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  • Otages du Niger : trop tentant d'essayer de les libérer...

    Les premières vacances au Niger pour Vincent Delory et Antoine de Léocour ont pris hélas fin de la plus tragique des manières. Le gouvernement français a assumé les décisions prises et l'échec de leur libération. La classe politique française a à peu près suivi la position du gouvernement.

    Toutefois, Guy Sitbon, éditorialiste à Marianne, lèvre un lièvre en posant clairement la question de la pertinence de l'opération. De fait, a priori, sans intervention militaire, les otages seraient peut-être en vie à l'heure actuelle. Mais on eût pu aussi imaginer que l'intervention réussît !

    Il faut en fait disposer de l'article de Thomas Cantaloube, sur Médiapart (accès payant) pour se faire une idée plus précise des circonstances du drame.

    Ce que je comprends de la relation du journaliste, c'est que des forces françaises présentes dans la région ont été en situation d'intercepter le véhicule qui emmenait les deux jeunes gens. Le véhicule a été une première fois interceptée à un barrage militaire, par des Nigériens, mais est parvenue à prendre la fuite. Informés, les Français ont alors aussitôt un avion prendre en chasse le 4X4, tandis qu'ils préparaient des commandos français pour tenter de libérer les otages. 

    Les commandos ont bien affronté le groupe de terroristes, et en sont venus à bout, mais, ont fait la macabre découverte des deux corps morts. L'élément qui éclairera certainement la pertinence ou non de l'intervention, c'est la date exacte de leur mort.

    Ont-ils été exécutés pendant l'assaut français ou avant ? Une chose est certaine : il eût été rageant pour le gouvernement français d'avoir localisé les otages, d'avoir été en mesure de mettre au point une opération militaire, et, finalement, de se résoudre à laisser ces derniers disparaître dans le repère des ravisseurs au sein d'un massif montagneux. 

    On peut donc comprendre le désir de tenter le tout pour le tout. Ce qui est plus fâcheux, en revanche, et Thomas Canteloube pointe à juste titre cet aspect, c'est que les commandos français spécialement entraînés ne parviennent pas à libérer des otages sans dommages. Défaut de préparation ? Matériel insuffisant ? Oh, la tâche n'est certes pas aisée. Une telle intervention est très délicate. S'il s'avère, toutefois, que les deux jeunes gens ont péri pendant l'assaut, cet questionnement prendra alors toute son acuité.

    Pour répondre à la question de Guy Sitbon : la France aurait-elle agi de même s'il s'était agi de deux fils de ministres. Il est sûr qu'il eût été aussi tentant pour eux de proposer une rançon. Mais, face, à des islamistes (ou des brigands à leur solde) prêts à tout, c'eût été un risque très lourd également. Contrairement à Guy Sitbon, je ne suis pas convaincu que l'ordre donné eût été sensiblement différent, dans le cas de figure qu'il évoque.

    On peut toujours se dire, évidemment, que l'on paiera rançon, comme le fait l'Allemagne, mais le nombre d'otages augmente toujours plus. Payer une rançon me paraît pourtant recevable, à condition qu'il y ait des interlocuteurs en face ! Les contacts précédents avec l'AMQI ont certainement refroidi la France qui s'est souvenue de Michel Germaneau : si un otage était mort lors des négociations précédentes, il y avait un très grand risque à s'engager dans cette voie. Voilà pourquoi l'option militaire qui était cette fois possible a été choisie, à mon avis.