Trop fort ! Je reviens du site de Jean-Marie Beaupuy, euro-député MoDem, qui s'intéresse de longue date aux modalités de la gouvernance en Europe. Il a constaté depuis longtemps qu'entre les différents acteurs concernés par le même sujet sur un même territoire, les cloisons sont désespérément étanches. Cette absence de porosité l'a amené à prendre la parole, le 23 octobre dernier, proposer la création d'un guide pratique, et surtout, une solution originale : une formation ERASMUS, sur le même modèle que le processus destiné aux étudiants, destinée aux élus locaux.
Bien vu. Je reproduis une partie de son intervention :
Alors gouvernance, partenariat, de quoi s’agit‑il ? Eh bien, faut‑il faire un rapport d’initiative sur cette question de gouvernance et de partenariat puisque l’on en parle tous les jours de cette gouvernance et de ce partenariat. Il n’y a qu’à prendre les journaux, les rapports, on trouve toujours ces mots-là !
En fait, Monsieur le Commissaire, il y a un temps pour la parole et il y a un temps pour les actes ! Il y a un temps pour définir des objectifs et il y a un temps pour se donner les moyens de les atteindre. Or, cela fait déjà plusieurs années que l’on répète sans cesse qu’il faut améliorer la gouvernance. On l’écrit dans nos règlements, on en parle dans nos discours et rien n’avance beaucoup. Que se passe‑t‑il réellement alors que l’on voit que l’approche intégrée figure dans les nombreux rapports de la Commission et du Parlement ?
Est‑ce que nos politiques européennes en matière de transport, d’environnement, comme en matière de développement régional, tiennent véritablement compte les unes des autres ? Où est l’approche intégrée que nous appelons de nos vœux ? À chacun son budget, à chacun son ministre, à chacun son commissaire, à chacun son calendrier. Et l’on voit, ne serait‑ce qu’en matière de Fonds structurels, l’application sur le terrain et de manière séparée entre le FEDER, le FSE et autre FEADER. .
Monsieur le Commissaire, dans vos fonctions, avec vos collègues, vous savez que nous avons tous à cœur d’atteindre les objectifs de Lisbonne. Mais en continuant ainsi, de manière aussi cloisonnée sur le terrain, croyez‑vous que cela soit possible ? Croyez‑vous qu’une organisation aussi puissante soit‑elle, aussi déterminée soit‑elle, pourra réussir en laissant se juxtaposer ce "chacun pour soi" sur le terrain ?
Aujourd’hui, l’heure est venue de réunir nos compétences, de réunir nos budgets et nos calendriers entre les différents acteurs privés et publics concernés par le même sujet sur le même territoire. Pour y parvenir, mon rapport propose trente‑sept actions concrètes mais je ne vais pas les énumérer, seulement indiquer trois points clés.
Premier point clé, c’est de donner aux différents acteurs, privés, publics, particuliers, organisations, les moyens de mettre en œuvre cette gouvernance. Le premier point, je l’ai souligné à votre collègue, Mme Danuta Hübner, c’est la réalisation d’un guide pratique de la gouvernance. Ce ne sont plus des messages abstraits, ce doit être un guide pratique.
Deuxième chose : la formation des élus dans le cadre d’un dispositif Erasmus. Nos élus locaux et régionaux doivent être les véritables locomotives de cette nouvelle gouvernance des territoires. Par ailleurs – deuxième point clé – il faut que nos institutions européennes et nationales donnent l’exemple. C’est pourquoi je demande dans mon rapport qu’il y ait une réunion annuelle des ministres en charge des politiques de cohésion au sein du Conseil. Et puis vous, Monsieur le Commissaire, vous le savez, on est différent entre les commissaires, les différentes DG... Il est nécessaire d’avoir un travail interservices plus opérant. Le Comité des Régions, quant à lui, a anticipé ma demande puisqu’il a déjà répondu il y a deux semaines à nos propositions.