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Mais si l'entretien sert à quelque chose

Étrange, doppelganger, comme nom : au début, le rôliste qui sommeille en moi a songé d'abord à la créature métamorphe éponyme qui figure dans le Bestiaire Monstrueux du jeu Donjons et Dragons. Puis, l'intellectuel s'est réveillé, et j'ai fait une recherche sur wikipédia. Et voilà ce que je trouve : 

Doppelgänger est un mot d'origine allemande signifiant « sosie », employé dans le domaine du paranormal pour désigner le double fantomatique d'une personne vivante, le plus souvent un jumeau maléfique, ou le phénomène de bilocation (ou ubiquité), ou bien encore le fait d'apercevoir fugitivement sa propre image du coin de l'œil.

Le site du même nom évoque les entretiens d'embauche et reprend la position d'un sociologue interviewé par Cadremploi.fr qui soutient que les entretiens d'embauche ne sert à rien. Notamment, l'entretien ne permettrait pas de se faire une idée de la compétence professionnelle d'un candidat à l'embauche.

Il se trouve que j'ai eu à réaliser à plusieurs reprises, ces dix dernières années, des entretiens d'embauche ou non, et à sélectionner des candidatures dans des circonstances aussi diverses que variées.

Je suis tout à fait en désaccord avec l'auteur de l'article. On apprend beaucoup de choses, lors d'un entretien, y compris sur la compétence professionnelle. Cela suppose évidemment de poser des questions ad hoc, et d'avoir ciblé quelles qualités font principalement la compétence que l'on recherche.

Par exemple, avec quelques questions habilement tournées, il est assez aisé de vérifier si l'on se trouve face à un individu rigoureux ou non, or, la rigueur, pour un grand nombre de profession, est une qualité primordiale. On peut donc penser que plus quelqu'un est rigoureux, plus il a de probabilités, nonobstant sa formation, d'avoir développé une véritable compétence. 

Ses hobbies, sa vivacité d'esprit, son bon sens, autre qualité essentielle, fournissent de non moins précieux renseignements. Via un échange verbal, on peut estimer la compétence professionnelle d'une coiffeuse, ne serait-ce que parce que l'échange n'est justement pas que verbal...La manière dont elle pose un objet, par exemple, renseigne sur sa dextérité ; quelques questions bien pensées permettent de tester son sens de l'observation. 

Ses qualités relationnelles ? Elles apparaissent très vite dans sa manière de se mettre en avant ou non, dans celle d'écouter les questions et de les réinterpréter.

Je crois qu'avec un questionnaire serré, de la psychologie et un bon sens de l'observation, un DRH/recruteur/patron ne pourra pas être trompé. Il/elle s'approche trop, cherche des yeux à lire ou regarder ce qui se trouve sur votre bureau ? c'est un/une intrusif(ve). Il/elle parle beaucoup ? Il/elle écoute peu ou pas. Il/elle hésite à donner son avis ? Voilà quelqu'un qui juge en son for intérieur. Bref : et cetera.

Il faut être très fort pour maîtriser sa communication non-verbale, or, elle constitue plus de 50% de ce qui restera à l'interlocuteur à la suite d'un entretien d'embauche. 

Je crois donc que l'entretien d'embauche est essentiel, et qu'il donne au contraire de ce que dit Jean-François Amadieu un grand nombre de renseignements sur le/la candidat(e) et ce, quelle que soit la profession envisagée.

Commentaires

  • Exact, un oeil exercé décèle rapidement une personnalité, essentiel tant dans le domaine du recrutement que dans d'autres milieux.
    "Il/elle hésite à donner son avis ? Voilà quelqu'un qui juge en son for intérieur. Bref : et cetera"
    Euh, je ne crois pas, des recrutements sont axés aussi sur une mise en situation en "travail collectif" avant l'entretien final, pour une analyse plus fine à ce sujet.
    Pour le reste assez d'accord.

  • J'ai moi aussi régulièrement à faire des entretiens pour des embauches. Inutile de dire que la plupart du temps, sans ces entretiens et sur la base du seul CV, on se planterait.

    Et plus de 75% de l'information est non verbal dans une conversation. La position des mains et des bras est extrêmement révélatrice.

    Ce sociologue et comme beaucoup d'autres sociologues : c'est un clown.

