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rimbaud

  • Arthur Rimbaud et la fatwa d'Orelsan

    La palme de la boboitude libertaire reconvertie dans l'humanitaire sarkozyste revient sans conteste au nouveau Ministre de la culture, Frédéric Mitterrand. Il paraît que les écrits du rapeur Orelsan à propos des femmes ne sont choquants, mais surtout, qu'Arthur Rimbaud a écrit des choses bien plus violentes et qu'elles sont devenues des classiques. Ah bon ? lesquelles ?

    Ce qui m'énerve depuis le début, chez les thurérifaires d'Orelsan, c'est leur propension à comparer Orelsan aux grands de la littérature et à s'abriter derrière la liberté artistique pour justifier l'inacceptable. Et Mein Kampf, alors : c'est de la littérature ? Il faut donc en accepter les reprises puisque ce sont des lettres. Et les écrits anti-sémites d'un Drieu la Rochelle, d'un Céline ou d'un Brasillach ? bah, de l'art, de la littérature aussi, je subodore ?

    En réalité, les borborygmes du dénommé Orelsan ne sont rien d'autre qu'une fatwa contre les femmes à faire frémir même les intégristes des Madrasas pakistanaises. Puisqu'il menace de maritrintigner une femme, je suggère de bertrancantater Orelsan. Riche idée, non ? et adaptée au cas particulier de notre taliban du Calvados !

    On a retenu d'Arthur Rimbaud essentiellement ses transgressions, comme s'il était une fatalité qu'il eût alors donné le meilleur de lui-même. Qui se souvient pourtant qu'il fut d'abord un partisan déclaré du Parnasse ? Le Parnasse était un mouvement littéraire qui s'agaçait des débordements sentimentaux du romantisme et prônait neutralité et retenue dans les écrits. Les Parnassiens rejetaient les engagements sociaux et politiques des artistes et se faisaient les théoriciens de l'art pour l'art. Le nom de leur mouvement rappelait en écho que le Mont Parnasse, en Grèce, était la demeure mythique du dieu des arts et de la lumière, Apollon.

    C'est ainsi en pleine période parnassienne que Rimbaud écrivit l'un de ses poèmes les plus fameux : Ophélie. Une toute autre manière de parler de l'amour que celle d'Orelsan...


    Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
    Tu te fondais à lui comme une neige au feu.
    Tes grandes visions étranglaient ta parole :

    − Un Infini terrible effara ton œil bleu !

    Comme le dit Marc Vasseur sur son blog, à propos de Frédéric Mitterrand les c..., ça ose tout ... Je voudrais ajouter autre chose : Arthur Rimbaud, lui aussi, dans son existence, a été en proie au dépit amoureux (c'est l'une des justifications qu'évoque Orelsan). Mais...c'est tout de même autre chose qu'Orelsan quand il se venge des jeunes filles qu'il a trop aimées...Ses petites amoureuses en prennent pour leur grade, mais c'est fin et humoristique...rien à voir avec le rapeur de banlieue...

    Un hydrolat lacrymal lave
    Les cieux vert-chou
    Sous l'arbre tendronnier qui bave,
    Vos caoutchoucs

    Blancs de lunes particulières
    Aux pialats ronds,
    Entrechoquez vos genouillères,
    Mes laiderons !

    Nous nous aimions à cette époque,
    Bleu laideron !
    On mangeait des oeufs à la coque
    Et du mouron !

    Un soir, tu me sacras poète,
    Blond laideron :
    Descends ici, que je te fouette
    En mon giron ;

    J'ai dégueulé ta bandoline,
    Noir laideron ;
    Tu couperais ma mandoline
    Au fil du front.

    Pouah ! mes salives desséchées,
    Roux laideron,
    Infectent encor les tranchées
    De ton sein rond !

    Ô mes petites amoureuses,
    Que je vous hais !
    Plaquez de fouffes douloureuses
    Vos tétons laids !

    Piétinez mes vieilles terrines
    De sentiment ;
    - Hop donc ! soyez-moi ballerines
    Pour un moment !...


    Vos omoplates se déboîtent,
    Ô mes amours !
    Une étoile à vos reins qui boitent
    Tournez vos tours !

    Et c'est pourtant pour ces éclanches
    Que j'ai rimé !
    Je voudrais vous casser les hanches
    D'avoir aimé !

    Fade amas d'étoiles ratées,
    Comblez les coins !
    - Vous crèverez en Dieu, bâtées
    D'ignobles soins !

    Sous les lunes particulières
    Aux pialats ronds,
    Entrechoquez vos genouillères,
    Mes laiderons !