Le célèbre top-model Katoucha a été, on le sait, retrouvée morte dans la Seine il y a peu. Elle avait disparu il y a près d'un mois. A vrai dire, ce n'est pas la disparition du top-model qui m'émeut, mais de la femme blessée et horriblement mutilée dans sa chair, qui avait consacré une part de son existence à la lutte contre le fléau de l'excision.
Il y a quelque chose que je ne m'explique pas. Il y a une dizaine d'années, j'ai voyagé en Egypte, et j'ai eu l'occasion de discuter avec la guide du groupe où j'étais qui était une universitaire : nous avons notamment parlé des Nubiens et de l'excision qui s'y pratique encore. Elle m'avait alors expliqué que cette pratique tendait à disparaître et qu'elle était le fait des foyers misérables et sans éducation.
Or, je viens de lire la biographie de Katoucha sur wikipedia, et j'ai ainsi appris qu'elle est la fille d'un historien, écrivain et archélogue, diplômé de l'Université de Bordeaux.
Il a écrit des tragédies, est professeur honoraire dans de prestigieuses universités à Washington et à Tokyo. Il a été un opposant à Sékou Touré. La mère de Katoucha était aussi une intellectuelle.
Et pourtant, ils ont décidé de l'exciser à 9 ans. Comment, comment est-ce possible ? La culture et l'éducation protègent-elles à ce point si peu ? Katoucha relate son excision comme une scène de film d'horreur : un jour banal où sa mère venait de lui promettre de l'emmener au cinéma...Comment un tel barbare que son père peut-il être encore avoir le titre de professeur dans des universités américaines ou japonaises ? Parce qu'est bien là le titre dont dispose Djibril Tamsir Niane, le père de Katoucha. Honte, et mille fois honte sur lui et sur son crime, pour ce qu'il a fait à sa fille. Misérable ! Criminel ! Criminel qui n'a pas même l'excuse de la misère ! Mère criminelle qui ne mérite que l'anathème, famille maudite ! Violée par son oncle, puis mariée de force à un homme à 17 ans.
Adieu, petite princesse peule, ton combat continue, et où que tu sois, d'autres reprendront le flambeau ! Adieu Katoucha !
Commentaires
Il y a des sujets, qui se passe de long commentaire. Tu as bien définit les choses. Le monde sur plein de sujet semble double, où s'oppose à la fois une vision humaniste qui ressemble à un monde virtuel, et la réalité concrête, qui ressemble à un abandon de l'humanité.
Salut DaN
Oui, et j'avoue que là, je ne comprends pas. Je suis révolté.
Merci d'avoir osé,
Il fallait le faire.
Il fallait que quelqu'un le fasse.
Le soir meme j'ai posté mon cri sur le site officiel de Katoucha dont j'ignorais l'existence jusqu'à la nouvelle le jeudi 28/02 interpellée par un jeune en rentrant chez moi.
Mais la lecture des infos sur wilkipédia, pour m'informer, m'a laissée sans voix jusqu'à cette heure. J'ai l'estomac encore noué. Je ne comprends pas.
Nous attendions les déclarations de
Mme Aminata TRAORE entre autres et des autres ......
A l'école d'Egyptologie, j'ai tout abandonné concernant les intellectuels africains. Je l'ai écrit à un confrère pasteur qui essaie de me consoler...NON
Nous devons ouvrir les yeux d'avantage.
Pour moi, nous commençons à découvrir
l'ECHEC CUISANT DU CHRISTIANISME et SES DEGATS COLLATERAUX.
Je ne suis pas très optimiste. Tout est à refaire.
Les femmes de bonne volonté doivent se rencontrer pour se parler HONNETEMENT et sérieusement. Il y va de notre DIGNITE et de notre RESPONSABILITE pour les générations à venir.
L'éducation et la culture sont un pis aller.
L'ETRE humain est tout autre: riche, généreux, digne, serviable, patient, plein d'amour, compatissant, dynamique, entrainant, serviable, plein de Bon Sens, même analphabète, parce que le soleil brille pour les bons comme pour les méchants.
