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Ras le bol de la mixité sociale

S'il y a bien un concept dont on nous bassine les oreilles tant à droite qu'à gauche, c'est la fameuse mixité sociale, concept fumeux par excellence.

Alors, hop, un bon coup de pied dans la fourmilière pour déterrer les arrière-pensées.

Parce que le credo, c'est de se dire que l'on va mélanger les classes sociales, et que par l'opération du Saint-Esprit, les classes sociales défavorisées vont s'élever.

Du flan.

La vraie question, c'est de savoir si l'on veut que l'ascension sociale soit possible. Or, absolument rien ne garantit que la dite mixité sociale garantisse cette possibilité d'ascension. Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi sous les 3ème et 4ème républiques l'ascension sociale a ététrès forte, alors que la France vivait dans une société encore rurale avec plus de 80% de citoyens à la campagne, et des barrières nettes entre classes sociales ? Il est vrai que nous vivons dans une société urbaine et de loisirs. Autrefois, il fallait choisir entre les durs travaux de la ferme et les études. Aujourd'hui, on doit faire le choix entre le savoir et la play-station.

Donc, je refuse l'équation mixité sociale = ascension sociale. La gauche, et particulièrement les bourdieusistes ont contaminé à l'envie la sphère politique avec cette idée reçue. 

Une vraie politique sociale, c'est donner la possibilité à toutes les classes sociales d'intégrer les élites de la nation dans tous les domaines, sachant, que bien évidemment, cela ne pourra concerner qu'un nombre restreint d'individus. Il y a aura donc une sélection, et elle se fera au mérite et à la compétence.L'illusion égalirariste, c'est de dire qu'il y en aura pour tous.

Un véritable objectif de mixité sociale, c'est de favoriser la perméabilité entre classes sociales, et, pour cela, il faut permettre aux individus les plus ambitieux et les plus compétents de pouvoir s'extraire de leur milieu ambiant. Le mélange des milieux ambiants, je suis loin d'être convaincu que cela soit productif. On asseoit au contraire le règne de la médiocrité.

Pas de classes d'excellence pour produire des élites, par exemple, dans les écoles, irresponsabilité généralisée au sein des entreprises (les grosses, du moins) et des administrations.

Commentaires

  • Salut l'hérétique,
    Vision intéressante et claire.

    Cependant, la réalité est plus compliquée que cela.
    On ne peut pas résumer l'ascension sociale au simple "mérite". Il est étrangement beaucoup plus difficile de s'intégrer lorsque l'on s'appelle Akim et que l'on vient de Seine Saint Denis que lorsque l'on s'appelle Jean et que l'on vient de Paris.
    La mixité sociale permet aux gens de s'accepter et de lutter contre l'ignorance de l'autre.
    Le 14è, à Paris, est typiquement un arrondissement mixte avec quartier d'affaires (Montparnasse), zone défavorisée (Vanves) et résidentielle (Raspail).
    Cet ensemble permet les rencontres entre des personnes de niveau de vie différente et de s'accepter.

    La politique, c'est, entre autres, gérer les inégalités. Essayer de tirer la population vers le haut, tout en soutenant ceux qui sont les plus défavorisés.
    Le raisonnement de type purement méritocratique est le raisonnement "libéral" théorique du "laissez faire, laissez passer". Dans la réalité, on sait bien qu'il génère des inégalités criantes.
    Il doit donc être tempéré par l'état.

    Bien à toi,

  • Ce que tu dis est vrai, et d'ailleurs, je me méfie aussi de la méritocratie. C'est l'utilisation de la mixité sociale pour laquelle la moutarde commence à me monter au nez.

  • "mixité", ça fait un peu recette de cuisine.

    Personnellement, je préfère "mellange" avec 2 "L", pour l'ascension, c'est plus pratique.

  • Il est vrai, la mixité sociale est devenue un prétexte ayant souvent une origine économique dans la bouche de certains, et ou une justification des mauvais résultats dans le classement de l'éducation.

  • Qui a dit que la mixité sociale servait à l'ascension sociale ? Il me semble que c'est pour éviter la ghettoisation, le communautarisme, favoriser la cohésion sociale.
    Lire à ce sujet http://fr.wikipedia.org/wiki/Gentrification

  • Les deux LL me semblent adaptés...et en harmonie avec mon billet. Wiki confirme !

