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  • Sac de noeuds à Florange

    Tout en ayant peu apprécié la sortie tribunicienne de Montebourg, je n'en reconnais pas moins qu'il y a un vrai problème à Florange. 

    Si j'ai bien compris l'enjeu, il y a deux unités à Florange : l'une dont l'activité est rentable et l'autre pas. Mittal veut se débarasser de la seconde. Il y a bien des repreneurs mais pour les deux unités seulement, pas uniquement pour celle qui n'est pas rentable. Mittal veut bien revendre la pas rentable mais il veut garder l'autre.

    Si la pas rentable ferme, c'est un branche industrielle qui s'éteint définitivement en France alors qu'elle est surtout victime de la conjoncture.

    Que faire alors ? Cahuzac a juré que le gouvernement trouverait l'argent nécessaire à l'indemnisation en cas de nationalisation mais là, je suis très sceptique : ce gouvernement devrait cesser avec ce type d'annonces. Soit il a les moyens de dégager des fonds par des réductions de dépenses publiques, et dans ce cas, il l'annonce carte sur table en précisant d'où il tire l'argent, soit il vaut mieux qu'il se taise.

    Si ce n'est qu'un coup de bluff, la manoeuvre est particulièrement inepte et ne trompe personne.

    Je n'aime pas vraiment le principe d'une nationalisation a fortiori contrainte. Bayrou a bien résumé la problématique en faisant observer que cela ne se faisait pas comme cela et qu'il fallait une indemnisation juste, primo, et que secundo, il fallait tout de même interroger les perspectives du marché de l'acier avant de se lancer dans un projet aussi hasardeux.

    Comme le dit Bayrou « La nationalisation, n'est pas un but mais un moyen ! La vraie question est : industriellement, que peut-on faire ? Nous sommes dans une situation où tout le monde sait que la consommation d'acier s'effondre en Europe et que ce que nous exportons va être produits sur place dans un certain nombre d'autres marchés : Chine, Inde, etc. Nous avons un problème de surcapacité. Est-ce que ce que nous allons produire à Florange va trouver des clients ? Si cette production ne trouve pas son marché, nous allons nous retrouver avec ce site sur les bras. Dans les circonstances où nous sommes, alors qu'il n'y a pas d'argent, ce serait une situation extrêmement risquée »

    Je ne connais pas assez les technologies associées à l'acier pour pouvoir exprimer une idée pertinente, mais je pense en revanche que nous n'avons pas intérêt à entretenir une production du XXème siècle. Si Florange est sauvée par l'État, il faut alors songer à une reconversion vers un acier de haute technologie et viser des applications et utilisations ad hoc. En somme, il faut avoir un projet technologique et industriel. Je ne crois pas que le gouvernement en ait un en tête à l'heure actuelle.

  • Le sale coup de Mittal à Arcelor

    Dans l'histoire de la fermeture programmée des hauts fourneaux de Florange, je me suis fait tout de même une petite réflexion :

    Arcelor et Mittal, jusqu'à 2006, c'étaient des sidérurgistes distincts. On peut même observer qu'Arcelor a été avalé tout cru par Mittal au terme d'une OPA hostile, c'est à dire contre son gré.

    Une fois cet achat fait, Mittal a décrété que le marché européen n'était plus un marché prioritaire parce que moisn dynamique, à ses yeux, que celui des pays émergents. Et il a commencé à fermer les usines européennes, à commencer par les usines françaises. Je m'étais étonné, pour ma part, du dynamisme européen pour l'année 2011.

    Cette histoire-là, cela me rappelle exactement ce que Bayrou disait dans son État d'Urgence, en août 2011 sur les fonds vautours qui viennent, pillent, puis laisse un désert industriel stérile.

    C'est aussi pour cela qu'il plaide pour un Plan capable de prévenir ce genre de procédés, voire pour une législation ad hoc, mais au niveau européen.

    En attendant, même s'il a de la peine à prononcer tout haut le gros mot, j'ai le sentiment qu'il propose ni plus ni moins que l'État maintienne le fourneau en attendant un racheteur ou l'émergence d'un champion national.

    Se laisser dépouiller de ses aciéries lui apparaît comme une faiblesse stratégique majeure pour un pays comme la France et plus généralement pour l'Europe.

  • Acier : de Florange aux pays émergents.

    On ne mettra jamais assez en évidence la dichotomie profonde qui existe entre nos représentations politiques, nos exigences éthiques et les réalités économiques qui viennent les heurter de plein fouet.

    Depuis les débuts des projets d'arrêt de l'aciérie de Florange, je comprends qu'Arcelor-Mittal essaie de rationnaliser ses coûts car il produit plus que ce que ses clients lui demandent.

    Ce qui est étonnant, c'est que la demande d'acier mondiale continue de progresser : Lupus a publié sur son blogue des chiffres édifiants en octobre dernier.

    Les unités de production qui se situent en France visent un marché européen, or, si la demande mondiale d'acier va croître de 4% en 2012, en Europe, sa progression ne sera que de 2.5% seulement. Parallèlement, la part des pays émergents dans la demande d'acier va bondir à 73%.

    Si les pays émergents ont des exigences de qualité, comme les pays développés, en revanche, ils n'ont pas de barrières éthiques ou écologiques comme en Europe. Si on peut imposer des normes pour l'acier sur le marché européen, on ne peut contraindre des producteurs d'acier extra-européens à s'imposer nos normes sociales chez eux quand ils exportent vers des pays émergents.

    L'Europe aurait dûr pourtant finir l'année en trombe avec une progression calculée de 7.5% : las, la conjoncture s'est retournée sur les deux derniers trimestres 2011. Arcelor-Mittal a vu ses bénéfices plonger. Arcelor-Mittal produit des aciers plats, or, ces derniers alimentent des secteurs bien spécifiques de l'industrie, comme par exemple l'automobile. Des incertitudes pèsent sur ce secteur. Et puis les mines sont tellement plus rentables...

     En 2008, le patron d'Arcelor-Mittal annonçait pourtant que le monde manquerait d'acier.

    Les efforts pour moderniser les usines européennes se sont concentrés sur les émissions de CO2. Or, les pays émergents n'ont que faire des émissions de CO2, il suffit de voir comment Inde, Chine et Brésil freinent des quatre fers pour tenter de limiter les contraintes environnementales, par exemple.

    Dans un tel contexte, je ne vois pas trop ce que peuvent faire les politiques : ils se succèdent au chevet de Florange, jurant qu'ils n'abandonneront pas la sidérurgie française, mais concrètement, quelle est leur marge de manoeuvre ? Nulle, ou presque. La seule chose qu'ils pourraient à la rigueur décider, c'est de subventionner sur fonds publics l'usine de Florange, mais c'est économique absurde, une voie sans issue. 

    Au fond, ce que peut faire un politique, dans un cas semblable, c'est surtout avoir anticipé ou avoir favorisé l'anticipation. D'où l'idée intéressante du projet de François Bayrou de ressusciter une sorte de Plan susceptible de réunir les acteurs des principales filières en France. 

    Pour l'heure, je ne vois pas ce que l'on peut faire pour les salariés de Florange, mais je suis preneur de toute solution géniale, et je pense que je ne suis pas le seul...