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MoDem, libéral ou pas libéral ?

Une mise au point avant ma réponse : libéral n'est pas à mes yeux un gros mot. Je pense même que ce n'est pas un gros mot en soi. Je discutais récemment avec un journaliste (qui se reconnaîtra puisque c'est aussi pour lui répondre que j'écris l'article), et ce dernier déclarait déplorer les options néolibérales du MoDem dans le domaine économique. Soyons clair : l'axe économique directeur des libéraux et des néo-libéraux, c'est de limiter au maximum les interventions de l'État et peser le moins possible sur les individus et la libre-entreprise. De ce fait, leur priorité, c'est de réduire les dépenses des États, préférentiellement en économisant sur les services publics. Les néo-libéraux souhaitent également l'équilibre des dépenses publiques.

Si le MoDem considère la réduction du déficit comme un objectif prioritaire et se montre également très favorable à l'initiative privée, il a tout de même des divergences nettes avec les néo-libéraux ou même les libéraux. Par exemple, réduire les déficits publics, cela peut aussi se faire par l'impôt. Le MoDem ne l'exclue pas, et c'est même ce que propose, par exemple, un Jean Peyrelevade, tout du moins, jusqu'à ce le déficit soit suffisamment résorbé. Après, seulement, on peut commencer à envisager de les réduire. Le MoDem est favorable à l'esprit d'entreprise mais pas forcément à l'individualisme contractuel. Ainsi, réduire les charges sur les entreprises, c'est leur permettre de dégager des marges suffisantes pour pouvoir investir (il faut savoir que les entreprises françaises ont les marges les plus basses d'Europe). Il va de soi qu'il est aussi nécessaire de rétribuer ceux qui prennent des risques en investissant dans les entreprises. En ce sens, le MoDem n'a pas d'hostilité de principe à l'actionnariat. En revanche, le MoDem se défie des prédations et tendra à proposer des mécanismes qui n'en favorisent pas la multiplication (instruments de régulation financière, par exemple).

Ce qui cractérise en fait le MoDem, c'est le pragmatisme : pas d'idéologie dans le domaine économique. Intervention de l'État quand cela marche, libération des initiatives privées quand c'est efficace.

Une certitude anime le MoDem : les politiques nationales sont désormais de peu de poids et d'efficacité quand il y a des turbulences. La crise que nous vivons aurait été dix fois pire sans l'euro et le pacte qui nous lie à nos partenaires et amis européens. Il faut donc aller le plus possible vers une convergence des économies européennes. En ce sens, l'Europe est constitutive de l'identité du MoDem. Une telle convergence suppose des instruments budgétaires et fiscaux communs au fil du temps. Il ne s'agit pas de construire l'Europe contre les États nationaux, mais, il est évident qu'au fil du temps, ils vont avoir à déléguer des compétences économiques.

On n'entend plus tellement les anti-européens, d'ailleurs par les temps qui courent. Et on ne les entend surtout pas décrier l'euro dont ils disaient pis que pendre par le passé. L'Europe économique montrée du doigt par les euro-sceptiques est celle-là même qui nous sauve aujourd'hui. Difficile à admettre pour ceux qui se sont trompés...

In fine, les Démocrates sont plus proches des Libéraux que des Socialistes (sociaux-démocrates et réformistes mis à part) mais ils ne sont pas exactement des Libéraux pour autant. Cette proximité explique qu'ils siègent avec les Libéraux au Parlement Européen. Sachant que les Libéraux du parlement européen sont en fait bien plus modérés que le PPE. Leur souci principal, c'est l'équité : ainsi, quand ils font d'une concurrence libre et non faussée l'une de leurs principales revendications, c'est bien pour que l'équité soit respectée en Europe et entre les entreprises et entre les consommateurs. Nul doute que ce souci d'équité ait également, à terme, sa traduction dans le domaine social, avec un alignement progressif des législations afin de limiter le dumping social. En somme, ce que veut l'ADLE, c'est que les règles soient les mêmes pour tous. Le MoDem et le PDE ont ensuite des particularités, notamment le désir de sortir du champ marchand, et donc de ces règles strictes, les biens considérés comme supérieurs, c'est à dire l'éducation, la santé et la culture. Si le MoDem n'ajoute pas par exemple l'alimentation dans ce champ, c'est que tout simplement l'économie de marché a prouvé son efficacité en Europe sur ce point, et qu'ensuite, il existe, rappelons-le, une politique commune de l'agriculture, la PAC, qui sort déjà l'alimentation du champ marchand.