  • Des études ont été faites :
    mettez 40 élèves dans deux classes ainsi :
    Façon A : mélange des niveaux
    Façon B : une classe des bon, une classe des moins bons

    Dans le cas A, les moins B obtiennent des résultats significativement meilleurs que dans le cas B. Par contre, pour les bons, le résultat est sensiblement le même.

  • Des études ont été faites ? Quand ? Par qui ? Selon quelle méthode ? Où les résultats ont-ils été publiés ?

  • les gens peuvent vivre dans le même quartier sans qu'il y est mixité sociale et donc a fortiori pas d'ascension sociale . Au XIXe, la séparation entre les classes sociales se faisait horizontalement (les pauvres sous les combles, les riches aux étages intermédiaires) sans pour autant qu'un serviteur puisse discuter d'égale à égale avec un maître artisan.

    Si vous trouvez que l'important est l'ascension social est le plus important, la mixité sociale est nécessaire. le service national était un creuset imparfait de mixité social.

  • @ Firs
    Mais là, c'est le cas spécifique d'une classe. Mon propos vaut pour la société toute entière. Ensuite, votre exemple est-il valide à exigences identiques ? J'en doute quelque peu.
    @ Paladur
    Le service militaire était un instrument de cohésion sociale. Et il n'avait pas été conçu pour faire de la mixité sociale, mais pour que chaque citoyen soit en mesure de pouvoir défendre un jour son pays.
    @ Bob
    Heureusement qu'il ne s'agit que d'une ébauche, parce que l'article est très caricatural.

  • www.oecd.org/dataoecd/14/62/40176925.pdf
    cafepedagogique.net/les dossiers/Pages/2007/r2007
    mixité sociale et économique Harris Selod

  • J'espère que mon commentaire sera publié, celui que j'avais écrit suite à l'article sur l'Islam ne l'a pas été. Il n'était peut-être pas "politiquement correct".

    Je réagis fortement à cet article, car il baigne dans le courant actuel de pensée.

    Si vous passiez quelques années dans plusieurs pays européens qui ont une grande cohésion sociale, vous comprendriez que ce que vous écrivez est très partiel et partial.

    Le problème de la France, c'est son manque total de planification urbaine cohérente, intégrant toutes les couches sociales A L'INTERIEUR des villes et non pas à l'extérieur.

    La France depuis des décennies, a toujours repoussé ses problèmes au lieu de les résoudre de manière humaine. Elle a toujours repoussé à l'extérieur des villes les personnes pauvres, immigrées, dans ce que l'on appelle les "banlieues", aujourd'hui on les appelle même les "quartiers".

    Ce mot "banlieue" ou "quartiers" dans le sens actuel du français, est INTRADUISIBLE dans de nombreuses langues européennes car c'est un concept purement franco-français, le renvoi à l'extérieur des villes des gens pauvres. Ils y sont sans transports en commun, sans infrastructures de qualité, ils doivent payer le prix fort pour aller aux centres des villes, lorsqu'ils voyagent sans payer, car c'est une fortune pour eux, ils sont contôlés au facies...

    J'ai vécu en région parisienne pendant 2 ans, juste rentrée de l'étranger entre 2000 et 2002, je travaillais dans le VIIIème à Paris, non loin de l'Elysée.

    Ce que j'ai observé pendant ces deux ans est difficile à exprimer avec des mots, c'est la décomposition du tissu social, de la cohérence sociale en France.

    Il me faudrait du temps et de l'espace pour en donner les exemples...

    Sachez juste, cher ami, que dans d'autres pays européens, les pauvres ne sont bas bannis hors des centres villes, en "banlieue" on y trouve surtout des familles aisées qui peuvent se payer les transports et recherchent le calme, au "vert". Les "pauvres" sont dans les villes et ont accès libre à toutes les infrastructures, dont l'éducation. Les problèmes de "carte scolaire" y sont inconnus. Les écoles élitistes où se reproduisent les "élites", bien à l'abri de toute perturbation, y sont également inconnues. Les PDG de grandes entreprises ont souvent commencé comme apprentis ou simple ouvrier et savent le respect devant le travail manuel, etc. etc...

    A suivre donc... c'est une urbanisation digne qu'il faudrait d'abord aborder AVANT de parler de "mixité sociale" et pour cela aller voir ce qui se fait dans les grandes villes européennes, par exemple dans toute l'Europe du Nord qui a une grande cohésion sociale.

