Décidément, plus je prends connaissance des propositions des candidats socialistes, et plus je me dis que j'ai été raide avec Bayrou, au point que Marianne2 ait titré "Peut mieux faire" en reprenant mon billet.
Là, je viens de lire les "propositions" de François Hollande pour l'école. Ce qui me frappe, c'est l'absence totale d'originalité. Ils me gonflent, à droite et à gauche avec leurs nouvelles technologies. On trouve aussi ça chez Montebourg et à l'UMP. Voilà, c'est le nouvel eldorado. Plutôt que d'apprendre à réfléchir, à entreprendre et à libérer sa créativité sous toutes ses formes, le nec plus ultra de la pédagogie, depuis 10 ans à gauche et à droite, c'est les nouvelles technologies.
Débile. Les nouvelles technologies, ce n'est pas un sujet d'instruction. C'est idiot au possible. C'est juste du matériel. Quand les politiques décident de fournir du matériel informatique aux établissements scolaires, et...les LAISSENT s'organiser au lieu de se servir de cet équipement pour truander les marchés locaux dans les Conseils Généraux, bon très bien. Tableaux inter-actifs, tablettes tactiles, ordinateurs portables, projecteurs et cetera, ce sont les tableaux noirs, les craies et les cartes de géographie de demain (ça devrait d'ailleurs être ceux d'aujourd'hui) mais ça n'a rien à voir avec un enseignement disciplinaire. Ridicule.
Il est marrant Hollande. Toujours en rondeurs, ce gars-là. Allez, étude ou commentaire de textes (je ne sais plus comment on appelle ça à l'école, maintenant...). Lisez la phrase suivante et interprétez-la (c'est du Hollande dans le texte) :
Je propose aussi quelques pistes de débat avec les enseignants sur le nombre de jours de classes dans l’année
Idéale, cette proposition pour étudier l'implicite et l'explicite, non ? Royal, en 2007, c'était plus direct : allez, au boulot, tas de fainéants ! aux 35 heures dans les établissements scolaires ! Avec Hollande, on propose. Mais on n'est pas fou. Le débat, on sait bien que dans l'opinion, il tournera au désavantage des profs, tant elle est convaincue que ces jeanfoutres n'en rament pas une derrière leurs bureaux...
Martine Aubry, c'était plus subtil :
Je repenserai les rythmes scolaires : nos élèves ont les journées parmi les plus longues et l'année la plus courte. Je reviendrai sur la réforme absurde qui a imposé les quatre jours à l'école primaire.
Elle est plus maligne. C'est un peu façon MoDem (décidément...!) : hop, en passant un petit commentaire sur la brièveté de l'année scolaire, mais on rassure son éventuel public eneignant en se rabattant tout de suite sur la semaine de quatre jours.
Montebourg, s'est emparé aussi de la question, je l'ai rappelé dans un billet précédent. Valls, pour ce que j'en sais, est à peu près sur la même ligne que Ségolène Royal.
Une chose m'étonne avec Bayrou : il écrit dans son État d'urgence un plaidoyer sincère pour prendre la défense des enseignants. Il rappelle la difficulté de gérer une classe et tout le travail périphérique qu'occasionne la préparation de cours.
Le premier avantage, avec Bayrou, c'est que ce n'est pas un technocrate. Ce n'est pas, comme dans les commissions du PS, un individu qui a passé son temps à éviter les classes via des décharges ou des nominations bidon.
Le second, c'est que lorsqu'il écrit un livre et fait des propositions, il le fait tout seul : il n'y a pas derrière lui une armée de comités Théodule pour lui raconter un ramassis de conneries.
Je reprends le fil de ma pensée. Bayrou, après avoir donc pris la défense d'un corps fort malmené depuis de longues années, défile en vrac toutes les problématiques qu'il faudra un jour aborder, en plus de celles qu'il choisit lui-même de traiter. Et il cite dans le tas la question des rythmes scolaires, notamment la longueur de la journée pour les écoliers. Il l'a écrit dans son livre.
Question : il compte la traiter comment ?
Moi, je l'ai déjà démontré : on sait que nouss la France, les Français, l'état français, on n'a pas de fric. Si on allonge l'année scolaire, même si l'on réduit la journée de cours, la vérité, c'est qu'on augmente le temps de travail des enseignants. Les seuls déplacements engendrés, je l'ai calculé, à eux seuls, génèrent plus de 40 heures supplémentaires. Et encore, c'est dans une configuration optimale. Je ne parle même pas des surcroûts provoqués par ce projet.