Si des voix s'élèvent aujourd'hui, ce n'est pas pour supprimer la PAC mais pour la réformer d'afin de favoriser désormpais le développement durable et doànc plutôt l'agriculture biologique.

Voilà, j'espère, des mises au point qui permettront de mieux faire comprendre où va le MoDem et le projet qu'il se propose de présenter aux Français.

 

Commentaires

  • la bannière de votre blog ressemble curieusement à la nôtre. Je vous demande de bien vouloir en changer au plus vite, faute de quoi nous serions contraints de faire appel à notre avocat.
    Merci.

  • Tout est expliqué ici :-D
    http://heresie.hautetfort.com/archive/2009/03/23/l-heretique-debut-de-la-consecration.html

  • Je ne pense pas qu'un créneau pro européen et pro libéral soit opportun en ce moment.

    La population souffre, en veut au marché unique et considère que le danger vient de l'extérieur.

    Le positionnement gagnant est Républicain et social. Il peut monter à plus de 10%.

    Libéral et européen = - de 5 %.

    Ce débat n'est pas du tout anodin pour le futur proche du modem qui doit consolider ses élus.

  • "La population souffre, en veut au marché unique et considère que le danger vient de l'extérieur." Et parce qu'elle croit ça, soi-disant, il faudrait s'y résigner et jouer une carte nationale et sociale?

    Curieuse conception de la politique. Qui ferait fuire un grand nombre d'adhérents ou de sympathisants du Modem (du moins je l'espère).

  • j'aime bien ce billet. Les libéraux sont par principe ouverts à la discussion, tout comme les Démocrates, ce qui est bien et explique la proximité politique. C'est donc une proximité plus sur la forme que sur le fond.

  • @pastel

    Ce qui est important, c'est de gagner. Un peu de realpolitik ne fait pas de mal.

    Arriver avec des idées contreproductives, c'est du romantisme.

  • Et bien, si vous trouvez qu'être et s'affirmer pro-européen est contreproductif...alors que c'est si "productif" de se déclarer antieuropéen, antilibéral, anti-OTAN, anti-ceci et anti-cela.

    Je suis las, mais las...

  • Fi à la lassitude..

    En ce moment, c'est l'anti qui l'emporte et pas le pro.

    Ce sont des temps de crise

  • Moi je suis libéral et j'en avais fait un billet :
    http://crapauddumarais.hautetfort.com/archive/2009/03/03/moi-crapaud-du-marais-liberal-tout-court.html

  • à crapaud: idem.J'avais lu votre billet que je trouvais excellent.

    Disparitus: les temps de crise demandent de la "leadership" intelligente et non pas des populistes dont le fond de commerce consiste à hurler avec les loups.

  • ...et en l'occurence il s'agit d'élections européennes.

  • :) Bah, il va falloir faire de la pédagogie sur les blogs, nous avons suffisamment d'enseignants...
    Reprendre par le début en toute simplicité, pour etre correctement entendus de tous.

  • Plutôt d'accord avec l'article qui est clair.
    Sauf que (j'espère que je ne dérive pas ...) je ne vois pas pourquoi l'état ne pourrait pas jouer aussi un rôle marchand, à condition bien sûr qu'il soit très bien délimité.

    Disparitus,

    oh ben non, d'accord avec Pastel cette "realpolitik" ce n'est pas le genre et cela ne marcherait pas longtemps.

    Par contre, c'est bien vrai que ceux qui s'estiment défavorisés de la crise resteront peut-être perplexes devant les présentations théoriques.

  • Faire dans le populisme ?
    Comme l'a fait l'actuel président de la République ? Et se retrouver dans la panade lorsqu'il faut par la suite rendre des comptes sur les actions réalisées, bien loin des promesses ?
    Non merci.

  • Quitte à passer pour un troll, à l'intention d'un fan de Bob Dylan:
    http://www.youtube.com/watch?v=dyofy3XGSyE

  • Martine, Le fan de Bob Dylan, il trouve cela super sympa.