  • @ Danièle
    Je partage ô combien ton point de vue sur le constat de l'angle spatial et répartition des catégories sociales dans les aires urbaines. (Merci pour la comparaison avec d'autres pays)
    Je pense que L'Hérétique a voulu a priori pointer l'angle "sociétal" à travers la formation (initiale et continue).
    il est vrai que les deux facteurs (lieu d'habitat et accès à la formation) sont liés en France. Il en résulte une forme de déterminisme (fatalisme) sur lequel il conviendrait de se pencher sérieusement.
    Je souligne au passage l'excellente remarque de Paladur qui rappelle que les diffrences sociales autrefois (sous l'ancien régime c'était déjà le cas) étaient verticales.

  • @ Danièle

    Je vous ai répondu à propos de votre billet : votre accusation m'énerve au plus haut point, tant elle est ridicule. Je ne censure ni ne filtre rien ici, et les commentaires ne sont pas modérés. Je n'ai jamais vu la couleur du commentaire auquel vous faites allusion. S'il n'a pas été publié, c'est pour des raisons que j'ignore et qui sont indépendantes de ma volonté. Soit un problème chez hautetfort, soit un problème de connexion chez vous.

    Pour le reste, je viens de lire avec intérêt votre commentaire à ce billet. Mais justement, dans ces pays, on ne cherche pas à faire de la mixité sociale par idéologie, c'est à dire comme une fin en soi.

  • @L' hérétique,

    Relax...Auriez-vous les abeilles vous aussi ? Ou le temps orageux ?

    @Danièle, j'aime cette notion de plan urbanistique global, je l'élargirai volontiers, à la notion de plan d'aménagement du territoire.

  • @ L'Hérétique:
    Il doit y avoir un problème de com entre nous, car je n'ai pas reçu de message de votre part concernant mon post non publié sur l'Islam...

    Dommage, ces problèmes gênent les échanges apparamment.

    Mais avouez que c'est frustrant de passer du temps à écrire une réponse argumentée et de la voir disparaître dans un trou noir. C'est la 2ème fois que cela m'arrive sur votre site... et je n'y peux absolument rien.

    Alors, je comprends bien que ma remarque vous énerve, mais cette double expérience me frustre un peu et j'aimerais bien en connaître la vraie raison.

    Merci cependant d'avoir lu le reste avec intérêt :-)

    @ Cagot:
    Oui, il faudrait vraiment étudier ce "plan d'aménagement du territoire" en voyageant à travers l'Europe - du Nord surtout, car il y a là une vraie recherche de la cohésion sociale, encouragée par les législations.

    Mais c'est un travail pour une génération au moins. Car comment faire pour détricoter ce qui a été fait depuis des décennies, en particulier depuis la fin de la 2ème guerre mondiale ?

    Lors d'une réunion tenue par Christian Blanc en 2001 (il réfléchissait à poser sa candidature à la présidentielle de 2002) à laquelle j'avais assisté à Paris pour voir ce qu'il proposait, j'avais pris la parole sur le problème et proposé à la fin de mon intervention de faire revenir dans les villes les habitants envoyés en banlieues et d'en revoir les structures. Il y eut un murmure dans la salle, et une personne s'écria tout haut: "Surtout pas !"

    Tant que la France sera ainsi, je ne vois pas comment trouver une solution humaine à cette culture de l'exclusion systématique.

  • Les pays d'Europe du Nord sont effectivement intéressants par bien des aspects, leur approche de la prise en compte des handicaps, de l'environnement, leurs réformes de l'enseignement...
    Cependant, nous pouvons certes aller y 'pécher' des idées mais l'important et d'observer et d'adapter, à défaut nous y perdrions notre identité.
    Pour détricoter, nous avons le réseau des ambassades, certaines ont sur leurs sites des études assez intéressantes...mais pour ce qui est d'utiliser leurs services pour obtenir une information précise, cela est beaucoup plus long...
    Danièle, si vous avez des liens intéressants, n'hésitez pas à les adresser, en insistant vous voyez cela fonctionne, internet semble parfois doté d'une vie propre à taquiner et peut effectivement devenir exaspérant pour tout le monde!

  • @L' hérétique : l'article est pas terrible, mais je vais essayer d'obtenir des docs par une amie qui bosse dans ce domaine.

    @Firs, les résultats peut être, mais tout prof vous dira qu'on pourrait approfondir le programme ou même finir le programme avec le modèle ce qui n'est pas possible avec le modèle B.