Les Socialistes ne le disent pas tout haut : ils parlent de revalorisation salariale, de refonte du statut de 1950 et cetera...Mais la réalité, c'est qu'ils n'ont pas les moyens de payer davantage les enseignants pour le surcroît de travail. DONC : en résumé, l'issue de l'élection présidentielle, pour les enseignants, c'est de travailler PLUS pour gagner MOINS. Ça, c'est ce que proposent les Socialistes, mais aussi l'UMP puisque Châtel veut expérimenter un racourcissement des vacances scolaires dès 2014.
Trêve de doubles discours, comment le MoDem, qui semble emprunter le même chemin que le PS et l'UMP pense traiter la chose ? Et François Bayrou se retrouve-t-il dans les propositions de son propre parti ?
Revenons à notre Batave national : ben y'a trois fois rien dans ses propositions. L'école à deux ans ? Déjà le principe m'énerve. Quand on voit déjà la difficulté des tout-petits de 3 ans à s'adapter au fonctionnement de l'école maternelle, la surcharge des classes, je trouve sa proposition aussi idiote que retorse. Retorse ? Eh oui, voyons : une place d'école en plus pour un enfant de deux ans = une place de crèche en moins, voyons ! Capisce ? Ça coûte moins cher de tout balancer sur l'école !
Côté Verts, il suffit d'observer que leur nouvelle tête pensante, l'inénarrable Philippe Meirieu, est en parfaite adéquation avec Châtel pour ne pas espérer un discours différent de côté-là.
Je trouvais qu'il n'y avait pas assez de détails de la part de Bayrou, mais chez les autres, c'est soit le délire, soit le vide inter-sidéral. Brighelli a fait, me semble-t-il, une bonne synthèse des propositions du Béarnais. Le mieux est d'en prendre connaissance.
J'aurais bien commencé les propositions pédagogiques des candidats socialistes, mais il n'y en a pas, sauf peut-être chez Montebourg.
Quant à l'UMP, eh bien comme on voit tous les jours ce que fait Nonos-Pipo Châtel, ça va finalement : avec les Socialistes, ce sera la rupture dans la continuité, suppressions de postes mises à part . Et encore ! comme le note Brighelli, collez les profs aux 35 heures et vous verrez les économies monumentales en postes. Bon, il faudra recruter des clandestins chinois pour assurer les cours, évidemment - je crois que cela s'est déjà fait, sans rigoler, d'ailleurs - puisque plus personne ne voudra se faire chier 50 heures pour un salaire assez peu consistant mais on y arrivera...
Cela dit, sur les rythmes scolaires, j'ai un avis : je pense aussi qu'au moins pour les plus petits, c'est difficile de tenir des journées parfois longues. Je ne suis pas convaincu par l'augmentation de l'année scolaire, parce que je suis convaincu (et je parie que je ne me trompe pas) que d'autres activités viendront prendre la place du temps libéré. Au final, les enfants n'y seront pas gagnants. Ils auront des années scolaires plus longue avec toujours autant de fatigue par jour.
Pour les collèges et a fortiori les lycées, je suis nettement plus dubitatif sur l'intérêt d'allonger l'année scolaire. Cela ne cadre pas du tout avec le fonctionnement administratif des établissements, notamment les inscriptions en collège ou ailleurs.
Mais, j'ai une idée, même si elle risque de faire hurler, à commencer par les syndicats, et, peut-être certainement pas mal de profs, mais qu'ils m'écoutent avant de hurler au vil exploiteur du peuple.
Plutôt que de parler de rythmes scolaires, moi, je pense qu'il faudrait mettre en avant une annualisation des temps scolaires. Est-ce par exemple pertinent d'étudier des disciplines artistiques sur neuf mois ? Ou même de la géométrie ? On pourrait imaginer une année où les différentes disciplines enseignées ne seraient pas forcément dispensées en même temps. Et, dans la foulée, serait-il obligatoire que les enseignants soient forcément là tous en même temps au fil de l'année ? On pourrait imaginer si l'on allonge l'année scolaire, que certains cours se déroulent sur telle période, tels autres cours sur une autre période, et cetera.
