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Cadeaux empoisonnés

Ah, les cadeaux sociaux et fiscaux, rien de plus empoisonné que ces distributions.  En règle générale, on dit d'un cadeau qu'il est empoisonné lorsqu'il comporte un aspect caché et déplaisant pour son destinataire. Mais en politique, un cadeau est empoisonné pour son donateur dans la mesure où il recèle la plupart du temps une obligation de récidive.

A Rome, on peut même dire que les Empereurs ont joué leur survie sur leur capacité à assurer des distributions de blé et d'argent, comme l'annone, par exemple. L'inconvénient, c'est que les «bons» princes ne pouvaient se contenter de ces seuls présents ; ils devaient faire d'autres cadeaux au peuple de l'Urbs. Antonin, qui fut pourtant un empereur sage et prévoyant, liquida toutes les dettes des particuliers à l'égard de l'État en les annulant, consentit des prêts à 4% l'an alors que le taux de marché s'établissait entre 6% et 12% et fournit gratuitement sur ses deniers huile, blé et disette.

Il y avait à Rome à cette époque toute une plèbe fainéante et incapable de travailler (les esclaves le faisaient pour elle) dont le seul effort régulier était de tendre la main.

Ce n'est pas tout, pour amuser le peuple, l'occuper et s'assurer son indispensable adhésion, l'empereur donnait moult spectacles.

Certains aspects de l'évergétisme impérial pourraient assurément trouver des correspondants modernes. Toutefois, comme l'a observé avec beaucoup de justesse Montesquieu, on peut demander à la population en régime républicain des efforts qu'une tyrannie ou une monarchie seraient bien incapables de réaliser.

Il n'en reste pas moins que l'inconvénient de toute baisse de TVA, de tout crédit d'impôt et de toute allocation sociale, de toute subvention, dès qu'ils s'étendent dans le temps, c'est qu'ils sont perçus comme des dûs, à l'image de ce que la plèbe attendait de l'empereur sous l'Empire.

Il faut donc être extrêmement prudent dans ce domaine, je ne saurais trop le souligner. Le fléau touche tous les étages de notre vie publique, puisqu'il n'est pas une mairie qui n'ait son association attitrée à subventionner annuellement.

A la limite, quitte à pousser à son terme la logique, dès lors qu'une association vit de fonds publics, est-il pertinent qu'elle demeure une association ? Ne devrait-elle pas être étatisée ou municipalisée ?

Pour les particuliers, la seule manière "indolore" (et encore !) de revenir sur les divers montants consentis, quelles que soient leurs formes, c'est d'attendre que l'inflation et le coût de la vie fassent leur office, c'est à dire de ne plus les aligner sur la hausse des prix. Patience difficile quand il est l'heure de passer le coup de sécateur dans le touffu buisson des cadeaux sociaux et fiscaux de toute sorte...

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