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Du bonheur en économie.

J'ai lu les billets respectifs de Hashtable et de Toréador à propos de la dernière idée géniale de Nicolas Sarkozy : mesurer le bonheur national brut. A vrai dire, je ne vois pas trop ce que je vais pouvoir ajouter de plus tant je partage globalement leur avis sur la chose. Que cherche-t-on à faire avec un tel outil statistique ? Comment peut-il avoir un sens dans nos sociétés marchandes qui ont fait du bien-être la mesure de toutes choses ? Plus largement, je commence à m'inquiéter quand un État s'avise de décréter si je suis heureux ou non. Bien que l'idée naisse en démocratie, ce sont plutôt les états totalitaires qui se targuent, en règle générale, de pouvoir calculer scientifiquement le bonheur des citoyens.

D'après le rapport remis à Sarko, de nouveaux indicateurs doivent donc être créés pour mieux prendre en compte les activités non-marchandes (travaux domestiques, bénévolat, loisirs...), l'accès à la santé ou l'insécurité, tout en reflétant davantage les inégalités. Ah bon ? et ils n'existent pas déjà ? Quand je vois déjà comment l'Intérieur faisande allègrement les chiffres de l'insécurité en France, je me dis que cela promet.

Toutefois, ils sont quelques uns à se demander à l'heure actuelle, si l'économie est une science morale. Amartya Sen a cru pouvoir répondre par l'affirmative, tandis que les économistes autrichiens, qui récusaient tout positivisme, n'ont jamais réussi à donner une justification morale à leurs théories. J'ai déjà exprimé les critiques que j'adressais aux capabilités d'Amartya Sen.

Il s'ajoute enfin un autre problème : le calcul du PIB est une mesure internationale reconnue par tous avec des critères communs. Il en ira tout autrement d'un indice intégrant le bien-être, susceptible de varier selon le niveau de développement et selon les cultures.

 

Commentaires

  • Ce que veut mettre en place Sarko est loin d'être nouveau, ça existe depuis longtemps au Boutan par exemple. C'est une idée sur laquelle pas mal de gens réfléchissent depuis longtemps...

  • @ europium "Ce que veut mettre en place Sarko" : il ne s'y est nullement engagé, seulement, à ce que j'ai lu, à défendre l'idée au niveau international.

    Tout ce qu'il a fait de concret, c'est commander à trois sommités scientifiques un rapport qui, apparemment (je ne l'ai pas encore lu) résume l'état de la science sur le sujet.

    Il y a encore beaucoup de chemin à faire, et beaucoup de ce chemin ne se révélera pas faisable - p.ex., à ma connaissance, pour ce qui est de savoir mesurer le bonheur comme quantité économique, il n'y a pas eu de progrès scientifique majeur depuis 40 ans.

    Les grands progrès ont plutôt été, à ma connaissance, sur la modélisation environnementale, qui aide à donner des valeurs au patrimoine naturel par exemple. A ceci près que le Président de la République est parti dans la direction opposée en fixant la taxe carbone à 17 E la tonne de CO2 émis, soit sa valeur récente sur le marché européen des quotas, qui n'a aucune relation avec le coût environnemental, patrimonial, des émissions de CO2.

    Bref, un petit pas en avant pour éclaircir le débat, mais on n'est pas du tout rendus.

  • Il y aurait même déjà une mesure du BNB en France (entendu à la radio)

    en baisse depuis 2002 ... du pur hasard ?

    Pour ceux qui cela intéresse, je devrais bientôt sortir un article (hors blog) sur la proposition d'un nouveau indicateur synthétique à validité générale.

  • @ Claudio
    Oui, cela m'intéresse. Donne-nous le lien ou le titre du périodique une fois l'article paru.

  • En lisant l'info de la mise en place de ce compteur du bonheur, j'ai pensé "encore un pas de plus vers le totalitarisme".
    Après le service mis en place à l'Elysée pour nous dire ce qui est bon pour notre culture, voilà maintenant une structure et un compteur pour nous dire comment et combien nous sommes heureux.
    Ce nouveau bonheur orchestré par nos brillantes chaînes de télé pratiquant la méthode Coué et les journaux de ces "amis très chers" qui vont nous expliquer la chance et le bonheur que nous avons de vivre en Sarkosie voilà bien la manière de faire remonter le moral en berne de ces malheureux qui ne savent même pas qu'ils sont heureux.

  • On le sait bien. En Sarkozie, le bonheur pour soi c'est d'être mieux loti et donc plus méritant que le voisin. Le voisin, il faut qu'il trouve un autre voisin.

    Economiquement la Sarkozie a une très belle maxime qui nous porte.

    "En France on s'en tire pas mal par rapport aux voisins !!"

  • Sur l'économie du bonheur, je vous conseille le site suivant: http://www.economiedubonheur.com.

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