Ainsi, on parviendrait à rallonger l'année scolaire sans pour autant léser les enseignants puisqu'ils partiraient une fois leur temps de service accompli.
Avec moins d'heures de discipline par semaine, les journées seraient plus courtes, avec moins d'enseignants sur place, les emplois du temps et la gestion des salles plus aisés pour l'administration.
Toutefois, les services administratifs verraient leur charge de travail augmenter. Il faudrait donc accroître les effectifs dans les administrations des établissements scolaires et y revaloriser les salaires.
La boucle serait ainsi bouclée.
Une fois cette réforme simple et respectueuse de chacun des rythmes scolaires faite, on pourrait alors passer aux choses sérieuses, c'est à dire les programmes, les méthodes d'enseignement et l'environnement de l'écolier, du collégien et du lycéen.
Commentaires
L'annualisation des temps scolaires, ça ressemble à ce qui se fait à l'université, non ? Pourquoi pas.
@Yann
Oui, c'est quelque chose de ce genre auquel je pense.
je suis assez curieuse de vous m'expliquiez comment vous gèreriez çà au niveau de l'élémentaire (les professeurs des écoles assurant TOUS les enseignements d'une classe et avec un temps de présence dans l'établissement bien supérieur aux professeurs certifiés) .
Sans compter que ce sont pour les enfants de primaire (maternelle + élementaire) que les journées sont les plus dures à supporter (quand notamment certains 3 ans sont à la garderie du matin et du soir soit ici de 7h30 à 18h30 ! )
J'aime bien votre idée l'Hérétique, je me permet d'ajouter la mienne : le raccourcissement des cycles scolaires. Actuellement un cycle est environ d'une année et c'est uniquement vers la fin qu'on décide si l'élève passera dans la classe supérieure et vaille que vaille on essaye de faire passer tout le monde pour éviter les redoublements. En raccourcissant les cycles scolaires par matière, on pourrait facilement autoriser un élève à la recommencer si on s’aperçoit que l'acquis n'ai pas suffisant. J'ai conscience que l'application de cette mesure demanderait une importante modification de l'organisation des cours mais bon c'est une idée.
Pour obtenir de l'efficacité dans une classe,les problèmes ne me semblent pas liés ni au nombre (je parle pour collège et lycée) ni à l'homogénéité. Il faut que l'enseignant puisse faire réellement 55 mn dans le calme et l'écoute. Et là, je pointe en 1ère ligne, et ce depuis longtemps, le rôle trop immportant que l'on a donné aux parents pour s'immiscer dans la classe en cherchant à se substituer aux enseignants! De ce fait, l'enseignant a perdu de sa crédibilité, c'est senti fragilisé et au final non respecté ; et ce non-respect a apporté ces dérives que l'on connaît et que l'on subit.
Redonnons à l'enseignant sa véritable place, et aux parents la leur.
une remarque sur l'annualisation des temps scolaires: vous êtes sans doute un peu éloigné de vos années de primaire et secondaire, mais ce n'est pas parce qu'il y a écrit Mathématiques sur l'emploi du temps toute l'année qu'on fait toujours la même chose: il y a des chapitres de géométrie, des chapitres d'algèbre, des chapitre d'arithmétique (même si ce n'est pas forcément indiqué aux élèves), ce qui permet au professeur d'alterner, de s'arranger dans la progression pédagogique, de passer plus de temps sur un chapitre si nécessaire, etc..
