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Fortis, comment fallait-il agir ?

J'ai suivi avec attention le feuilleton Fortis, et à vrai dire, je trouve que le déroulement des évènements amène à une réflexion de fond sur l'urgence et l'action politique. Si j'ai bien compris, les petits actionnaires de Fortis (2000) sont furieux d'avoir été mis devant le fait accompli de la quasi-cession de Fortis à la BNP sans qu'ils aient été consultés. Ils ont donc obtenu d'un tribunal qu'une large partie de la transaction soit bloquée, au moins, en tout cas, jusqu'au 28 février, soit après l'assemblée générale des actionnaires. En outre, comme le gouvernement Leterne a tenté de passer outre en faisant, si du moins, ce que l'on dit est vrai, pression sur des magistrats pour qu'ils autorisent finalement la cession, il y a eu des résistances, et un procureur a fini par accuser le gouvernement d'où le scandale.

Le problème, à mon sens, c'est que tout cela a été fait dans une urgence que les pouvoirs publics belges jugaient absolue : soit un repreneur récupérait Fortis, y compris à prix sacrifié, soit Fortis s'écroulait. Prendre le temps de consulter tous les actionnaires, c'était prendre le risque de faire fuir les repreneurs. Et sans acheteurs, Fortis courait à sa perte, c'est à dire aussi à la disparition de l'épargne de ceux qui en étaient clients.

Il fallait donc que le gouvernement Leterne agisse dans l'urgence, quand bien même la procédure normale n'était pas respectée.

Le problème, c'est que nous sommes dans un contexte de crise économique et financière où le système international peut s'emballer à tous moments. Dans une telle situation, on comprend mieux la nécessité d'une procédure d'urgence. Les petits actionnaires de Fortis pourraient bien  faire un mauvais calcul, d'ailleurs : si la BNP se retire et que Fortis plonge, ils tomberont avec. Sans doute n'ont-ils pas considéré cet aspect des choses.

Dans  des circonstances aussi critiques, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Évidemment, les pressions sur la justice, c'est inadmissible, mais, il faut bien comprendre que l'économie belge pourrait aussi y jouer sa peau. Je ne dis pas cela pour défendre l'action de Leterne. J'essaie simplement de replacer son action dans la perspective de l'urgence pour mieux la comprendre.

Ce que je conclus de cette histoire, c'est que la BNP, si elle est intéressée, et surtout les pouvoirs publics belges, ont tout intérêt à mener des négociations serrées et au plus vite avec les actionnaires de Fortis s'ils veulent se sortir vite et bien de cette mauvaise passe. Je ne vois pas d'autre issue. Et de ce point de vue, une nouvelle qui n'est pas mauvaise, c'est que les 2000 actionnaires se sont mis d'accord pour confier leurs intérêts à un groupe de représentants :

Deminor, Modrikamen, VEB, Test Achats, des familles d'actionnaires dites historiques et un industriel possédant 2% se sont mis d'accord sur une équipe de négociation composée de six personnes. Cette équipe sera chargée de mener d'éventuelles discussions avec BNP, Fortis et le gouvernement.

Il est évidemment plus facile de négocier ainsi qu'en ordre dispersé.

Commentaires

  • Leterme avec un m et pas u n

  • Il manque un détail dans le dossier Fortis, comme dans tous les autres, c'est l'origine et l'étendue réelle des pertes constatées et à venir. Les gouvernants ne disent pas toute la vérité (souvent pour ne pas la connaître) et ne présentent donc pas la situation au public dans toute sa gravité. Aucun n'est capable de dire "Je vous décris ce que je sais, mais je crains fort, pour telle et telle raison, que d'autres mauvaises nouvelles nous attendent". Il parait que ce ne serait pas "politique".
    Si la vérité n'est pas politique, dans une crise on doit s'attendre au pire.

  • Autre élément :

    "le possible délit d'initié de Karel De Gucht, ministre des Affaires étrangères
    En ligne de mire : la vente, par son épouse et son beau-frère, de 2.000 actions Fortis le 3 octobre dernier, quelques heures avant que le gouvernement annonce le démantèlement de la banque. Des actions achetées à 22,50 euros et revendues à 5,50 euros... juste avant que ladite action tombe à moins de 1 euro."

    http://www.trends.be/fr/articles/index.jsp?articleID=46838&siteID=12§ionID=-1#topPage

  • "soit un repreneur récupérait Fortis, y compris à prix sacrifié, soit Fortis s'écroulait......"
    Soit l'Etat Belge traitait Fortis comme il l'a fait pour Dexia et KBC c.à.d. recapitalisation et garantie d'Etat.Pourquoi 2 poids, deux mesures? Fortis n'avait pas de problème de solvabilité mais bien de liquidité.Fortis se trouvait dans la situation que connait aujourd'hui BNP Paribas.

