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Delanoë le libéral

 Bertrand Delanoë se déclarant libéral, c'est à mourir de rire ! son libéralisme résonne davantage avec un écho libertaire reconverti au socialisme gestionnaire qu'avec les accents d'un Tocqueville ou d'un Montesquieu qu'il invoque à l'appui de ses dires. Maintenant, il va falloir qu'il montre son courage politique, et ça, cela va être autre chose, parce que Bertrand Delanoë, il ne sait pas ce que c'est que de prendre des coups.

Voilà quelqu'un qui se réclame de Jospin. Or, Jospin, s'il n'a rien d'un gauchiste, n'en représente pas moins exactement le socialisme que je rejette et qui m'a fait un jour fuir loin du vote PS : l'archétype de la bonne conscience, le "faites ce que je dis, pas ce que je fais", le socialisme bon teint de la techno-structure de l'éducation nationale, la dénégation permanente du ressenti des petites gens, sans cesse renvoyées à de prétendus fantasmes ; une adhésion à l'économie de marché qui ne s'assume pas clairement; un rapport malsain à l'argent et à l'économie en général ; des mesures prises en catimini ; l'arrogance et la certitude d'avoir toujours raison ; 

Evidemment, je préfère un Delanoë se réclamant du libéralisme que du trottskisme, mais je ne manquerai pas de le rappeler à la doxa libérale, ici-même, chaque fois qu'il y dérogera, et je pense que les dérogations seront la règle générale.

Voici ce que Delanoë a exactement déclaré :

«Le libéralisme est à la liberté ce que la république est à la démocratie, une forme supérieure d’évolution. Je suis libéral. La droite d’aujourd’hui ne l’est pas. La gauche doit se réapproprier, avec fierté, et le mot et la chose. […] Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de "concurrence" ou de "compétition" pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique.» 

Cela me fait assez rigoler, quand je vois qu'il invoque, à travers son titre, Danton.  Or, lisons la biographie de Danton, et on voit bien que cet individu, est un pré-socialiste. Un homme qui, tout en faisant de violentes déclarations enflammées, face aux Jacobins, avait des accointances avec les orléanistes. Un individu qui n'a cessé d'attaquer Lafayette, un homme droit et modéré. Un homme qui se faisait payer par la cour, et  payait les révolutionnaires de mots : ça, il savait le faire. Tout en attaquant la monarchie de l'intérieur.

Danton était un montagnard, pas un girondin, même s'il tenta de réconcilier Montagne et Gironde. Ce n'est certainement pas un libéral, et, sur le fond, cela ne m'étonne pas que Delanoë l'ait pris pour référence implicite. 

A propos  de la proposition d'alliance de Royal à Bayrou, il écrit :

«On pouvait s’adresser aux électeurs de Bayrou du premier tour, montrer dans la transparence, lors du débat, les points d’accord et de désaccord. Mais renverser les alliances, c’est autre chose. […] Est-ce bien sérieux de concevoir une alliance allant du centre à l’extrême gauche ? C’est sympathique. Mais il faut un minimum de cohérence.» 

Il a la mémoire courte : Rocard, l'un de ses mentors, a été l'un des premiers à appeler à cette alliance. Pour le reste, je suis d'accord avec lui : une alliance qui va de l'extrême-gauche au centre n'a pas de sens. Sauf que lui a choisi l'extrême-gauche...Très libéral, comme choix...

Bref, la seule chose que je lui concède, c'est son jugement sur Sarkozy :

«Quant au sarkozysme, ce bonapartisme modéré par la désinvolture […], il est profondément antilibéral. […] Sarkozy n’est pas libéral, il est conservateur. Il l’a prouvé à plusieurs reprises : étatiste, protectionniste, il impose à tous les échelons l’omniprésence d’un Etat que, dans le même temps, il désarme.»

C'est vrai. Mais lui-même, à la mairie de Paris, impose la municipalité à tous les échelons de la vie parisienne. Bref, wait and see. Je serai vigilant. 

Commentaires

  • Bien résumé.
    Soyons vigilants !

  • Tu as parfaitement raison au niveau stratégique (un PS allié aux trotskistes & au centre ne rentre pas dans l'ordre du possible, doux rêve de socialiste; un Delanoë qui oublie d'entendre Rocard, n'est pas d'une grande intelligence stratégique pour l'avenir), et sur la distinction à opérer entre libéralisme et conservatisme, qui dévoile une faille idéologique importante entre la majorité et l'opposition modérée en France, mais aussi dans les autres pays qui nous servent de référence politique (Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie, Espagne).

    Par ailleurs, je trouve cela très sain que les socialistes réintègrent le libéralisme au sein de leur doctrine... petit à petit ils vont peut-être réussir à se moderniser et rentrer dans le schéma politique européen (tout en se défaisant des boulets anti-mondialistes qu'ils trainent); en tout cas je demande à voir la réaction des communistes, des trotskistes et du PRS / NG face à cette réintégration du libéralisme au sein de la philosophie de pouvoir socialiste.

    Par contre je te trouve dur avec Jospin; sa gestion économique était tout de même un niveau au dessus de ce qu'on a connu depuis; à défaut d'avoir un discours pleinement assumé et des réponses aux problèmes de pouvoir d'achat (eh oui, déjà).