De plus, le problème à cet âge là est la capacité à oublier des élèves: il y a déjà une grande perte pendant les grandes vacances, si en plus la matière qu'on reprend à la rentrée n'a plus été vue depuis le mois de janvier précédent, ça va demander encore plus d'heures de révisions en début d'année (d'ailleurs les enfants que les parents peuvent faire réviser à la maison fin août y trouvent encore un avantage). C'est de même peu envisageable pour les langues (il faut pratiquer le plus régulièrement possible), pour l'histoire (le programme est déjà trop long), le sport (il en faut toute l'année), les matières où l'accumulation de connaissances est cruciale (sciences par exemple), le français parce que ce n'est pas le moment d'enlever des heures, restent la musique, les arts plastiques, matières sans réel programme - ou alors il me fut très bien caché - mais en tout état de cause on ne réutilise pas ou peu les connaissances d'une année sur l'autre, et la technologie, matière pipeau s'il en est
c'est une idée séduisante a priori, mais j'ai bien peur qu'elle ne soit pas adaptée aux jeunes esprits
concernant la longueur de l'année, je ne vois pas pourquoi vous voulez préserver à tout prix les vacances des profs: ils ont plus de vacances qu'ailleurs parce qu'ils ont les mêmes que les élèves, point. Si on allonge l'année, ils en auront moins, mais ce sera apriori à nombre d'heures égales, donc le surplus de travail viendrait uniquement du temps de transport, qui n'est de toute façon pas comptabilisé (et 40 heures en plus par an, c'est moins d'une heure en plus par semaine. Ça va.) Il existe de nombreux profs favorables à une augmentation de la durée de l'année scolaire contre un racourcissemment des journées, en tout cas au collège et en primaires (la semaine de 4 jours étant effectivement une aberration faite pour faire plaisir aux parents qui veulent partir en we, donc les plus aisés ...). Concernat les plus jeunes, vous pensez d'ailleurs que d'autres activités viendront prendre la place libérée: certes, mais elles (sport, musique, échec, danse, théâtre, etc.) prennent déjà de la place le soir en semaine et les mercredi et samedi après-midi, donc il y tout de même un réel allègement. Il ne s'agit pas tant d'éviter la fatigue (de toute façon quand ils n'ont pas cours les enfants jouent et se fatiguent) que de varier les activités pour permettre une meilleure concentration lors de chacune d'elles: la fatigue du sport n'est pas la même que celle du cours de maths
Vous écrivez, parlant de l'allongement de l'année : "Cela ne cadre pas du tout avec le fonctionnement administratif des établissements, notamment les inscriptions en collège ou ailleurs." C'est de la mauvaise fois: si l'année scolaire commence plus tôt ou finit plus tard, les administratifs rentreront plus tôt de ou partiront plus tard en vacances, comme tout le monde, l'administration est en soutien de l'enseignement. Vous voulez plus bas accroître les effectifs dans les administrations: je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée étant donné que l'EdNat française croule déjà sous le poids de l'administration centrale, sauf si vous voulez diminuer les effectifs de celle-ci concomitamment.
cela dit, Bayrou semble effectivement le moindre mal en matière d'éducation
@khany
Rien n'empêche une classe d'avoir deux enseignants différents, a fortiori si les disciplines enseignées sont justement distinctes.
@adrien
les vacances des profs leur servent généralement à préparer des cours, primo. C'est un mensonge et de la démagogie que de prétendre que raccourcir l'année scolaire reviendra au même pour eux en temps de travail, mais cela n'a pas l'air de vous déranger plus que cela.
Votre calcul est un stéréotype parfait de la mauvaise foi. Une quarantaine d'heures en deux semaines ne représentent pas une heure par semaine. Votre "annualisation" relève de la parfaite malhonnêteté intellectuelle.
De toutes façons, en France, on est toujours d'accord pour rogner les "privilèges" des autres...
Accessoirement, cette histoire de rythme scolaire est avant toutes choses une fumisterie, un écran de fumée pour éviter d'aborder les questions de fond. Encore une pédagogolerie.
In fine, je défends les profs comme je défends ici souvent la police ou encore les banquiers qui servent bien souvent de bouc-émissaires faciles.
J'ai toujours été révolté par les injustices et la démagogie : pas celle des indignados et autres cretinos tendance Hessel, mais par celles qui consistent à faire porter le chapeau à une catégorie d'individus que l'on stigmatise.
On a bien compris que vous voulez vous attaquer aux "vacances" des profs. Ah, les salauds de profs, hein ? Ils passent leur temps à rien foutre. Salauds de profs fainéants, salauds de banquiers qui se goinfrent ou encore de flics fachos, hein ?