  • Tant mieux, meme si pas certaine qu'il est tout bien compris!!

  • Correction: qu'il ait et non pas qu'il est arghh ces doigts

  • @ Martine
    Vous commencez à me gonfler à systématiquement terminer les commentaires de mes billets par des hors-sujets. Rien à f... de Bob Dylan dont je me tape complètement et qui n'a rien à voir avec mon billet d'origine. Vous êtes priée de respecter un minimum le thème du billet, svp.

  • Systématiquement un peu fort non?
    Ouh la la, ok je sors :D

  • (En suis à Anglais lu et écrit, et comprend mal l'anglais chanté, et donc trouve toujours super sympa cette attention de Martine).
    Oui bien sûr, revenons à l'article.
    Je suis pas d'accord avec la "realpolitik" de Disparitus.
    Mais quand même dans la crise, Il n'est pas évident que les idées générales du Modem (assez claires) sur l'économie donnent confiance aux gens qu'il est sensible aux problèmes sociaux.

  • [Martine,"She is an artist, she don't look back".(ai lu la traduction, très joli,- j'ai barré les quelques lignes sur le mec -).]

    [L'Hérétique Excuses , mais c'est très bien Bob Dylan.]

  • @ Martine
    Ce n'est pas systématique mais c'est tout de même souvent.
    @ Chui Kalm
    Oui, c'est bien, mais ce n'est pas le bon billet pour en discuter...
    Je vous crée un billet Martine-Chui Kalm si vous y tenez.
    En ce qui concerne la position du MoDem, je ne suis pas non plus d'accord avec le point de vue de Disparitus.
    Nous avons intérêt à avoir une position originale et à la faire valoir. Même en temps de crise, un électorat modéré demeure et il n'a pas la moindre envie de voter pour Besancenot.

  • Le MoDem est-il libéral ?
    Bayrou l'est suffisament pour que de nombreux libéraux soutiennent son projet.

    Je vous renvoie vers quelques liens :

    Bayrou, le MoDem et l'Etat
    http://liberauxdumodem.hautetfort.com/archive/2007/12/04/le-mouvement-democrate-propose-une-vision-liberale-du-role-d.html

    La devinette qui va avec :
    http://amicuscuriae.hautetfort.com/archive/2008/04/03/qui-a-dit.html

    Tocqueville au plus haut du Panthéon des Démocrates, c'est là :
    http://www.mouvementdemocrate.fr/vie-du-modem/telechargement/Livret_Accueil_2009.pdf

    Ce qui conforte cette analyse :
    http://amicuscuriae.hautetfort.com/archive/2007/10/11/democraties.html

    Qui défend les libertés publiques, la séparation des pouvoirs et le pluralisme ?

    D'un point de vue économique, qui défend une politique de l'offre, l'équilibre des finances publiques et l'indépendance de la BCE ?

    L'essentiel est là, n'est-ce pas ?

    Amicalement.

  • Le MoDem est-il libéral ?
    Bayrou l'est suffisament pour que de nombreux libéraux soutiennent son projet.

    Je vous renvoie vers quelques liens :

    Bayrou, le MoDem et l'Etat
    http://liberauxdumodem.hautetfort.com/archive/2007/12/04/le-mouvement-democrate-propose-une-vision-liberale-du-role-d.html

    La devinette qui va avec :
    http://amicuscuriae.hautetfort.com/archive/2008/04/03/qui-a-dit.html

    Tocqueville au plus haut du Panthéon des Démocrates, c'est là :
    http://www.mouvementdemocrate.fr/vie-du-modem/telechargement/Livret_Accueil_2009.pdf

    Ce qui conforte cette analyse :
    http://amicuscuriae.hautetfort.com/archive/2007/10/11/democraties.html

    Qui défend les libertés publiques, la séparation des pouvoirs et le pluralisme ?

    D'un point de vue économique, qui défend une politique de l'offre, l'équilibre des finances publiques et l'indépendance de la BCE ?

    L'essentiel est là, n'est-ce pas ?

    Amicalement.

  • @ buildfreedom

    On est bien d'accord :-)

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