C'est tout de même invraisemblable : les pays européens vivent des temps difficiles, les dettes des États explosent et leurs créances sont menacées. Pour une fois, l'Europe essaie de réagir collectivement, et devinez qui la ramène pour tenter de se mettre en valeur au lieu de saluer l'action collective européenne ? Sarko et Berlu. Les voilà qui se querellent pour déterminer qui a eu le plus de poids dans la conclusion de l'accord. Comment voulez-vous que cela n'agace pas tous les autres partenaires, même si j'imagine qu'ils en ont vu d'autres avec ces deux zozos-là...
Au passage, même si je salue cet accord entre États, je déplore que le Parlement européen ait été, comme d'habitude, complètement squizzé.
Ce qui me frappe dans toutes les crises qui frappent les marchés économiques et financiers, c'est qu'elles ont toutes été annoncées : crise immobilière, crise des États, à chaque fois, j'en ai entendu parler au moins deux années avant qu'elles se produisent. Nous ne sommes pas face à des phénomènes qui ont pris les sociétés par surprise.
Par exemple, pour le présent accord, Trichet a tout de suite prévenu qu'il ne fera pas long feu si États européens ne prennent pas les mesures d'assainissement de leurs finances qui s'imposent.
On peut bien dire "ouf !" et pousser un lâche soupir de soulagement, en réalité, ce n'est pas fini, loin de là. Partout on entend parler de lutte contre la spéculation, contre la finance mondialisée, contre les profiteurs de tout acabit, mais la réalité, c'est que notre priorité, c'est d'abord d'être crédibles et de faire face à nos responsabilités. J'ajouterais même que les marchés me semblent avoir été très patients avec les États endettés, depuis fort longtemps. Difficile de les accuser dans ces conditions. Après, on peut râler contre les fonds spéculatifs, mais il faut savoir que dans la nature, il existe des charognards, et que leur rôle est utile : ils ont une fonction de nettoyeurs en se nourrissant des cadavres avant qu'ils ne se décomposent. Nombres de prédateurs s'attaquent aux proies les plus faibles et les moins aptes à survivre, assurant ainsi au reste des troupeaux cible un effectif de qualité.
Cette métaphore filée est une facilité, et en réalité, elle n'a qu'un temps, mais il faut bien comprendre que ce ne sont pas les vautours qui font la charogne, mais bien la charogne qui attire les vautours...
Commentaires
Voici ce qui a été décidé lundi 10 mai 2010 :
- 1- Première étape : les Etats d'Europe du sud doivent emprunter sur les marchés internationaux des centaines de milliards d'euros.
- 2- Deuxième étape : les banques privées achètent ces obligations des Etats d'Europe du sud. C'est le marché primaire. Pour pouvoir acheter ces obligations, les banques privées empruntent à la Banque Centrale Européenne à un taux très faible : les banques privées empruntent à 1 %.
- 3- Troisième étape : la Banque Centrale Européenne va racheter aux banques privées ces obligations des Etats d'Europe du sud. C'est le marché secondaire.
- 4- Bilan de l'opération :
- Les banques privées vont gagner des milliards d'euros.
- La Banque Centrale Européenne va devenir une gigantesque fosse à merde.
- Dans le bilan de la Banque Centrale Européenne, les obligations pourries des Etats d'Europe du sud seront stockées pendant des années.
- Les CONtribuables paieront la facture.
- CONtribuables, préparez vos chéquiers.
Résultat des banques privées à la Bourse de Paris aujourd'hui :
Société Générale : + 23,89 %,
BNP Paribas : + 20,90 %.
Crédit Agricole : + 18,65 %.
Natixis : + 18,49 %.
Dexia : + 17,27 %.
http://www.boursorama.com/tableaux/cours_az.phtml?MARCHE=1rPCAC
Deux petits articles qui vont dans votre sens :
http://tropicalbear.over-blog.com/article-y-a-t-il-un-adulte-dans-la-salle-50111946.html
http://h16free.com/2010/05/10/2806-sarkoman-et-les-aventuriers-de-leuro-perdu