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La faillite de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy

Les accrochages (Grenoble, Saint-Aignan, Gentilly) qui se multiplient partout dans les banlieues et villages de France rendent compte de la faillite complète de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy.

Ni comme Ministre de l'Intérieur, ni comme Président de la République, Nicolas Sarkozy n'aura compris que la sécurité n'est pas une accumulation d'opérations coup de poing destinées à épater la galerie, qu'il ne suffit pas de bomber le torse, mais qu'il s'agit au contraire de penser une répression juste et réfléchie, avec une politique de longue haleine.

Il n'y a pas de réflexion sur la répression en France : d'un côté une gauche de la gauche qui excuse systématiquement les diverses formes de violence par des causes sociologiques, de l'autre une droite qui croit que montrer ses muscles et parler fort suffit pour bâtir une sécurité digne de ce nom.

Si je reconnais que j'en appelle souvent au coup de matraque ici, surtout par exaspération, à vrai dire, je sais très bien que la matraque ne saurait constituer l'alpha ni l'oméga d'une politique de répression.

En réalité, s'il est bien un domaine de la justice qui nécessite la plus grande finesse et dans lequel il faut procéder aux ajustement les plus subtils, c'est bien celui-là. Disposer du pouvoir de réprimer, c'est être conduit presque inéluctablement à pouvoir en abuser ou à en faire usage à tort et à travers (automobilistes ou collégiens menottés pendant que des hordes paradent dans les quartiers difficiles par exemple).

Notre police ne sera jamais autant respectée qu'à partir du moment où elle sera réputée juste. Or, les directives idiotes de Messieurs Besson puis Hortefeux récompensant les fonctionnaires de police au chiffre, leurs déclarations à l'emporte-pièce conduisent exactement à l'inverse.

Jean-Pierre Chevènement avait eu une bonne idée avec sa police de proximité (dont on crédite souvent à tort Lionel Jospin), qui correspondait parfaitement avec l'idée que l'homme se faisait du rôle de la République au coeur de tous ses territoires.

Les Brigades Anti-Criminalité ont un rôle évident, on ne peut le nier, pour assurer l'ordre, mais elles ne devraient en aucun cas se substituer aux forces de police régulières ! Or, c'est exactement le tournant que leur fait prendre Nicolas Sarkozy depuis plusieurs années. Au fil du temps, une police d'intervention a remplacé la police de proximité. Contrairement au sociologue Laurent Bonelli, je n'oppose pas ces deux types de police, mais elles ont vocation à se compléter l'une l'autre pas à assumer le rôle l'une de l'autre !

Il y a un autre point sur lequel il me faut revenir : l'immigration et son rôle dans l'insécurité. Tout comme Socrate dans sa République admettant que la dialectique et la logique de ses thèses conduisent inéluctablement à faire aux femmes une place égale à celle des hommes dans sa Cité, j'ai le sentiment qu'une justice et une répression justes devraient être les mêmes pour tous.

Il ne devrait donc pas y avoir de différences de traitement entre un immigré et un national tous deux délinquants ; c'est en tout cas ce qu'induit la raison. Toutefois, la cité de Platon était idéale, la justice et la répression auxquelles je pense sans doute aussi. Il n'en reste pas moins que c'est un objectif cohérent dès lors qu'une justice et une police dignes de nom fonctionnent dans notre pays.

Je pronostique malheureusement un retour en force du thème de la sécurité lors des prochaines élections, parce que Nicolas Sarkozy et son gouvernement mènent la politique inverse de celle qu'ils devraient mener et réduisent drastiquement les moyens budgétaires de la police.

In fine, la tolérance-zéro, et Bayrou l'avait bien compris en 2007, ce n'est pas le car de CRS quand il est déjà trop tard mais une réaction immédiate et adaptée à chaque infraction. Or, pour offrir une réaction adaptée, il faut avoir une connaissance du maillage social, un contact avec tous les acteurs locaux, dont une police d'intervention ne peut absolument pas disposer. Voilà pourquoi le rétablissement d'une véritable politique de proximité devrait être le premier acte d'une reconquête de notre territoire.