  • @ Cagot:
    Je ne suis pas spécialiste de l'aménagement du territoire, mais je vois les grandes différences qui existent à ce niveau entre la France et l'Allemagne où je vis depuis 35 ans. Tu peux me contacter au mail: etoile66modem [at] orange.fr

    Axel J. qui vit depuis longtemps en Finlande pourrait te parler de la situation dans ce pays. Je vais le contacter.

    Pour faire court, une différence assez importante en Allemagne, c'est que l'on part de la vision de l'ensemble des composantes de la vie en commun pour planifier les villes depuis longtemps.

    Par exemple, sur le site du Ministère de la Construction et de l'Aménagement du Territoire, on peut voir la définition de ce qui est appelé: "Nachhaltige Stadtentwicklung" ce que l'on pourrait traduire par "Développement urbain durable". Je te donne quelques infos

    Le développement urbain en Allemagne est une tâche collective sur le long terme de toutes les forces de la société. Le principe du développement urbain durable prime sur la politique d'urbanisme. Ceci est valable pour tous les niveaux de planification et d'action de l'urbanisme - depuis la plus petite rénovation urbaine jusqu'aux grandes coopérations entre villes et communes.

    Le développement urbain durable ne peut réussir que si toutes les dimensions sociales, économiques, écologiques, culturelles et institutionnelles sont prises en compte ensemble pour parvenir à un consensus "fair" entre les les intérêts des citadins actuels et futurs.

    Tiens, si tu parles allemand, va faire un tour sur cet urbanisme virtuel: http://www.virtuelle-stadtplanung.de - site réalisé par la coopération du Ministère des Transports, de la construction et de l'habitat et du Ministère pour la Construction et de l'Aménagement du Territoire.

    En voici les grandes lignes:
    Composantes du système d'observation du territoire.

    Le coeur du système est l'observation permanente du territoire. C'est une observation qui couvre tout le territoire national et qui compare les conditions de vie à tous les niveaux jusqu'au niveau des communes. Elle est complétée par une observation permanente des villes, de leurs quartiers d'une part, et d'autre part, par l'observation des territoires et des villes au niveau européen.

    Les autres composantes sont l'observation du marché du logement et de l'immobilier, ainsi que les modèles d'accessibilité qui se basent sur un maillage fin de routes, de rues de rails et de liaisons aériennes.

    La population est régulièrement consultée, une fois par an, sur sa perception de ses conditions de vie, comment elle les perçoit et quelles conséquences en terme de comportement elle en tire.

    Une base de données des moyens financiers au niveau du territoire national (dépenses actuelles ou crédits alloués à taux réduits) offre une vue d'ensemble objective et différenciée de l'engagement de l'Etat fédéral en matière d'aménagement du territoire.

    Enfin, la partie "pronostics" pour l'aménagement du territoire donne des informations sur les perspectives de développement à moyen terme de la population, des personnes actives, des ménages et du marché du logement, le tout ordonné en profondeur de manière objective et au niveau national.

    En France, on a les PLU (http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_local_d%27urbanisme) et chaque commune ou communauté de communes fait un peu ce qu'elle veut. Il n'y a pas vraiment de lignes claires au niveau national, avec la volonté de prendre en compte la mixité sociale, c'est-à-dire la répartition équilibrée dans les différentes parties des villes entre les jeunes et les vieux, les autochtones et les étrangers, les entreprises, les services publics, les transports, etc... etc... On a des parties du territoire totalement abandonnées. Je vois en Lorraine par exemple, c'est un territoire sinistré depuis des décennies, qui perd en moyenne 600 emplois par mois depuis des années. Les gens vont travailler au Luxembourg et en Allemagne. On vient de décider d'enlever 2 casernes, à Bitche et à Dieuze, ce qui entraînera la fermeture d'écoles, de commerces, d'entreprises de services, sans aucune planification sur le long terme...

    Sans parler de toute l'Ile-de-France, chaotique dans son urbanisme, sans égards pour les gens qui y vivent. J'y ai vécu 2 ans, j'ai été choquée de voir comment y vivaient les habitants.

    Voilà, il y a énormément à faire...

  • Un lien intéressant: http://www.eukn.org/eukn

    c'est un site européen pour l'urbanisme, malheureusement les pages en français sont vides...

