Je me suis déjà exprimé quant à ce que je pensais des parents qui tuent leurs enfants. Je n'ai aucune sorte de mansuétude et récuse radicalement toutes les analyses et commentaires qui tendent à faire accroire que les infanticides ont deux visages dont l'un, au moins, pourrait se montrer aimant.
C'est un problème de définition de ce que l'on appelle l'amour.
Dans toutes les langues il existe des déterminants possessifs : le mal vient de ce qu'on peut adjoindre un possessif à un être vivant, particulièrement quand il s'agit d'êtres humains.
Ce qui permet à des parents de tuer leurs enfants, c'est d'abord le sentiment de possession qu'ils éprouvent à leur égard. Ils pensent que les enfants sont à eux. Or, les enfants ne sont à personne, ils n'appartiennent qu'à eux-mêmes et à personne d'autre. Que l'on ne se fasse pas d'illusions : à aucun moment de leur existence passée les infanticides n'ont considéré leurs enfants comme des êtres libres quand bien même le débordement de leurs émotions aurait pu passer pour une affection intense.
Rejoignant totalement Maria Montessori, je considère que le rôle des adultes et bien évidemment des parents, envers les enfants, est d'en prendre soin et de les accompagner, pas de se substituer à eux.
Corollairement, je reçois tout à fait l'analyse du blogue l'Homme simple sur les pères criminels : ce sont des individus qui sont prisonniers d'un ancien modèle de relations. Un modèle où la compagne et les enfants sont les biens du mâle. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que ce soient les hommes surtout, plutôt que les femmes, qui tuent leurs enfants parce qu'ils perpétuent un schéma issu directement des sociétés patriarcales dont l'empreinte pesante continue d'empoisonner nos nouvelles sociétés.
Quand j'entends quelqu'un répliquer "ce sont mes enfants, je fais ce que je veux", je me retiens de bondir. Et non, mon gros/ma grosse, ce ne sont pas tes enfants ! Pas plus, au demeurant, que ce ne sont ceux d'une institution nationale telle qu'un État.
En revanche, ce pourrait être le rôle de l'État, via son corps médical, de rappeler dans les maternités, à la venue des pères, que les enfants ne sont pas les leur mais bien des êtres libres qui leur ont été confiés par ce miracle permanent qu'est la nature (ou peut-être Dieu pour ceux qui ont la foi). Des parents peuvent avoir des projets pour leur enfant, mais aucun d'eux ne pourra surpasser le dessein secret que la nature a inscrit en eux, ce que Montessori appelle l'embryon spirituel. Assurer l'épanouissement de l'enfant, ce n'est pas contrarier ce dessein mais favoriser le développement de l'embryon.
Il y a un questionnement philosophique de fond derrière ces crimes impardonnables, celui de la définition du verbe "aimer". Si l'on n'admet pas d'aimer inconditionnellement, si l'on admet pas d'aimer sans chercher à posséder, on peut pas aimer véritablement. C'est ce qu'avaient pressenti plusieurs écrivains romantiques et certains de leurs successeurs en concevant des individus amoureux prêts à se sacrifier ainsi que leur amour pourvu que l'être aimé fût heureux.
Commentaires
"Tu dis que tu aimes les fleurs, tu les coupes.
Tu dis que tu aimes les poissons, tu les manges.
Tu dis que tu aimes les oiseaux, tu les mets en cage.
Quand tu me dis "Je t'aime", j'ai peur."
(J. Prévert)
@Christian
Très belle citation.
Alors, en voilà une autre qui devrait vous plaire aussi :
"Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable."
(Khalil Gibran - "Le Prophète")
@Christian
C'est magnifique. J'ai lu le Prophète mais je ne me souvenais plus de ce passage.
Oui, l'image me plaît beaucoup.
Gibran est chrétien, comme Montessori et...moi-même, sans recevoir directement une éducation chrétienne, j'ai baigné dans le catholicisme.
Il y a un aristotélisme latent dans ces propos, fortement imprégné de soufisme et bien évidemment de christianisme.
J'aime beaucoup. Je vais le relire, du coup.
@L' héré,
Z'etes maladroit, évoquer le passé^^^Pour me faire réagir avec mes trippes...Nous ne devons rien, j'étais un troll selon vous, quand bien meme vous saviez qu'il n'en était rien.
Pour moi le passé doit rester là ou il réside, je n'interviendrai pas sur ce billet Montessori ou pas.
Si l'objet de ce billet est de me marier au Christian, c'est clairement: non.
La violence des symptômes atteint un niveau record.
Elle intervient sur ce billet pour dire qu'elle n'y interviendra pas puis intervient de nouveau pour exposer son nouveau délire : l'héré a écrit ce billet pour la marier à mon cher confrère...
Je suppose que les commentaires de ce dernier ont éveillé en elle des ardeurs, d'où son esprit torturé imagine un complot : c'est forcément le contenu du billet qui a appelé de tels commentaires.
On pourrait sans doute la rassurer : pour la marier, il faudrait que Christian soit consentant. Ce qui ne risque jamais d'arriver.
C'est simplement effrayant. La perspective invraisemblable d'une union aussi repoussante (beurk, beurk, beurk...) mais surtout le degré de démence que la malheureuse a désormais atteint. Effectivement, tous les records sont explosés, y compris ceux que la pauvre folle avait pu établir elle-même.
A mon avis, l'ensoleillement de ces derniers jours, joint à la poussée hormonale provoquée par cet été tardif, a dû préparer cette crise. La malheureuse était à deux doigts de basculer, un rien pouvait y suffire, et la lecture de ce billet a été l'élément déclencheur : en y lisant les mots "corps médical", elle s'est imaginé que notre webmestre faisait une discrète allusion à ses années d'enfermement psychiatrique (ce qui explique pourquoi elle l'accuse de lui avoir "rappelé son passé") et son pauvre petit cerveau a soudainement sombré.
Tout cela est bien, bien triste.