 

 

Commentaires

  • C'est surtout la faillite de l'autorité. Celle-ci est déconsidérée par l'engeance qui est au pouvoir et qui connaît l'impunité. Par conséquent, certaines gens n'hésitent plus à prendre la défense d'un voleur ou d'un braqueur. Pour eux, ce sont-là des héros face aux bandits qui nous dirigent, qui utilisent le bras armé de la loi à leurs fins personnelles.

  • j'ai vu un reportage de FR3 centre sur Saint-Aignan, j'ai été choquée de voir les assaillans agir sans auncune tentative de repression, les gendarmes locaux étant confinés dans leur gendarmerie, les habitants médusés et apeurés, , regardant des gars tout détruire, décrocher les lettres "Gendarmerie Nationale" à coup de burin, scier et arracher les arbres ,tout ceci étant filmé par un journaliste , et juste un hélico au dessus..les renforts ne sont venus que très tard.. c'est inadmissible..

  • Juste billet

  • Très juste !

  • Pas mieux.

  • Sans vouloir te contredire, parce que je suis d'accord avec toi sur le fond, les BAC jouent aussi un rôle de prévention. La nuit, elles sont souvent les seules à patrouiller... Et elles empêchent des infractions.

  • au chafouin

    Oui, je le sais bien, mais ce n'est pas suffisant pour assurer une vraie prévention, parce que sur le fond, ce n'est pas le rôle et la nature de cette police. La police d'intervention est nécessaire, mais, côté prévention, ce n'est pas son job d'assurer le quotidien. C'est à dire que cela ne devrait pas l'être ! Elle devrait être là pour des interventions ponctuelles, des gros coups, mais pas la sécurité au quotidien en tant que telle.

  • Cher Hérétique,

    Votre article suscite les passions sur FB
    http://www.facebook.com/profile.php?id=1469355471&v=wall&story_fbid=144321615585320&ref=notif¬if_t=share_reply

    Nous voulions pour illustrer vospropos rappeler les méthodes d'instrumentation purement mediatiques de l'ancien ministre de l'intérieur pour fustiger la police de proximité :

    http://lafrancedetoutesnosforces.hautetfort.com/archive/2007/12/16/un-ancien-commissaire-temoigne-comment-l-ancien-ministre-de.html

  • Bien que Jean-Pierre Havrin ait rejoint une municipalité socialiste à Toulouse, avec le remarquable parcours qui est le sien (et que je viens de découvrir), je le crois tout à fait capable de participer au fameux sursaut républicain dont la France a besoin. Celui que François Bayrou appelle de "toutes vos forces" les Alcibiades :
    http://jp.havrin.free.fr/Discourt%20depart%20retraite.html
    C'est aussi à cause du manque d'hommes ou de femmes aux parcours tels que celui-ci que la gouvernance actuelle fait sombrer la France vers ce qu'elle ne veut pas... Merci de nous avoir renvoyé utilement à votre article de fin 2007. ;-)

  • @l'hérétique

    Pas d'accord. Il faut bien des flics capables à tout moment d'intervenir très rapidement sur un gros coup. Le "flag", c'est le but des BAC. Mais en attendant ce flag, elles patrouillent, et évitent la commission d'infraction.

    Le problème, c'est plutôt que souvent il n'y a qu'elles qui tournent.

  • @chafouin

    C'est bien ce que je dis, on est d'accord. Il devrait y avoir la BAC pour la surveillance coup de poing et la police de proximité pour le reste.

  • comme disent les économistes, la police entre dans sa phase de rendements décroissants.

  • @Parisien libéral
    ça dépend de quel point de vue : les pvs, ça rapporte des sous à l'État. la question que ne se posent pas les autorités, c'est combien en fait perdre l'insécurité pendant ce temps-là...

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