  • Merci Danièle pour toutes ces infos, si tu as des liens pour l'éducation, formation, intégration etc...Je crois savoir que pour le dernier domaine ils ont une politique très différente de la notre, je ne parle pas allemand malheureusement simplement quelques mots pour l'essentiel, la langue est un obstacle dans certains domaines mais pas dans les rapports humains directs, j'ai cultivé l'aspect 'reptilien' de la nature humaine, le déracinement fréquent le favorise.
    Aussi dans mes recherches d'infos précises notamment vers les pays nordiques ou plus à l'est, j'ai quelques soucis je l'avoue et je ne sais pas me fier qu'à la seule version Francaise accessible, aussi je compte sur toi ou d'autres pour faire le lien. Merci encore, j'ausculte tes liens @+

  • @Danièle,
    J'ai fait le nécessaire (demandé soutien à des proches) car vos liens allemands du chinois!

  • bonsoir Danièle

    J'ai repris l'un de vos commentaires sous forme de billet : il paraîtra dans la semaine à venir.

  • Je n'ai pas de compétences spécifiques en ce qui concerne la mixité sociale. En revanche savoir pourquoi "l'ascenseur social" est en panne est à mon avis assez simple.

    Tout d'abord, ce n'est pas un problème strictement français, même si d'autres pays s'en sortent beaucoup moins mal.

    Ensuite, on peut noter que depuis presque vingt ans le revenu réel des classes moyennes stagne. Parfois celui des classes moins bien loties est en légère baisse.

    Donc on pourrait dire que l'ascenseur est bloqué parce que on ne peu pas en payer les charges ... et pourtant ça serait un raccourci.

    Je sais que je vais me faire incendier mais je crois qu'il y a des raisons économiques précises, je dirais une action de la "main invisible", qui rendrait inutile le transfert de ressources des riches vers les moins riches : dans une économie très développée comme la nôtre, ces hausses de revenus seraient complètement phagocytées par l'inflation.

    Donc, l'ascenseur ne peut pas être remis en marche par le quantitatif.

    D'ailleurs, dans une société pyramidale comme la nôtre on peut aussi penser que "les bonnes places sont prises". Donc concurrence. Acharnée. Pensez-vous qu'il est simple de prendre la tête de l'UMP? (juste un exemple hein?)

    Donc, le "dépannage" passe par une redéfinition de "l'ascenseur".

    Si on considère, par exemple, avec Amartya Sen que la vraie mesure de développement est la "capabilité", alors une politique active de mixité sociale retrouve tout son sens.

  • Je rajouterais pour étayer mes propos ci-dessus, l'excellent article sur Mediapart, intitulé: "Contrairement à la France, l’Allemagne a su réguler le marché du logement privé"

    http://www.mediapart.fr/journal/france/190408/
    contrairement-a-la-france-l-allemagne-a-su-reguler-le-marche-du-logement-prive

    pour ceux qui n'y sont pas abonnés - ce que je leur recommande 9 € par mois, moins cher que Le Figaro et plus travaillé sur de nombreux articles :-)) - je cite un extrait:

    "En Allemagne, le logement social a vocation à loger les «larges couches de la population », idem en Suède où l'accès n'est pas encadré par des plafonds de revenus. Et en France, donc, 68% des Français sont statistiquement éligibles au logement social, même si celui-ci ne représente que 17% du parc de logements.

    Aujourd'hui, de nouvelles priorités apparaissent en lien avec la précarité du marché de l'emploi et l'explosion des prix du parc privé. Le problème, c'est qu'il n’y a plus de mobilité du parc social vers le parc privé : le fossé des prix entre les deux parcs est trop fort. Et ce n’est pas l’abaissement du plafond de ressource ou la hausse des surloyers qui vont y changer quoi que ce soit: le privé restera inaccessible.

    D’autres pays ont-ils su réagir à cette évolution ?
    Oui, certains ont clairement intégré cette logique en régulant le marché privé. C’est le cas des pays nordiques comme la Suède, de l’Autriche ou encore de l’Allemagne, où les villes ont mis en place le système dit des miroirs de loyers : les communes fixent le niveau moyen des loyers selon les secteurs. Et si un propriétaire fixe un loyer exorbitant, c’est un délit qui relève de l'usure. La commune pèse ainsi sur les phénomènes de spéculation et de bulle immobilière. Mais cette régulation du parc privé n'empêche pas la consolidation d'un parc social.

