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L'écriture de Justine

Je crois que je n'en ai pas fini de commenter les deux livres de Justine Lévy, Rien de grave et Mauvaise fille. J'ai écrit dans ma note précédente sur Mauvaise fille que je trouvais l'écriture de Justine hachée. J'y ai bien réfléchi. En fait, quand j'ai tourné les premières pages de Rien de grave, j'ai eu la sensation bizarre de tomber sur une sorte de Petit Nicolas tragique et féminin.

L'écriture de Justine Lévy réplique l'expression d'un enfant ou d'une adolescente. Je me suis demandé pourquoi, me doutant qu'une jeune femme aussi talentueuse ne pouvait avoir que fait sciemment ce choix d'écriture, et finalement, je crois avoir trouvé la réponse. Elle est à mi-chemin, j'en ai la sensation, des sentiments qui agitent Justine et de sa création littéraire propre.

Dans ses deux récits autobiographiques, Justine apparaît toujours comme une jeune fille qui peine à prendre des décisions, et surtout, qui ne se vit pas comme une adulte libérée de ses parents. Je ne dirais pas qu'ils l'ont enchaînée d'une manière ou d'une autre, cela je ne peux le savoir, mais elle, à l'évidence, a bien du mal à voler de ses propres ailes ; non pas matériellement ou physiquement, mais psychiquement. Ses parents, son papa, sa maman, demeurent les références absolues de son logiciel.

Du coup, je ne comprends son écriture que par le refus (ou la difficulté, du moins) à assumer un développement psychique et psychologique pleinement adulte. Or, franchir le seuil qui sépare définitivement l'enfant du parent (sans pour autant que les liens soient brisés) devient une nécessité avec la maternité. Il est difficile de se positionner comme mère (ou comme père) quand on est encore par trop l'enfant de ses parents. D'ailleurs, c'est quasiment ce qu'écrit Justine à la dernière page de son roman à propos de sa mère : il fallait qu'elle meure pour me laisser être mère à mon tour.

J'ai relu la fin de Mauvaise fille ; ce n'est pas encore une certitude, mais j'ai eu l'impression d'une évolution du style. Une ponctuation plus correcte, des négations entières, moins de ruptures de construction et d'ellipses, tout ce qui contribue à générer une atmosphère stressante, tout au long des deux ouvrages, avec ces phrases qui se succèdent et se bousculent, les unes à la suite des autres, sans laisser au lecteur le temps de physiquement respirer.

J'avoue attendre avec la plus grande impatience le prochain livre de Justine Lévy. J'espère qu'elle continuera à relater sa passionnante et riche existence. Peu de livres m'ont marqué autant que les deux siens.

Commentaires

  • "il fallait qu'elle meure pour me laisser être mère à mon tour."
    C'est l'art d'une bonne psychothérapie analytique, que de pouvoir nous apprendre, si la séparation mère fille s'est mal faite, à vivre sans être obligée d attendre que la mère soit morte physiquement. Ce qui d'ailleurs, à mon avis, peut laisser un sentiment de culpabilité inplacable.
    Je n'ai pas lu justine comme je le disais hier, par contre, je suis les émissions littéraires.
    Et au moment de l'abandon de son mari, parti pour une autre femme ... j'avais vu une enfant perdue plus qu'une femme blessée.
    Il faut vraiment que je lise un de ses livres ...

  • Pas d'article sur le rapport de la cour des comptes ?

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