Concernant les services administratifs, ça se voit que vous ne devez pas y être vraiment confrontés. Si vous croyez qu'une administration aussi lourde que celle de l'EN peut s'adapter d'un coup de baguette magique aux oukazes de pédagogols patentés, c'est que vous ignorez tout des grosses structures, y compris privées, au demeurant.
vous vous méprenez complètement sur la nature de ma critique. ma mère est prof (je suis dans le supérieur) et je vois tout le travail qu'elle fait, même si ça étonne toujours certains membres de la famille quand elle leur dit qu'elle a un certain nombre (non négligeable) d'heures de travail à faire pendant les vacances. Je suis tout à fait conscient de la qualité et de la quantité du travail que font nombre d'enseignants, ce qui ne m'empêche pas de penser que les vacances d'été sont trop longues (par exemple en 5° et en 4°, où dans de nombreux collège-lycées les élèves sont lâchés début juin sous prétexte du bac à organiser)
Pour les 40 heures vous écriviez "Les seuls déplacements engendrés, je l'ai calculé, à eux seuls, génèrent plus de 40 heures supplémentaires.". Je ne pense pas que 40 heures de déplacements se fassent en 2 semaines, donc j'ai annualisé. Vous m'accusez de mauvaise fois alors refaisons calmement et proprement le calcul: les 18h (professeur certifié, sans heures sup et sans première chaire) des deux semaines de plus ne doivent pas être ajoutés puisqu'on raisonne à volume horaire constant - en fait si on veut être à volume horaire constant, comme il y a environ 35 semaines dans l'année scolaire, si on est à volume constant, ça fait passer un prof qui fait deux semaines de plus à 17h par semaine (ça fait même une heure de cours de moins si c'est vraiment 35 semaines la base de départ : 35*18-1=37*17). Si on suppose que les cours sont répartis sur 4 jours avec 1h de transport aller et retour, ça fait 2*4*1h=8h en plus sur deux semaines, mais aussi sur toute l'année (avoir moins d'heures p, donc je maintient que ça ne fait bien que 8h de transports en plus, par an et par professeur, des heures de transport qui ne sont de toute façon pas comptabilisées quand on compte classiquement les heures de travail
je ne pense pas non plus "salauds de banquiers" ni "salauds de flics", je ne sais franchement pas où vous allez chercher tout ça
concernant l'administration, elle est très lourde et est un facteur d'opposition aux réformes que vous qualifiez de bonnes, donc je pense qu'il faudrait l'alléger (l'EdNat est connue pour être la plus grosse administration du monde...), justement parce que les pédagogols y sont intégrés (ou y étaient ex Meirieu)
je suis pour une haute exigence de l'école républicaine sur les "savoirs", ne vous y trompez pas, mais je pense que le débat sur les rythmes scolaires n'est pas qu'une manière de masquer la dimension catastrophique de la dernière réforme du lycée ou des propositions nulles de gouvernement et du PS. Même en étant complètement opposé au pédagogisme type Meirieu et aux "nouvelles technologies" façon Chatel, il me semble clair qu'un rythme scolaire plus adapté aux "rythmes biologiques des enfants" produirait un meilleur résultat, et si la science peut nous éclairer sur ce sujet là, il ne faut pas s'y opposer au nom des vacances des professeurs. Une réforme de fond est peut-être plus urgente, mais le rythme joue aussi. Étant moi-même "bon élève", je n'ai jamais eu de difficultés de concentration en cours, mais il m'est arrivé de trouver les journées vraiment longues au collège. Pour un nombre non négligeable de mes camarades, les heures de cours après 15h étaient clairement perdues, et d'ailleurs les profs un peu expérimentés le savaient bien et demandaient autant que faire se peut les heures du matin (évidemment les maths les obtenaient mais pas le latin et le grec, systématiquement relégués de 16h à 18h)
je me désole comme vous et Natacha Polony de la disparition des humanités, de la baisse de l'exigence en science, etc... La question des rythmes scolaires est peut-être secondaire, je vous l'accorde, mais on ne devrait pas réfléchir à celle-ci uniquement en terme de vacances des profs
après je vous proposerait bien une réforme plus radicale, mais je ne suis pas sûr que ça vous plaise: recrutement des profs par les chefs d'établissement, autonomie pédagogique, fin de la carte scolaire, on laisse les établissement très demandés ouvrir des classes et ceux qui perdent des élèves en fermer, les "bonnes méthodes" et les "bons contenus" s'imposeront d'eux-mêmes (les parents sont demandeurs de vrais contenus, même s'ils peuvent se laisser embobiner par le gouvernement avec les nouvelles technologies - quand on voit comment l'informatique est "enseignée" au collège...). Et aussi possibilité de vraiment virer les profs, pour éliminer le micro-pourcentage de profs qui jettent l'opprobre sur tout la profession
Le monde est complexe !
@adrien
Votre réforme plus radicale existe dans des pays limitrophes à la France, je parle de la Belgique où j'ai vécu quelques années.