    "Prendre le temps de consulter tous les actionnaires, c'était prendre le risque de faire fuir les repreneurs."
    C'était surtout refuser de se conformer au droit des sociétés.Ce sont les actionnaires qui sont propriétaires de l'entreprise. Vendre le bien d'autrui sans mandat, c'est du recel. A fortiori, lorsque l'on sait que les administrateurs Fortis ont été exclus des négociations Etat-BNP.
    " Et sans acheteurs, Fortis courait à sa perte, c'est à dire aussi à la disparition de l'épargne de ceux qui en étaient clients."
    Pas plus que les clients de DEXIA et KBC

    "Il fallait donc que le gouvernement Leterne agisse dans l'urgence, quand bien même la procédure normale n'était pas respectée."
    Ca, ce n'est pas de l'hérésie économique mais bien de l'hérésie juridique.Si la plus haute cour de justice belge suspend la vente, c'est bien parce que la procédure normale n'a pas été respectée.

    "Les petits actionnaires de Fortis pourraient bien faire un mauvais calcul, d'ailleurs : si la BNP se retire et que Fortis plonge, ils tomberont avec."
    1. L'expression "petits actionnaires" est celle employée par le gouvernement belge pour minimiser la force de la révolte des actionnaires. En fait, Fortis a toujours été une société au capital ouvert au public. Le plus gros actionnaire est l'assureur chinois Ping An qui détient ...5% de Fortis. Fortis ne possède que de petits actionnaires.
    2. Les petits actionnaires ne sont pas contre la vente de Fortis. Ils s'offusquent d'être escroqués. Pourquoi vendre à BNP pour 4.7 milliards € des actifs s'élevant à au moins 16 milliards €?(Estimation les + réalistes entre 16 et 22 milliards) Pourquoi le gouvernement tente-t-il d'empêcher les experts d'évaluer Fortis aux dates des 3-5 octobre?
    Soit BNP paie le prix juste (à négocier), soit chacun reprend ses billes.
    3.Il n'y a aucune raison que Fortis plonge si elle obtient le même traitement que Dexia et KBC. Fortis est n°1 en Belgique, la plus rentable, la plus grande part de marché, le plus grand nombre de client et le champion des dépôts clients (ce dont se réjouissait la BNP)En outre, une Fortis à nouveau indépendante pourrait sauver la mise de BNP qui semble connaître les mêmes problèmes (recapitalisation et garantie d'état) que Fortis lors de la reprise d'ABN Amro.
    ABN a connu des problèmes en rachetant une petite banque espagnole
    FORTIS a connu des problèmes en rachetant ABN.
    BNP connait des problèmes en rachetant FORTIS
    Qui connaîtra des problèmes en rachetant BNP?

  • Bjour, bsoir,

    Permettez-moi d'apporter quelques bémols avec votre article.

    Le gouvernement belge a agi dans l'urgence, il aurait dû agir en vertu des règles de bonne gouvernance et dans l'intérêt général....(vous n'êtes pas sans savoir que des personnalités éminentes de l'Etat belge font partie de l'actionnariat de Fortis et.....)

    Un secouriste ne met pas sa vie, ni celle d'autrui en jeu, pas plus qu'il ne brave la Loi; sous prétexte qu'il doit secourir quelqu'un.

    BNP peut vivre sans Fortis et inversément !

  • A ma connaissance, dans ce domaine il n'y a pas d'Article 16 qui permette de prendre les pleins pouvoirs en cas de difficulté, et sans en référer à l'Assemblée ! Même notre constitution tant décriée en ce moment ne le permettrait pas !

  • @ tous

    Attention, je ne couvre pas les dérapages. Je pose juste une problématique : songez à la Kredit Anstalt de Vienne en 29. Fortis aurait pu être une nouvelle Kredit Anstalt. En ce sens, je conçois aisément l'angoisse de chaque gouvernement dans ces temps troublés.

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