  • @ Arnaud

    C'est la seule chose que je lui reconnais. Et encore : tu oublies les déficits budgétaires. Il avait une période de croissance, il aurait pu commencer à les combler, mais il a préféré , par démagogie, continuer à creuser le trou. Et dans le domaine éducatif et social, on a vraiment atteint le summum. Le Pen, au second tour, il a largement récolté ce qu'il a semé.
    Enfin, dans le domaine de l'économie de la connaissance, qu'il fallait amorcer, ou des énergies renouvelables, il n'a strictement rien amorcé.
    Sur l'Europe, il a été, comme tous les hommes politiques français, d'une hypocrisie incroyable, en accusant l'Europe des mesures que lui-même faisaient passer, avec tous ses collègues socialistes.
    Enfin, dans le domaine de la culture, il a contribué avec cet a....i d'Allègre à démolir tout ce qui pouvait relever de l'héritage et la tradition classiques.
    Même si on devait risquer d'avoir à nouveau Le pen au second tour, je ne voterais pas à nouveau pour Jospin si c'était à refaire.

  • Ce procès d'intention vis à vis du PS, n'a pas plus d'intérêt que celui fait souvent à l'UMP.
    Regardons ce que chacun a fait, sans oublier les effets à moyens termes.
    Vu ainsi, les socialistes n'ont pas à rougir de leur parcours aux affaires.

    Mais je ne veux pas débattre de cela, ce qui est important c'est le Prada de Ségolène, le charme privé de Delanoë ou les pages de Gala sur Sarko/Carla et je ne plaisante pas !

    Moi, j'aime mieux un gros lourdeau qui pense plus vite et plus juste que les autres, qui s'appelle DSK et qui risque de ne pas revenir.
    La démocratie est peut être une étoile morte et qui ne le sait pas, mais pour moi, c'est trop tard...

  • J'adhère à tout sauf la dernière phrase ;-)

  • euh j'ai oublié le @ l'Hérétique

  • J'aime bien et aussi j'en apprends sur Danton.

    Ce que je retiens surtout sur Delanoë c'est qu'il n'a pas les idées claires.

    Il présente Son NéoLibéralisme Socialiste de manière plutôt Folklorique !

    Quand à rassembler jusqu'à l'extrême Gauche ? et Besancenot ?
    N'a-t-il pas affirmé qu'il était désormais totalement indépendant des
    Socialistes ? Or Besancenot, on aurait tort de ne pas le prendre au sérieux,
    Il est peut-être trop extrémiste mais il est cohérent,c'est un des rares qui défend les "petits". Il risque (à juste titre ?) d'être de plus en plus suivi.

    Moi je suis toujours content quand on tape sur Sarkosy (Je ne tends pas
    la joue gauche), mais je trouve le jugement de Delanoë sur Sarkosy à l'emporte-pièce et ridiculement imprécis. (D'abord n'en déplaise à Marianne" est-il vraiment Bonapartiste ? Aprés c'est une suite de mots pour faire bien
    - ou mal -).

    Décidément si Delanoê a des idées aussi artificielles , pas étonnant qu'il
    doive téléphoner à tel ou tel Eléphant Socialiste pour prendre les décisions
    importantes à sa Place.

  • @ Baillergeau

    J'aime bien DSK, mais je lui en veux d'avoir raté l'occasion historique de faire sauter les lignes politiques. S'il avait rejoint Bayrou, l'élection était pliée, Bayrou gagnait, et DSK était premier ministre. Une autre page de l'histoire de France se serait alors ouverte.

    @ Arnaud
    Ah, à la bonne heure :-) Je suis désolé, mais pour Jospin, pour qui j'avais voté en 1995 et envers qui j'avais au début de l'estime, c'est épidermique, maintenant. La seule idée de glisser un bulletin dans une urne à son nom m'est tout à fait insupportable.

  • @ Luc

    Euh, sur Sarko, il a tout de même raison de dire que ce n'est pas un libéral. A propos de Danton, je crois qu'il faudrait démonter un certain nombre de mythes. Pour ma part, je n'ai pas de sympathies pour le personnage, et ce n'est vraiment pas ma référence politique.
    Pour Besancenot, tu as raison : il est à surveiller, à mon avis. S'il devait vraiment monter, et la LCR avec, on pourrait avoir une recomposition à gauche.

  • Vu les idées défendues par Besancenot, ça n'annonce rien de bon cette éventuelle recomposition à l'extrême gauche.

  • Trés franchement et sans vouloir être prétentieux.

    Quand je lis avec le plus d'attention et de bienveillance possible les textes de Delanoë, aprés avoir fait de même pour ceux de Gaino dans la bouche de qui vous savez (depuis quelques temps j'ai renoncé),

    Je trouve que l'on a bien de la chance avec notre F. Bayrou, que même
    ses adversaires le reconnaissent !! , lui ce qu'il dit a un sens bien précis.

  • salut,
    oui bien sûr Delanoë n'est pas libéral. Mais il a le mérite de jeter le pavé dans la mare des socialistes, et peut-être que ça amènera une vrai réflexion et une scission entre les sociaux-démocrates et les marxistes. Si seulement il pouvait expliquer en quoi Besancenot est terriblement dangereux et en quoi ses idées ne peuvent pas être celles du PS, ça serait une très bonne chose.

    à bientôt !

  • Delanoë, parisianisme et politique BoBo...

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