  • Je tombe des nues de lire que des sociologues pensent que l'entretien ne sert à rien !!!
    Ce qui compte le plus, dans l'ordre :
    1) l'expérience professionnelle passée (les bonnes comme les mauvaises références)
    2) l'entretien : impossible de passer outre, là, comme tu le dis, on voit la vraie personne
    3) la formation (parfois en n°2, cela dépend)
    4) très accessoirement, les diplômes...
    5) j'oubliais, les recruteurs français sont friands de graphologie...
    Certains même de thème zodiacal ou autres, c'est dire...

  • Oui, Luciole, je me souviens d'une personne qui avait fait le calcul des lettres de mon nom et prénom devant moi et qui m'a dit tout de go que je n'arriverai jamais à concrétiser quoi que ce soi parce que j'avais les chiffres du diable ou un truc de ce genre !
    Or je venais de lui montrer tout mon CV...

    Une personne que je suis allée voir en toute confiance pourtant, car collaboratrice de quelqu'un que j'estime beaucoup. C'est pourquoi je n'ai pas fait de scandale mais j'avoue que cela m'a interrogée.

    Personnellement, lorsque j'ai eu à faire des entretiens, plus que l'expérience c'était la façon de s'exprimer et tous les gestes non verbaux que je regardais. La poignée de main déjà, qui est primordiale. Une personne pas soignée ou qui rentre immédiatement dans le périmètre personnel, qui parle par exemple en vous touchant, aura plus de mal à me convaincre qu'une personne simplement timide et peu sûre d'elle. C'est facile de voir si les lèvres sont en accord avec les yeux également.

  • Connaissant l'entretien du mauvais côté, je pense au contraire que l'entretien est le pire mode de sélection qui existe.

    C'est un exercice de style qui donne un lourd handicape pour la personne qui n'a pas la qualité de se vendre et qui n'a pas la qualité commerciale.

    Pire, cet exercice contribue à laisser au bas de l'échelle la personne qui essaie de la monter le plus honnêtement possible.

    Néanmoins, je comprends les recruteur. Embaucher coûte cher, le diplôme est dévalué (au passage, merci Philippe Meirieu), et dégager un mauvais employé est vraiment problématique (en PME/TPE).
    Et comme le chômage est un véritable fléau, le potentiel salarié rentre dans le moule car il faut généralement vite l'emploi. Une donnée pertinente manque pour se faire un avis sur une personne.

    Le manque de donnée font que certaines DRH en viennent à regarder la couleur des chaussettes (véridique, c'est dans le truc et astuce du DRH). Sur que la couleur des chaussettes est importante pour faire un bon informaticien.

    Plus sérieusement, le système étant capitaliste, la sélection se fait toujours.
    Je pense qu'il est urgent de réfléchir à cette sélection de la 6ème jusqu'à l'entretien d'embauche.
    Il y a sélection, on n'y peut rien, c'est comme ça. Mais au moins que la sélection soit transparente et se fasse sur des bases saines.

    Regarder la couleur des chaussettes, ce n'est pas une base saine de sélection.

  • @Phil,
    Tout dépend de l'emploi ciblé, ceci dit les chaussettes et cravates m'amusent beaucoup, beaucoup ne vous méprenez pas...Très indulgente,j'imagine le stress et tout et tout...Celui qui prépare tout à l'avance et soigne religieusement tout son p'tit matériel avant^^^et pendant et après... :o)).L'autre plus "poète" aux chaussettes dépareillées...etc, mais parfois plus fiable. Ces instants peuvent etre source de vie. :))

  • Sur le sujet, nous autres blogueurs et commentateurs avons un sérieux biais : nous sommes pour la plupart proches des métiers de l'expression et de la communication. Pour lesquels, certes certes, l'entretien est révélateur. Et en plus, de métier, nous savons conduire des entretiens.

    Pensez au directeur de centre d'exploitation bus qui doit recevoir 10 candidats chauffeurs, au gérant de McDo qui doit recevoir 20 candidats assembleurs de buns, au directeur d'agence bancaire qui cherche LE guichetier qui ne se laissera jamais distraire ...

    ... l'entretien leur dira si les candidats sont courtois et lui sont sympathiques, mais pas grand chose de leur aptitude aux fonctions qu'il doit pourvoir.

  • C'est pour cela, Frédéric, que la période d'essai est faite en général.
    Afin de vérifier que la personne choisie réponde bien aux attentes de l'employeur ou inversement qu'elle-même ait bien compris ce qui était attendue d'elle dans ce poste...

