faut aussi appréhender les transports différemment je crois, certaines municipalités sont très morcelées par le passage de voies ferrées sans en avoir aucun avantage, il devrait y avoir possibilité de développer plus équitablement des poles dits de correspondance afin de désengorger certains axes.
    En ce qui concerne la sécurité, bien sur une présence de proximité et encore veiller au morcellement, j'ai toujours en tete certains quartiers de Turin ou il a été développé un réseau de trams et ou bus en site propre sillonants des rues très étroites, cela a entrainé la mort des petits commerces mais aussi de l'insécurité la nuit.
    En complément, il existe des programmes Européens susceptibles d'aider.
    @+

  • La banlieue, cours des miracles des temps modernes. Causes de tous les maux d'un système, s'attaquer au problème c'est résoudre la crise, voir les stigmates, c'est en accepter l'augure. Point de banlieue en dehors des villes, juste des champs, quelques gueux en guenilles. La banlieue ne fait désordre, que pour les gens des villes.
    Ils veulent tuer le chien, ils l'accusent de la rage. Ils ne veulent rien changer, n'y voient pas des hommes, qu'un endroit stérile, que le désordre y reste, le plus loin des villes. Annoncer un plan, c'est déjà décevant, décider d'y vivre, c'est vouloir la changer...

  • C'est Beau de le lire.
    Le Modem ne serait-il pas devenu lui aussi Angélique ?

  • Oui et non, quelque part. Oui, il faut bien entendu créer du "boulot" de proximité, et il faut aussi lutter contre l'insécurité.

    Mais cela ne me semble pas suffisant: on oublie le rôle des associations et celui de l'Education Nationale. Car si l'on crée un contexte favorable, c'est bien aux associations et à l'Education Nationale à prendre le relai de familles parfois défaillantes, pour démontrer par exemple au petit dernier qui a 12 ans, qu'il vaut mieux investir sérieusement dans son futur plutôt que jouer le "guetteur" quand d'autres, vendent du shit...

  • Ce n'est pas à mon avis la partie la plus percutante du programme du MoDem... plus exactement, cela me semble rédigé par des non-banlieusards pour des non-banlieusards.

    Les fonctionnaires expérimentés dans les zones réputées difficiles, soit, mais il y faudrait des primes considérables dont l'Etat n'a plus les moyens. Une "astuce" comme la fusion des Polices nationales de Paris et petite couronne, récemment réalisée, sera peut-être efficace.

    Les concours et les dérogations au droit, pitié ! On en a marre d'être considérés comme des zoos où des architectes viennent plaquer des oeuvres d'art sorties de leur atelier génial, sans considération de la vraie vie, des trajets, de la "vraie vie" des quartiers concernés. Pour être honnête, j'ai aussi vu le cas inverse - des bureaux d'étude révélant comment vit le quartier à des municipalités essentiellement représentatives ... des seuls quartiers pavillonnaires. Mais ce n'est pas la logique de concours qui réussit ici, à ma connaissance.

    Les 100000 TPE via le micro-crédit, ah ben tiens... Le micro-crédit est certainement une belle chose, mais à des coûts unitaires faramineux : je doute que cette technique soit efficiente à aussi grande échelle.

    Quant à la réimplantation des services publics, soit, à ceci près qu'ils sont généralement déjà implantés, contrairement à un lieu commun. Ce qui leur manque, c'est d'avoir autant de moyens que dans les quartiers riches. Comparez une gare d'Aulnay à une gare de Versailles, un bureau de poste d'Argenteuil à un bureau de poste du VIIème, la rampe autoroutière la plus proche de chez moi à un ouvrage équivalent dans les Yvelines... On voit où sont les contribuables influents qui pourront obtenir des directions nationales un service de qualité.

    Quant à l'insécurité, j'aimerais bien avoir la carte des fréquences en euros cambriolés par habitant, ou en agressions physiques de voie publique par passant ? Je doute que beaucoup de banlieues soient des points chauds. En tout cas, je ne crois jamais m'être senti physiquement menacé, dans ma banlieue.

    Ce qui est vrai, c'est qu'un espace public dégradé (friches, ruines, bâtiments publics mal entretenus, nids-de-poule, faible éclairage public, immeubles HLM en survie...) et des sous-effectifs chroniques de police nationale donnent au visiteur l'impression qu'il ne se sentirait pas à l'aise, pas tranquille s'il venait habiter là.

    Le tout se fige en effet de réputation. Mes filles revenant de l'école me demandent pourquoi on leur dit que "Argenteuil, ça craint". Papa, pourquoi ça craint ?

    Ben, parce qu'il y a des gens qui craignent, dans leur tête...

    Ceci dit, il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire.

    D'abord l'égalité fiscale entre territoires, pour que les ressources des communes pour rendre les services publics qu'elles doivent, dépendent essentiellement de leur nombre d'habitants, et non pas de la richesse de ceux-ci.

    Ensuite la représentation des habitants. Des modes de scrutin, à l'échelle municipale comme à celles des futurs Conseils territoriaux, qui permettent une bonne représentation des différents territoires et des différents groupes sociaux.

    Aussi, un choix politique clair. Ne plus opposer développement économique (La Défense...) et développement social, mais comprendre enfin que la richesse de l'Ile-de-France, c'est son équilibre social, culturel, paysager, et que les fractures dans cet équilibre (les émeutes médiatisées) sont la principale menace contre son développement économique.

    Une logique de développement équilibré de tous les territoires, pour éviter que la pauvreté ne doive s'entasser dans des zones de relégation. Des commerces mieux répartis (grâce à la taxe carbone ?). L'obligation de mixité dans tous les programmes immobiliers de plus de 20 ou 25 logements. La préférence à la rénovation plutôt qu'à la démolition, quand c'est plus économique et que les habitants le souhaitent également (aujourd'hui, même dans ces conditions, l'ANRU privilégie les démolitions). Le calcul et le suivi budgétaire, publié en ligne, des moyens attribués par chaque service public (police, Education nationale, etc) à chaque territoire.

    Et puis - dans les écoles et les collèges, des chefs d'établissement décidés à porter plainte à la première infraction (avec une police décidée à enquêter à la première infraction), des surveillants formés, en nombre suffisant, et des enseignants eux aussi formés à tenir leurs classes et obtenir la discipline et le travail. Parce que si les collèges ne sont pas "tenus", tous les milliards du monde ne feront pas venir des "familles de cadres" en "banlieues".

  • Bon, un commentaire comme ça, ça fait un billet. Hop ! merci de m'en avoir donné l'envie.

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