Certaines écoles primaires avait(ont) une telle renommée que l'inscription des enfants débutait (débute) bien avant la fin de l'année scolaire.
Ceci dit faire 50 km pour choisir l'école d’excellence n'ait pas dans les moyens ou les possibilités de tout le monde.
Moi, je préfère la méthode Bayrou - Cette école offre de bonne performance - Posons nous la question pourquoi et si possible reproduisons-la.
@l'hérétique
Vous devenez vindicatif et ne prenez pas la peine de relire votre interlocuteur. l'objectif d'un dialogue c'est de trouver des points de concordance et il n'en manque pas : bon j'avoue le début du message d'Adrien commence mal "vous êtes sans doute un peu éloigné de vos années de primaire et secondaire" c'est certainement vrai et présenté d'une manière vexante pour vous comme pour moi mais nous avons des enfants ce qui nous rend d'autant plus responsable ^^
Mettre la géométrie et les arts plastiques sur le même plan est d'une imbécilité absolue...
Désolé d'être direct, mais tu sais que je le suis...
@ JF le démocrate
c'est pour moi? je ne les mets pas du tout sur le même plan, je passais juste en revue les différentes matières organisées au collège: finalement, seules celles de peu d'importance peuvent ne pas être enseignées toute l'année
@ Jacques Berthe
j'admets volontiers que le début de mon premier message n'était pas des meilleurs en terme de captatio benevolentiae, mais je m'y suis mal pris pour dire que j'étais encore dans le secondaire il y a quelques années (bac 2008) et que j'observais de l'intérieur tout en me posant déjà de nombreuses questions sur une réforme profonde du système éducatif; j'ai eu quelques petits espoir quand le gouvernement a un peu essayé de faire revenir la méthode syllabique, mais la dernière réforme du lycée les a ruinés; la gauche ne propose pas mieux, et Bayrou a peu de chance d'être élu (alors qu'il a eu objectivement raison en parlant de la dette avant tout le monde en 2007)
@adrien
Tiens donc : et pourquoi les vacances des profs ne seraient pas un motif légitime ? Typiquement une modalité de raisonnement qui m'exaspère. Je vais vous faire une remarque : si vous allez par là, on peut aussi faire tourner la société toute entière autour du bien-être des enfants. Je vous préviens, ça va être assez désagréable pour tout le monde...
Je n'aime pas trop ce que sous-entend votre raisonnement.
En dehors de cela, je vous concède que les journées sont sans doute longues pour plus d'un adolescent. Mais pas pour tous. Commencerait-on par liquider le collège unique qu'on pourrait peut-être avancer sur ce point. J'ai des copains profs. Cela fait deux trois ans qu'ils ne sont jamais en vacances avant la seconde semaine de juillet. Les cours pour les élèves s'arrêtent souvent la 2ème ou la 3ème de juin. Pour les profs, à ce que j'ai compris de ce qu'ils en disent, commence le plus chiant et le plus pénible : les réunions pédagogiques incessantes à la con. Des heures à se faire chier pour ne rien dire, en somme, si j'ai bien compris. Ensuite, ils surveillent les examens, les corrigent, composent les classes et préparent la rentrée suivante.
Vous avez l'air de penser que vacances des élèves = vacances des profs. C'est raté.
Quand les élèves sont partis des établissements scolaires, les profs restent.
Bref, ça fait depuis un moment que les profs n'ont plus 2 mois de vacances l'été, d'autant qu'ils reprennent également avant les élèves...Par exemple, cette année, fin des cours, 5 juillet, reprise, 2 septembre. Je ne vous parle pas de ceux qui sont de jury ni des profs de lycée aux oraux de rattrapage jusqu'à la mi-juillet.
En ce qui concerne votre proposition, je suis plutôt pour, mais je vous mets en garde : il y a aussi des impondérables que les établissements scolaires ne maîtrisent pas. Quand vous êtes dans un quartier de merde, vous êtes dans un quartier de merde et tous ceux qui le peuvent n'ont qu'une hâte, le quitter.
Possibilité de virer les profs, why not, mais il faut voir qui et sur quels critères. Vu la propension aux copinages de toute sorte en France, je me méfie drôlement de ces solutions radicales.