  • Mais il faut savoir se vendre, c'est vrai, dans la société d'aujourd'hui. Pour beaucoup de postes, il faudra quand même avoir un minimum de sens commercial dans la tenue même de l'emploi.
    Là où nous avons une carence, c'est en effet, comme le dit je crois Phil, que le chercheur d'emploi n'est pas assez entraîné à cette "épreuve".
    Il faut donc un véritable coaching à cet effet, des études et/ou du pôle emploi, et plus développé qu'il n'est actuellement.
    Bon après, les chaussettes, la numérologie, on peut aussi le tourner à l'envers et dire qu'on ne trouve pas très sérieux de la part d'un recruteur de s'attacher à cela, du moment qu'on n'est pas embauché, on peut se soulager sans crainte :-)

  • Et pourtant, je me suis entraîné à cet exercice idiot.

    J'en ai passé des centaines et j'ai l'impression que je n'ai jamais appris à passer un entretien.

    Heureusement que c'est loin pour moicar j'ai maintenant un emploi.

    J'ai même été coaché. du coup, je n'ai pu que mieux apprécier le film "le coach".

    Je maintiens: l'entretien d'embauche est le pire mode de sélection.

    C'est le pire mode de sélection car c'est un mode de sélection sur l'apparence, le feeling. C'est un mode de sélection sur l'apriori, et non sur des critères objectifs.
    Un informaticien ne sera donc jamais, si on se limite à l'entretien, embauché sur son cœur de métier.

    Pire, ce mode de sélection est totalement opaque. Dès lors, lorsque l'on prend son courage à deux mains pour demander ce qui a merdé...et que l'on a qu'une réponse vague, comment progresser en vu des suivant...

    Et quand on est chômeur, sans expérience, et que l'entretien est au compte goutte, que l'on a besoin d'un boulot pour s'intégrer dans la société car sans boulot, pardonner moi l'expression mais je reste poli, on est une merde, l'entretien d'embauche devient en plus un exercice criminel.
    On se sent vite comme Gérard Jugnot dans une époque formidable, qui a besoin d'un emploi, qui cache à sa femme son état de chômage car il a honte de ce qui l'est, et qui explose à la suite de la question "Vous portez des slips ou des caleçons"

    Franchement, l'entretien d'embauche est le pire mode de sélection, mais pour les personne en grandes difficultés, en bas de l'échelle, et qui ont besoin d'un emploi pour s'intégrer et être autre chose qu'une merde, cet exercice devient en plus criminel.

    Le pire, comme on a besoin souvent d'un emploi vite, on en arrive à passer un temps inimaginable à s'entrainer à un exercice stupide et hautement aléatoire et non plus sur les compétences propres du métier.

    Bref, il est urgent de revoir la sélection à zéro de la sixième à l'entretien d'embauche. Il faut que les critères de sélections soient saints et transparents.

    Pour moi, le meilleur mode de sélection est le concours. C'est le mode le plus transparent et le plus saint.
    C'est également un mode démocratique.
    J'ai d'ailleurs eu envie de tuer Mr Descoings et l'envoyer en entretien d'embauche quand il a déclaré lors d'un débat à Brighelli l'inverse.

    Mais bon, on est dans la société de la com, prospère à Sarkozy. Sur ce point, la réforme du CAPES ne m'a pas surpris.

  • Je saisis mieux ces autres aspects du problème grâce à vos explications détaillées, Phil, et cela ouvre mon horizon, je vous en remercie.

    Par contre, pour avoir été témoin de tricherie lors de concours, où une de mes condisciples avait obtenu un diplôme qu'elle ne méritait pas, tandis que d'autres qui avaient bien travaillé toute l'année l'avaient raté par malchance, panique (et l'entretien, je l'accorde, ça doit être pire), je suis bien plus réservée que vous sur le concours. Enfin je parlais là d'une expérience scolaire, un concours, j'en ai réussi personnellement professionnellement, mais c'est ainsi dans l'administration.

    Ma soeur qui réside en France m'a aussi parlé du coaching désastreux des agences de placement, publiques ou privées, je dois dire qu'en Belgique Francophone où je réside aujourd'hui ils sont bien mieux conduits (j'ai vu un reportage là-dessus, c'était impressionnant) et ont un taux de réussite formidable : 90 % des chercheurs trouvent un emploi peu de temps après l'avoir suivi.

    Et encore, les 10 %, on voyait qu'ils n'avaient vraiment pas envie de travailler... Les allocations chômage étant versées à vie, ceci est une autre problématique.

  • Je viens de voir le lien de l'hérétique, et je suis à 100% d'accord, en ce qui me concerne, avec Jean-François Amadieu.

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