    En Allemagne, 7 millions de logements sociaux sous conventionnement temporaire ont été construits depuis la guerre. La situation du marché du logement est tellement détendue que, par exemple, à Berlin, le Land-Ville vient de supprimer les surloyers dans le parc HLM ainsi que les plafonds de revenus dans près de 75% du parc HLM berlinois. Ce choix est dicté par une volonté très forte de mixité sociale.
    ....
    adopter le système nordique avec régulation du marché privé passerait très mal auprès des propriétaires. Du coup, nous nous retrouvons dans un entre-deux, à tenter de gérer tant bien que mal notre système qui n'est ni résiduel ni universel.
    ....
    Nous payons actuellement le manque de constructions de logements dans les années 1990 et le maintien d'une politique trop centralisée dans la définition des besoins et la programmation. Le ministère du Logement définit les priorités alors qu'ailleurs, ce sont les régions qui sont compétentes, puis les agglomérations qui sont responsables de la mise en œuvre. Elles ont une programmation plus pragmatique puisqu'elles sont au plus près des bassins d'habitat et d'emploi."

    Un des commentaires à l'article écrit de manière fort pertinente:

    "Quand l'offre de logements à louer (ou même à vendre) est supérieure à la demande, les prix baissent ... n'est-ce pas ?

    L'exemple de Berlin est significatif : à nouveau capitale du plan grand état européen, reconnue comme la ville la plus dynamique du point de vue culturel, l'offre de logements y est supérieure à le demande (non seulement parce que la natalité y est plus faible qu'en France mais principalement parce que l'état, depuis la chute du mur, a investi massivement dans la réhabilitation et la construction) donc les loyers y sont très raisonnables, les prix de vente au mètre carré très abordables. il faut ajouter que Berlin est 9 fois plus grand que Paris intra-muros (il n'y a donc pas de banlieue mais de grands quartiers entourés de parcs et de bois, que l'état y construisait des logements sociaux déjà avant la première guerre mondiale.

    Or en France ceux qui nous gouvernent sont pour la plupart propriétaires, soit par héritage, soit parce qu'ils ont pu accéder à la propriété du fait du niveau de leurs revenus (cumul des mandats et des facilités de prêts pour les parlementaires par exemple), favoriser l'augmentation de l'offre conduirait à réduire ou annuler les plus values potentielles de leurs biens immobiliers ...

    Même une grande mairie (à gauche) comme Paris y perdrait en taxes lors des cessions."à qui profite le crime ?"...
    Le crime de ne pas construire massivement pour répondre à la demande !"

    J'ai habité à Hambourg dans un magnifique quartier construit en 1984 au bord d'un canal où l'on avait un embarcadère pour partir en bateau... le tout à 15 minutes du centre ville en métro, et c'était la Ville qui avait décidé de l'octroi des appartements par le co-financement accordé et le droit de décision d'attribution des appartements en fonction de plusieurs critères. Il devait y avoir un quota de jeunes familles - dont je faisais partie à l'époque mon fils avait 4 mois - de personnes âgées, d'étrangers, de personnes à faibles revenus et aussi un quota de personnes à hauts revenus. Il y avait par exemple une famille très aisée de 5 enfants qui avait un duplex sur 2 étages avec une immense terrasse...
    C'est ainsi que je conçois la mixité sociale. Tout a très bien fonctionné, après le remboursement des crédits à la ville, les loyers ont été vérifiés, ceux qui gagnaient plus et avaient changé de "classe sociale" devait payer davantage de loyer ou déménager, pour la part des appartements à caractère social. Les autres y restaient sans aucun problème. C'est un concept que j'ai beaucoup apprécié.

    Vaste sujet, l'urbanisme, l'aménagement du territoire, la mixité sociale, l'éducation, l'évolution du niveau de vie... Tout se tient irrémédiablement.

  • @Danièle,

    Oui effectivement, il y a régulation dans certains pays tant dans l'attribution des logements qu'au niveau de l'accès aux lieux d'enseignements.
    En ce qui concerne les logements sociaux, les normes Francaises ont évolué ces derniers temps vers du 1/3 privé, 1/3 social à l'acquisition, 1/3 social pur.
    Cette répartition me dérange quelque peu, on peut s'interroger sur l'opportunité du 1/3 etc mais aussi sur la terminologie complètement dépourvue de notions humaines: à savoir le mélange culturel, inter-générationnel et la notion de handicap dans les attributions.