Tenez, on va jouer à un jeu : c'est quoi le mauvais prof pour vous et qui aurait le pouvoir de le virer définitivement de l'EN ?
Jacques Berthe a raison de signaler qu'il est certainement plus pertinent d'installer l'excellence partout, comme le propose Bayrou plutôt que de placer les collèges en concurrence partout.
@Jacques Berthe
Comprenons-nous : évidemment adrien dit des choses intéressantes. Mais c'est sa manière de traiter le prof par dessus la jambe au nom de l'intérêt supérieur de l'enfant qui m'agace drôlement. Cela sent comme un fumet de Jospin 1989. J'ajoute que les aspirations des profs ne sont pas moins légitimes que les autres et que personne n'a envie de bosser pour des peanuts. Prière de ne pas le suggérer aux profs sous prétexte qu'ils s'occupent d'enfants et d'adolescents.
@jf
ben quoi ? on dessine bien dans les deux cas, non ?
@ Adrien
Non, bien au contraire, j'ai trouvé votre commentaire très pertinent et trop rapidement éludé - assez brutalement - par mon ami l'Hérétique.
@ L'Hérétique
Sais-tu seulement ce qu'est la géométrie??? Au niveau secondaire, ce n'est pas grand chose, juste savoir se repérer dans un plan, reconnaître des perpendiculaires, des parallèles, des configurations qui te permettent de calculer certaines distances, certains angles, et très accessoirement se repérer dans l'espace. Et les liens, non pas avec l'algèbre (l'algèbre n'est plus enseignée dans le secondaire) ou l'arithmétique (des rudiments en 3ème, "un peu beaucoup plus" en Terminale S spé maths), mais avec ce qu'il est bon d'appeler le numérique ou l'analyse, sont prégnants.
Le théorème de Pythagore est une base que nous avons tous vue. Mais qu'est-ce que le théorème de Pythagore sans la notion de racine carrée?
D'un point de vue plus pragmatique, tu crois que la CAO fait tout? Qu'il n'y a qu'à appuyer sur un bouton? Tu penses qu'un dessinateur industriel ou ce qu'on appelle un chargé d'affaires en Bureau d'Etudes peuvent se passer de bases élémentaires en géométrie, sauf à faire du grand n'importe quoi devant leur clavier?
Comment est-ce que tu crois que l'on pose du carrelage ou du placo-platre? Comme ça au hasard?
Je ne peux que t'encourager à en discuter avec des profs de sciences ou de techno.
@jf
et jf, te fâche pas. Je n'ai pas établi de classement. Je dis seulement qu'on pourrait envisager de travailler 4.5 mois la géométrie à l'école puis 4.5 mois l'algèbre.
Je me doute bien, évidemment, que tant qu'on n'est pas arrivé dans le supérieur, on ne fait pas des maths mais plutôt de l'histoire des maths.
@ l'Hérétique
Non, je ne me fâche pas! Mais je voudrais seulement te faire comprendre qu'il y a des liens étroits entre numérique et géométrie. Sans la notion de "produit en croix", on ne peut pas appliquer le théorème de Thalès (qui honnêtement pour le coup me semble moins important que d'autres notions géométriques, mais c'est mon avis personnel; certains "puristes" te diront le contraire).
Ce qu'il y a de sûr, c'est que la géométrie est intellectuellement formatrice: elle apprend à réfléchir sur des cas concrets et en ce sens elle permet de développer l'intelligence.
Ce qui est sûr aussi, c'est qu'Adrien a raison au moins sur certains points! Pour faire assimiler certaines choses - et je crois que tu en es parfaitement conscient -, il faut les revoir plusieurs fois à la suite...
De ce fait, si tu organises des séquences de cours, tout ce qui aura été vu au début de l'année sera totalement oublié en fin d'année! Le théorème de Pythagore, vu en 4ème, est généralement totalement oublié dès le début de la 3ème. D'où la nécessité de rabâcher continuellement les mêmes choses... C'est ainsi que sont faits les programmes.
La question est de savoir si on peut faire mieux?
Bonjour,
Ma proposition risque de paraître un peu hérétique, mais je la formule quand même.
Pourquoi ne pas proposer, aux élèves qui le souhaitent, à partir du Collège, de remplir leurs horaires avec 5 ou 6 disciplines qui leur conviennent le mieux, où ils vont devenir experts?
