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Gare aux discours fumeux

Les temps que nous vivons sont troublés : notre pays est en crise, le chômage explose (comme les impôts, au demeurant), la dépense publique ne baisse pas et les créateurs envisagent l'exil.

Il me paraît dans ce contexte tout à fait essentiel d'apporter des propositions très pragmatiques. Malheureusement, comme au moment des législatives en juin 2012, je n'ai pas le sentiment que ce soit le chemin que prenne le MoDem.

J'ai lu les propositions de nos deux candidats aux toutes proches législatives partielles : il y est question de la moralisation de la vie publique, d'union nationale, du rejet des deux partis dominants, mais, sur l'emploi, l'entreprise ou même des sujets plus mineurs, rien.

Je ne saurais que recommander à mes amis du MoDem la lecture d'une comédie antique édifiante : les Nuées d'Aristophane.

Elle met en scène un philosophe grec généralement connu, Socrate, en le ridiculisant. Nous avons en règle générale une image positive de ce sage parce que ses disciples, Platon principalement, nous en ont transmis un portrait exceptionnel.

Socrate a pourtant été condamné à mort et nombre de ses propos n'ont pas été compris. Aristophane, l'un de plus talentueux auteurs comiques de toute de l'histoire de l'humanité, s'est largement payé la tête de notre philosophe dans sa pièce. Les raisonnement d'Aristophane vont rarement loin. La plupart du temps, il en appelle (et l'applique!) au bon sens populaire.

Ainsi, toute la métaphysique dont se faisait le porteur Socrate lui apparaissait comme des billevisées fumeuses qui discréditait d'autant plus le discours moral du personnage. Les Nuées font de Socrate un imbécile heureux, sorte de Pangloss satisfait de lui-même, dispensant une adoration éperdue pour les nuages. En plus de tenir des raisonnements sans queue ni tête, Socrate, dans la pièce, a la réputation d'un homme capable de tordre les mots et la logique au point de faire passer pour honnête quelqu'un de malhonnête et vice-versa. Cela tombe bien, Strepsiade, un vieux paysan, et personnage principal de la pièce, est justement perclus de dettes à cause de son fils. Quant à la fin il comprend qu'il n'y a que du vent dans les théories de Socrate, il finit par mettre le feu à l'école de ce dernier...

J'espère que les militants et candidats démocrates qui me liront comprendront cette comparaison. Je n'attends pas une énième posture morale de leur part, mais des propositions concrètes avec un discours fort :

«faites-nous confiance et donnez-nous les clefs de notre pays. Si vous nous remettez le pouvoir, en cinq ans, nous rétablirons les comptes, redresserons l'industrie et les services et ferons baisser le chômage. Nous avons un leader qui ne vous a jamais menti, qui se montre lucide, qui se refuse à toute forme d'idéologie et qui se montre modéré.»

La méthode Bayrou, au fond, est assez simple : elle consiste à cerner la cause de nos maux puis, au lieu de sortir des mesures dogmatiques ex nihilo, à aller s'adresser à ceux qui vivent concrètement les maux en question et ont des idées pour les résoudre.

Deux exemples très simples :

Bayrou voulait mettre en place un Conseil d'Analyse Stratégique afin de rétablir notre industrie et il comptait pour cela y convier de très nombreux chefs d'entreprise (pas que le MEDEF ou les très grands patrons de l'industrie et de la distribution). D'ailleurs, lors des présidentielles, quand il s'est rendu à l'invitation de la CGPME il a commenté toutes les mesures de cette confédération au lieu de répondre par un discours en l'air à leurs propositions.

S'agissant d'école, plutot que de procéder par partis pris, il suggérait d'aller observer les réussites des enseignants sur le terrain et de s'en inspirer pour généraliser les choses qui marchent.

Enfin, en matière de droit, il a brandi tout récemment le code du travail suisse, comparant le maquis juridique que constitue le nôtre avec la simplicité helvétique.

In fine j'aimerais trouver dans les propositions de nos candidats des reprises de ce qui figure dans les domaines économiques du programme du MoDem. S'ils s'obstinent à ne faire campagne que sur la morale, je leur prédis une gamelle monumentale et des déceptions de plus...

Commentaires

  • A propos d'Aristophane, qui s'est bien moqué des sophistes aussi, ça me rappelle une pensée de Claude Lelouch qui disait (désolé si je me répète, L'Hérétique) que pour faire marrer les gens, le mieux, c'était d'être un vieux con de droite.
    Comme De Funès, Clavier, Le Luron ou Coluche.
    Aristophane devait être, lui aussi, un vieux con de droite.

  • Salut Erasmus
    En tout, certainement dans la catégorie "conservateur".
    Mais, contrairement aux élèves de Socrate (Platon y compris) il n'a jamais eu l'idée de supprimer un jour la démocratie...

  • Le conseil stratégique existe depuis me semble-t-il? ;o))
    Pour le reste, j'y travaille, que croyez-vous que je me tourne les pousses en récitant des neuvaines? :p

  • Sinon, très franchement vos appels systématiques aux grecs anciens, cela me fatigue^^^, bien sur que la nature humaine n'a peut etre pas évoluée depuis cette époque, mais le poids du passé, cela va bien à doses homéopathiques...Si vous ne vous souvenez pas...Moi farpaitement!
    Aussi, me souviens de votre attrait pour Voltaire à un temps donné, quand j'ai toujours préféré Diderot^^^, alors vos parallèles Aristophane et Pangloss je n'y réagirais pas du tout: cousu de fils blancs.
    Le com d'Erasmus me parait très adapté, quand il dit: sophiste.
    Quid, d'anaxagore? Rien lu à son sujet chez vous, très franchement, cela m'a toujours rendue perplexe...

  • Des responsables politiques qui tiennent un discours et font des propositions ancrées dans la réalité, bien sûre.
    Cependant gare à tomber aux discours et propositions essentiellement gestionnaires !
    Les gens ont aussi l'attente de responsables en mesure d'insuffler un élan auprès des citoyens. C'est d'ailleurs l'une des singularités de F. Bayrou, pour ceux qui parviennent à l'entendent.

    Ainsi, pourquoi la "boîte à outils" de Hollande semble t-elle avoir peu rassuré les gens ?! Pour moi, les nombreux français à l'écoute n'ont pas senti cet élan (cette transcendance peut-être ?!) pour porter son action.

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