Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Regan

  • Les apports de l'école autrichienne d'économie (2) : la praxéologie

    J'avais relevé dans ma note précédente que Mises avait rejeté les données de l'expérience, tout du moins, dès lors que l'on cherchait à en tirer des règles, et qu'a contrario, il avait choisi de s'appuyer sur les catégories mentales inhérentes à l'être humain pour bâtir quelqu''ébauche de théorie que ce soit.

    Mises considère que le premier maillon de la connaissance de l'action : la définition d'une grammaire de l'agir humain est l'objet de la praxéologie. Toutefois, elle n'a que peu à voir avec la sociologie puisqu'elle ne s'intéresse pas à l'accidentel, au circonstanciel dans l'action, mais uniquement à sa forme pure et à sa structure catégorielle.

    La praxéologie s'appuie sur une démarche introspective, ses effets et ses propositions ne sont pas déduits de l'expérience

    Pour Mises, seuls les individus pensent et agissent : ce sont donc les actions singulières qui l'intéressent, ce qui l'amène à rejeter tout concept dont l'origine se trouverait dans un ensemble collectif. Et pour cause, compte-tenu de la nature d el'action, un tel ensemble n'a pas d'existence propre pour Mises, car il est la résultante d'un ensemble de comportements individuels seuls susceptibles d'observation.

    Ceci l'amène à rejeter toute forme de macro-économie, ou plus exactement, la distinction entre macro et micro économie.

    Mises caractérise ainsi une action :

    - elle ne concerne que l'individu

    - elle mobilise des ressources, à hauteur d'au moins deux minimum : les facultés mentales et le temps.

    - l'action implique toujours de prendre et rejeter, car l'ensemble des opportunités ne peut être exploitées. Il y a donc un choix qui s'opère.

    - l'action requiert une intentionnalité : elle est un comportement conscient, ou, à tout le moins, une activité avec un objectif. 

    Il s'ensuit que l'action est un choix délibéré et par suite, que l'homme dispose d'un libre-arbitre. Cela va bien évidemment à l'encontre du positivisme, behaviorisme, et cetera...

    Aujourd'hui (c'est l'auteur de l'article qui l'ajoute, ce n'est pas dans le livre) Mises rejeterait certainement en bloc toutes les bourideuseries et la sociologie de gauche en général. Notre manière de considérer les phénomènes sociaux est radiclement opposée à ses vues. 

    En définitive, toute action a une signification et l'acte vise à obtenir un résultat.

    Trois conditions sont nécessaires à l'action :

    - éliminer un gêne, c'est à dire ressentir un déséquilibre ou une insatisfaction 

    - désirer substituer un état des choses plus favorable (du point de vue de l'individu) à un autre

    - croire en la réussite de son action. Celui qui accomplit l'action croit que le moyen employé obtiendra l'effet désiré.

    Dès lors qu'un individu agit, il opère un choix, ce qui signifie qu'il renonce à quelque chose en lui assignant une valeur plus basse, tandis que corollairement, il assigne une valeur plus haute à son objectif.

    Comme toute action s'inscrit dans le temps et est une spéculation si bien que les mathématiques ne peuvent rendre compte de la praxéologie, puisque les relations mathématiques sont coexistantes et interdépendantes.

    Quand un praxéologue étudie une action, tout ce qu'il peut en dire est indépendant des motifs qui la suscitent et des buts recherchés. Il s'ensuit qu'il n'y a aucune différence entre un but égoïste et un but altruiste. La logique humaine est identique quel que soit le contenue final des objectifs des acteurs

    Un théoricien praxéologue s'abstiendra donc de porter des jugements de valeur. Si une référence est faite au moyen plus ou moins approprié d'un moyen utilisé, cela ne peut être que du point de vue de l'individu agissant. 

    Poursuivant son cheminement, Mises déclare donc que toute action est rationnelle, tout du moins, tant que le but d'une action est toujours d'obtenir la fin visée. 

    Nous avons vu ci-dessus qu'une action était un choix avec valorisation spécifique des situations. Une action exprime donc une préférence. A l'inverse, aucune action ne peut rendre compte d'une indifférence ; en fait, l'action est même le contraire de l'indifférence.

    l'agir repose sur un raisonnement circulaire, puisque les actions se succèdent les unes aux autres : une action qui comble un besoin en crée donc nécessairement un autre. Donc, toute action réussie produit une préférence. Ceci signifie qu'équilibre et déséquilibre sont corrélés : aucun équilibre n'est stable, et il entraîne nécessairement le déséquilibre.

    Là encore, je fais une remarque qui m'est propre : je trouve dans cette manière de raisonner pas mal de points communs avec ce que dit Schumpeter de l'entrepreneur. D'ailleurs, Mises considère l'entrepeneur comme l'achétype de l'homme agissant. Sur la circularité de l'action, je la constate, mais, je suis sceptique sur les prémisses du raisonnement de Mises. j'y reviendrai plus tard.

    Toute action est donc un effort pour créer un équlibre, et c'est une tendance naturelle de l'action. C'est parce que l'individu imagine un autre cadre d'actions, une autre fin et d'autres moyens qu'il peut s'engager dans une nouvelle séquence d'actions.

    On a là un bon modèle pour explique ce qu'est l'entrepreneur. En effet, la fonction entrepreneuriale, c'est la recherche incessante de nouveaux gains de satisfaction. L'individu scanne en permanence son environnement pour déterminer les moyens disponibles et adpatés en vue d'une fin

    Du point de vue praxéologique, c'est le choix d'une stratégie pour atteindre une fin choisie qui définit l'acte économique.

    A l'issue de ce chapitre, on comprend de mieux en mieux comment la praxéologie va pouvoir servir une analyse économique, et comment cette analyse partira de l'entrepreneur, c'est à dire de l'individu, plutôt que de s'appuyer sur des phénomènes de masse, comme on le trouve chez les Marxiste ou les Libéraux classiques. 

    Il existe deux grands courants, chez les néo-libéraux : l'un, c'est lécole de Chicago, c'est à dire les monératistes, et l'autre...l'école autrichienne.

    Pour bien comprendre que tout cela n'est pas si loin, je rappelle les dates de Mises : Ludwig Von Mises est né en 1881 et décédé en 1973

     En considérant tout cela, je me demande parfois jusqu'à quel point la démarche praxéologique n'est pas finalement une certaine forme de néo-aristotélisme. Ce serait certainement un point à étudier, mais je ne suis pas certain d'en avoir la compétence.

    Je demeure toutefois prudent : les idées de Mises ont été récupérées par certains économistes libéraux dont j'ai du mal à humer le fumet particulièrement droitier fort peu délicat. Je pense en particulier à Jacque Gallero qui anime des émissions sur Radio-Courtoisie. Beaucoup d'économistes qui se réclament de l'école autrichienne en France sont proches de Démocratie Librérale, le mouvement d'Alain Madelin. En Espagne, des économistes de la même tendance ont conseillé Monsieur Aznar, et en Italie, un ministre de Berlusconi. Aux USA, on retrouvait des néo-autrichiens proche de Donald Reagan.

    Pas sûr que tous ces économistes néo-libéraux s'accordent vraiment avec la social-économie de Bayrou et du MoDem... 

     Mais bon, quand on veut connaître un adversaire politique, il faut lire les écrits de ses penseurs. Et puis les théories de Mises ont quelque chose d'indiscutablement séduisant. Une fois l'ouvrage de Thierry Aimar fini, je prendrai alors le temps de critiquer les points qui me paraissent les plus contestables de cette théorie.