  • Bonjour à tous.
    Je suis le résident en Finlande que Danièle mentionnait à Cagot. Cagot je dois dire qu'il ne reste pas grand-chose à mes pauvres capacités d'analyse, tant Danièle a déjà si bien exposé les différences fondamentales de conception même, et montré ces modes de vie européens (mais aussi américains) où effectivement, la notion de "banlieue" à la française est si étrange que c'est le mot français "Banlieue" qui est repris tel quel aux infos, lors du traditionnel et bisannuel feu de joie hivernal.
    En fait il y a quand même un parallèle, commun à beaucoup de pays européens, pour retrouver l'idée de "banlieue" à la française, mais c'est au Moyen Age qu'il faut la chercher: l'image du bidonville infâme, agrippé au pied de la colline dont le château du seigneur occupe le sommet.

    A propos du texte de l'Hérétique:
    Pardon d'arriver chez vous ainsi, invité par quelqu'un d'autre, et de commencer par une critique; j'aurais préféré un des ces nombreux articles de vous que j'appréciais tant sur d'autres sites.
    Mais vous y êtes peut-être un peu pour quelque-chose avec votre "ras-le-bol" aux accents accrocheurs?
    Dès le départ, je me trouve replongé dans le contresens habituel, la "pensée à l'envers" ou "charrue avant les boeufs" etc, qui m'ont fait fuir la France pour m'exiler dans ma chère vieille Scandinavie où pourtant la vie n'est pas marrante tous les jours non plus, pour de toutes autres raisons.

    Pour aider Cagot
    et pour remercier Danièle pour son "il baigne dans le courant actuel de pensée",
    car pour moi qui vis en Finlande en simple citoyen, pas expert en rien du tout, la vie ensemble, l'intégration des immigrés, la réussite scolaire de tous (1er mondial), la compétitivité économique (1er ou 2è ça alterne avec les USA), la protection sociale (quinté de tête scandinave), la santé et l'espérance de vie, la qualité de vie etc,
    voici comment je vois la vision finlandaise, qui effectivement manque totalement à l'Hérétique dans son texte qui entérine tout ce qui existe déjà comme barrières infranchissables:

    Un mot: harmonie. Ou homogénéité, plus exactement.

    C'est cela qui doit déterminer tout le reste. Il faut absolument partir de l'idéal qu'on désire atteindre, et tout bâtir en fonction. Partir des probèmes et des lacunes à combler, et réfléchir à améliorer la situation, c'est perdu d'avance.
    C'est exactement pareil pour l'Education.
    L'idée, plus que l'idée, la conception de la vie, de la vie ensemble, de la vie de son pays et de son avenir, c'est que la société doit être la plus homogène possible.
    En fonction de ça, un préalable nécessaire et vital: refuser les écarts trop disproportionnés entre le plus riche et le plus pauvre, comme situation tout simplement anti-naturelle.
    Ensuite, il y a aussi le sentiment profond de tous partager la même terre, la même langue, le même amour pour sa culture et pour ses moments simples et ordinaires de la vie de tous les jours.
    La Finlande se ressent beaucoup comme un immense village où tout le monde se connaît à peu près ou se fait à peu près confiance, en tout cas où tout le monde a le même intérêt commun.
    Cette harmonie, cette homogénéité, sont faciles et naturelles à rechercher, parce qu'elles composent déjà la base naturelle de la population. Ainsi les nouveaux arrivants, Somalie, Moyen Orient etc, même s'ils sont privés du "volet forêts-lacs" de la vie finlandaise, ont toutes facilités de s'intégrer relativement aisément puisque l'esprit est tout tourné vers l'idée d'homogénéité, l'idée d'harmonie.
    Ensuite,
    bien évidemment tout ce qui est urbanisme, plans pour les transports et l'énergie, programmes et orientations scolaires etc, ça découle de ça naturellement, mais surtout, on n'est pas dans l'esprit de l'Hérétique et des Français en général, d'avoir un problème à régler, d'avoir des solutions à trouver à une crise.
    Passer en dix minutes de marche d'un quartier "pauvre" à un quartier "riche" puis à un nouveau quartier "pauvre", ce n'est pas une question économique d'ascenseur social ou que sais-je encore: c'est juste une question d'homogénéité du grand village, qui se traduit naturellement aussi géographiquement. Car dans le "quartier pauvre", on se sent quand même en sécurité et dans la propreté et la politesse, tout comme dans le "quartier riche" on ne sent pas l'odeur de mort méprisante (ou sa version surpolicée et barricadée américaine).
    Les contrastes sont moins disproportionnés, ce qui implique la même optique dans la manière de penser la gestion du village commun.