L'essentiel est ailleurs.
On ne peut voir qu'avec le coeur a dit le Petit Prince.
Et Dieu regarde au coeur.
Heureusement pour KATOUCHA.
Faisons que sa mort nous aide à AVANCER.
Tout est à faire.
J'ai attendu et entendu votre message, merci.
Paris jeudi 13 mars 2008
@ lejitim defans
Je ne sais pas de quoi c'est l'échec. Je pense que les parents de Katoucha sont de toutes façons des tarés.
L'excision n'existe dans aucune religion monothéiste. C'est une coutume barbare dont l'origine est tribale et païenne.
Une horreur.
Respectez s'il vous plait et ne parlez pas de ses parents ainsi. Vous ne croyez pas que perdre un être cher fait mal. Alor n'en rajoutez pas une couche s'il vous plait. Katoucha elle même le disait qu'elle pardonnait sa mère de lui avoir fait subir ça donc c'est qu'elle savait ce qu'elle disait car ce n'était pas le genre de femme qui "s'écrase". De plus si vous n'êtes pas capable de vous mettre dans une situation avant même de la juger cela devient presque incrédible. Nous serons tous d'accord sur le fait que l'excision est une pratique intolérable à notre époque et inhumaine. Mais vous êtes vous seulement posé la question. En afrique et à l'époque cette pratique était fréquente, dû au moeurs pas vraiment développé et à l'éducation différente. La famille (Son père et sa mère) de Katoucha ont vécu dans cela, bien qu'ils soient des intellectuels, l'éducation reste l'éducation.
En même temps je comprends votre façon de penser si les intellectuels eux même pratique ces pratiques qui va montrer le bon exemple ? Certes votre démarche vient du coeur et je n'ai aucun droit de la contester la seul chose que je vous demande c'est de ne pas parler des parents de Katoucha ainsi car son père n'est pas un barbare et je connais le sujet.
Je vous communique mon e-mail sur votre boite e-mail si vous souhaitez me répondre.
Merci.
@ Fatou
Désolé, Fatou, mais vu ce que ses parents ont fait subir à cette jeune femme, je ne me sens guère de compassion pour eux. J'estime qu'ils n'ont aucune circonstance atténuante, ni l'un ni l'autre.
Je peux comprendre ce qu'il y a de choquant dans l'excision mais votre jugement uniquement sur l'émotion ne me semble pas être le bon.
Il y a très longtemps j'ai fait une "mission humanitaire" en Egypte avec l'association "soeur Emmanuelle" et au Caire nous avons eu une petite conférence sur l'excision. On nous a expliqué que dans le collège des frères blanc ou nous étions, des professeurs étaient allé voir le directeur pour savoir quoi faire à ce sujet : fallait-il exciser leur fille? D'un coté leur éducation (je veux dire leur niveau de connaissances) leur disait que NON, cela était trop cruel. D'un autre coté la coutume est très forte, et, par exemple, un homme peut répudier sa femme le jour de son mariage si elle n'est pas excisée - et donc "impure" (c'est comme ça qu'on nous a présenté les choses en 1993 et la personne que nous rencontrions était une française installée là-bas). Fallait-il risquer que leur fille soit malheureuse ou ne puisse se marier pour cette raison? Sachant que la décision doit être prise à cet age, sinon après c'est impossible.
Cette discussion m'a fortement marquée.
Tout ça pour dire que j'en ai gardé le souvenir qu'il faut s'abstenir de juger avec notre grille de lecture. On a envie de dire: . Et bien non : c'est loin d'être aussi simple. Ce n'est probablement pas considéré comme une mutilation par ces gens, mais au contraire comme une opération indispensable. Ou que sais-je?
Pour moi c'est incompréhensible.
Mais je me garderais de juger.
Une partie de mon texte a disparu. Je disais:
On a envie de dire: "quelles que soient les traditions, il s'agit d'une mutilation, d'un acte barbare, ceux qui le font le savent aussi bien que nous" (nous au sens européens ou occidentaux).