Si je jette un regard sur ma scolarité, j'ai fait perdre beaucoup d'argent aux contribuables en ne tirant aucun profit des heures de maths et de physiques, pendant lesquelles je rêvais d'étudier la littérature, l'histoire, l'anglais, la biologie, l'histoire de l'art etc...
De 7 ans de "présence physique" aux cours, il doit me rester les notions d'arithmétiques du primaire et quelques notions de géométrie de 4e, pas plus.
En sciences physiques, aucun souvenir, d'ailleurs je n'ouvrais ni un classeur ni un livre. Ah oui, la Loi de Joule! Mais je serai totalement incapable de vous dire de quoi il s'agit... Pourquoi Joule? allez savoir? 7 ans d'épuisement, d'énervement et de déception des profs pour rien, vous parlez d'un rendement!
Perte sèche pour les contribuables, et perte totale de temps et de savoirs pour moi.
L'idée républicaine et égalitariste, que l'on doit tout enseigner aux élèves, qu'il en restera bien "quelque chose", ne correspond pas à toute une série d'élèves qui , très tôt, ont des dispositions et des allergies définitives.
Les enseignants préfèreraient, quoi qu'ils en disent, des élèves motivés, plutôt que des élèves contraints.
Quant aux autres élèves, qui veulent avoir un enseignement diversifié sur 12 disciplines, où serait le problème?
@Claire,
Nan, votre proposition ne me parait pas "hérétique" mais plutot "consumériste" avec son aspect "à la carte" très inspirée du système outre-atlantique avant d'avoir été nordique (pour certains pays) mais meme là-bas, avec son système optionnel, il existe au minimum trois matières obligatoires dont les Maths!
Ensuite je plains à l'avance, les directeurs d'établissements à devoir gérer cet imbroglio, ils croulent déjà sous l'administratif, manque plus K'ca!
Et puis , la nouvelle rentrée m'a offert la surprise d'apprendre que certains établissements devant gérer avec effectif réduit et multi-langues proposées plus mixage des différents niveaux des élèves, excellence pour certains, tirer vers le haut pour d'autres etc,pour certaines classes de langue les effectifs avoisinent la quarantaine avec locaux non adaptés bien sur et donc pénurie de sièges et tables de travail, certes il y a bien des tabourets^^^.Enfin bon bref!
Oups, ai oublié le meilleur!
Certains enseignants nouvellement recrutés, nommés et expédiés en poste n'ont toujours pas leur papier administratif en règle! Donc dans l'impossibilité d'assurer leurs cours, aussi les chefs d'établissements bataillent pour appeler à la rescousse des enseignants à la retraite!
Pas belle la vie dans le milieu scolaire! @@@@@
Si on rallonge le temps de travail des profs (en rallongeant l'année scolaire), et qu'on fait sauter cette histoire des 10/12ème, ça vous va ? Ça coûte pas grand chose, et ça n'est que justice, non ?
@melianos
c'est à dire ?
Sinon, je trouve suspecte cette focalisation sur le temps scolaire d'à peu près tous les partis, puisque J-C Lagarde vient aussi de prendre parti pour l'allongement de la durée de l'année scolaire.
Je me méfie toujours des consensus, surtout quand il est aussi énorme qu'ils cachent d'autres intentions et occultent les vrais problèmes.
Je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit l'hérétique, mais force est de constater qu'il réfléchit, et que tout ce qu'il propose n'est pas idiot, et ça devient rare concernant l'E.N....
Quelques petits rappels : 1) Quand le statut des enseignants a été crée, les vacances ( en plus par rapport aux vacances des personnels des autres services publiques ) ont étés " retirés" de leur salaire.
2) Les enseignants se sont faits avoir avec le passage aux 35 heures. un prof qui a un temps pleine travaille au moins 40 heures par semaine ( préparation, des cours, corrections, réunions, et tâches administratives diverses qui ne cessent d'augmenter...)
3 ) Une heure de cours n'est pas du tout comparable à une heure de saisies de données derrière un ordi ( c'est un exemple), au niveau fatigue, énervement, etc....
4) Les démissions dans l'EN explosent, et pour cause !
5) Le taux de suicide dans l'EN reste plus élevé que dans n'importe quel travail , plus élevé que chez France Télécom dont on parle beaucoup !
FIN : il y a un vrai problème, pour les profs, mais aussi et surtout pour tous les enfants de notre pays !!!!!