  • @Axel,

    Merci, je comprends à présent pourquoi certaines terminologies me dérangent.
    'homogénéité du grand village' j'ai beaucoup aimé.

  • Mille mercis à Axel J. pour son ajout sorti du réel de la vie dans le Grand Nord de l'Europe...

    Merci d'exprimer les choses ainsi, merci de la "critique" de l'esprit français vue de l'extérieur, car nos compatriotes baignent tellement dans cette vision cloisonnée du monde que c'est très difficile de les faire imaginer penser autrement.

    Tu écris:" Cette harmonie, cette homogénéité, sont faciles et naturelles à rechercher, parce qu'elles composent déjà la base naturelle de la population."

    C'est vrai. J'ai habité pendant 16 ans dans un quartier de Hambourg où je laissais mon vélo dehors toutes les nuits, comme tous mes voisins... Un ami de Paris, venu me voir, s'en est étonné et m'a dit: "A Paris, il serait volé immédiatement". Je suis repassée en mai dernier dans mon ancien quartier, les vélos des habitants étaient toujours dehors...

    Des spécialistes du management interculturel ont essayé d'analyser d'où venaient ces différences. L'un a émis cette hypothèse que je vous transmets.

    La France a été fortement marquée par la pensée de Descartes, dont la phrase la plus connue est : « JE pense, donc JE suis.»

    L'Allemagne et l'Europe du Nord, ont été marqués par la pensée de Kant - http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant - dont la phrase la plus connue est l'impératif catégorique que l'on trouve dans la "Critique de la raison pratique": « Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle »

    En pratique, cela signifie que chaque petit enfant apprend, dès son plus jeune âge à réfléchir ainsi: "Si tout le monde faisait comme ce que je veux faire, comment serait le monde? Si tout le monde faisait pareil, que se passerait-il ?"

    Mon fils a été à la maternelle à Hambourg, les enfants de mes frères et soeurs à la maternelle à Tours et St Denis de La Réunion. Les différences d'éducation sont flagrantes. Tout commence là. Toute une société se modèle dès cette étape de la vie sociale. Et cela rend la vie tellement plus facile !

    Cela se retrouve jusque dans les relations commerciales, l'exportation, le paiement des factures. J'ai des clients français et des clients allemands. La différence est flagrante. Les Allemands paient tout de suite ou bien dans le mois... les Français non. Mais pourtant, ils aimeraient bien aussi être payés à temps... Ils ne connaissent pas l'impératif catégorique: « Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle.»

    L'excuse la plus répandue pour éviter de regarder ces choses en face, c'est la réponse: "Nous sommes des "LATINS"...

    Merci Axel de nous avoir fait faire cette petite excursion dans le Grand Nord de l'Europe, où les nuits d'été sont très, très courtes, les soirées au crépuscule très lent jusque tard dans la nui et les nuits d'hiver longues, mais pleines de lumières et de belles décorations.

    C'est d'ailleurs de Finlande qu'habite le Père Noël:-)) avec ses rennes...

  • Vaste pensée des années 1980... la mixité sociale... Jeune je songeais que c'était possible, et que cela ne pouvait qu'être enrichissant culturellement... En 2009 non je n'ai plus du tout envie de mixité sociale... J'habite dans un HLM de montpellier dans un quartier côté où effectivement la mixité sociale règne... C'est simple je viens de passer un été désastreux à ne pas dormir depuis trois mois... Chaque nuit les enfants rient, hurlent font du roller, et ce jusqu'à toris heures du matin... Les parents asss sur un banc se contenent de dire qu'il faut que les enfants s'expriment certes certes... Les grillades le soir au pied dex immeubles, les hurelements des adultes mal dans leur peau... Pas moyen de dormir cet été a été plus qu'un désastre... En demandant aux personnes buryantes de faire moins de bruit, en plus du 'il faut que les enfants s'expriment", il a fallu entendre des agressions, des mots grossiers, des coups dans les portes de ceux qui récamaient simplement le droit de dormir... Alors que faire ? Continuer à encoourager la mixité sociale alors qwue cela relève de l'utopie ? Les parents découragés de la mixité sociale finissent par inscrie leur enfant dans le privé car il faut bien le dire dans les écoles publiques trop de laxisme finit par faire n'importe quoi...

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